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10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 12:50
Veolia se retirerait du projet de tramway de Jérusalem
publié le mercredi 10 juin 2009

CL, Afps
 

Selon des informations non encore confirmée par nos conseils, la compagnie Veolia, contre laquelle l’Afps a engagé une action en justice, renoncerait à participer à ce projet colonial et vendrait même ses parts de la compagnie CityPass


Dans l’attente de confirmation officielle, l’Afps n’a pas diffusé directement l’information donnée par Haaretz [1], que Veolia n’a pas non plus confirmée. Selon le quotidien israélien, Veolia "abandonnerait le navire".

D’autres médias, tel le Monde dont nous avons publié l’article de Benjamin Barthe le 5 juin [2], ou le site palestinien PNN [3] se sont fait l’écho de cette nouvelle [4] qui, si elle se confirme, serait une victoire de la justice et du droit et de l’action solidaire de l’Afps qui, avec l’OLP, a porté depuis plusieurs mois cette action déterminante en justice. Avec détermination et ténacité nous avons poursuivi un combat judiciaire qui est un combat contre la colonisation, pour les droits du peuple palestinien, en accord avec ses représentants.

Veolia aurait donc décidé de se retirer du projet du consortium City pass qui construit une ligne de tramway reliant Jérusalem Ouest aux colonies implantées illégalement à Jérusalem Est. Participant ainsi à la colonisation illégale de la Palestine. Ce qui a motivé la démarche de l’Afps.

Veolia aurait également décidé de vendre ses parts de Citypass (5%), se désengageant ainsi totalement de ce projet de colonisation.

Si la nouvelle s’avère exacte, nous aurons marqué une victoire importante sur le terrain, une victoire symbolique politique forte et nous aurons clairement manifesté que les pressions et la détermination paient.

Nous continuerons notre combat en direction d’Alstom, autre compagnie impliquée dans ce projet et contre laquelle nous menons cette même action en justice.

 


[
1] http://www.haaretz.com/hasen/spages...

[2] http://www.france-palestine.org/art...

[3] Voir ci-dessous un article écrit par Younes Salameh :

"La compagnie francaise Veolia, supposée contruire le tramway reliant le centre ville de Jérusalem aux colonies illegales de Cisjordanie va finalement se retirer du projet qui est considéré comme illégal au regard du droit international.

C’est une victoire de poids pour le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) et pour l’association France Palestine Solidarité (AFPS) qui avait saisi la justice pour empêcher un tel projet.

En effet, la construction de ce tramway rendra encore plus improbable le démantèlement de colonies pourtant jugées illégales par le droit international. La campagne du BDS a salué le retrait de Veolia comme une victoire importante.

Omar Barghouti, l’un des coordinateurs de la campagne, estime ainsi que le retrait est le résultat d’année de long travail qui a causé un manque à gagner de près de 7 milliards de dollars en contrats en Europeà la compagnie. Cette perte de 7 milliards de dollar pour la compagnie et ce en raison des pressions de militants sur les différents appels d’offre est confirmée par le journal israélien Haaretz.

En Suède par exemple, des groupes pacifistes et des organisations religieuses avaient empêché avec succès Veolia d’obtenir la construction du Métro de Stockholm, construction qui aurait rapporté 1,9 milliards de dollars à la compagnie française.

Le Monde avait publié un article dans lequel était souligné les pertes de Veolia en raison de sa participation a un projet illégal au regard du droit international. Le journaliste Benjamin Barthe soulignait que dans différents coins du monde, le lobbying des associations pro-palestiniennes a très bien fonctionné et forcé l’entreprise française à renoncer au projet controversé de tramway à Jérusalem.

Cependant, le travail du BDS n’en est qu’à son début tant la tache est immense. Veolia est en effet impliquée en Cisjordanie dans l’exploitation d’une ligne de bus et d’une décharge à ordures, deux investissements qui profitent directement aux colonies juives de Cisjordanie.

Sur le site internet du BDS, Omar Barghouti appelle maintenant l’Arabie Saoudite, l’Egypte, l’Iran et les autres Etats du Golfe à boycotter Alstom et Veolia tant que ces compagnies sont impliquées dans des projets illégaux au regard du droit international. Le slogan ‘‘Derail Veolia’’ est donc encore et toujours d’actualité …(PNN)

[4] et certains sites français qui ont curieusement omis d’informer leurs lecteurs que cette action était menée par l’Afps. Information regrettablement partielle donc. Partiale ?

10 juin, Claude Léostic, Afps
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10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 12:46
Crimes de guerre à Gaza ; L’enquête de l’ONU se heurte à des obstacles
publié le mercredi 10 juin 2009

Ben Hubbard

 
Un responsable de l’ONU qui a enquêté sur de possibles crimes de guerre commis par Israël et le Hamas lors de la guerre de décembre-janvier dans la bande de Gaza reconnaît que ses investigations ont peu de chances de conduire à des poursuites, faute notamment d’une instance judiciaire clairement compétente.


Israël a refusé de coopérer à l’enquête menée par le juge Richard Goldstone, en ne lui donnant pas accès à des sources militaires et à des victimes de roquettes du Hamas. Et des agents de sécurité du Hamas l’ont souvent accompagné durant sa visite de cinq jours à Gaza la semaine dernière, suscitant des doutes sur la possibilité pour les témoins rencontrés de s’exprimer librement.

Mais le principal obstacle reste l’absence d’une juridiction à la compétence claire pour juger tout crime de guerre présumé mis en évidence par l’enquête. M. Goldstone cite également des obstacles politiques. Il espère toutefois que son rapport, attendu pour septembre, débouchera sur des décisions concrètes de la part d’organismes de l’ONU et de gouvernements étrangers.

À Gaza, son équipe de 15 personnes a rencontré des responsables du Hamas et de l’ONU, collecté des informations auprès d’organisations palestiniennes de défense des droits de l’Homme et interviewé des dizaines de survivants de l’offensive de trois semaines menée par Israël contre le Hamas.

M. Goldstone, un juge sud-africain qui a dirigé des poursuites judiciaires contre des crimes de guerre commis dans l’ex-Yougoslavie et au Rwanda, a refusé de révéler le contenu de l’enquête. Mais l’Associated Press a interrogé une dizaine de Gazaouis ayant parlé aux enquêteurs onusiens.

Majed Hajjaj, 46 ans, a ainsi rapporté avoir décrit à l’équipe de M. Goldstone comment les soldats israéliens avaient abattu sa mère et sa soeur alors qu’ils fuyaient leur maison en brandissant des drapeaux blancs.

L’équipe de M. Goldstone s’est également rendue sur le site d’une mosquée où un tir de missile israélien a tué 16 personnes, selon des témoins. Elle a aussi inspecté des trous dans la rue près d’une école de l’ONU où l’artillerie israélienne a tué 42 personnes, et visité les restes calcinés d’un hôpital incendié par des obus israéliens. Dans les deux cas, l’armée israélienne affirme que des militants du Hamas ont ouvert le feu à proximité des sites.

