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5 avril 2009 7 05 /04 /avril /2009 14:36
La France invente les droits de l’homme asymétriques
publié le dimanche 5 avril 2009

Denis Sieffert

 
Histoires comparées d’un jeune Franco-Israélien captif des Palestiniens et d’un jeune Franco-Palestinien détenu en Israël. Récit d’une mobilisation pour briser le mur du silence dont le second est victime.

C’était samedi 21 mars le millième jour de captivité pour le soldat franco-israélien Gilad Shalit, enlevé le 25 juin 2006 lors d’une opération menée par un commando palestinien sur la frontière entre Gaza et Israël. Triste anniversaire pour la famille de Gilad Shalit puisque, quelques jours auparavant, le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, avait finalement refusé l’échange de prisonniers proposé par le Hamas. Mais si le sort de ce jeune homme reste incertain, le moins que l’on puisse dire, c’est que la diplomatie française s’active – à sa façon – pour favoriser sa libération. Deux jours auparavant, le président de la République lui-même avait adressé une lettre aux parents de Gilad Shalit pour les assurer de son soutien : « La France exige la libération de Gilad et continuera sans relâche ses efforts de conviction et de persuasion, auprès de tous ceux qui parlent ou peuvent parler aux ravisseurs de votre fils. » Après quoi, Nicolas Sarkozy réaffirme sa « solidarité » aux parents du jeune homme. Au passage, on remarquera que le président français ne pousse pas l’audace jusqu’à s’adresser directement au gouvernement israélien. C’est aux « ravisseurs » qu’il s’adresse indirectement, et à ceux qui parlent avec eux, c’est-à-dire vraisemblablement les intermédiaires égyptiens. Étrange démarche quand on sait qu’il était dans le pouvoir du gouvernement israélien d’obtenir la semaine dernière la libération de Gilad Shalit.

Mais, après avoir semblé accepter le principe d’un échange avec des prisonniers palestiniens, Ehoud Olmert s’est ravisé, non sans avoir tenté de renvoyer la responsabilité de l’échec sur le Hamas, qui n’a pourtant, à aucun moment, changé les termes de la négociation. Les parents du jeune homme, eux, ne s’y sont pas trompés. C’est bien la responsabilité du Premier ministre israélien qu’ils ont pointée. Installés depuis le 8 mars sous une tente plantée devant la présidence du Conseil israélien, ils l’ont clairement interpellé, samedi, devant des centaines de personnes réunies : « Tu disposes encore de deux semaines pour agir avant qu’il soit trop tard ! », a clamé Noam ­Shalit, père de Gilad, faisant allusion à la probable installation dans quinze jours d’un gouvernement d’extrême droite dirigé par Benyamin ­Netanyahou.

Beaucoup plus prudent, Nicolas Sarkozy s’adresse, lui, tacitement à l’Égypte alors que c’est Israël qui détient la solution. Il ne faut décidément ne faire aucune peine, même légère, à Israël, ni même évoquer ses responsabilités et placer son gouvernement dans l’embarras.

C’est évidemment au nom du même raisonnement que la France ignore scandaleusement un autre captif, le jeune Franco-Palestinien Salah Hamouri. Celui-ci est détenu depuis près de mille cinq cents jours dans une geôle israélienne pour des faits qu’il n’a pas commis, et qu’on ne lui reproche même pas, puisque c’est d’avoir eu l’intention de les commettre qu’il est accusé. Le délit d’intention n’existant pas dans une démocratie, et aucun élément ne corroborant la volonté prêtée au jeune homme de s’en prendre à un rabbin extrémiste (puisque telle est l’accusation !), il n’est pas exagéré de parler de prise en otage pour Salah Hamouri. Si l’on veut bien oublier le statut des « preneurs d’otages » – l’État d’Israël, d’un côté ; un commando palestinien, de l’autre –, Salah Hamouri est beaucoup plus « otage » que Gilad Shalit, dont personne ne peut nier qu’il était, lui, en opération avec un commando de l’armée lorsqu’il a été capturé par un groupe palestinien. Dans le traitement totalement inégal réservé par la France aux deux jeunes hommes – Shalit a 22 ans, Hamouri aura 24 ans au mois d’avril –, qui l’un et l’autre ont la double nationalité, il semble décidément que Paris ait inventé les droits de l’homme asymétriques. Que l’on sache, pas un mot n’a été adressé par Nicolas Sarkozy au président israélien Shimon Pérès ou à la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni.

La seule « intervention » connue à ce jour des autorités françaises à propos de Salah Hamouri aura été une demande présentée au gouvernement israélien afin que le procès du jeune Franco-Palestinien trouve « une issue rapide ». Comme le notent, dans un courrier récemment adressé à Nicolas Sarkozy, Nicole Borvo Cohen-Seat, sénatrice de Paris, et Michel Billout, sénateur de Seine-et-Marne, cette demande, effectuée par Bernard Kouchner, les 16 et 17 février 2008, a eu un « effet immédiat » : « Le procureur israélien a proposé à Salah Hamouri de “plaider coupable” pour éviter quatorze ans de prison. » Il a ainsi été condamné par un tribunal militaire, le 17 avril 2008, à sept ans d’emprisonnement. Comme pour bien marquer son mépris, Nicolas Sarkozy n’a même pas accepté de recevoir Denise Hamouri, mère de Salah. Quoi qu’il en soit, on peut toujours rêver à une issue heureuse. En imaginant, par exemple, que le refus israélien de mener à son terme la négociation avec le Hamas, via l’Égypte, ne soit que provisoire, et que l’échange proposé profite finalement aux deux jeunes gens. Pure conjecture en l’état actuel des débats.

Regrettons enfin que cette conception asymétrique des droits de l’homme qui prévaut pour l’instant ne soit pas le seul fait du gouvernement français. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a fait Gilad Shalit citoyen d’honneur de la ville de Paris, des portraits du jeune Franco-Israélien ont été accrochés sur des bâtiments publics. Pour le jeune Franco-Palestinien, rien. Fort heureusement, la mobilisation s’intensifie. Un comité de soutien a été constitué à l’initiative de l’ancien député communiste Jean-Claude Lefort, qui accomplit un travail admirable. L’Humanité vient de décider d’évoquer chaque jour le sort de Salah Hamouri jusqu’à sa libération. Nous nous associons pleinement à cette mobilisation, dont nous tiendrons régulièrement informés nos lecteurs.

