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18 juin 2017 7 18 /06 /juin /2017 09:44
Gaz offshore : le prochain catalyseur d’une guerre entre Israël et le Hezbollah ?
 
 

La décision israélienne de délimiter de nouveaux blocs d’exploration du gaz dans une zone maritime litigieuse revendiquée par le Liban constitue une « déclaration de guerre » pour les autorités libanaises et le Hezbollah

Alors que les tensions ne cessent de croître entre Israël et le Hezbollah au lendemain des multiples raids menés au cours des deux derniers mois par l’armée israélienne contre des cibles appartenant ou apparentées au Hezbollah en Syrie, le risque d’une nouvelle guerre est bien réel en raison d’un autre enjeu aussi stratégique et explosif que le vieux contentieux terrestre des fermes de Chebaa au Liban-Sud ou de l’existence d’une base militaire irano-hezbollahi au niveau du plateau du Golan : le gaz offshore situé dans une zone disputée entre Israël et le Liban.

Les découvertes révélées par des études sismiques menées dans la zone depuis 2002 et confortées par l’intérêt affiché par plusieurs grandes sociétés étrangères, dont ExxonMobil, Shell et Total, pourraient s’avérer commercialement importantes et permettre au pays du Cèdre de s’assurer une autonomie énergétique.

« Ces ressources constituent une priorité absolue pour le Hezbollah, plus importante que les multiples enjeux du conflit syrien. Il s’agit d’une question fondamentale liée aux droits souverains et économiques du Liban », explique à Middle East Eye le cheikh Sadek Naboulsi, responsable au sein du parti chiite libanais.

« [Si] la diplomatie et le droit international maritime faillissent à régler le contentieux, et en cas d’agression de la part d’Israël ou d’empiétement sur les intérêts du Liban, le Hezbollah aura recours à la voie militaire […]. Et cette fois, il frappera en profondeur et ciblera les infrastructures gazières au large du littoral ennemi »

- Cheikh Sadek Naboulsi, responsable du Hezbollah

Cette bombe à retardement, jusque-là dormante, a été réactivée par l’adoption par Israël en décembre dernier d’une nouvelle carte délimitant les blocs d’exploration de gaz offshore dans la zone litigieuse, dont la superficie s’élève à 864 km2.

Cette carte définit trois blocs (blocs 1, 2 et 3) potentiellement explorables à l’intérieur de cette zone. Or, selon le gouvernement libanais, ceux-ci se situent dans les eaux territoriales libanaises.

Beyrouth se prépare d’ailleurs à lancer un appel d’offres international, prévu fin 2017, pour l’exploration de cinq blocs, dont trois situés à la lisière ou au sein de la zone conflictuelle.

« Les blocs 8, 9 et 10 ont été choisis par le gouvernement libanais en janvier dernier pour des raisons géologiques mais également souverainistes […] Il s’agit d’une manière de protéger les droits maritimes du Liban », souligne Wissam Zahabi, directeur général de l’Autorité libanaise du pétrole, contacté par MEE.

« Le bloc 10 ne devrait pas, a priori, poser problème, mais les blocs 8 et 9 s’étendent à hauteur de 7 % et plus de 50 %, respectivement, sur la zone litigieuse », précise-t-il.

 

 

 

 

Genèse du litige

L’origine du contentieux remonte à juillet 2011, lorsqu’Israël adopte officiellement le tracé de sa Zone économique exclusive (ZEE) en se basant sur un accord frontalier conclu en 2007 entre Chypre et le Liban.

Or, les autorités libanaises n’ont jamais ratifié cet accord, se rétractant in extremis après avoir réalisé les failles qu’il comportait. Nicosie et Beyrouth avaient en effet convenu d’une frontière commune, tout en laissant planer le flou sur les tracés nord et sud et le début des espaces maritimes syrien et israélien.

Israël s’était alors empressé de profiter de cette « brèche » pour pousser plus au nord sa frontière, dans ce que le Liban considère comme étant sa propre ZEE.

  • Quant aux autorités chypriotes, elles ont délimité leur ZEE avec Israël selon ce tracé, sans tenir compte d’une condition essentielle incluse dans l’accord signé avec le Liban, qui signifiait clairement qu’aucune décision bilatérale [avec Israël] ne serait prise par Nicosie », explique à MEE le général Abdel Rahman Hchaitli, en charge du dossier des frontières maritimes du Liban jusqu’en 2013.

Pour Israël, l’objectif était « d’une part, de profiter d’éventuelles découvertes de gaz dans cette zone, ou du moins d’empêcher le Liban d’en faire usage et, d’autre part, de pousser l’État libanais à négocier avec lui une délimitation des frontières maritimes et de reconnaître ainsi Israël », poursuit le général Hchaitli.

À LIRE : Les ambitions énergétiques d’Israël nécessitent une solution finale à Gaza

Depuis cette manœuvre frontalière réussie avec les autorités chypriotes, la carte maritime de l’État israélien et les blocs d’exploration de gaz qu’elle comportait n’avaient pas bougé d’un iota jusqu’à la nouvelle carte de décembre 2016.

Or, l’extrémité nord de ces derniers, notamment les blocs Alon D et F, étaient parfaitement alignés sur la limite sud du tracé frontalier établi par le Liban, « confirmant ainsi indirectement le bien-fondé de la délimitation par Beyrouth de sa ZEE », selon Hchaitli.

Celle-ci avait été établie en avril 2009 sur la base de la méthode de l’équidistance, reconnue par la convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDEM), ainsi que sur la base de l’accord d’armistice de 1949 signé avec Israël.

Cette dissonance entre la « nouvelle » ZEE d’Israël découlant de l’accord avec Chypre et les blocs d’exploration définis dans sa carte maritime d’avant décembre 2016 donnait un argument supplémentaire à Beyrouth concernant la « libanité » de la zone. « C’est sans doute pour cette raison que les autorités israéliennes ont décidé de définir de nouveaux blocs situés plus au nord, afin de voiler la discordance qui existait jusque-là », ajoute-t-il.

Mort clinique de la médiation américaine

Face à l’impasse, des efforts ont été fournis à partir de 2011 pour tenter d’arracher un accord « à l’amiable » et de limiter le risque d’escalade. Des négociations indirectes ont ainsi été menées sous l’égide des États-Unis, sans que cela n’aboutisse toutefois à des résultats concrets.