Les enquêteurs ont aussi rencontré la famille Samouni, dont les membres disent s’être réfugiés, sur ordre des soldats israéliens, dans une maison qui a ensuite été bombardée, une attaque dans laquelle 21 personnes ont péri. Cette version est contestée par Israël, qui estime toutefois que la maison a pu être touchée accidentellement lors d’un échange de tirs avec des combattants du Hamas.

Selon les organisations palestiniennes de défense des droits de l’Homme, plus de 1400 Gazouis, essentiellement des civils, ont péri durant l’offensive israélienne. L’État hébreu estime de son côté que 1100 habitants de Gaza ont été tués et que la plupart étaient des militants du Hamas, mais contrairement aux sources palestiniennes, il n’a pas publié de liste des noms des victimes. Treize Israéliens, dont trois civils, ont également été tués.

En raison du refus d’Israël de coopérer à l’enquête, M. Goldstone, pourtant juif et ayant des liens étroits avec Israël, a dû passer par l’Égypte pour entrer à Gaza. S’exprimant devant une commission de la Knesset mardi, le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a défendu la décision israélienne de ne pas coopérer, accusant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, à l’origine des investigations, de parti pris anti-israélien.

Il a également souligné qu’un membre de l’équipe d’enquêteurs, Christine Chinkin, professeur de droit à l’École d’économie de Londres (LSE), avait signé un éditorial dans le Sunday Times en janvier qualifiant l’offensive israélienne de crime de guerre. Ce qui montre, a-t-il affirmé, qu’elle ne peut être objective.

Certains survivants ont rapporté avoir été interrogés par les enquêteurs sur les affirmations de l’armée israélienne selon lesquelles elle avait téléphoné aux habitants pour avertir de l’imminence de frappes aériennes. L’équipe de M. Goldstone a également demandé si des militants du Hamas avaient livré des combats ou tiré des roquettes dans leurs quartiers, ont-ils précisé.

« Ils ont demandé tous les détails », souligne Ziad Deeb, 22 ans, qui a raconté aux enquêteurs comment il avait perdu onze membres de sa famille et ses deux jambes dans un tir d’artillerie contre sa maison.

 


Associated press, relayé par Canoe infos

http://www.canoe.com/infos/internat...

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8 juin 2009 1 08 /06 /juin /2009 09:30
Les "jeunes des collines" poussent les feux de la colonisation en Cisjordanie
LE MONDE | 06.06.09 | 15h02  •  Mis à jour le 06.06.09 | 16h37
Maoz Esther Envoyé spécial

a colonisation israélienne en Cisjordanie revêt des aspects multiples. Il y a, si l'on peut dire, les colonies classiques, installées depuis plus ou moins longtemps en deçà ou au-delà de la "barrière de sécurité". Il y a aussi les colonies sauvages, nouveaux points d'implantation, bases de départ pour de futurs grappillages de terres, constituées de caravanes ou de mobil-homes. Désormais, il faut compter avec des points d'ancrage encore plus sauvages. Des champignons qui poussent ici et là au gré du désir de conquête des colons, le plus souvent des jeunes qui s'installent dans un endroit qu'ils jugent propice.

 

Maoz Esther est l'un de ces lieux. Situé à l'est de Ramallah à un bon kilomètre de la colonie de Kokhav Hachahar, en dehors des barbelés qui entourent celle-ci. C'est le nouveau fer de lance des colons que rien ne semble arrêter. A deux reprises déjà, la police est venue raser les quelques maisons de panneaux agglomérés et la synagogue. La dernière fois, c'était le 3 juin. Il ne reste que des décombres et, à côté, ce qui a pu être sauvé : lits, machines à laver, frigos, canapés. Aussitôt détruit, aussitôt reconstruit. Trois jeunes s'affairent à visser de nouveaux panneaux. Ils attendent du renfort. Le soir même, la synagogue sera à nouveau sur pied.

"Nos ancêtres ont toujours été ici, alors, même lorsque l'épée est au-dessus de ton cou, tu ne dois pas perdre espoir. Si Dieu le veut, nous construirons jusqu'en Jordanie", fanfaronne Amichav, 17 ans. Il compare Barack Obama à Nabuchodonosor et à Titus, les deux conquérants qui ont détruit le premier et le second Temple de Jérusalem.

Yosef, 15 ans, n'a pas peur du camp de Bédouins non loin de là. "Lorsqu'il y a un voleur chez toi, tu te défends. Ils savent que c'est notre terre", dit-il. Un projet de 250 logements est, paraît-il, prévu sur la colline en face. Tout autour de Kokhav Hachahar, les mobil-homes ont poussé. Des terrassements tout frais s'apprêtent à en accueillir d'autres. Les tentacules de la colonisation s'étendent dans toutes les directions de ce point de fixation établi en 1977.

"Il y a beaucoup de collines inoccupées. Plus vite elles seront habitées, plus vite la rédemption viendra", espère Emouna, 18 ans. Elle fait partie de ceux que l'on appelle les "jeunes des collines", cette force de frappe des colons qui fait front face aux autorités et rêve de prendre pied dans toute la Cisjordanie pour créer Eretz Israel, le Grand Israël. "Le véritable ennemi, ce n'est pas Obama (le président américain a appelé à l'arrêt de la colonisation), ce sont les Arabes, il faut les expulser d'ici. Ils n'auront pas un morceau de cette terre."

Déterminés, intrépides, animés par leur foi et leur esprit pionnier, ces fantassins de la colonisation ont décidé de s'établir coûte que coûte dans ce qu'ils considèrent comme un bien sacré. La reconquête est un devoir.

Plus modestement, ils ont également planté quelques maisons de fortune à proximité de la colonie sauvage de Migron, non loin de Ramallah. Le fait que Migron soit totalement installé sur des terres privées palestiniennes et soit promis a une évacuation en exécution d'une décision de justice ne les a pas effrayés. Ils ne se sont même pas posé la question. Ils ont jeté leur dévolu sur quelques arpents de terre plantés de vieux oliviers qu'ils ont appelé Ramat Migron.

La police a rasé les constructions. Mais là aussi, ils reconstruisent. "On reconstruira jusqu'à ce que les forces de destruction se fatiguent", réplique imperturbablement Moshé, 15 ans. Son compère arbore un tee-shirt avec l'inscription "Nous suivons le chemin du rabbin Kahane", ultranationaliste raciste assassiné aux Etats-Unis en 1990.

Les garçons s'activent d'un côté, les filles parlementent de l'autre. Tous attendent du renfort. Ce n'est ni le gouvernement ni M. Obama qui vont les arrêter, car, disent-ils, "ce sont ceux qui sont avec Dieu qui vont gagner". Ils sont persuadés que le peuple entier est derrière eux. Que leur mission est d'essence divine et que leur combat ne fait que commencer.