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 12:32
Une association juive claque la porte du CRIF

 

Publié le 1er-04-2009


Il aura fallu les massacres de Gaza pour que l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) se décide à claquer la porte du CRIF. L’UJRE, comme son nom le suggère, est une association née au cours de la deuxième guerre mondiale, sous l’Occupation, à l’initiative de résistants communistes d’origine juive. Au sortir de la guerre, le CRIF (Conseil Représentatif des Israélites de France) était d’ailleurs lui-même proche du Parti Communiste.

Pourtant, quand le CRIF, à partir des années 1960, a radicalisé son soutien inconditionnel à Israël, l’UJRE a laissé faire, restant membre de cette institution sioniste, dont elle aura donc été pendant des décennies la caution « de gauche ».

Dans la période récente, l’alliance ouverte entre le CRIF et les dirigeants de la droite française, à commencer par Sarkozy, a évidemment accru le malaise au sein de l’UJRE, dont la posture d’équilibriste devenait de plus en plus difficile à tenir.

La tuerie de Gaza en a eu raison.

L’UJRE a publié début janvier un communiqué dénonçant la manifestation de soutien aux crimes israéliens organisée par le CRIF, et elle a appelé ses propres adhérents à participer à la manifestation de solidarité avec le peuple palestinien du 10 janvier 2009 à Paris. La quinzaine dernière, l’UJRE a fermé le ban, en annonçant son départ du lobby sioniste. On ne s’en plaindra pas.

L’UJRE publie (disponible en ligne) le magazine Presse Nouvelle, qui contient des articles intéressants, notamment sur les horreurs véhiculées par la presse juive majoritaire. Un éditorial, dans le numéro mars-avril de la revue, en donne quelques exemples. Ainsi du président du Consistoire Central Joël Mergui, pour qui « les critiques officielles d’Israël contreviennent au droit international ». Ou cette éructation de Guy Kononicki, qui déclare, dans la feuille « Information Juive », que les manifestations de soutien au peuple palestinien lui ont fait penser ... à l’entrée des troupes nazies en Autriche en 1938 !


CAPJPO-EuroPalestine

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 11:47
 Comme promis, voici la traduction du document qui fait parler. De jeunes conscrits s¹expriment en toute liberté sur ce qu¹ils ont vu ou vécu à Gaza.
Il ne faut pas s¹attendre à des récits de boucherie, mais plutôt à des descriptions de « petits meurtres ordinaires ». Ce qui frappe, au premier
abord, c¹est la franchise, pour ne pas dire la candeur, de ces jeunes soldats. Certains sont révoltés, d¹autres ont un langage quasi désincarné et
parlent technique militaire. Ce qui frappe aussi : le décalage entre conscrits et réservistes, et le rôle pour le moins trouble que joue le
rabbinat, qui fait passer chez les soldats un message proche du messianisme et de la guerre sainte. La naïveté de ces jeunes soldats, scandalisés qu¹une
famille palestinienne dont certains membres font partie du Hamas ait pu faire ami-ami avec eux en leur "mentant" (ils sauvaient leur peau, quand
même !). Et bien d¹autres choses (chacun est libre de tirer ses propres conclusions à partir d¹un texte brut comme celui-ci). L¹impression qui se
dégage est qu¹à Gaza, tout était permis et que les supérieurs hiérarchiques ont laissé faire, au mieux. Certains médias, juifs en particulier,
préféreront parler des erreurs (réelles) de la presse, par exemple au sujet du vrai-faux bombardement de l¹école de l¹UNRWA. Mais lOarbre cache la
forêt. Peut-être serait-il temps de regarder les choses en face. La guerre de Gaza a été de la sauvagerie (outre le fait que, sur le plan politique,
elle a été inutile, mais c¹est une autre histoire). Le discours final, consterné, de l¹instructeur en chef de ces jeunes conscrits en dit long.
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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 13:46
Obama et l’Afghanistan-Pakistan

Dimanche 29 mars 2009
, par Alain Gresh

Les consultations autour de la situation en Afghanistan s’intensifient. L’Iran et les Etats-Unis ont envoyé des observateurs à la conférence de Moscou réunie le 27 mars sous l’égide du groupe de Shanghai (Russie, Chine, et quatre pays d’Asie centrale) et qui visait à stabiliser la situation en Afghanistan. Y participaient également le secrétaire général des Nations unies, des représentants de l’OTAN et de l’Organisation de la conférence islamique. La Russie a confirmé son autorisation de permettre le transit par son territoire de cargaisons non miliaires destinées à la force internationale en Afghanistan.

Le 31 mars se tiendra à La Haye une réunion internationale sur l’Afghanistan. A cette réunion, l’Iran a été invité et ce contact entre Téhéran et Washington permettra de mesurer les progrès de la détente entre les deux capitales depuis les ouvertures du président Obama.

Le 27 mars, le président Barack Obama a présenté sa nouvelle politique concernant l’Afghanistan-Pakistan, « A New Strategy for Afghanistan and Pakistan ». L’intervention du président était fondée sur un étude coordonnée par Bruce Reidel, un ancien de la CIA, White Paper of the Interagency Policy Group’s Report on U.S. Policy toward Afghanistan and Pakistan (PDF).

« Je veux que le peuple américain comprenne que nous avons un but clair et précis : déranger, démanteler et défaire Al-Qaida au Pakistan et en Afghanistan et les empêcher durablement de revenir dans les deux pays. C’est le but que nous devons atteindre. Il n’y a pas de cause qui pourrait être plus juste. »

Le président a annoncé l’envoi, en plus de 17 000 soldats supplémentaires, de 4 000 « instructeurs » qui seront chargés de former l’armée et la police afghanes dont les effectifs devront être portés respectivement à 134 000 et 82 000 hommes d’ici 2011.

« Cet effort, a poursuivi le président, doit être accompagné par un effort dramatique dans le domaine civil. L’Afghanistan a un gouvernement élu, mais il est miné par la corruption et a du mal à assurer les services de base à son peuple. L’économie est menacée par un commerce de la drogue florissant qui encourage la criminalité et procure des fonds aux insurgés. » (...)

