Le deal qui n’aura pas lieu
La visite du président Trump en Israël n’a, pour une fois, pas été marquée par des déclarations provocatrices et des propos à l’emporte-pièce; il semble que ses conseillers l’aient bien briefé. Le fait que Trump ait fait précéder sa tournée en Israël par une rencontre avec le roi Salman d’Arabie saoudite a préparé le terrain: Netanyahou et les Saoudiens partagent un ennemi commun, l’Iran, et l’administration étasunienne actuelle rejoint les deux dans l’identification de Téhéran comme une menace à leurs intérêts respectifs.
Si l’atmosphère a été chaleureuse, voire amicale, les commentateurs n’ont pas manqué de remarquer que l’agenda politique du président étasunien ne coïncidait pas avec celui du gouvernement d’extrême droite israélien. A plusieurs occasions, et en particulier lors de sa visite chez le président de l’Etat hébreu, Reuven Rivlin, Trump a parlé, avec son langage typique d’homme d’affaires, de la nécessité «d’arriver à un deal». Chez Reuven Rivlin, il est même allé plus loin, insistant sur le fait qu’il avait trouvé chez le président palestinien, Mahmoud Abbas, une vraie volonté de parvenir à un accord avec Israël. Histoire de dire que la balle était dans le camp de Benjamin Netanyahou.
Peut-on voir dans ces déclarations une intention de Donald Trump de faire bouger les choses, ce qui évidemment signifierait des pressions sur le gouvernement Netanyahou? Rien n’est moins sûr, et ce, pour deux raisons essentielles: d’abord, Donald Trump a d’autres priorités que le Moyen-Orient et, au Moyen-Orient même, des questions comme la Syrie et Daech passent bien avant la Palestine.
La seconde raison est que le locataire de la Maison Blanche est sous le coup d’une enquête parlementaire sérieuse concernant ses relations avec la Russie. Une enquête qui pourrait même mener à une procédure d’impeachment.
Autant dire que Benjamin Netanyahou n’a pas trop de souci à se faire. Même si Donald Trump a parlé d’un deal, il s’est contenté d’exiger de Netanyahou des gestes de bonne volonté, comme celui d’alléger un peu les mesures restrictives qui affectent la vie des populations occupées. Ce que Netanyahou s’est empressé de faire, sachant qu’il pourra reprendre demain ce qu’il a dû concéder hier.
* Militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).
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