Les autorités israéliennes ont décidé de mettre le holà à ces francs-tireurs. Sans vraiment de succès. Et il leur faudra bientôt s'attaquer aux vraies colonies sauvages, du moins à vingt-six d'entre elles sur la centaine établie. Une bataille qui s'annonce encore plus rude. tant le sujet est devenu explosif.


Michel Bôle-Richard
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7 juin 2009 7 07 /06 /juin /2009 11:51
Quelques réactions au discours d’Obama au Caire
publié le dimanche 7 juin 2009

Alain Gresh
 

Incontestablement, le discours du président Barack Obama prononcé le 4 juin au Caire est important. Sa signification réelle, nous la mesurerons dans les prochains mois.


Je voudrais ici simplement reprendre quelques réactions et analyses, qui vont de l’enthousiasme au scepticisme, de divers commentateurs et responsables arabes, israéliens et occidentaux. On trouvera le texte intégral du discours en français sur le site de La Paix maintenant.

Daniel Levy, sur son blog (projet conjoint de la New American Foundation et de The Century Foundation) fait dix remarques à chaud sur le discours, « 10 Comments on Obama in Cairo – Still Accumulating, Not Expending Capital ». Il fait dix commentaires dont je retiens les suivants (dans son introduction, Daniel Levy remarque que le président n’a pas prononcé le mot de terrorisme) :

-  le discours marque l’acceptation du dialogue avec l’islam politique ; il trace une ligne de démarcation claire entre Al-Qaida et d’autres mouvements politiques, notamment le Hamas dont il affirme qu’il a un rôle à jouer dans l’avenir de la Palestine ;

-  même si le discours est important, rien n’a été défini en termes d’analyse concrète ;

-  le président a reconnu l’implication des Etats-Unis dans le coup d’Etat de 1953 en Iran (même s’il n’a pas présenté d’excuses) et il a affirmé le droit de l’Iran a l’énergie nucléaire pacifique ;

-  il n’a eu aucun mot positif sur le président Moubarak et il a maintenu l’importance du droit des peuples à choisir librement leur gouvernement.

Le journaliste britannique Robert Fisk, qui avait publié le 2 juin un article très négatif sur le discours à venir du président dans le quotidien The independent (« Most Arabs know this speech will make little difference) », semble infléchir sa position le 5 juin dans son texte « Words that could heal wounds of centuries » :

« En l’écoutant, on se dit : Obama ne mentionne pas l’Irak, et ensuite il le fait (“une guerre choisie… nos troupes combattantes partiront”). On se dit il ne mentionne pas l’Afghanistan, et ensuite il le mentionne. » Bien sûr, le président américain omet plusieurs points, l’arme nucléaire israélienne ou la guerre israélienne contre Gaza. Et Robert Fisk de conclure :

« Un type intelligent, cet Obama. Ce n’était ni Gettysburg, ni Churchill, mais pas mal quand même. On peut seulement se rappeler les observations de Churchill, “les mots sont faciles et nombreux, les grandes actions sont difficiles et rares.” »

Le 4 juin, la télévision du Hezbollah, Al-Manar, faisait les commentaires suivants :

« Le discours d’Obama à partir du Caire était plein de signes culturels qui doivent être compris dans le contexte de la défense de son pays. Il a affirmé que son pays donnait le droit aux musulmans de construire leurs mosquées, mais il n’a pas parlé des lois contre le terrorisme qui les ont visé plus que d’autres ces dernières années.

Obama a reconnu la contribution de la culture musulmane à la renaissance occidentale. Il a aussi mis en lumière la contribution des pays musulmans qui sont réconciliés avec l’Amérique mais n’a rien dit des contributions et de la prospérité des pays opposés à l’Amérique.

(...) Il est vrai que le président américain a mentionné la Palestine par son nom, mais il a réduit les droits historiques (des Palestiniens) à la feuille de route qui est une impasse adoptée du temps d’Ariel Sharon. Tout en demandant aux Palestiniens d’abandonner leur résistance à l’occupation, il a blâmé légèrement Israël pour la continuation de sa politique de colonisation et pour la crise à Gaza et en Cisjordanie. »

En conclusion, le rapport précise : « Sur le dossier iranien, Obama a abordé l’histoire mouvementée et tendue des relations entre les deux pays. Il n’a cependant pas fait plus que reconnaître le droit de l’Iran à produire de l’énergie nucléaire pacifique, disant que le pays doit se soumettre à l’ensemble du traité de non prolifération. »

L’ayatollah Ahmad Jannati, le secrétaire général du Conseil des gardiens iraniens, a déclaré lors d’un sermon le 5 juin : « Obama donne certains feux verts et nous espérons que les Etats-Unis reviendront graduellement à la raison, écouteront et répondront à ce que nous disons.

Il a dit qu’il reconnaissait que les Américains avaient renversé un gouvernement démocratiquement élu (en 1953). Il a aussi dit que l’Iran avait commis des actes tels que les prises d’otages. Le résultat de ce qu’il disait était que le passé devait être oublié et que les deux pays devaient devenir plus proches. (...) Il a aussi dit qu’il n’y avait pas de pré-conditions au dialogue (...) Et il a reconnu que l’Iran avait droit à l’énergie nucléaire pacifique, ce qu’ils avaient refusé de dire pendant plusieurs années. Obama a aussi fait référence à la peur que l’Iran développe des armes nucléaires, alors que nous avons dit et répété que nous ne cherchions pas à posséder cette arme. »

Helena Cobban, dont on connaît le blog « Just World News », était à Damas le jour du discours et elle a inteviewé Khaled Mechaal, le chef du bureau politique du Hamas (« US-MIDEAST : Hamas Leader to Obama : Deeds, Not Words »).

Mechaal : « Le discours était intelligemment écrit pour s’adresser au monde musulman et dans la manière dont il a montré du respect pour l’héritage musulman. Mais je pense que ce n’est pas suffisant. Ce dont on a besoin, ce sont des actes, des actes sur le terrain, un changement de politique.

(...) Pourquoi Obama est prêt à dialogue avec l’Iran sans conditions préalables, et pas avec nous. Obama utilise des mots nouveaux en partie différents de ce que nous avons entendu chez Bush, mais en aucun cas nous n’acceptons de préconditions. »

Le dirigeant du Hamas a affirmé qu’il était prêt à prendre un café avec George Mitchell, l’envoyé du président Obama qui doit se rendre dans la région ces jours-ci. Il a rappelé que Mitchell qui avait contribué à la paix en Irlande du Nord devait agir comme il l’avait fait là-bas, parler avec tout le monde, sans conditions préalables.

Enfin, un petit rappel historique, le discours que le président William Clinton avait prononcé à Gaza, le 14 décembre 1998, « Remarks by the president to the members of the palestinian national council and other palestinian organizations ». Le président américain y disait déjà aux Palestiniens : « Je connais les souffrances terribles qui ont résulté de la violence, de la séparation des familles, de la restriction dans la circulation des personnes et des biens. Je comprends votre préoccupation devant la colonisation, la confiscation des terres et la démolition des maisons. » Dix ans plus tard, les mêmes problèmes demeurent...

