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22 février 2017 3 22 /02 /février /2017 09:22
Le dessein d’une «Otan» israélo-arabe
 
 
Pierre Barbancey
Vendredi, 17 Février, 2017
L'Humanité
 
 

MOYEN-ORIENT. Au-delà des déclarations de Trump remettant en cause la création d’un État palestinien, les États-Unis, Israël et certains pays arabes pensent à une forme d’alliance militaire et à un partage du renseignement, dirigés en premier lieu contre l’Iran.

En 2009, sous pression politique, Benyamin Netanyahou s’était déclaré – mais pas engagé – en faveur d’une solution à deux États, Israël et Palestine. Le voici dégagé de toute contrainte. À Washington, le président Donald Trump a affirmé : « Je regarde deux États et un État, et si Israël et les Palestiniens sont contents, je suis content avec la solution qu’ils préfèrent. Les deux me conviennent. » Ce qui équivaut à abandonner l’idée de deux États.

Rien de surprenant en réalité. Depuis plusieurs semaines maintenant, les discussions vont bon train entre la nouvelle administration américaine et un certain nombre de pays arabes sunnites, à commencer par l’Arabie saoudite, la Jordanie et l’Égypte – ces deux derniers ayant en plus la particularité d’avoir signé un accord de paix avec Israël. Le liant : l’Iran et la volonté de combattre un État dont la dénomination chiite, sur un fond d’antagonisme confessionnel, masque la volonté d’endiguer la montée en puissance régionale de Téhéran.

« Pour la première fois de ma vie et dans l’existence de mon pays, les pays arabes de la région ne voient pas Israël comme un ennemi mais de plus en plus comme un allié. Ce changement crée une opportunité sans précédent pour renforcer la sécurité et parvenir à la paix », s’est écrié le premier ministre israélien. Morton Klein, l’une des figures de l’Organisation sioniste d’Amérique, ne s’y trompe pas. « C’est la possibilité d’avoir une sorte de confédération de Jordanie avec les Palestiniens qui vivent en Judée-Samarie (l’appellation biblique de la Cisjordanie – NDLR), a-t-il expliqué au quotidien israélien Haaretz. Avec d’autres États arabes profondément préoccupés par l’Iran s’ouvre l’opportunité d’avoir des États arabes soutenant ce type de fédération. » Le lien est ainsi fait entre l’abandon d’une solution à deux États et le développement de nouvelles relations entre Tel-Aviv et lesprincipaux pays arabes de la région, à l’exception notoire de l’Irak, de la Syrie et, pour l’instant, du Yémen, soumis au feu de l’aviation saoudienne.

Une forme d’alliance militaire pour contrer l’Iran

Le Wall Street Journal vient de révéler que l’administration Trump est en discussion avec des pays arabes alliés pour créer une forme d’alliance militaire qui partagerait notamment des renseignements (au sens de l’espionnage) avec Israël, afin d’aider à contrer leur ennemi commun, l’Iran. Une telle alliance inclurait évidemment l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie et l’Égypte. Pour commencer ! « Pour les pays arabes impliqués, l’alliance aurait une composante de défense mutuelle de style Otan, qui prévoit qu’une attaque contre un des membres équivaut à une attaque contre tous », écrit le quotidien américain. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, peut bien réaffirmer, comme il vient de le faire, que la paix au Proche-Orient nécessitait « une paix juste et globale fondée sur une solution à deux États avec un État palestinien indépendant », l’inactivité de son organisation, au diapason de celle des pays arabes, laisse subsister beaucoup de doutes sur sa volonté politique. Un véritable tournant pour les Palestiniens et leur direction politique, que ce soit le Fatah du président Abbas ou celle du Hamas (dont la dépendance politico-financière est multiple). Mais aussi un défi pour ceux qui, il y a à peine un mois, à Paris, à l’occasion d’une conférence internationale, réaffirmaient leur adhésion à la solution de deux États.

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