« L’ancien émissaire du département d’État, Frederik Hoff, avait mené des négociations sérieuses et professionnelles et proposé avant son départ à la retraite à l’automne 2012 un partage du triangle disputé en attribuant près de 500 km2 au Liban, soit 60 % de la superficie totale de la zone litigieuse, et 40 % à Israël », précise le général Hchaitli, qui faisait partie de la délégation libanaise lors des négociations.

 

 

 

 

« Cette proposition avait été soumise au chef d’État libanais et aux ministres concernés pour examen, et il avait été convenu d’accepter le plan Hoff, à condition de poursuivre toutefois les négociations en vue d’un règlement futur de la superficie restante. »

Israël n'a pas émis d'avis officiel sur cette proposition, mais selon le général Hchaitli, Frederik Hoff aurait confié à la délégation libanaise lors d'un meeting juste avant son départ : « J’aurai déjà du mal à leur faire accepter le plan que je propose, alors si en plus il faut imposer des conditions, ça risque d'être très compliqué ».

Amos Hoshtein, le successeur de Hoff, s’est contenté d’effectuer quelques visites et de réitérer la même proposition, avec le slogan « take it or leave it » (à prendre ou à laisser), tout en refusant de négocier sur le tiers restant de la zone contestée et jouant la montre afin d’empêcher le Liban de recourir éventuellement aux Nations unies dans le cadre de l’Article 37 du Chapitre 6 de la Charte de l’ONU.

  1. stipule que « le Conseil de sécurité peut agir sous le chapitre 7 – c’est-à-dire utiliser des moyens coercitifs – en cas d’échec d’une médiation externe et de risque conséquent de guerre en raison d’un contentieux n’ayant pas été réglé de manière pacifique », précise le responsable militaire.

La guerre, une éventualité inéluctable ?

Avec le départ de Hoshtein en novembre 2016 et la désignation d’un diplomate intérimaire aux affaires énergétiques, Mary Burce Warlick, au lendemain de l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, la médiation américaine semble au point mort.

Cela a poussé les autorités israéliennes et libanaises à solliciter les Nations unies en l’absence de toute possibilité de négociations directes, les deux pays étant officiellement en guerre.

En février 2017, le gouvernement israélien a ainsi envoyé une lettre au secrétariat général de l’ONU affirmant qu’il « n’autoriserait pas » d’activités d’exploration dans la zone qu’il revendique, ce à quoi le Liban a répliqué par une lettre à l’instance internationale réaffirmant son plein droit à exercer sa souveraineté sur cette zone.

À LIRE : L'énergie, nerf de la guerre au Moyen-Orient

Malgré leur caractère officiel, ces lettres n’ont aucune incidence sur le terrain. Pour résoudre ce type de litiges, les États ont généralement recours à des négociations directes, à une procédure arbitrale internationale ou, dans des situations plus complexes, à une poursuite judiciaire via la Cour internationale de justice (CIJ) ou le Tribunal de la mer de Hambourg, institué par la CNUDEM.

Or, dans le cas libano-israélien, aucune de ces trois voies de règlement conventionnelles n’est applicable.

Les négociations directes ne sont pas envisageables en l’absence d’un accord de paix entre les deux pays, tandis qu’un arbitrage international impliquerait la reconnaissance indirecte par le Liban de la légitimité de l’État d’Israël, ce qu’il refuse.

Enfin, la voie de Hambourg est coupée par la non-ratification de la CNUDEM par Israël, qui ne reconnaît pas non plus la CIJ.

Quant à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), stationnée au Sud-Liban pour garantir le maintien du cessez-le-feu et l’application de la résolution 1701 votée en août 2006 pour mettre fin à la guerre de 33 jours entre Israël et le Hezbollah, « elle ne peut intervenir sur la question du triangle disputé, d’abord car la ligne bleue tracée entre les deux pays après le retrait israélien [du Sud-Liban en 2000] ne s’étend pas sur l’espace maritime, et ensuite parce qu’une résolution politique du contentieux ne relève pas du mandat de cette force », explique à MEE André Tenenti, porte-parole de la FINUL.

Face à cette impasse et à la mort clinique de la médiation américaine, du moins pour l’instant, la confrontation militaire semble quasi inéluctable, même si des efforts sont menés depuis récemment par Chypre pour désamorcer une éventuelle bombe. Lors d’une visite à Beyrouth le 12 juin, le président chypriote Nicos Anastasiádis s'est dit disposé à aider le Liban dans le litige qui l'oppose à Israël, affirmant que « Chypre serait même prête à modifier l'accord conclu avec Israël », lequel est à l’origine, du moins en partie, du montage israélien d’exploration gazière au niveau de la frontière sud de la ZEE revendiquée par le Liban.

 

Pour le Hezbollah, la mise en garde reste toutefois de rigueur.

  • Nous continuons de privilégier une solution pacifique à cette nouvelle violation israélienne de notre souveraineté, mais si la diplomatie et le droit international maritime faillissent à régler le contentieux, et en cas d’agression de la part d’Israël ou d’empiétement sur les intérêts du Liban, le Hezbollah aura recours à la voie militaire […]. Et cette fois, il frappera en profondeur et ciblera les infrastructures gazières au large du littoral ennemi », prévient le cheikh Sadek Naboulsi.

« [Il suffit] qu'une seule roquette touche l'un des réservoirs [de gaz ammoniac du centre industriel israélien de Haïfa] pour créer l'effet d'une arme nucléaire »

- Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah

Dans un discours prononcé en février dernier, le secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, avait mis en garde contre des frappes ciblant les stocks de gaz ammoniac du centre industriel israélien de Haïfa, soulignant qu’il suffisait « qu'une seule roquette touche l'un des réservoirs pour créer l'effet d'une arme nucléaire ».

De son côté, le chef du parlement libanais, Nabih Berri, a mis en garde Israël, qualifiant la redéfinition de sa carte maritime de « déclaration de guerre ». Israël n’a jusqu’à présent pas répondu à ces déclarations.

Des enjeux économiques majeurs

C’est ce scénario « catastrophe » que les parties concernées, ainsi que les compagnies internationales et les pays qui les représentent, cherchent à éviter. Car au-delà des considérations politiques et de souveraineté territoriale, l’enjeu est également économique, autant pour le pays du Cèdre que pour Israël.