« Aussi pour avancer dans ces objectifs de sécurité, d’opportunités et de justice – pas seulement à Kaboul mais aussi dans les provinces – nous avons besoin de spécialistes de l’agriculture, mais aussi des éducateurs, des ingénieurs et des juristes. C’est ainsi que nous pouvons aider le gouvernement afghan à servir son peuple et à développer une économie qui n’est pas dominée par les drogues illégales. Et c’est pour cela que j’ai ordonné une augmentation substantielle du nombre de civils sur le terrain. C’est aussi pourquoi nous devons chercher auprès de nos partenaires et de nos alliés, des Nations unies et des organisations d’aide internationales un effort dans le domaine civil – cet effort, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton cherchera à l’obtenir la semaine prochaine à La Haye ».

« Dans cette période de crise économique, a poursuivi Obama, il est tentant de croire que nous pouvons diminuer cet effort civil. Mais ne vous trompez pas : nos efforts en Afghanistan et au Pakistan échoueront si nous n’investissons pas dans le futur. »

La presse américaine souligne la continuité entre cette politique et celle de son prédécesseur Bush.

Karen DeYoung écrit un article dans le Washington Post (28 mars), « Obama Outlines Afghan Strategy. He Pushes Stability and Regional Partnerships » :

« Le président Obama a présenté sa nouvelle stratégie pour l’Afghanistan et le Pakistan avec l’évocation de menaces qui rappellent celle formulée par l’administration Bush. “Les terroristes qui ont planifié et organisé les attaques du 11-Septembre”, a-t-il dit, continuent à comploter pour “tuer autant de nos concitoyens que possible”. » (...)

« Mais Obama tente de séparer cette approche du problème de celle des années précédentes, marquées par l’absence de continuité et des échecs politiques alors que le président George W. Bush orientait son attention et les ressources américaines vers l’Irak. Obama s’est engagé à se mobiliser sur le Pakistan et à construire un meilleur “partenariat” avec son gouvernement et ses militaires. » (...)

« Obama a affirmé que ce qui se passait au Pakistan était “indissociablement lié” au succès en Afghanistan. Le Pakistan, a-t-il dit, “a besoin de notre aide pour poursuivre Al-Qaida”, dont la direction, avec d’autres groupes insurgés, est installée dans les montagnes accidentées à la frontière de l’Afghanistan. “La capacité du gouvernement pakistanais de détruire ces bases sûres est liée à sa propre force et sécurité”, a poursuivi Obama. Il s’est engagé pour une aide de 7,5 milliards de dollars, pour de nouveaux équipements militaires et une constance dans cette politique et ces efforts. »

« “Mais, a-t-il poursuivi, après des années de résultats incertains, nous n’accorderons pas un chèque en blanc. Le Pakistan doit faire la preuve de sa détermination à éradiquer Al-Qaida et les extrémistes violents qui sont le long de sa frontière. Et nous insisterons pour que des actions soient prises, d’une manière ou d’une autre, quand nous aurons des informations concernant des objectifs terroristes de haut niveau.” »

« Bien que l’administration ait intensifié les attaques de missiles d’avions sans pilote Predator contre des objectifs de l’autre côté de la frontière, il ne semble pas qu’elle ait repris les attaques terrestres par les Forces spéciales et la CIA que l’administration Bush avait autorisées l’été dernier. »

Au même moment, la presse américaine relayait des informations comme quoi des responsables des services secrets pakistanais aidaient les talibans dans leurs opérations contre l’Afghanistan (« Afghan intel chief : Pakistan spies support Taliban », International Herald Tribune, 26 mars.)

Cet effort américain supplémentaire se traduira sur le terrain : à l’issue des nouveaux déploiements, les troupes américaines représenteront deux tiers des effectifs étrangers déployés (contre seulement un tiers pour l’OTAN). Il semble que Barack Obama ait renoncé à obtenir plus de troupes européennes, demandant plutôt à ses alliés d’accélérer leur aide à la formation de la police et au développement du pays.

Il est peu probable pourtant que cette nouvelle ligne permette la réussite de cette « mission impénétrable » (voir « Afghanistan-Pakistan, “mission impénétrable” ») que dénonçait William Pfaff.

Nancy A. Youssef et Margaret Talev, du Miami Herald (28 mars), trouvent que le dossier pakistanais a été mal traité par le président (« Obama’s Afghan Plan Does Little To Fix Pakistan ») :

« Obama a formulé un plan bien moins ambitieux pour le Pakistan, bien que ses principaux conseillers militaires et du renseignement pensent que ce pays est au centre du problème. Dans son discours, le président a qualifié la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan de “région la plus dangereuse du monde” pour la sécurité des Etats-Unis. »

(...)

« Des responsables américains officiels affirment que des officiers des services de renseignement maintiennent des liens étroits avec les talibans afghans et pakistanais. Il semble que l’un des éléments de la stratégie d’Obama en direction de l’Afghanistan est de convaincre son armée que les Etats-Unis ne partiront pas de la région comme ils l’ont fait dans les années 1990, mais resteront jusqu’à ce que l’Afghanistan devienne un pays sûr. Un des éléments essentiels dans la recherche par Obama de la stabilité est, selon ce qu’a affirmé un officier du renseignement américain vendredi, “de convaincre les Pakistanais qu’il n’y a aucune bonne raison pour laquelle ils devraient investir dans (s’allier avec) les talibans”. »

L’éditorial du quotidien Le Monde, (28 mars) est consacré à « Obama l’Afghan ».

« Si rupture il y a dans l’approche américaine, c’est surtout dans une évaluation plus réaliste des réalités régionales : les racines du conflit afghan se situent largement au Pakistan, où les chefs d’Al-Qaida et de la mouvance talibane ont établi des sanctuaires. Or l’impunité dont ils jouissent n’existerait pas sans la complicité des services secrets d’Islamabad. La bonne solution est-elle de tripler l’aide au Pakistan, comme l’a annoncé M. Obama, et une telle approche est-elle conciliable avec un accroissement des frappes militaires contre des cibles situées au Pakistan ? »

« Le président américain a récemment reconnu que la situation sécuritaire connaissait une dérive en Afghanistan, tout en soulignant qu’il fallait songer à une stratégie de sortie. “Obama l’Afghan” est en train de mesurer à son tour que la tâche consistant à pacifier un pays qui a tenu en échec plus de 100 000 soldats soviétiques ne sera pas aisée. »

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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 16:02
30 mars, Journée de la Terre
publié le dimanche 29 mars 2009



Campagne BDS


 
La Journée de la Terre symbolise la résistance palestinienne à l’expropriation continue , à l’apartheid, à la colonisation et à l’occupation que mène Israël. Elle prend un sens encore plus fort après l’atroce guerre d ’agression qu’Israël a menée contre le peuple palestinien soumis à un siège hermétique dans la bande de Gaza occupée.