 


http://blog.mondediplo.net/2009-06-...

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7 juin 2009 7 07 /06 /juin /2009 11:33
Palestine – faire ce qui est juste
publié le dimanche 7 juin 2009

George Galloway
 


La voie qu’Obama a indiquée au Caire mène dans la bonne direction. Mais il s’est arrêté en chemin. Le chemin qui mène jusqu’à Gaza.

Organisation d’un convoi vers Gaza assiégée, "maillon de la chaîne de ravitaillement que d’autres ont réussi à créer". Départ le 4 juillet des Etats-Unis, avec un vétéran du Viet-Nam.


« Où est l’oumma ; où est le monde arabe dont ils nous parlent à l’école ? »

Ces mots resteront à tout jamais gravés dans ma mémoire. Ils furent prononcés par une fillette de 10 ans dans une ruine, bombardée à Gaza au mois de mars dernier. Elle avait perdu pratiquement toute sa famille au cours des 22 jours de bombardement par Israël au début de l’année. Quand elle a repris la parole, je lui avais déjà tourné le dos ; quelle réponse pouvais-je bien lui offrir ?

Alors que Hugo Chavez avait expulsé l’ambassadeur israélien du Venezuela, les dirigeants de la Ligue arabe, à quelques rares exceptions près, ont passé ces semaines meurtrières de décembre et janvier à bredouiller avec parcimonie les indignations, même les plus attendues, qui ont si souvent accompagné les précédentes épisodes sanglantes de la tragédie palestinienne.

Mais ce n’était pas le cas de l’opinion publique, et pas uniquement celle du monde musulman, qui s’est mobilisée dans les rues des capitales occidentales. En Grande Bretagne, plus de 100.000 personnes sont descendues dans les rues et nuit après nuit nous avons bloqué l’ambassade israélienne. Surtout, le massacre à Gaza a provoqué des manifestations sans précédent aux Etats-Unis. Bien sûr, il y a déjà eu des manifestations, mais elles n’étaient que des éruptions éphémères de rage impuissante. Quelque chose est en train de changer.

Cela me paraît de plus en plus évident après deux mois de conférences sur la Palestine dans des salles combles à travers les Etats-Unis. Les sondages au mois de janvier ont montré une majorité d’Américains contre le massacre israélien. Cela n’a peut-être pas constitué une surprise pour ceux d’entre nous qui ont assisté à l’écrasement de Beyrouth par Ariel Sharon au cours de l’été de 1982, mais la vue du phosphore blanc – qui forme un nuage gazeux – employé contre des civils à Gaza a choqué des millions de gens à qui on avait réussi à faire croire que, d’une certaine manière, c’était les Palestiniens qui occupaient la terre d’Israël et non l’inverse.

Des militants vétérans de la cause palestinienne m’ont confirmé qu’une d’opportunité se présente pour sortir la cause palestinienne du ghetto et investir la scène politique – aux Etats-Unis comme en Grande Bretagne, qui partagent la plus lourde responsabilité des souffrances palestiniennes : les Etats-Unis comme bailleur de fonds de la colonisation israélienne ; la Grande Bretagne comme l’auteur de la tragédie de 1917, lorsque le dirigeant d’un peuple, le secrétaire d’état britannique Arthur Balfour (un antisémite), accorda aux dirigeants supposés d’un autre peuple, le mouvement sioniste, la terre qui appartenait à un troisième peuple, les Palestiniens. Et le tout sans demander l’avis du peuple, ce qui constitue une belle prouesse, même pour l’impérialisme britannique.

Comment dès lors impulser une campagne en faveur de la Palestine similaire à celle qui a contribué à faire tomber l’apartheid, entre le marteau de la résistance de l’ANC et l’enclume de la solidarité internationale ? C’est cette question qui est à l’origine de mes allers-retours incessants au-dessus de l’Atlantique, entre conférences et récoltes de fonds ici (aux Etats-Unis – NDT), et le développement d’une crise politique extraordinaire là-bas (en Grande-Bretagne - NDT). C’était la question que nous nous posions lorsque nous défilions devant l’ambassade d’Israël aux cours de ces froides journées de janvier.

Les manifestations étaient importantes. Tous ceux qui en doutent devraient écouter ceux qui vivent sous le siège et dont la capacité de résistance se renforçait chaque fois qu’ils voyaient les images des manifestations sur Al Jazeera ou Press TV. Mais elles sont insuffisantes, comme sont insuffisants les discours, même s’ils étaient nécessaires. Les actes disent plus que les paroles. C’est pour cela que le 10 janvier j’ai annoncé, à la grande manifestation de Londres, que j’allais mener un convoi d’aide humanitaire depuis la Grande Bretagne jusqu’à Gaza.

Nous avons décidé de partir à peine cinq semaines plus tard et nous avons emprunté une route difficile – par l’Espagne, à travers la Maroc et ensuite à travers le Maghreb. Nous espérions rassembler une douzaine de véhicules environ. Au final, nous sommes partis de Hyde Park le 14 février avec 107 véhicules, 255 personnes et environ 2 millions de dollars d’aide. Quelques 23 jours et 8000 km plus tard, nous sommes entrés dans Gaza. Et maintenant nous allons recommencer, mais cette fois-ci à partir des Etats-Unis.

Le 4 juillet, Ron Kovic, vétéran du Vietnam [personnage dont la vie a fait l’objet d’un film célèbre « Né un 4 Juillet », d’Oliver Stone, avec Tom Cruise – NDT], moi-même et quelques centaines de citoyens américains, nous nous envolerons de l’aéroport JFK (New York – NDT) pour le Caire où nous formerons un convoi composé de centaines de véhicules transportant une aide médicale vers Gaza. Nous serons en Egypte exactement un mois après le discours historique du Président Obama qui propose une nouvelle relation, basée sur le respect mutuel, entre les Etats-Unis et le monde musulman. Et à cause de ce discours, il est plus impératif que jamais que tous ceux qui le peuvent participent à ce convoi.

Car le discours d’Obama était ambigu, tout comme sa campagne électorale et sa présidence. Il y avait la réaffirmation d’un soutien en Israël et la continuité d’une politique étrangère qu’il serait naïf de ne pas attendre d’un président américain. Mais il serait facile de se vautrer d’un air supérieur dans les propos ronflants et cyniques qui caractérisent une trop grande partie de la gauche depuis bien trop longtemps. Parce que dans le même temps, l’appel adroit d’Obama pour un dialogue plus respectueux entre l’Est et l’Ouest ouvre de nombreuses voies pour les amis de la cause palestinienne et arabe. Si vous en doutez, observez les réactions hystériques de la droite israélienne, maniant des sous-entendus comme à leur habitude, qui comparent l’opposition au programme de colonisation à un génocide.