Pendant plus d’un demi-siècle, Israël a dépendu presque entièrement des importations pour subvenir à sa demande locale en gaz. Mais avec désormais des réserves de gaz estimées à 950 Gm3 – contre une consommation annuelle de 7 Gm3 –, le pays est en passe de devenir une puissance exportatrice d’énergie.

Les recettes financières escomptées sont estimées à plusieurs dizaines de milliards de dollars, tandis que des contrats d’exportation ont déjà été conclus avec certains pays, dont la Jordanie.

Quant au Liban, où le début des travaux d’exploration a été reporté de près de quatre ans en raison de la paralysie politique interne, il importe 96 % de ses besoins en énergie et croule sous une dette qui culmine à plus de 145 % du PIB, l’un des ratios les plus élevés au monde.

Les récentes découvertes offshore pourraient ainsi inverser la courbe et aider au développement économique du pays. Une autre guerre avec Israël, en revanche, aurait un impact dévastateur. Celle de juillet 2006, par exemple, avait coûté près de 15 milliards de dollars, selon le PNUD, et mis l’économie libanaise à plat durant les deux années qui suivirent.

 

http://www.middleeasteye.net/fr/analyses/gaz-offshore-le-prochain-catalyseur-d-une-guerre-entre-isra-l-et-le-hezbollah-78794344

Les seules publications de notre blog qui engagent notre association sont notre charte et nos communiqués. Les autres articles publiés sur ce blog, sans nécessairement refléter exactement nos positions, nous ont paru intéressants à verser aux débats ou à porter à votre connaissance.

 

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18 juin 2017 7 18 /06 /juin /2017 09:39
 
 
 

La nuit de l’invasion de l’Irak en quatorze nouvelles

Orient XXI > Lu, vu, entendu > Nouvelle > Françoise Feugas > 16 juin 2017

La nuit du 20 mars 2003, l’Irak est envahi par les États-Unis et leurs alliés. Les personnages des quatorze nouvelles de Pleine lune sur Bagdad de notre collaborateur Akram Belkaid vivent à Bagdad, Damas, Casablanca, Koweït City... ou même à Washington. Ils savent dès cette nuit qu’ils entrent dans un temps de violence et de souffrances dont ils seront — dont ils sont déjà — à la fois victimes et acteurs.

Le quatorzième jour du mois lunaire apparait la pleine lune. On distingue alors clairement des détails invisibles d’ordinaire : ce que font les gens chez eux ou dehors à pareille heure, où ils vont, avec qui. Entre croissance et décroissance, l’astre plus luminaire que jamais invite à la méditation, au silence, au jeûne ou au rêve. Un temps propice à d’autres paroles, aux récitations de poèmes, dans lequel l’ordre et le sens des mots parviennent parfois à exprimer mieux que d’habitude – ou différemment — malaises, inquiétudes et angoisses.

Mais dans cet entre-deux, un 20 mars 2003, les États-Unis et leurs alliés déclenchent l’invasion de l’Irak pour renverser le président Saddam Hussein. La nouvelle se propage comme une onde de choc, de Bagdad à Gaza, Damas, Koweït-City, Beyrouth, au Caire, dans la banlieue d’Alger, à Tunis et Casablanca comme aux abords de la cité antique de Qamirnah ou dans le Najd saoudien. Et même plus loin, jusqu’à Paris ou Washington. Au creux de la nuit meurtrière s’annonce le temps des traîtres, des menteurs et des assassins, comme un signe que la fin des temps approche. « Dans les foyers, dans les rares caves et les vieux abris délavés, des index se tendent et des soupirs ponctuent la profession de foi résignée qui sied à ces instants annonciateurs de malheurs. »

L’heure approche et la lune s’est fendue ;
Mais les infidèles, à la vue des prodiges, détournent la tête, et disent : C’est un enchantement puissant.
Entraînés par le torrent de leurs passions, ils nient le miracle
; mais tout sera gravé en caractères ineffaçables.

Coran, sourate 54 « Al Qamar » (La lune)

À Bagdad, un bébé pleure, effrayé par le bruit des bombes sur la ville. Ses parents se demandent comment ils vont pouvoir traverser cette nouvelle guerre qui commence, mais ils se promettent de tenir :

Si c’est ce qui est écrit alors que ce qui doit arriver arrive. Mais nous resterons dans ce pays malgré les vipères qui vont déferler. Nous devons rester car, comme tu l’as écrit, seule…
Gamra l’interrompt d’un geste brutal. Cette phrase, c’est la sienne. C’est à elle, et à elle seule, de la prononcer comme on psalmodie une prière sacrée :
— Car seule la poésie vainc les vipères, murmure-t-elle en regardant le bébé qui dort.
Fruits secs, vers et vipères »)

C’est une autre Irakienne, dans la dernière de ces quatorze nouvelles (« IQTF ») qui, refermant la boucle, fait écho aux parents du bébé de Bagdad. Invitée à quitter le territoire français par une lettre administrative polie et glacée, cette traductrice réfugiée à Paris se résigne et même assume son « amer retour » :

Si l’Irak, ce piège, doit mourir, je mourrai avec lui. Et s’il vient à renaître, je renaîtrai avec lui. (…) Que cette aube qui s’annonce dans le ciel parisien en soit le témoin : je jure et j’annonce qu’il est temps pour moi de revenir à Bagdad.

Dans les récits qui précèdent, des contrebandiers s’enfoncent dans le Najd saoudien, une Koweïtienne assassine son mari. Un chirurgien algérien est livré aux tangos du GIA par son collègue radiologue. Le chef d’un commando défigure le patron d’une clinique de chirurgie esthétique à Beyrouth. À Washington, un opposant à Saddam Hussein ment aux journalistes et prépare son retour triomphal à Bagdad. Dans le désert irakien, un vieux chauffeur de taxi et ses passagers en route pour Bagdad font une étrange rencontre. À Casablanca, un religieux au passé douteux projette de faire tuer un homme qui en sait trop...

Aucun personnage n’est vraiment étonné par ce qui se trame en Irak. Au-delà d’un fatalisme attendu — Mektoub ! c’était écrit —, il faut en rechercher la cause dans la mémoire de tant d’autres conflits qui ont déchiré le monde arabe : Israël et la Palestine, la guerre Irak-Iran, la guerre du Golfe, celle du Liban, la décennie noire en Algérie… Tous ont l’âge de se souvenir. Tous ont eu quelque chose à voir dans au moins l’un de ces conflits, qu’ils aient été soldats ou civils. Le lien entre tous les récits parie sur l’existence d’une mémoire collective arabe de ces guerres.