30 mars 2009 – Aujourd’hui, les Palestiniens éparpillés sur la planète marquent la Journée de la Terre. Ils commémorent les événements d ’il y a 33 ans quand les forces de sécurité israéliennes ont tiré sur 6 jeunes Palestiniens, citoyens d’Israël. Ils les ont tués et en ont blessé bien d’autres.

Ces jeunes courageux se trouvaient parmi les milliers de Palestiniens qui manifestaient contre l’expropriation par Israël de terres palestiniennes afin d’y construire de nouvelles colonies et d’agrandir les villes israéliennes.

Aujourd’hui la Journée de la Terre symbolise la résistance palestinienne à l’expropriation continue , à l’apartheid, à la colonisation et à l’occupation que mène Israël. Elle marque aussi le premier anniversaire de la Journée générale d’action pour les droits des Palestiniens et pour la Campagne BDS, lancée au Forum social mondial qui s’est tenu au brésil en 2009.

La politique raciste d’ Israël qui confisque les terres palestiniennes et déplace de force les Palestiniens s’est intensifiée depuis la Journée de la Terre de 76. La politique de nettoyage ethnique de plus en plus répandue qu’Israël appelle la judaïsation avance à la même allure dans les villes historiques de Palestine, y compris Jérusalem, Jaffa, Acre, Lydda et Ramla, au rythme quotidien des destructions de maisons et des évictions forcées. Le vol brutal des terres par Israël se poursuit avec la construction et l’extension du mur d’apartheid et des colonies sur la terre occupée de Palestine. Des centaines de milliers de Palestiniens sont confrontés à l’imminence du déplacement puisque leurs villages sont programmés pour disparaître totalement de la carte.

De plus, les injustices fondamentales qui ont amené au tout premier appel BDS de la société civile en 2005 sont encore plus aiguës aujourd’hui.

Israël continue à dénier aux réfugiés palestiniens, qui ont été victimes d’un nettoyage ethnique pendant la Nakba en 1948 et sans arrêt depuis, le droit de retourner dans leurs foyers d’origine. Droit affirmé par les Nations unies. Il continue à institutionnaliser la discrimination raciale contre les citoyens palestiniens d’Israël et il poursuit l’occupation militaire de la Cisjordanie, y compris Jérusalem -est, tout en intensifiant la répression cruelle contre la bande de Gaza.

La Journée de la terre cette année prend un sens encore plus fort, après l’atroce guerre d ’agression qu’Israël a menée contre le peuple palestinien soumis à un siège hermétique dans la bande de Gaza occupée.

Les 1 400 morts, les 5 000 blessés, les 14 000 maisons endommagées ou détruites sont le tout dernier témoignage du mépris dans lequel Israël tient la vie des Palestiniens.

Le silence des puissants de ce monde devant les massacres n’est qu’un nouvel échec assourdissant de la “ communauté internationale” à imposer le droit international et à affirmer la culpabilité d’ Israël quant aux violations graves et répétées des normes internationales les plus fondamentales.

Ces formes diverses de l’oppression israélienne coloniale et raciste n’auraient, il est vrai, pu atteindre ce seuil critique sans le soutien et la collusion directs ou indirects des Etats-Unis, de l’Union européenne et de bien d’autres pays y compris de nombreux régimes arabes.

L’isolement d’Israël par le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS), tel qu’il exista contre l’apartheid en Afrique du Sud, doit devenir une priorité absolue pour quiconque se bat pour la liberté, la justice et l’application systématique du droit international et des principes universels des droits humains.

Pour les morts de la Journée de la terre et pour les milliers d’autres qui ont donné leur vie pour la liberté, la justice et l’autodétermination, pour les milliers de personnes emprisonnées à cause de leur engagement pour la dignité humaine, pour Gaza, pour le retour, pour l’égalité et la liberté, le BNC (Comité national de la campagne palestinienne BDS) appelle les gens de conscience dans le monde entier à se lever contre toutes les formes d’oppression, à boycotter Israël et désinvestir de ses intérêts et des compagnies qui tirent profit de l’oppression tant qu’il ne se pliera pas à ses obligations au regard du droit international et qu’il ne reconnaîtra pas nos droits inaliénables sur notre terre.

Nous saluons tous les groupes et toutes les personnes qui ont entendu notre appel à organiser des actions liées à la campagne BDS en cette journée générale d’action pour la Palestine.

Avec votre soutien, nous vaincrons.

Secrétariat BNC

 

http://www.bdsmovement.net/ ?q=node/353

traduction, intro et choix de photos (la belle colline palestinienne d’Abu Ghneim, entre Jérusalem et Bethléem, volée aux Palestiniens en 1997 pour faire la colonie de peuplement de HarHoma) : C. Léostic, Afps

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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 21:06
Le Canada soutient l’interdiction de séjour d’un député britannique anti-guerre
publié le dimanche 29 mars 2009



Keith Jones


 
Les avocats du député britannique anti-guerre George Galloway s’apprêtent à demander aux tribunaux de révoquer un ordre du gouvernement canadien qui l’empêche d’entrer au pays sous prétexte qu’il constitue une menace à la « sécurité nationale » et qu’il est complice de terrorisme.


Galloway, qui a été exclu du Parti travailliste en 2003 en raison de son opposition à la participation de la Grande-Bretagne à l’invasion et l’occupation illégales de l’Irak, a critiqué le rôle majeur du Canada dans la guerre en Afghanistan et a récemment dirigé un convoi humanitaire fournissant des médicaments, des vêtements et d’autres biens au peuple assiégé de Gaza.

Vendredi dernier (20 mars) Galloway a appris, par l’entremise d’un article publié dans le tabloïde britannique de Rupert Murdoch, le Sun, que les autorités canadiennes lui interdisaient de séjourner au pays. Le ministre conservateur de l’Immigration Jason Kenney a farouchement défendu l’ordre d’interdiction de séjour, qui a été officiellement donné par l’Agence des services frontaliers du Canada, et a juré qu’il n’allait en aucune circonstance user de sa prérogative de ministre pour délivrer un permis de séjour à Galloway.