Nous pensons qu’Obama a raison lorsqu’il dit que si les Etats-Unis veulent réduire l’animosité à leur encontre, il leur faut changer radicalement de politique. La voie qu’il a indiquée au Caire mène dans la bonne direction. Mais il s’est arrêté en chemin. Littéralement. Le chemin qui mène à quelques centaines de kilomètres à travers le désert plus au nord du delta du Nil, à travers le Sinaï et jusqu’à Gaza. D’où l’organisation de ce convoi, dont les objectifs sont multiples.

Premièrement, il faut apporter une aide urgente à une population qui subit un siège. Nous sommes un maillon de la chaîne de ravitaillement que d’autres, qui ont envoyé aussi des délégations à Gaza, ont réussi à créer.

Deuxièmement, il s’agit d’y amener des gens, beaucoup de gens – des Américains. Personne ne doit sous-estimer l’impact que cela aura sur le peuple palestinien. Notre hôte du mois de mars a souligné que la présence si nombreuse de Britanniques avait plus de valeur que l’aide apportée. Cela signifie des centaines de personnes rentreront chez eux comme ambassadeurs de la Palestine, dans de nombreuses villes à travers tout le pays. Pour les habitants de la bande de Gaza, c’était la preuve vivante qu’ils n’avaient pas été oubliés.

Troisièmement, il s’agit de contribuer à faire changer l’opinion publique américaine sur cette question. Et lorsque l’opinion publique change, la politique change – même si le mécanisme est complexe et difficile. Au cours des huit années sombres de l’ère Bush, on a assisté à une criminalisation de la solidarité avec la Palestine. Des organisations entières, musulmanes et arabes, ont été interdites, leurs dirigeants ont disparu ou ont été déportés ou emprisonnés, comme l’incroyable procès et verdict prononcé contre ceux de Holy Land Foundation (fondation terre promise). Avec ce convoi, nous voulons y mettre fin. Nous voulons que des représentants de tous horizons de la société américaine y prennent part et démontrent que ce chemin n’est plus un sens interdit ; que l’objectif est la Palestine et que personne ne nous fera rebrousser chemin.

A Gaza, Ron Kovic distribuera des fauteuils roulants aux amputés palestiniens. Ce sont des images qui seront transmises par les médias du monde entier. Laissons les partisans enragés du régime Netanyahu-Lieberman donner de la voix. C’est un combat de relations publiques que nous attendons avec impatience.

Il ne sert à rien de rester les bras croisés à supputer ce que ce président fera ou ne fera pas. Si nous réussissons à marquer des points ce 4 juillet, et au-delà, cela pourrait aider à faire pencher la balance, en plaçant les partisans jusqu’au-boutistes d’Israël sur une position de défense et encourager Obama à avancer un peu plus sur ce chemin poussiéreux.

Dans un certain sens, George W. Bush avait une excuse pour tous les ravages qu’il a provoqués : ce type est un imbécile fini. Barack Obama n’a pas cette excuse. Il est très intelligent et cultivé. Il a rencontré le regretté Eward Said. Il connaît non seulement le nom du président pakistanais, mais il peut aussi prononcer le nom du pays.

Si un nouveau sentiment pour la Palestine se lève dans ce pays, et s’il se concrétise en termes politiques, personne n’aura plus d’excuse pour ne pas faire ce qui est juste.


 

George Galloway député britannique http://www.georgegalloway.com/

titre original : Palestine - do the right thing

Traduction VD pour le Grand Soir

http://www.legrandsoir.info [note du Grand Soir : ce texte a été publié par plusieurs sites américains ces jours-ci]


Choix de photo de focus (Yahoo), dans les ruines de Gaza, janvier 2009 : CL, Afps

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7 juin 2009 7 07 /06 /juin /2009 08:29

Obama généreux mais sans proposition


Par Pierre Barbancey

Proche-Orient . Dans son discours du Caire au monde musulman, le président des États-Unis emploie un nouveau ton, mais n’avance aucune initiative concrète pour le conflit israélo-palestinien.

Sans surprise, Barack Obama a prononcé, hier, un discours visant à tourner la page d’« un cycle de méfiance et de discorde » entre l’Amérique et le monde musulman, et à en finir avec le conflit israélo-palestinien, comme il l’a dit au Caire. « Je suis venu chercher un nouveau départ entre les États-Unis et les musulmans à travers le monde, un départ fondé sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel, un départ fondé sur cette vérité que l’Amérique et l’islam ne s’excluent pas », a-t-il dit devant 3 000 personnes triées sur le volet. « Tant que nos relations seront définies par nos différences, nous donnerons du pouvoir à ceux qui sèment la haine plutôt que la paix, à ceux qui font la promotion du conflit plutôt que de la coopération. »

en rupture avec la politique de Bush

Citant le Coran, le président américain a affirmé vouloir exprimer totalement sa vérité sur tous les sujets qui font débat ou ont provoqué un divorce entre les États-Unis et le monde arabe et musulman. Mais il a aussi souligné que le monde musulman devait lutter contre les « préjugés » antiaméricains, évoquant également les questions épineuses des droits de l’homme, du rôle de la femme et de leur « libre choix ». À propos du programme nucléaire iranien controversé, il a affirmé que la confrontation avec Téhéran était « à un tournant décisif », mais il a invité l’Iran à « surmonter des décennies de méfiance », reconnaissant d’anciens torts américains. « Nous sommes désireux d’aller de l’avant sans conditions préalables et sur la base d’un respect mutuel ! » a-t-il lancé à l’adresse des dirigeants iraniens.

En revanche, le chef de la Maison-Blanche n’a avancé aucune initiative nouvelle pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Il s’est contenté de dire qu’il était désormais crucial de trouver une issue négociée en faveur de deux États comme « seule solution » après des décennies d’impasse, de « pleurs » et de « sang ». Tout en fustigeant le négationnisme de l’Holocauste et soulignant le « lien inébranlable » entre son pays et Israël, il a affirmé que « le temps est venu que cessent les colonies d’implantations » juives en Cisjordanie. Pas un mot non plus sur ce fameux plan que le roi Abdallah de Jordanie avait « révélé », évoquant « 57 pays », une normalisation des relations des pays arabes avec Israël et même une possible ouverture de leurs espaces aériens !

L’Autorité palestinienne a immédiatement salué comme un « bon début » le discours d’Obama, l’estimant en rupture avec l’administration Bush, alors que du côté israélien, on grince des dents. Bien qu’il n’y ait aucune avancée notable dans le discours, la droite israélienne ne semble pas habituée à entendre la moindre critique sur la - politique qu’elle mène. La veille, le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, avait tenté d’apaiser les relations - qui commencent à se tendre - avec l’allié américain en expliquant que son pays ne bombarderait pas l’Iran.