La poésie est la seule arme de l’esprit face à l’horreur qui s’annonce. Détournant la violence, elle ouvre et referme le recueil, circulant d’un récit à l’autre. Presque tous les personnages la convoquent. Le père de Badra (« Par cette perle ») dit à sa fille :

La poésie, vois-tu, c’est ce qui tient nos peines et nos frayeurs en respect. C’est ce qui libère l’âme des pesanteurs du monde. < /quote

Même le vieux gardien des ruines de Qamirnah (« la cité de la lune », nom arabe de la ville antique sumérienne d’Ur), qui tue des pilleurs pour que soit préservée la mémoire et l’âme des ancêtres, se récite à lui-même des vers de Zouhayr Ibn Abi-Soulma. À Damas, quatre amis se disputent pour elle tout en invoquant Al-Lout, déesse de la lune (« La lune est aux Arabes ! »). Une petite fille de Gaza apprend la calligraphie avec sa grand-mère et trace un poème :

Et nous, nous aimons la vie autant que possible. Nous dansons entre deux martyrs. Nous aimons la vie autant que possible. Là où nous résidons, nous semons des plantes luxuriantes et nous récoltons des tués.
Après le chemin… »)

Parmi les auteurs et les œuvres de la poésie arabe ancienne ou moderne cités trône la grande poétesse irakienne Nâzik Al-Malaïka (1922-2007), à la fois auteur et personnage (« Le sycophante et la poétesse »). Dans l’ensemble des quatorze récits, les figures féminines que l’on croise sont d’ailleurs toujours liées à la connaissance et à la poésie.

La présence obsédante, presque incantatoire, lumineuse de la poésie que la lune met sur les lèvres des hommes et des femmes au cœur de la nuit guerrière produit une impression de déchirement permanent, comme si les personnages ne se résolvaient jamais tout à fait, finalement, à tant de noirceur criminelle, de vies brisées ou de médiocrité égoïste, même quand ils en sont eux-mêmes les acteurs.

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18 juin 2017 7 18 /06 /juin /2017 09:32
Gaza persécuté
 
 

Les Gazaouis risquent de ne plus avoir que deux heures d’électricité par jour, conséquence d'une aggravation du blocus imposé par Israël.

Les Gazaouis risquent de ne plus avoir que deux heures d’électricité par jour. Les hôpitaux et les stations de traitement des eaux pourraient alors s’arrêter.

Le Comité international de la Croix-Rouge évoque un « effondrement du système tout entier ». Cette nouvelle restriction qui s’abat sur les quelque deux millions de Palestiniens qui s’entassent dans l’étroit territoire est la conséquence d’une aggravation du blocus imposé par Israël depuis juin 2006.

Un blocus renforcé par la fermeture, en 2013, de la frontière avec l’Égypte. Mais Gaza souffre aussi des rivalités entre l’Autorité palestinienne, établie à Ramallah, et le Hamas, qui dirige le territoire depuis 2007.

La population, déjà à 45 % au chômage, risque d’être également affectée par la crise entre l’Arabie saoudite et le Qatar, qui injectait des fonds à Gaza.

 
 
 
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18 juin 2017 7 18 /06 /juin /2017 09:25
 
Cent mille civils bloqués derrière les lignes de l'EI à Mossoul
 
 
 
 
 
Par
 
Cent mille civils sont toujours pris au piège derrière les lignes des djihadistes de l'Etat islamique dans Mossoul, où l'offensive militaire pour reprendre la ville entre dans son neuvième mois, a déclaré vendredi le HCR.
 
 

GENEVE (Reuters) - Cent mille civils sont toujours pris au piège derrière les lignes des djihadistes de l'Etat islamique dans Mossoul, où l'offensive militaire pour reprendre la ville entre dans son neuvième mois, a déclaré vendredi le HCR.

Les combattants de l'EI tirent à vue sur les familles qui cherchent à fuir de nuit, à pied ou à bien bord d'une embarcation sur le Tigre, a ajouté le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

"Ces civils, pour l'essentiel, sont retenus comme boucliers humains dans la vieille ville", déclare le représentant du HCR en Irak, Bruno Geddo, en parlant du quartier historique de Mossoul où les djihadistes sont assiégés par l'armée irakienne.

"Il ne reste pratiquement plus de vivres, d'eau, d'électricité, de carburant. Ces civils connaissent une situation de pénurie et de peur de plus en plus pénible, parce qu'ils sont cernés par les combats", ajoute-t-il.

L'offensive pour reconquérir Mossoul, qui est la "capitale" de l'EI en Irak, a débuté le 17 octobre dernier avec un appui aérien et terrestre de la coalition internationale anti-EI.

Les forces irakiennes ont achevé la reconquête de la partie est en janvier et ont lancé le mois suivant l'assaut contre la partie ouest, où se trouve la vieille ville.

La vieille ville, explique Bruno Geddo, "est un labyrinthe très dense, un dédale de ruelles où il faut lutter pied à pied, maison après maison".

"Les tireurs embusqués de l'EI continuent de viser les personnes qui cherchent à s'enfuir, conformément à leur règle qui consiste à exécuter ceux qui tentent de quitter le territoire du califat", précise le représentant du HCR.

On évaluait en mai à 200.000 le nombre d'habitants toujours bloqués derrière les lignes de l'EI, mais leur nombre a diminué à mesure que les troupes irakiennes gagnaient du terrain.

Huit cent mille habitants, soit plus du tiers de la population d'avant le conflit, ont fui la ville, cherchant refuge auprès d'amis et de parents ou dans des camps d'hébergement.

 
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18 juin 2017 7 18 /06 /juin /2017 09:22
Qatar buys F-15 fighter planes in billion-dollar US deal
 

Qatar has signed a $12bn deal to buy F-15 fighters jets from the US.

The sale was finalised at a meeting in Washington between US defence chief Jim Mattis and his Qatari counterpart.

It comes days after US President Donald Trump accused Qatar - a major US ally - of funding terrorism "at a very high level" - a charge Qatar denies.

Other Gulf countries recently cut ties with Doha, accusing it of destabilising the region through its alleged support of extremist groups and links to Iran.