Galloway doit participer à une série de rencontres intitulées « Resisting war from Gaza to Kandahar » (Résister à la guerre de Gaza à Kandahar) à Toronto le 30 mars, Mississauga le 31 mars, Montréal le 1er avril et Ottawa le 2 avril.

En réponse aux accusations provenant de groupes anti-guerres, d’organisations des libertés civiles, du NPD et même des médias de la grande entreprise qui dénoncent l’ordre d’interdiction de séjour comme étant de la censure, Kenney a insisté que « ce qui est en jeu » n’est pas le droit des Canadiens à entendre les positions de Galloway.

L’ordre d’interdiction de séjour, a soutenu le ministre conservateur, « n’a rien à voir avec la liberté d’expression et tout à voir avec le maintien de l’intégrité de notre loi sur l’immigration, qui dit que les individus qui fournissent du matériel et soutiennent financièrement une organisation terroriste illégale ne peuvent entrer au Canada ».

La lettre envoyée vendredi dernier à Galloway par le Haut-commissariat du Canada à Londres affirme que le député britannique « ne peut être reçu » au Canada « pour raisons de sécurité » selon les clauses C et F de la Section 34 de la Loi sur l’Immigration et la protection des réfugiés du Canada. Ces clauses soulignent que des ressortissants étrangers peuvent se voir interdire de séjour au Canada s’ils « se livrent au terrorisme » ou s’ils « sont membres d’une organisation dont il y a des motifs raisonnables de croire qu’elle est, a été ou sera l’auteur » de terrorisme ou « l’instigatrice ou l’auteure d’actes visant au renversement d’un gouvernement par la force ».

« En particulier », dit la lettre du gouvernement canadien, « nous détenons des informations qui indiquent qui vous avez organisé un convoi d’une valeur de plus d’un million de livres britanniques en aide et en véhicules, et que vous avez fait don personnellement de véhicules et de financement au premier ministre du Hamas Ismail Haniya. »

L’assertion du gouvernement qu’organiser de l’aide pour la population appauvrie et assiégée de Gaza, alors qu’Israël maintient un blocus économique punitif, constitue un soutien au terrorisme est à la fois absurde et effrayante. Cela met en lumière les larges pouvoirs arbitraires que le gouvernement du Canada, avec l’appui de tous les partis du parlement canadien, s’est arrogés au nom de la lutte contre le terrorisme.

Dans une lettre écrite de façon convaincante au représentant du Haut-commissariat qui est l’auteur de la lettre envoyée vendredi dernier à Galloway, les avocats de ce dernier révèlent le caractère « pervers » de la tentative gouvernementale de le présenter comme un terroriste et qualifient correctement celle-ci d’« abus de pouvoir » politiquement motivé.

Un abus de pouvoir car les clauses de « sécurité nationale » incluses dans la Loi sur l’Immigration et la protection des réfugiés n’avaient pas pour but de permettre au gouvernement de censurer et faire taire ceux dont il n’apprécie pas les positions politiques. Un abus de pouvoir car interdire Galloway de séjour au Canada privent les Canadiens de leur droit constitutionnel d’entendre ses positions et car, par cette interdiction, l’Etat tente d’imposer de nouvelles et vastes réinterprétations de ce qui constitue une menace à la sécurité nationale, un soutien et une participation au terrorisme.

Il vaut la peine de citer une bonne partie de la lettre rédigée par les avocats Barbara Jackman et Hadayt Nazami :

« Nous sommes surpris (et franchement choqués) » écrivent-ils « que c’est la position du gouvernement du Canada que M. Galloway soit considéré comme un membre d’une organisation terroriste qui s’est livré au terrorisme. Alors que les tribunaux canadiens ont appliqué une définition large au concept de « membre » et ont inclus les « sympathisants » et d’autres associés, la clause n’a jamais, à [notre] connaissance, été si largement interprétée pour aller jusqu’à inclure un membre élu d’un Parlement, provenant d’un pays démocratique, parce qu’il soutient symboliquement un peuple sévèrement opprimé, les Palestiniens de Gaza. L’implication dans le terrorisme n’a de plus jamais été interprétée de manière aussi large. Ces interprétations sont nouvelles et ont une portée considérable. »

« Pour le dossier, comme vous le savez sans doute déjà, M. Galloway n’est pas un membre du Hamas. Il est un membre élu du parlement britannique. Il est un membre du parti Respect. … [ce qui] le caractérise comme étant un socialiste. »

« Même si l’adhésion à un parti spécifique n’empêche pas l’adhésion à un autre parti, l’adhésion de M. Galloway à Respect est une indication claire qu’il n’est pas probable qu’il soit membre du Hamas. En fait, il s’est pendant 30 ans décrit comme un partisan de l’ancien président Arafat.

« La détermination [de l’Agence des services frontaliers du Canada d’empêcher Galloway d’entrer] est basée sur une inférence faite à partir de son implication dans le convoi d’aide Viva Palestina. Ce n’est pas une inférence raisonnable. C’est évident que ce convoi était bien ce qu’il était destiné à être : un geste symbolique venant d’un bon nombre d’organisations et d’individus dans le but de soutenir les Palestiniens isolés et bloqués à Gaza. Le passage du convoi à Gaza était simplement une reconnaissance que les Palestiniens de Gaza, qui avaient élu le Hamas dans une élection démocratique, ne devaient pas être punis en leur retirant leurs moyens de survie. »

Après avoir fourni de l’information montrant le caractère charitable et humanitaire du convoi d’aide Viva Palestina, la lettre continue :

« La deuxième partie de la justification d’interdiction d’entrée est qu’il y a des motifs raisonnables de croire que M. Galloway est impliqué dans le terrorisme. Il semble que cela soit aussi basé sur le convoi, sous-entendant que l’envoi d’aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza est un acte de terrorisme. Tout comme l’inférence d’une adhésion, cela est pervers. Ça signifierait que l’UNWRA, la Société de la Croix-Rouge et d’autres organisations d’aide sont des organisations terroristes et que les individus qui les soutiennent sont des terroristes. … »