Le ton employé par Barack Obama est effectivement en rupture avec celui utilisé pendant huit ans par George W. Bush et les néoconservateurs, et, à la confrontation développée par son prédécesseur, il préfère tenter de se gagner l’opinion publique arabe et les mouvements islamistes dits « modérés ». Il a ainsi affirmé que le Hamas, « qui jouit de soutiens parmi les Palestiniens », avait « des responsabilités à assumer ». Il faut, a-t-il dit, « qu’il joue un rôle dans la réalisation des aspirations palestiniennes, qu’il unifie le peuple palestinien.

de nouvelles pistes de négociations ?

Le Hamas doit mettre un terme à la violence, reconnaître les accords passés et reconnaître le droit d’Israël à exister ». Le Hamas lui a rendu la politesse en déclarant que le discours « contient beaucoup de contradictions, bien qu’il reflète un changement tangible ». Le nouveau climat que veut instaurer Barack Obama permettra-t-il d’ouvrir de nouvelles portes ? On peut l’espérer, mais le manque d’annonces d’initiatives fortes et novatrices ne peut que tempérer les ardeurs des plus optimistes. C’est qu’en l’espèce, le discours ne peut cacher le but ultime de la stratégie américaine, toujours inchangée, qui vise à garder le contrôle d’une région au sous-sol si important pour la première puissance mondiale.

Pierre Barbancey

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7 juin 2009 7 07 /06 /juin /2009 08:04
M. Sarkozy doit s’adapter à la politique de M. Obama


haque fois que dans le monde tombe un soldat américain, je pense à ce que l'armée d'Amérique a fait pour la France." Ces mots, Nicolas Sarkozy les a prononcés en novembre 2007 devant le Congrès américain, lors d'un discours visant à sceller la fin de la brouille franco-américaine survenue en 2003 à propos de la guerre en Irak.

Samedi 6 juin, la première visite bilatérale en France du président américain Barack Obama (sa venue en avril à Strasbourg était d'ordre multilatéral, pour le sommet de l'OTAN), a précisément comme toile de fond l'évocation de l'esprit de sacrifice américain, avec la commémoration du Débarquement sur les plages de Normandie, en juin 1944. Avec en filigrane, ce message lancé dès le mois de février par la nouvelle administration américaine : les Etats-Unis seront certes plus à l'écoute de leurs alliés, mais ils leur demanderont plus aussi, quitte à agir seuls si la nécessité s'en présente.

Face à un président américain jeune et charismatique, qui entend rétablir le leadership de son pays, M. Sarkozy s'efforce de tirer profit du renouveau qu'il a impulsé dans la relation avec les Etats-Unis depuis 2007. Par conviction, et pour accroître les marges de manœuvre de la diplomatie française, il a multiplié les gestes : retour dans les structures militaires intégrées de l'OTAN, renforts militaires en Afghanistan, accueil d'un ex-détenu de Guantanamo, préparatifs pour d'éventuelles nouvelles sanctions contre l'Iran.

M. Sarkozy sait que l'Europe n'est pas, pour M. Obama, qui a grandi en Indonésie et concentre sa politique étrangère sur les grandes zones de crise, un centre d'intérêt naturel, ni un penchant personnel.

Certains, à l'Elysée, se sont rassurés de voir qu'autour de lui figuraient bon nombre d'"anciens" de l'administration Clinton, des familiers de l'Europe, avec lesquels la coopération avait été étroite dans les années 1990 dans les Balkans.

Le président français a cherché, comme d'autres dirigeants européens, à capter l'attention de M. Obama, à valoriser le lien bilatéral. Parfois, cela s'est fait avec maladresse, comme lorsque l'Elysée a insisté, ces derniers mois, pour que la cérémonie au cimetière militaire de Colleville relève d'une mise en scène "coproduite" avec les Français, alors que ce lieu de mémoire est un territoire français concédé aux Etats-Unis.
Côté américain comme français, chacun se félicite aujourd'hui d'une grande convergence de vues sur les dossiers importants. Jamais les relations franco-américainess n'ont été aussi bonnes, avance-t-on. A Paris comme à Berlin, la tentation existe d'interpréter les orientations prises par M. Obama, notamment sur l'Afghanistan (accent mis sur l'approche régionale, renforcement du volet civil), ou sur le Proche-Orient, comme un glissement américain vers ses propres positions nationales.

REHAUSSER LE RÔLE FRANÇAIS

Mais jusqu'où l'administration Obama sera-t-elle soucieuse d'accommoder les demandes de partenaires européens, qu'elle continue, dans l'ensemble, de trouver trop divisés et frileux à l'égard de la lointaine guerre afghane ? Le récent remplacement, sur décision américaine, du commandant de la force de l'OTAN en Afghanistan s'est fait sans grande consultation avec les alliés. Les frappes au Pakistan, par des drones américains, se font à titre unilatéral. Les opérations en "Afpak" sont devenues une affaire américaine avant tout. M. Sarkozy veut maintenant rehausser le rôle français en lançant des initiatives en direction du Pakistan, où il devrait se rendre en septembre.

"On va avoir une partie difficile à jouer avec Obama", commentent des responsables français. Des nuances existent avec Washington mais Paris évite de les exposer. Sur l'Iran, les Français ont mis en garde contre une politique américaine qui ne fixerait pas de délais à Téhéran, ou qui céderait trop sur la question de l'enrichissement d'uranium. La France a aussi des réserves sur l'ambition proclamée par M. Obama d'un "monde sans armes nucléaires" – un slogan qui ne suffira pas, juge-t-on, pour amener des pays comme l'Iran et la Corée du Nord à renoncer à leurs activités contestées.

A cela s'ajoutent quelques contrariétés, comme la concurrence féroce que livrent les Américains aux Français sur les marchés d'armement dans les pays du Golfe. "Obama défend très bien les intérêts de son pays. Il est de notre devoir d'en faire autant", commentait, fin mai, un haut responsable français. L'Elysée n'a pas, non plus, remporté de soutien américain à son idée d'accueillir un jour à Paris une grande conférence de paix pour le Proche-Orient, alors que M.Sarkozy nourrissait des espoirs dans ce sens après sa tournée dans la région en janvier.

Washington a eu des interrogations sur la rapidité et l'ampleur des ouvertures françaises à la Syrie en 2008. Moscou veut en outre accueillir "sa" conférence, et dans les grandes tractations autour de l'Iran, Washington pourrait juger plus utile de s'y montrer attentif. "Les Américains, constate un diplomate français, nous ont dit qu'ils prenaient les choses en main."


Natalie Nougayrède
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6 juin 2009 6 06 /06 /juin /2009 10:16
Discours du Caire sur le dossier palestinien : Obama très classique
publié le vendredi 5 juin 2009


Gilles Paris

 
Le président des Etats-Unis a consacré comme prévu une partie importante de son discours du Caire, jeudi 4 juin, au dossier israélo-palestinien.