UK Prime Minister Theresa May spoke to the kings of Saudi Arabia and Bahrain, as well as the emir of Qatar, on Thursday, urging them to "urgently de-escalate the situation" and "engage meaningfully in dialogue", according to a statement from Downing Street.

Qatar is home to the biggest US air base in the Middle East, Al-Udeid. It houses around 10,000 troops and plays a key role in the US-led operations against the so-called Islamic State (IS) group in Syria and Iraq.

Mr Trump's comments appeared at odds with the US Department of Defence, which had praised Qatar's "enduring commitment to regional security" just days earlier.

Map of Gulf region
 

Saudi

A Qatari official said the deal for the fighter planes was "proof that US institutions are with us but we have never doubted that," Reuters news agency reported.

"Our militaries are like brothers. America's support for Qatar is deep-rooted and not easily influenced by political changes," the unnamed official was quoted as saying.

A Qatari defence ministry source told Reuters Doha had bought 36 of the planes.

The deal comes just weeks after the US agreed to sell the Saudis more than $100bn-worth of weapons.

As tensions between Qatar and its neighbours escalate, Turkish Foreign Minister Mevlut Cavusoglu was due in Kuwait on Thursday as part of a shuttle mission to try to resolve the crisis.

Turkish President Recep Tayyip Erdogan has strongly backed Qatar, calling the Saudi-led measures "inhumane and against Islamic values". Kuwait has also been mediating.

Last week, the Turkish parliament authorised the deployment of Turkish troops to Qatar in what was seen as a show of support for the embattled emirate. Ankara has also sent planeloads of food to Qatar, which had been dependant on imports from Saudi Arabia.

Arabia, another key US ally, has led moves to isolate the gas-rich emirate since earlier this month. Riyadh sealed its border, closed its air space to Qatari Airways and - along with Bahrain, the UAE and Egypt - severed diplomatic relations.

http://www.bbc.com/news/world-middle-east-40287570

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18 juin 2017 7 18 /06 /juin /2017 09:19
Législatives des Français de l’étranger : un duel "Netanyahou-Macron" en Israël
 

Texte par Alcyone WEMAËRE

Dernière modification : 14/06/2017

Dans la 8e circonscription des Français de l’étranger, le second tour opposera un député LR-UDI controversé, soutenu officiellement par le Premier ministre israélien, et une candidate La République en marche, le parti d’Emmanuel Macron.

Il est officiellement soutenu par Benjamin Netanyahou, elle, une ancienne socialiste, a été investie par La République en marche. Meyer Habib (LR-UDI) et Florence Drory se sont tous deux qualifiés pour le second tour des législatives dans la 8e circonscription des Français de l’étranger. La circonscription comprend huit pays du pourtour méditerranéen mais c’est en Israël que se trouve plus de la moitié des électeurs. Or, Meyer Habib qui est le député sortant de la circonscription, joue à fond sur sa proximité avec le Premier ministre israélien pour se faire réélire. Benjamin Netanyahou s’est d’ailleurs fendu d’une vidéo en hébreu pour soutenir "son ami".

Ses positions sont effectivement au diapason avec la politique du Premier ministre israélien : il soutient la colonisation. Récemment, il a taxé le Quai d’Orsay d’antisionisme parce que le terme "Territoires palestiniens" figurait sur des prospectus électoraux. Dans un texte adressé aux Français d’Israël, il se dit "profondément attaché à la France" mais se revendique aussi "sioniste, partisan de l'intégrité d'Eretz Israël et fidèle aux valeurs de la Torah". De fait, il fait ainsi valoir son bilan de député : "Depuis quatre ans j’ai défendu sans relâche Israël, qui partage nos valeurs, et le peuple juif". Dans le même communiqué, il s’en prend à son adversaire Florence Drory arrivée en tête du premier tour avec 36,73 % (contre 35,51 % pour Meyer Habib) : "Ma concurrente excite le reste de la circonscription en me présentant uniquement comme un candidat communautariste au service d’Israël, soutenu par Netanyahou et ses rabbins", dénonce-t-il.

Meyer Habib, candidat du Likoud, le parti de Benjamin Netanyahou ?

Sur Twitter, Charles Enderlin, l’ancien correspondant de France 2 à Jérusalem, a relayé les propos d'un militant du Likoud estimant qu'il ne fallait pas "se gêner" si "les Français sont assez stupides pour nous permettre d'envoyer un représentant à nous dans leur Parlement".

Lors du premier tour, le taux de participation dans la circonscription a seulement atteint 19,1 %. "Vous n’avez été que 7 % en Israël à vous déplacer", a déploré Meyer Habib, en appelant à "une mobilisation massive" sans quoi, selon lui, "les conséquences seraient trop graves". Alors que 137 voix séparaient les deux candidats à l’issue du premier tour, la mobilisation pour le second tour des Français d’Israël - mais aussi de Grèce, Turquie, Chypre, Italie et Malte - s’annonce décisive.

 

 
 
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18 juin 2017 7 18 /06 /juin /2017 09:14
Qatari crisis may destroy what little order remains in the Middle East
 
 
 
#GulfTensions

The Qatar-Gulf rift isn't about fabricated statements or a hacked website, but a battle to control regional order after the Arab uprisings. But will the Gulf destroy itself in the process?

 
 
 
 

A heavy tension has prevailed over the Gulf since 23 May.

It all appeared to start with the publication of statements attributed to Qatar’s Emir, Sheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, which were quickly proven to be fabricated. The Qatari News Agency website, it turned out, had been hacked.

Although hacking any country's official news agency is clearly problematic, the bigger issue is the way in which two Arab Gulf states handled the fabricated statements.

Within minutes of the hacking, media outlets - both official and unofficial - in the United Arab Emirates and Saudi Arabia embarked on spreading the alleged statements and using them to justify an unprecedented onslaught on Qatar and its leader.

Given the massive escalation of the crisis since then, one can conclude with a high degree of certainty that this has nothing to do with the fabricated statements or their implied meaning. Those who launched the campaign were simply waiting for the hackers to do their job. Then, they could declare war.

A new low in the Gulf

Clearly, this is a much bigger issue than a dispute over fabricated statements. Whoever ordered the media to refrain from broadcasting the Qatari denial of the statements knew very well that the matter had nothing to do with what was said or not said.