« La clause d’interdiction d’entrée sur le terrorisme dans la [Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés] n’était pas faite pour permettre aux responsables canadiens de sanctionner des individus parce qu’ils ne partagent pas leurs croyances. M. Kenney, le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, ainsi que plusieurs autres membres du gouvernement Harper ont des positions claires sur Israël et sur ses pratiques en rapport avec les territoires qu’il occupe depuis 1967. Leurs sympathies sont invariablement avec le gouvernement israélien, peu importe comment il se comporte. […] La décision d’exclure M. Galloway du Canada parce qu’il participe au geste symbolique d’envoyer de l’aide humanitaire au peuple palestinien de Gaza est une décision politique. C’est pervers et nous croyons que cela constitue un abus de pouvoir. » (Le texte complet de la lettre rédigée par les avocats de Galloway peut être lue, en anglais, sur ce lien : http://www.defendfreespeech.ca/PDFs/Galloway-HC.pdf)

Kenney et son assistant, Alykhan Velshi, ont donné des entrevues et échangé des courriels avec des journalistes vendredi après que l’annonce de l’interdiction d’entrée de Galloway au Canada fut rendue publique. Ils ont clairement affirmé que le gouvernement n’exercerait pas sa prérogative de casser la décision prise par son agence. Cela n’a pas empêché Kenney, un des lieutenants les plus loyaux du premier ministre conservateur Harper, de maintenir qu’il n’avait joué aucun rôle dans la décision d’interdire Galloway de séjour. La décision, a-t-il affirmé, appartient entièrement à l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) qui est officiellement sous la juridiction du ministre de la Sécurité publique.

C’est une tentative transparente de couvrir les agissements du gouvernement. Non seulement l’interdiction imposée à Galloway est-elle un geste de censure politique, mais elle fait partie d’une campagne internationale contre lui dans laquelle sont impliqués le gouvernement britannique, l’empire médiatique de Murdoch et les groupes de pression sionistes.

Il est impensable que l’agence des douanes canadiennes ait pu prendre la décision d’interdire un parlementaire britannique de séjour sans le consentement de ses maîtres politiques dans le gouvernement Harper. Kenney lui-même a admis qu’il était au courant que l’ASFC considérait imposer une interdiction contre Galloway et que ce sujet « avait été discuté dans mon bureau ».

Décrire Galloway comme un « terroriste » et le coulage de la décision d’interdire son entrée au Canada sont caractéristiques des campagnes de salissage des conservateurs. Harper lui-même a accusé plusieurs parlementaires dans l’opposition d’être des pro-talibans pour simplement soulever en Chambre des questions sur l’intervention militaire canadienne en Afghanistan. Et même si l’opposition officielle libérale tout comme les conservateurs a claironné son soutien à la récente invasion de Gaza par Israël, allant aussi loin que déclarer que le Hamas « terroriste » portait seul la responsabilité des morts civiles palestiniennes, Harper a accusé les libéraux d’être « mous » sur la question du terrorisme et mitigés quant à leur appui à l’Etat sioniste.

La visite de Galloway a attiré l’attention des partisans de droite des conservateurs. Le vendredi 20 mars, le quotidien néo-conservateur National Post a publié dans sa page éditoriale une tirade réactionnaire dénonçant Galloway intitulée « Visite au Canada : un ami des terroristes ». Il y a aussi le fait que le réseau médiatique de Murdoch a annoncé la décision du gouvernement canadien de bloquer Galloway avant même que le député en soit informé. Il n’y a que deux sources possibles pour la fuite dans les médias : le gouvernement canadien et le gouvernement britannique.

Tout de suite après que le gouvernement canadien eut annoncé l’interdiction de séjour de Galloway, la commission sur les organismes caritatifs du gouvernement britannique a annoncé qu’elle mènerait une large enquête sur Lifeline for Gaza : Viva Palestine.

« Le choix du moment parle de lui-même, a dit Galloway lundi. La BBC empêche la diffusion d’un appel à l’aide en faveur de Gaza ; vendredi passé, la presse de Murdoch m’informe qu’un ministre du gouvernement canadien soutenant George Bush m’empêche d’entrer au pays à cause de mes positions sur le Moyen-Orient ; le jour suivant, il y a la nouvelle que le gouvernement britannique demande la démission du secrétaire général adjoint du Conseil musulman de Grande-Bretagne parce qu’il reconnaît le gouvernement de Palestine ; lundi, quelques heures avant que je fasse parvenir une lettre importante de la campagne Viva Palestina à la commission sur les organismes caritatifs, un des ses responsables fait des déclarations aux journalistes qui sont remplis de sous-entendus.

« Tout cela fait beaucoup trop pour être une simple coïncidence.

« Ce que nous avons ici, c’est une tentative dangereuse et sinistre pour criminaliser les tentatives de construire un mouvement de solidarité en défense du droit du peuple assiégé de Palestine à choisir son propre gouvernement. »

 

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26 mars 2009 4 26 /03 /mars /2009 23:16

"L'armée israélienne est la plus morale du monde", n'a pas hésité à dire Ehoud Barak, ministre de la défense dans le gouvernement sortant d'Ehoud Olmert. "Je ne crois pas que les troupes israéliennes aient porté atteinte à des civils palestiniens de sang-froid", a affirmé le chef d'état-major de Tsahal, Gaby Ashkenazi. Tous deux ont admis qu'il y ait pu avoir des "cas isolés" de comportements répréhensibles des soldats israéliens lors des vingt-deux jours de la guerre dans la bande de Gaza, mais qu'il ne fallait pas généraliser. Des enquêtes ont été ouvertes pour faire la lumière sur ces bavures. "On peut faire confiance à l'armée pour être sûr que rien de tangible ne sortira de ces investigations. Une armée qui enquête sur elle-même, cela ressemble à une farce", ironise Uri Avnery, écrivain et militant pacifiste.


 

L'armée israélienne est accusée de crimes de guerre par une organisation de défense des droits de l'homme, qui affirme que des obus au phosphore blanc ont été tirés sur des civils palestiniens.

Mais il aura fallu que la presse israélienne, notamment les quotidiens Maariv et Haaretz, publie les témoignages de soldats pour que les autorités militaires réagissent. Jusqu'à présent, les nombreux récits des victimes à Gaza et les dénonciations des organisations de défense des droits de l'homme n'avaient pas ému l'opinion publique israélienne, qui a largement soutenu ce conflit. Aujourd'hui, le citoyen israélien a du mal à s'interroger sur les dérives de son armée, qui, selon les derniers chiffres publiés par le Centre des droits de l'homme palestinien, a causé la mort de 1 417 personnes, dont 926 civils, parmi lesquels 313 mineurs et 116 femmes. Seuls 236 combattants ont été tués, ainsi que 255 policiers ou agents de sécurité, dont 240 lors des bombardements massifs du 27 décembre 2008.