Barack Obama s’est gardé d’avancer une quelconque idée nouvelle à ce sujet. Il a construit son argumentaire, de facture très classique si on se réfère aux “éléments de language” de la diplomatie américaine, de la manière suivante :

Il a ainsi mis en miroir les “aspirations légitimes” de deux peuples après une histoire dramatique (“la situation des Palestiniens est intolérable”, les “humiliations quotidiennes qui viennent de l’occupation”), les invitant à dépasser leur camps respectifs (“si on ne voit ce conflit que d’un côté ou de l’autre, on sera incapable de voir la vérité : seuls la création de deux Etats, où les Israéliens et les Palestiniens vivront en paix et en sécurité, permettra de répondre aux aspirations des uns et des autres”.)

Pour y parvenir “les obligations que les parties ont acceptées dans le cadre de la “feuille de route” sont claires” :

“Les Palestiniens doivent renoncer à la violence, la résistance par la violence et la mort est erronée et ne peut l’emporter (…) la violence est une impasse (…) l’abandon de toute autorité morale.” L’Autorité palestinienne doit “développer ses capacité pour gouverner”, le Hamas “a le soutien de certains Palestiniens mais il a également des responsabilités. Pour jouer un rôle dans le recouvrement des aspirations des Palestiniens et pour rassembler les Palestiniens, le Hamas doit mettre un terme à la violence, reconnaître les accords conclus et reconnaître le droit d’Israël à exister”.

De leur côté, les Israéliens doivent comprendre que “le droit de la Palestine à exister ne peut être nié”. “Les Etats-Unis n’acceptent pas la légitimité de la continuation de la colonisation israélienne (…) il est temps qu’elle s’arrête.” “Israël doit également être à la hauteur de ses obligations pour garantir que les Palestiniens puissent vivre, travailler et se développer. La crise humanitaire continue à Gaza dévaste les familles sans servir la sécurité d’Israël, comme le persistant manque d’opportunités en Cisjordanie.”

“Enfin, les Etats arabes doivent reconnaître que l’Initiative de paix arabe était un point de départ important mais qu’elle ne marque pas la fin de leur responsabilités. Le conflit arabe-israélien ne doit pas être manipulé pour détourner les nations arabes d’autres problèmes. Au contraire, il doit les pousser à agir pour aider les Palestiniens à développer leurs institutions.”

Il est pour l’instant très douteux que la Ligue arabe, compte tenu de ses divisions internes, puisse aller au-delà du document adopté en 2002 et réaffirmé en 2007. Le président des Etats-Unis semble avoir fait chou-blanc en Arabie saoudite auprès du roi Abdallah.

Et Barack Obama, au fait, que pense-t-il faire ? “L’Amérique coordonnera sa politique avec ceux qui recherchent la paix, et dira en publique ce qu’elle dit en privé aux Israéliens, aux Palestiniens et aux Arabes. Nous ne pouvons pas imposer la paix. En privé, beaucoup de musulmans reconnaîssent qu’Israël ne disparaîtra pas. De même, de nombreux Israéliens reconnaîssent la nécessité d’un Etat palestinien. Il est temps pour nous d’agir en faveur de ce que chacun sait être vrai.”

http://israelpalestine.blog.lemonde...
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6 juin 2009 6 06 /06 /juin /2009 09:58
Comment Obama entend patiemment encercler les adversaires de la paix
publié le samedi 6 juin 2009

Jean-Marcel Bouguereau.
 

C’est une stratégie en plusieurs actes qu’a commencé de déployer Barack Obama. Ceux qui attendaient du discours du Caire une solution aux problèmes du Moyen-Orient seront déçus.

 

Hier, le Président américain a continué de déconstruire le gâchis provoqué par la politique de George W. Bush. L’Amérique, sous les mandats de son prédécesseur, avait réussi à se faire haïr un peu partout dans le monde et spécialement dans le monde musulman. Bien sûr Obama a réitéré son engagement en faveur d’un Etat palestinien, comme "seule solution" après des décennies d’impasse, pressant Israël de cesser la colonisation dans les territoires palestiniens.

Tourner la page d’"un cycle de méfiance et de discorde"

Mais l’essentiel de son long discours s’adressait au monde musulman, proposant de tourner la page d’"un cycle de méfiance et de discorde"."Tant que nos relations seront définies par nos différences, nous donnerons du pouvoir à ceux qui sèment la haine plutôt que la paix, à ceux qui font la promotion du conflit plutôt que de la coopération", a-t-il déclaré. Citant le Coran, il a commencé par user, dans Arabe dans le texte, de cette forte formule de politesse qui signifie « Que la paix soit avec vous »( "Salamu Aleikum"). Mais il a également souligné que le monde musulman devait lutter contre les "préjugés" anti-américains, évoquant aussi les questions épineuses des droits de l’Homme, du rôle de la femme et de leur "libre choix" dans les sociétés musulmanes.

Vers la « solution à 57 Etats »

En s’adressant au monde musulman, Obama est en train d’encercler la droite israélienne, en s’inspirant du grand deal déjà évoqué par le roi Abdallah d’Arabie Saoudite, la « solution à 57 Etats », la reconnaissance d’Israël par l’ensemble des Etats arabes et musulmans en échange de cette création d’un Etat palestinien dans les frontières de. L’Autorité palestinienne ne s’y est pas trompée, jugeant ce discours "clair et franc " La solution à deux Etats "est dans l’intérêt d’Israël, dans l’intérêt de la Palestine, dans l’intérêt de l’Amérique, dans l’intérêt du monde entier". "C’est pourquoi j’ai l’intention de poursuivre personnellement cet objectif, avec toute la patience que cette tâche exige."

Obama sait que Rome ne fut pas faite en un jour

Le mot important est « patience ». Obama sait que Rome ne fut pas faite en un jour. Il va continuer à semer ses balises. Avant les plages de Normandie, il y ira à Buchenwald, occasion d’exprimer sa conviction que la survie d’Israël passe par une solution de paix. Combien de temps Netanyahou continuera-t-il d’affirmer qu’il refusera tout gel total de la construction dans les colonies ? C’est que parallèlement le New York Times a lâché une bombe en révélant que les Etats-Unis auraient l¹intention de mettre fin au soutien systématique à Israël aux Nations unies


http://jeanmarcelbouguereau.blogs.n...
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2 juin 2009 2 02 /06 /juin /2009 12:50
             Une semaine cruciale au Proche-Orient
mardi 2 juin 2009 - Alain Gresh

Le Monde Diplomatique
 

Ce sera la première tournée du président Obama dans la région. Il a annoncé qu’il ferait une étape en Arabie saoudite le 3 juin. Cette visite n’était pas prévue. Obama rencontrera le roi Abdallah d’Arabie. A l’ordre du jour, en dehors des prix du pétrole, l’Iran et la paix au Proche-Orient. Obama sait que le roi a joué un rôle majeur pour l’adoption par les pays arabes du plan de paix de 2000, proposant la paix entre tous les pays arabes et Israël, en échange de la création d’un Etat palestinien sur la Cisjordanie et Gaza, avec Jérusalem-Est comme capitale et « une solution juste et mutuellement acceptable du problème des réfugiés palestiniens en accord avec la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies. »

Que pense Barack Obama de ce plan minimum ? Va-t-il demander au roi de l’amender ? Lors d’un entretien avec la chaîne Al-Arabiya, le 26 janvier 2009, quelques jours seulement après sa prise de fonction, il avait expliqué : « Je peux ne pas être d’accord avec chacun des aspects de cette proposition, mais il a fallu beaucoup de courage... pour avancer quelque chose d’aussi important. Je crois que, partout dans la région, il y a des idées pour parvenir à la paix. »

Mais les chefs d’Etat arabes ont clairement fait savoir que le plan ne pouvait être négocié, qu’il exprimait des principes généraux conformes au droit international, seule l’application de ces principes pouvant être discutée.