Furthermore, the nature of the campaign - its unabated continuation, uniformity, and escalation from 23 May to 5 June when Saudi Arabia and the UAE, followed by Bahrain and Egypt, severed their diplomatic ties with Qatar - proves that the matter started long before the statements. And the measures didn't stop at the severing of relations.

Since the 1960s, Gulf countries have witnessed the eruption of war between Saudi Arabia and Abu Dhabi, a border clash between Saudi Arabia and Qatar, Saudi-Kuwaiti tension over a common oil field, a Qatari-Bahraini dispute over territorial waters, accusations levelled at the UAE of plotting a coup in Oman and political disagreements of all types, both before and after the creation of the Gulf Cooperation Council.

But this crisis is a new low in Gulf relations. This is the first time a crisis has involved severing diplomatic ties, expelling citizens, imposing ground and air sieges and charges of threatening national security and supporting terrorism.

I am not an expert in international law. However, I am not aware of a single dispute in the modern history of international relations when a group of states, which are supposed to be fraternal countries, imposed such tough political and economic conditions on another state during peace time.

In light of the severity of the crisis and how it shocked the world, it was not surprising that the German Foreign Minister expressed concern that it could lead to war or that the Turkish prime minister warned that it could become an international crisis.

The fight for order

The Gulf is considered to be one of the most sensitive regions in the world. Its stability is of great interest to regional and international powers as will be its loss.

So what has caused the eruption of such an acute crisis? And why, at a time when Gulf unity is most needed to meet the challenges of the war in Yemen and respond to Iranian threats, does Saudi Arabia choose to risk damaging Gulf-Gulf relations?

Since 2011, prevailing wisdom says that the popular movement, which triggered the winds of revolution and change in the Arab world, was an expression of the crisis of republics, not monarchies. The Gulf region was immune to what unfolded in Tunisia, Egypt, Libya and Yemen.

The Gulf states, ruled by patriarchal regimes, possess huge resources which have enabled them to contain public discontent. Most have been able to build highly competent security agencies to deal with dangers that cannot be contained by conventional means.

Those who believed that the Gulf was immune from revolution saw the Arab uprisings as nothing more than a standoff between people and their rulers. They disregard the other dynamic that the region has witnessed since the Arab revolutions erupted - the battle between revolutionary and counter-revolutionary forces. It's not just states that no longer exist as they once did. This battle has resulted in the collapse of the entire regional order.

Since the Egyptian coup in the summer of 2003, counter-revolutionary forces embarked on a project to return states that saw their ruling regimes collapse to their previous status quo. This project has been only partially successful. The process of democratic transition has been aborted and the old classes have been reinstated in one way or another.

But the counter-revolutionary regimes have not been able to gain the legitimacy that they need and seem utterly incapable of responding to the demands of the people.

Further, the severe damage inflicted upon countries like Egypt, Syria and Iraq, and the seeming impossibility for them to return to what they once were makes the attempt to rebuild the regional order a much more complex endeavour than merely standing against movements of change and democratic transition.

So the thinking goes that while Syria and Iraq are splintered and Egypt will need many decades before it is able, if at all, to stand on its feet again, to rebuild the regional order, Saudi Arabia must lead. It must impose a new set of values, reformulate stability, determine the role of each one of the region's states and decide the nature of relations in the region, including those with Israel, Iran and Turkey.

Goodbye GCC?

Qatar’s problem is that, during the past quarter century, it has acquired a role and an influence in most of the region's developments and transformations - and not always one that has pleased the forces working hard to reinstate the old ruling classes and the old regional order.

Yet Qatar is not the only target, nor will it be the last. It is absurd to search for pretexts to justify the siege and the severance of relations. Rumours that the disagreement with Qatar has to do with Al Jazeera or with supporting the Houthis or with ties to Iran or with Islamist extremists in Syria not only smack of contradictions, but also miss the core point.

What is required is not having a discussion over disputed issues and reaching agreement in the Gulf. What is required is full submission and capitulation. Only with such action from Qatar and from others will the process of renovating regional order with its new leaders begin. Only in this way can this order impose its set of values, determine the weight and role of each state and draw the map of relations with the forces that exist in the Arab neighbourhood, whether friendly or unfriendly.

However, there is a problem: those who proposed this vision for the future of the region and its people failed to take into consideration all the necessary factors.

To what extent can their vision be realised if one state, and not necessarily Qatar, refuses to submit and surrender? What will happen if the states that lead this project fail to convince their own people of its reasons and moral justifications? Or regional and international powers refuse to take it seriously?

In light of what has so far been revealed as the crisis has unfolded, it will most likely end up in undermining what little remains of the regional order, including the Gulf Cooperation Council itself, instead of renovating it.

- Basheer Nafi is a senior research fellow at the Al Jazeera Centre for Studies.

The views expressed in this article belong to the author and do not necessarily reflect the editorial policy of Middle East Eye.

Photo: A handout picture provided by the Saudi Royal Palace on 6 June 2017 shows Saudi and Kuwaiti officials meeting in the Red Sea city of Jeddah to try to resolve the Qatari crisis (AFP).

 
 
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17 juin 2017 6 17 /06 /juin /2017 08:08

Comment rendre l'agriculture urbaine plus durable ?
Un Palestinien en a fait sa mission
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17 juin 2017 6 17 /06 /juin /2017 07:57
Meyer Habib, favori de Benyamin Nétanyahou et des rabbins israéliens
 
 

Le député sortant ne recule devant rien pour décrédibiliser son adversaire, Florence Drory, dans la 8e circonscription des Français de l’étranger. Quitte à brandir la Torah.

 

LE MONDE | | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)

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image: http://s2.lemde.fr/image/2017/06/16/534x0/5145608_4_4ae2_meyer-habib-lors-d-un-meeting-de-soutien-a_6e89d80b203d5c438dbee590dbc571d0.jpg

 
 

Benyamin Nétanyahou a un candidat favori au second tour des législatives françaises : Meyer Habib. C’est son ami de longue date, son intermédiaire privilégié auprès des dirigeants français. Le 25 mai, le premier ministre israélien a même enregistré une vidéo de soutien, tout sourire à ses côtés, diffusé sur le compte Twitter du candidat. Cela suffira-t-il ? Meyer Habib (UDI) joue gros dans la 8e circonscription des Français de l’étranger. Il a été devancé au premier tour par Florence Drory, la candidate adoubée par La République en marche (35,51 % des voix, contre 36,73 %).

