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7 décembre 2013 6 07 /12 /décembre /2013 00:40
Conférence de Genève II : du flou et du pessimisme

par Moncef Wafi

Officiellement, l'ONU qui en fait l'annonce et les parrains russes et américains de l'initiative de la conférence à Genève pour la paix en Syrie s'en tiennent toujours à la date du 22 janvier pour son ouverture. Il n'en reste pas moins que les organisateurs de cette conférence dont l'échéance est proche n'ont pas encore fait connaître la liste des parties étrangères appelées à prendre part autour de la table des négociations aux côtés des deux délégations syriennes qui représenteront l'une le régime syrien et l'autre la rébellion qui combat celui-ci. 

Russes et Américains ne semblent pas s'être encore entendus sur cette liste. La pomme de discorde entre les deux parrains de la rencontre réside dans le cas de l'Arabie Saoudite et de l'Iran. Comme l'a souhaité Lakhdar Brahimi, la présence de ces deux puissances régionales dont l'influence est déterminante sur le camp belligérant syrien qu'elles soutiennent est évidemment indispensable pour augmenter les chances d'arriver à un accord de paix. Or si les Etats-Unis et d'autres puissances occidentales trouvent normal d'inviter l'Arabie Saoudite qui porte à bout de bras la rébellion armée dont ils sont également les « sponsors », ils n'estiment pas nécessaire la présence iranienne alors que Téhéran est engagé à fond aux côtés du régime syrien qui bien sûr a la présence d'une délégation de son protecteur à la conférence. 

Toutefois, des indices sont apparus qui donnent à penser que les Occidentaux vont finir par donner leur accord à la participation iranienne. Les Etats-Unis ne sont pas étrangers à cette évolution de l'attitude occidentale. C'est un secret de Polichinelle que Washington et Téhéran sont engagés dans des négociations secrètes dans lesquelles ils sont en train de mettre à plat tous les dossiers bilatéraux régionaux et internationaux qui les ont fait s'opposer et se combattre depuis des décennies y compris bien entendu celui de la crise syrienne. La volonté d'aboutir à un rapprochement américano-iranien est manifeste des deux côtés. Ce qui apparemment incite les Américains à ne pas «braquer» les autorités de la République islamique contre la poursuite de l'ouverture iranienne en direction de l'Occident, en soutenant le refus de la présence de leur pays à la conférence de Genève. 

Mais même si le nuage de la participation iranienne à la conférence se dissipe, le pessimisme domine toujours toutefois quant aux chances qu'elle a de déboucher sur une solution qui apporterait la paix en Syrie. Cette solution est en théorie celle que vient de formuler l'inusable médiateur international sous la forme de création d'une nouvelle république syrienne avec un ordre démocratique et non sectaire dont il appartiendrait aux Syriens d'en décider des contours. Faut-il pour arriver à cela que tous les belligérants qui se combattent sur le terrain l'acceptent. Ce qui peut s'envisager pour les acteurs syriens du conflit qui ont décidé de se rendre à Genève, mais qui excluent absolument ceux dont le combat en Syrie se fait sous l'étendard du djihad et de l'instauration d'une « Dawla islamia » négation de l'ordre républicain démocratique et par essence sectaire. Ceux-là ne désarmeront pas quel que soit l'accord qui pourrait sortir de la conférence de Genève. 

Autant dire donc que la paix en Syrie sera au rendez-vous après un éventuel « succès » de la rencontre. La tragédie qui ensanglante ce pays depuis plus de trois années, s'inscrit hélas dans la durée car faute de l'avoir traitée quand il était temps, la communauté internationale a contribué à créer les conditions de sa poursuite. 

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