 

Au fur et à mesure que les langues se délient, il apparaît de plus en plus clairement que Tsahal n'a pas respecté les règles les plus élémentaires de la guerre en procédant à des pilonnages intensifs des zones civiles, en utilisant des bombes au phosphore, en rasant plus de 4 000 maisons, en réduisant l'infrastructure économique, en utilisant sa puissance de feu pour tenter d'éviter toute perte dans ses rangs. Ce qui, paradoxalement, a occasionné de multiples incidents de "tirs amis". "Je veux de l'agressivité. S'il y a des doutes sur les occupants d'une maison, on la bombarde. Si un bâtiment est suspect, on le détruit", briefait, avant les combats, un commandant de compagnie, selon un témoignage sur la chaîne 10.

 

Il n'était pas question de prendre le moindre risque, afin d'éviter aussi les menaces d'enlèvement de soldats. C'est pourquoi des oliveraies, des cultures, des quartiers ont été rasés au sol. Le moindre mouvement était suspect. La moindre présence constituait une menace. Les ambulances n'ont pu avoir accès à des blessés, qui sont morts vidés de leur sang. Des familles ont été séquestrées pendant plusieurs jours sans eau et sans nourriture. Seize secouristes ont été tués et 34 établissements médicaux ont été attaqués, selon le rapport de l'ONG, Médecins pour les droits de l'homme (PHR).

 

Pour les Israéliens, c'est la faute du Hamas. Parce que ses combattants ont lancé des roquettes, parce qu'ils se sont dissimulés au sein de la population, qu'ils l'ont utilisée comme bouclier humain. Parce qu'ils ont caché des armes dans les mosquées, tiré depuis des écoles, qu'ils se sont cachés dans les hôpitaux, qu'ils ont enlevé leurs uniformes, qu'ils ont utilisé les ambulances comme moyen de transport.

 

Tous les arguments sont avancés par les autorités israéliennes pour justifier ce qui s'est passé dans la bande de Gaza : des tracts ont été lancés, des coups de téléphone ont été donnés, toutes les précautions ont été prises pour éviter de faire des victimes civiles. Mais les Gazaouis se sont retrouvés piégés, n'ayant nulle part où aller, à la merci des soldats israéliens, qui tiraient souvent sans discernement : "Tout ce qui bougeait ne pouvait être que des terroristes."

 

Dans ces conditions, menacer les officiers et les hauts responsables militaires et politiques de "crimes de guerre" est du "terrorisme légal", selon le colonel Liron Liebman, responsable du département juridique de l'armée, pour lequel il y a "un large fossé entre erreurs et crimes de guerre". Pour Ehoud Olmert, le premier ministre, il n'y a aucun doute : "Je ne connais aucun militaire qui soit plus moral, plus régulier et plus sensible à la vie des civils que ceux des forces armées israéliennes."

 

Même à Gaza ? Même si, comme l'explique l'expert militaire Reuven Pedatzur, "il n'y a pas eu de guerre à Gaza, pas même une vraie bataille", puisque, face à la puissance de feu des Israéliens, les combattants du Hamas ont préféré se replier et attendre l'ennemi au coeur des villes, où Tsahal n'a pas osé s'aventurer de peur de subir trop de pertes.

 

Pour l'essentiel, ce sont donc les civils qui ont eu à subir les conséquences de ce conflit, qui n'a pas permis d'atteindre tous les objectifs fixés. Le caporal Gilad Shalit est toujours séquestré. Les tunnels creusés sous la frontière égyptienne sont toujours opérationnels, et les roquettes continuent d'être lancées sur le sud du territoire israélien. Deux ans et demi après l'échec de la guerre au Liban, l'opération "Plomb durci" a non seulement révélé ses limites, mais démontré que le pouvoir de dissuasion ne se rétablit pas en tuant des civils.



 Source :  Le Monde

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26 mars 2009 4 26 /03 /mars /2009 12:17
Le militant d’ISM Tristan Anderson toujours entre la vie et la mort

 

Publié le 24-03-2009


Tristan Anderson, le militant pacifiste américain d’ISM (International Solidarity Movement), blessé par un tir de la police israélienne le 13 mars dernier à Ni’ilin (Cisjordanie), est toujours entre la vie et la mort, a-t-on appris mercredi.

Au cours d’une conférence de presse tenue à l’Alternative Information Centre (AIC) à Jérusalem en présence des parents de Tristan, le militant israélien anti-occupation Jonathan Pollack a indiqué que la situation du blessé, victime d’un tir en pleine tête, s’est détériorée ces derniers jours, et qu’il a dû être plongé dans le coma. Il a subi deux interventions en neuro-chirurgie, sur son hémisphère cérébral droit.

Tristan Anderson a été visé et tiré par un soldat de l’armée d’occupation à une distance de 60 mètres, alors même que la manifestation à laquelle participait ce militant contre le mur d’annexion avait largement pris fin. Il s’agissait d’une cartouche de gaz lacrymogènes tirée, non pas en tir courbe comme cela est prévu pour ce genre d’armes non mortelles, mais en tir tendu. L’armée israélienne a mis en service récemment un nouveau type de munitions lacrymogènes, qui peuvent être de véritables engins de mort, dès lors que la cartouche peut être tirée, à grande vitesse et sans émettre de son, depuis une distance atteignant 400 mètres.

Une arme « non léthale mais quand même léthale », en somme.

« Nous sommes révoltés qu’on puisse tirer, comme cela , sur des manifestants pacifiques. Nous considérons que le gouvernement israélien porte l’entière responsabilité des blessures infligées à notre fils », a déclaré Mme Nancy Anderson, la mère de Tristan.

Le gouvernement israélien n’a au demeurant pas pris le moindre contact avec la famille Anderson, et si l’ambassade américaine à Tel-Aviv a apporté une assistance technique, le gouvernement américain, qui fait la guerre dans le monde entier soi-disant pour protéger ses propres citoyens, n’a pas non plus levé le petit doigt dans cette affaire.