Dans cette circonscription très éclatée, regroupant huit pays dont l’Italie, la Grèce, la Turquie et Israël, le taux de participation est si bas (9,40 % le 5 juin, sur 121 399 inscrits) que chaque voix pèse lourd. Meyer Habib, lui, mise tout sur les Franco-Israéliens, qui lui ont accordé 71 % de leurs suffrages.

« Implantations »

Lors d’un débat avec sa concurrente, jeudi 15 juin, sur la chaîne i24news, il s’est montré offensif, attaquant sa concurrente, souvent désarçonnée, sur son appartenance passée au PS. « Le Parti socialiste a une obsession, ce qu’on appelle les colonies. Ce que j’appelle les implantations », a-t-il dit. Meyer Habib a aussi cité à plusieurs reprises, parmi les soutiens à Florence Drory, le journaliste Charles Enderlin, ancien correspondant de France 2 à Jérusalem, qu’il voit comme un épouvantail pour la frange la plus radicale de la communauté binationale.

Meyer Habib affirme s’être « battu comme un lion » contre le terrorisme à l’Assemblée et appelle la France à « s’inspirer des méthodes israéliennes ». Tout en espérant la réussite d’Emmanuel Macron, qu’il prétend très bien connaître, le député sortant revendique surtout ses liens avec M. Nétanyahou.

Il ne recule devant rien pour décrédibiliser son adversaire, quitte à brandir la Torah. Dans un courriel du 12 juin adressé aux électeurs, il assure que Florence Drory « excite le reste de la circonscription » contre lui et l’accuse d’être « une candidate propalestinienne », « chantre d’une laïcité antireligieuse ». Un comble pour cette Franco-Israélienne, vétéran du PS, engagée auprès de François Mitterrand, de Jack Lang et de Ségolène Royal, mais aussi épouse d’un ancien ambassadeur israélien à Rome.

Dans ce même courriel, Meyer Habib appelle les Franco-Israéliens à la mobilisation : « Pour la première fois, avec moi, vous avez un député qui vous ressemble : profondément attaché à la France, sioniste, partisan de l’intégrité d’Eretz Israël et fidèle aux valeurs de la Torah. » Les références religieuses dans une élection législative française ne dérangent nullement Meyer Habib. Il a même demandé le soutien du grand rabbin séfarade d’Israël, Rav Itshak Yossef, qui apparaît à ses côtés dans une vidéo en hébreu.

Il a aussi appelé à la rescousse les rabbins francophones de Netanya, ville côtière où la communauté française est très présente. Ils ont réclamé un sursaut des électeurs, au nom de la défense des valeurs de la Torah et de l’intégrité d’Israël. L’un d’eux estime même que le vote pour Meyer Habib est un devoir kadoch, c’est-à-dire sacré.

« Pas une démarche normale »

« Je suis très surprise qu’il en appelle aux rabbins, dit Florence Drory. Ce n’est pas une démarche normale en France, pays laïque, dans


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/06/16/meyer-habib-favori-de-benyamin-netanyahou-et-des-rabbins-israeliens_5145609_823448.html#l4IDkT3E1SLUmclH.99

une élection. En outre, il méprise les électeurs du reste de la circonscription. Il fait ainsi l’aveu qu’il n’a rien fait pour eux comme député, en ne se préoccupant que d’Israël. »

Le député sortant a lancé sa campagne en accusant le Quai d’Orsay de « biais antisioniste ». Dans un courrier daté du 3 mai, il interpellait le ministère des affaires étrangères au sujet de l’envoi des brochures électorales aux Français vivant en Cisjordanie et à Jérusalem. Le député s’élevait contre la mention sur l’enveloppe des « territoires palestiniens » comme adresse. « Il est grand temps de changer de logiciel, écrivait Meyer Habib. C’est une erreur d’analyse de se focaliser sur les frontières, d’être aveuglé par la question des “territoires” ou de prétendues “colonies”. »
Les « prétendues » colonies font l’objet d’un consensus international depuis cinquante ans : elles sont considérées comme des implantations illégales. « Ce n’est pas un conflit de territoire, c’est, hélas, un conflit de civilisation », a-t-il renchéri pendant le débat télévisé.
 

Depuis son élection en 2013, Meyer Habib a pris l’habitude de relayer, en France, les éléments de langage traditionnels de la droite nationale religieuse israélienne. Le 17 janvier, dans l’Hémicycle, le député avait dénoncé la conférence internationale organisée par la France, quelques jours plus tôt, afin d’encourager une reprise des négociations israélo-palestiniennes. A cette occasion, il avait lancé : « Jamais un juif ne sera un colon à Jérusalem, jamais un juif ne sera un colon en Judée ! Jamais ! » La « Judée-Samarie » est l’appellation biblique de la Cisjordanie, qu’affectionne la droite messianique.

 

 

 
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17 juin 2017 6 17 /06 /juin /2017 07:53
Israël célèbre le nettoyage ethnique
 
 
 
 
 
jeudi 15 juin 2017 / 5h:13
Miko Peled - Photo : Mondoweiss
 
Miko Peled - Photo : Mondoweiss
 
 
 
 
 
 
 
Miko Peled – Les festivités de la Journée de Jérusalem enfin passées, les Palestiniens peuvent pousser un soupir de soulagement.

 

Cette année, commémorant la conquête israélienne de Jérusalem-Est de 1967, la «journée» comprenait une semaine d’activités et a vu la réunion hebdomadaire du cabinet israélien se tenir dans les « tunnels du Mur Occidental», sous l’enceinte de la mosquée d’Al-Aqsa.

« Ici le roi Salomon a construit le Premier Temple, » c’est ainsi que le premier ministre Benjamin Netanyahou a ouvert la réunion du 28 mai, éludant le fait qu’il n’y a aucune preuve que le roi Salomon ait jamais existé si ce n’est dans le récit biblique.

Brouillant les lignes entre mythe et histoire, l’idéologie sioniste et l’état d’Israël fondé sur cette idéologie traitent l’Ancien Testament comme s’il s’agissait d’un livre d’histoire. Ils ont fabriqué des arguments pour légitimer la dépossession des Palestiniens reposant sur le postulat que les juifs d’aujourd’hui sont les descendants d’une ancienne tribu qui vivait en Palestine il y a des milliers d’années.