La presse pan-arabe favorable à l’Arabie saoudite - Al-Hayat et Al-Sharq Al-Awsat -, ne donne aucune indication sérieuse sur le sens de l’étape de Riyad et sur ce que cherche le président Obama. Cela confirme la très grande prudence de la nouvelle administration américaine qui n’a pas encore dévoilé ses projets, ni sur l’Iran ni sur le conflit israélo-palestinien.

C’est le 4 juin, au Caire, sans doute à l’université Al-Azhar, que le président Obama délivrera son grand discours à l’intention du monde musulman. Le choix du Caire pour ce discours a suscité bien des critiques, le régime du président Moubarak étant un exemple de régime autoritaire et corrompu. Pourquoi pas l’Indonésie, le plus peuplé des pays musulmans engagé dans la voie de la démocratie ?

Le président américain s’adressera à un public en partie sceptique, comme le rappelle le commentateur arabo-américain James Zogby dans une tribune du 29 mai du Huffington Post intitulé « High Expectations for Obama’s speech in Egypt ».

« L’élection du président Obama a suscité de l’espoir parmi de nombreux arabes et musulmans, mais pas tous. Un récent sondage que nous, à Zogby International, avons conduit dans six pays arabes, montre qu’au Maroc, au Liban, en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, le président Obama est vu de manière assez favorable et que les premiers pas qu’il a fait pour restaurer l’image des Etats-Unis et reconstruire les relations américano-arabes sont appréciés. Mais en Jordanie et en Egypte un profond scepticisme demeure. »

La plupart des Egyptiens ont une opinion défavorable des Etats-Unis. Les trois quart d’entre eux ont une appréciation négative des premiers pas pris par Obama durant ses trois premiers mois de présidence. Le même pourcentage affirme qu’ils ne croient pas qu’il sera « impartial dans son traitement du conflit israélo-arabe », le problème que six Egyptiens sur dix considèrent comme le plus dangereux auquel la région est confronté.

Une autre analyse de ce sondage est donnée par Marc Lynch sur le site de Foreign Policy, « Arab public opinion in 2009 » (19 mai).

Le même institut Zogby propose un intéressant sondage sur l’opinion américaine et le conflit israélo-palestinien, « The Doha Debates : Should the U.S. ‘Get Tough with Israel’ » (avril 2009).

Du discours d’Obama au Caire, le monde musulman attend sans doute à la fois des excuses sur un certain nombre de politiques américaines durant les dernières décennies (du renversement du gouvernement Mossadegh en Iran en 1953 à l’invasion de l’Irak en 2003) et des actions concrètes pour contraindre Israël à mettre en oeuvre les résolutions des Nations unies. Est-ce que cela est envisageable ?

Trois jours après ce discours, le dimanche 7 juin, se dérouleront les élections générales au Liban. La campagne bat son plein et les accusations fusent entre les deux camps qui s’affrontent, la coalition regroupée autour de Saad Hariri et celle autour de l’alliance entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre du général Michel Aoun. Dans Le Monde diplomatique de juin (disponible en kiosques), Nicolas Dot-Pouillard revient sur cette étrange alliance entre le mouvement chiite et le principal parti chrétien, sous le titre « Révolution chez les chrétiens du Liban ».

Un article de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel a accusé le Hezbollah d’être derrière l’assassinat de Rafic Hariri, ce que le mouvement a vigoureusement démenti. Pendant ce temps, la campagne d’arrestations d’un important réseau d’espionnage israélien se poursuit et l’armée a annoncé que parmi eux se trouvait le colonel Mansour Hanna Diyab, un officier supérieur. C’est la première fois depuis la création d’Israël qu’un militaire libanais est inculpé pour espionnage au profit de cet Etat.

Sur son blog publié par l’hebdomadaire américain The Nation, Robert Dreyfuss (25 mai) revient sur cette bataille pour le Liban (« The battle for Lebanon »). Le vice-président américain Joseph Biden en visite à Beyrouth avait déclaré que l’aide américaine dépendait du résultat des élections, mais Dreyfuss est convaincu que si le Hezbollah gagne, Washington s’accommodera. Il cite aussi un article du Jerusalem Post qui affirme que, même si le Hezbollah perdait, il continuerait à contrôler le Liban. En fait, comme je l’ai écrit à plusieurs reprises durant la crise qui a précédé la formation d’un gouvernement libanais d’union nationale (après les accords de Doha en mai 2008), le pays est divisé en deux. Et compte-tenu du fragile équilibre interne et des incertitudes régionales, il est peu probable que l’on assiste, quels que soient les résultats, à un gouvernement qui représenterait la moitié seulement du Liban. Des réalignements semblent d’ailleurs en cours, et tous les observateurs ont noté que Walid Joumblat a fait des gestes en faveur d’un dialogue national.

Tandis que Roula Khalaf, dans le Financial Times (29 mai) appelle Obama à respecter le choix des électeurs au Liban (« Obama must respect the choice of Lebanon’es voters »), une autre polémique a éclaté à propos des déclarations du président iranien, reprises sur le site du Nahar le 26 mai, « Ahmadinejad : Opposition Election Victory will Change Region ». La victoire de l’opposition, a-t-il affirmé « renforcera la résistance et changera le statut de la région ». L’ancienne majorité (autour de Saad Hariri) a critiqué cette ingérence, tandis que la réaction du Hezbollah, par la bouche de son secrétaire général adjoint Naim Qassem, à la télévision Al-Jazirah (28 mai) semble embarrassée : « Le président Ahmadinejad a simplement décrit la situation qu’il s’attendait à voir émerger au Liban et qui aurait des conséquences sur la région. Néanmoins, il ne joue aucun rôle en ce sens. Les efforts sont du ressort des Libanais. Le Hezbollah effectue ses choix en tant que parti libanais. (...) En tant que Hezbollah, nous mènerons notre bataille électorale sur la base de nos décisions et de la situation qui existe au Liban, comme le savent les gens de ce pays. »

(JPG)
Alain Gresh

Du même auteur :

-  Palestine : contradictions et hypocrisie de l’Union européenne
-  Israël, la paix et le cheikh Yassine
-  Durban II, délire et désinformation

31 mai 2009 - Les blogs du Diplo
Vous pouvez consulter cet article à :
http://blog.mondediplo.net/2009-05-...
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