CAPJPO-EuroPalestine

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26 mars 2009 4 26 /03 /mars /2009 11:50
Salah Hamouri témoigne des conditions de détention dans une missive que nous publions intégralement.

"Dans ma première lettre, je vous ai parlé des premiers mois passés en prison pendant l’épreuve de l’interrogatoire.

Je vais vous parler maintenant de la « deuxième période : la vie quotidienne en prison », qui laisse des marques sur la vie des prisonniers et sur leur futur.

Je suis en cellule avec sept autres prisonniers, dont certains ont déjà passé plus de vingt ans derrière les barreaux.

Il y a en prison toute une organisation et des lois intérieures, mais ce qui est important, c’est le développement du mouvement des prisonniers. En effet, les changements dans l’organisation de la vie en prison ont demandé beaucoup de temps, d’efforts et de sacrifices. Avant l’année 1992, l’oppression était forte en prison, malgré la résistance et la solidarité des détenus. 1992 marque l’année d’une lutte où les prisonniers ont organisé un mouvement de résistance en faisant une grève de la faim afin d’obtenir le minimum vital et leurs droits. Cette grève a duré dix-sept jours. La rue palestinienne était solidaire, malgré les difficultés et la répression israélienne. Les prisonniers ont gagné cette bataille. Ils ont réussi à obtenir quelques améliorations dans leur quotidien difficile, par exemple ils ont eu le droit d’avoir un contact quelques minutes avec leurs enfants pendant les visites, de faire rentrer couvertures et vêtements apportés par les familles, de pouvoir étudier à l’université par correspondance, de regarder la télé afin de ne pas être coupé du monde complètement.

Ces « victoires » ont eu une influence sur la vie des prisonniers et leur ont donné du courage.

En prison, il y a une vie très structurée, chaque prisonnier, chaque organisation politique connaît ses droits et ses devoirs. Chaque groupe politique est représenté dans des comités, un prisonnier élu par les autres représente l’ensemble des détenus devant l’administration quand il y a un problème, une réclamation, etc.

Le but de l’occupation israélienne est d’isoler les prisonniers, mais notre organisation nous permet de rester forts, solidaires, de faire respecter nos droits, pour lesquels il nous faut toujours lutter, malgré les tentatives de l’autorité israélienne de nous casser. Ces derniers mois, il y a eu plusieurs tentatives pour nous rendre la vie plus difficile.

La première étant de nous interdire les livres que nos familles pouvaient nous apporter en nombre limité. C’est une manière de nous tuer culturellement, la lecture étant notre occupation principale. La seconde est de nous faire payer des amendes si nous n’obéissions pas au règlement.

Il est fréquent aussi que des détenus soient mis en isolement et privés de visites.

En effet, nos familles peuvent nous rendre visite deux fois par mois pendant 45 minutes, nous savons que, pour elles, c’est difficile, certains ont des parents âgés ou malades qui supportent mal les trajets et l’attente dehors. Mais nos familles sont solidaires malgré les difficultés. Pendant la visite, nous sommes séparés de nos parents par une vitre épaisse et on peut se parler avec un interphone. Le temps passe vite, je dois déjà m’arrêter d’écrire…"

Salah,

Prison de Guilboa, le 20 février 2009

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26 mars 2009 4 26 /03 /mars /2009 11:44
L’Onu juge intolérables les restrictions aux frontières de Gaza
publié le jeudi 26 mars 2009



Reuters

 
La situation découlant des restrictions imposées par Israël aux points d’accès à la bande de Gaza est "intolérable", a déclaré Lynn Pascoe, sous-secrétaire général des Nations unies, devant le Conseil de sécurité.


"Cette situation intolérable aux points de passage de Gaza reste l’obstacle principal à l’apport d’aide - et d’espoir - à la population de Gaza", a-t-il dit lors du débat mensuel du Conseil de sécurité consacré au conflit israélo-palestinien.

Il a sommé Israël de "se conformer à ses obligations aux termes du droit humanitaire international en ouvrant les points de passage aux approvisionnements d’urgence et aux matériaux de construction sans lesquels il ne sera pas possible de reconstruire Gaza".

Le Premier ministre israélien sortant, Ehud Olmert, a promis cette semaine à l’Union européenne et aux Etats-Unis, qui protestaient contre le blocage d’un convoi transportant des pâtes et du fromage, de lever toutes les restrictions à l’aide humanitaire.

Lynn Pascoe a confirmé que le volume des marchandises entrant à Gaza avait augmenté mais estimé que "la qualité et la quantité des importations rest(ai)ent insuffisantes".

Israël continue notamment à bloquer l’entrée dans le territoire contrôlé par le Hamas de produits dits "de luxe", comme le chocolat et les cigarettes, ou susceptibles d’être détournés à des fins militaires, comme le ciment ou l’acier.


L’ONU veut le gel de la colonisation

Lynn Pascoe, un ancien du département d’Etat, s’est par ailleurs inquiété de l’absence de cessez-le-feu permanent, plus de deux mois après la fin du conflit entre le mouvement islamiste et l’Etat juif, en dépit des efforts de médiation égyptiens.

"En l’absence de cessez-le-feu, la violence se poursuit", a-t-il déploré en dénombrant plus de 100 tirs de roquette ou de mortier sur Israël entre la mi-février et la mi-mars et en réclamant la fin de ces "attaques irresponsables visant des zones civiles".

La représentante permanente d’Israël, Gabriela Shalev, a déclaré que son pays n’était pas indifférent à la situation humanitaire à Gaza, mais qu’il restait sous la menace des projectiles du Hamas et exigeait toujours la libération de Gilad Shalit avant tout assouplissement du blocus.

Le jeune militaire, qui possède la double nationalité française et israélienne, a été capturé en juin 2006 du côté israélien de la frontière par des activistes venus de Gaza, un enlèvement revendiqué par trois mouvements dont la branche militaire du Hamas.

Lynn Pascoe a d’autre part critiqué la poursuite des activités de colonisation juive en territoire palestinien occupé, y compris l’extension des implantations existantes, qui doivent être selon lui "gelées".

La colonisation juive "est totalement contraire au processus de paix et au principe nodal de la terre contre la paix qui le sous-tend", a déclaré pour sa part l’observateur palestinien au Conseil, Ryad Mansour.

 

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