Le mouvement «religieux national » en Israël est composé de juifs orthodoxes à l’allure ordinaire, aux fortes croyances messianiques et à l’idéologie profondément raciste. Ces personnes ne se sont quasiment pas manifestées jusqu’en 1967. Puis, lorsque Israël a achevé l’occupation de la Palestine et s’est emparé de la Cisjordanie, Jérusalem-Est y compris, et de la Bande de Gaza ils sont devenus actifs.

Aujourd’hui, ils sont le fer de lance de la colonisation en Cisjordanie, créant des faits sur le terrain et construisant des « avant-postes illégaux » qui se transforment rapidement en colonies. Ils se rendent dans des centres de populations palestiniennes pour terroriser les habitants et se consacrent pleinement à l’expansion de la présence juive à Jérusalem.

Ils sont particulièrement très actifs dans l’appropriation de biens immobiliers dans et autour de la vieille ville de Jérusalem utilisant la menace, la brutalité et le harcèlement envers la population palestinienne autochtone de la ville.

La Journée de Jérusalem, célébrée cette année le 24 mai, est l’occasion pour ce mouvement de montrer ses muscles. Cette année, les médias israéliens ont eu tendance à décrire la terreur et le harcèlement des résidents palestiniens par les colons célébrant la Journée de Jérusalem comme des incidents isolés, mais le fait est que toute cette journée et ses festivités sont conçues pour déstabiliser la vie palestinienne dans la ville.

Pas un seul autre événement ne symbolise mieux ceci que l’infâme « Parade du drapeau » où des milliers de jeunes membres de groupes religieux-nationalistes fanatiques les plus violents se rassemblent dans la vieille ville brandissant le drapeau israélien.

 

Dans le chaudron

 

Le défilé de cette année devait démarrer à 17h. Je suis arrivé un peu après midi, entrant dans la vieille ville par la Porte de Damas.

Je me suis dirigé vers le mur occidental, et déjà les commerçants se précipitaient pour fermer leurs magasins tandis que de jeunes Israéliens – jeunes hommes en blue-jeans, chemises blanches, portant une grande kippa tricotée caractéristique, et jeunes filles en longue jupe de jeans et chemisier blanc – défilaient à travers les rues de la vieille ville, dansant et chantant la venue du messie et la reconstruction du temple « bientôt et de nos jours. »

La queue pour passer sous le portique détecteur de métaux menant à la place du mur occidental – qui avait été créée en 1967, tout de suite après que la ville fut tombée aux mains des Israéliens quand l’armée a détruit le vieux quartier marocain et démoli plus de 130 maisons – était déjà longue.

Je me joignais à de vieux juifs américains portant les mêmes t-shirts et chapeaux portant les inscriptions « juifs pour un Israël Sûr, » et de jeunes colons portant une grande kippa et de longues papillotes.

A partir du Mur occidental j’ai descendu la colline et je suis sorti par Bab al-Magharba – Porte des Maghrébins, nommée d’après la communauté qui vivait là, mais qui est maintenant curieusement nommée « Porte des Immondices » en Hébreu – et je suis descendu vers Silwan.

Je suis passé à côté d’un autre exemple criant de la mythologie sioniste qui détruit la vie palestinienne, le soi-disant parc archéologique de la « cité de David », gigantesque parc à thème construit sur les ruines de maisons palestiniennes volées et dédié à un roi biblique dont l’existence n’a jamais été prouvée.

Mon objectif était de me rendre au Centre d’information Wadi Hilweh pour prendre de leurs nouvelles et savoir ce qu’ils pensaient que cette journée réservait à cette communauté de 55000 Palestiniens.

Au centre, il y avait un certain nombre de jeunes Palestiniens, certains travaillant sur des ordinateurs, d’autres assis à discuter. Je suis allé voir le directeur, Jawad Siyam dans le bureau.

« Une fois les festivités terminées les jeunes Israéliens viennent et se mettent à lancer des pierres, à tambouriner sur la porte des gens et à terroriser les résidents, » m’a-t-il dit.

 

Sécurité pour les colons

 

M. Siyan m’a dit qu’il allait bientôt aller à la Porte de Damas où il s’attendait à ce que ceux qui défilaient, ainsi que la police assurant la sécurité de l’événement harcèlent les populations palestiniennes locales et que des affrontements étaient susceptibles d’éclater.

Je lui ai dit que je le retrouverai là-bas et je suis parti. Les rues de la ville et ses ruelles étaient alors remplies de groupes importants de jeunes juifs venus célébrer. Aucun magasin palestinien n’était ouvert.

Sur la place à l’extérieur de la porte, des journalistes étaient assemblés tandis que des forces de sécurité israéliennes avaient déjà pris position sur le terre-plein central de la route principale.

 

Je ne savais pas trop où me mettre, du côté juif ou du côté palestinien, et finalement je me retrouvais du côté de la rue où une douzaine environ de Palestiniens s’étaient rassemblés, principalement des ados qui scandaient « Libérer la Palestine » et chantaient des chansons de libération.

De ce côté de la rue je pouvais voir le nombre imposant de forces de sécurité qui avaient été mobilisées. Il y avait la police régulière, la police des frontières, et Yasam – unité de la police israélienne particulièrement impitoyable, voyous en uniforme utilisés lors « d’émeutes. » Il y avait des officiers Yasam montés sur d’énormes chevaux et des policiers « anti-terroristes » à moto.

En plus de cela, on peut être sûr qu’il y avait d’innombrables agents de la police secrète en civil qui rodaient dans les parages. Il devait y en avoir au moins un millier en service, tous bien armés, tous face à une poignée de jeunes Palestiniens non armés.

La journée de Jérusalem est principalement célébrée par les nationalistes religieux – des colons- qui sont, aujourd’hui, considérés comme le groupe le plus influent au sein de la société israélienne. Ils sont derrière bon nombre de menaces et d’une bonne partie des dépossessions et du nettoyage ethnique qui sont le pain quotidien des Palestiniens.

La journée de Jérusalem est la journée où ils ont l’occasion de fêter leur triomphe.

Miko Peled est l’auteur de The General’s Son: Journey of an Israeli in Palestine. (Le fils du général : Voyage d’un Israélien en Palestine)
 

31 mai 2017 – The Electronic Intifada – Traduction: Chronique de Palestine – MJB

 

http://chroniquepalestine.com/celebration-du-nettoyage-ethnique/

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