« CINQ CAMÉRAS BRISÉES»
Un film de Emad BURNAT et Guy DAVIDI
Prix Louis Marcorelles au Cinéma du réel 2012, Prix de la Réalisation, Sundance film Festival, 2012, Prix spécial du Jury et prix du Public IDFA 2011, Nominé aux Oscars 2013
Synopsis
Emad, paysan, vit à Bil’in en Cisjordanie.
Il y a cinq ans, au milieu du village, Israël a élevé un « mur de séparation » qui exproprie les 1.700 habitants de la moitié de leurs terres, pour étendre et « protéger » la colonie juive de Modi’in Illit, prévue pour 150.000 résidents.
Les villageois de Bil’in s’engagent dès lors dans une lutte non-violente pour obtenir le droit de rester propriétaires de leurs terres, et de coexister pacifiquement avec les Israéliens.
Dès le début de ce conflit, et pendant cinq ans, Emad filme les actions entreprises par les habitants de Bil’in. Avec sa caméra, achetée lors de la naissance de son quatrième fils, il établit la chronique intime de la vie d’un village en ébullition, dressant le portrait des siens, famille et amis, tels qu’ils sont affectés par ce conflit sans fin.
"Filmer, pour guérir, faire face et survivre" confie Emad.
"Extraire de la haine ce qui peut construire quelque chose de positif" complète Guy Davidi, son collègue israélien.
N'éludant rien, les deux réalisateurs signent un documentaire nécessaire, confondant et sans concession malgré une fin relativement encourageante.
Outre ses nombreux prix gagnés dans le monde entier, ce film vient d'être nominé aux Oscars 2013.
Bande-annonce :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19464548&cfilm=200620.html
Ce film passera cette semaine (20 au 26 février) dans les cinémas suivants :
Espace Saint-Michel (Place St-Michel - Paris 5e - Métro : Saint-Michel ) tous les jours à 13h05, 16h35, 20h et 21h40
Les Sept Parnassiens (98, Bd du Montparnasse - Paris 14e - Métro : Vavin) :
Tous les Mercredi 20, Jeudi 21, Vendredi 22, Lundi 25 et Mardi 26 à 11h, 13h55, 15h55, 17h55, 19h55 et 21h55
ainsi que les Samedi 23 et Dimanche 24 février à 11h, 17h55, 19h55 et 21h55
MK2 Beaubourg (50, rue Rambuteau - Paris 3e - Métro : Rambuteau ) : Tous les jours à 13h40, 15h50, 17h55, 20h et 22h
Apollo ( 62, avenue de la République à Pontault-Combault (Seine et Marne - 77) : Mercredi à 20h30 , Vendredi et Lundi à 20h45 Dimanche 24 à 18h et Mardi 26 à 18h45
Le Figuier Blanc ( 16 rue Grégoire Callas à Argenteuil) : Mardi 26 à 20h30
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Du jour où Emad a commencé à filmer…
Isabelle Regnier, Le Monde, mercredi 20 février 2013
Le " mur " raconté par un cultivateur de Cisjordanie devenu cinéaste multiprimé
En 2005, alors que son quatrième fils, Djibril, venait de naître, Emad Burnat a acheté une caméra. Ce cultivateur de Bil’in, petit village de Cisjordanie, n’avait pas l’intention de devenir cinéaste. Mais l’objet lui a tant plu qu’il en a fait une extension de lui-même. Et son projet a changé de nature.
Année de naissance de Djibril, 2005 est aussi celle durant laquelle les habitants de Bil’in ont vu débarquer sur leurs terres des topographes israéliens. En plein milieu du village, ces hommes ont tracé un itinéraire pour le futur " mur " qui les séparait de leurs terres cultivables et en transférait la jouissance aux habitants de la colonie juive voisine de Modi’in Illit. Sans s’en douter, ils ont ainsi ouvert la voie à une des plus durables, des plus obstinées et des plus efficaces campagnes de résistance non violentes à la politique du fait accompli menée par les Israéliens pour étendre leur implantation territoriale. Après cinq années de mobilisation, les gens de Bil’in ont obtenu que la Cour de justice israélienne décrète le tracé illégitime et en ordonne la révision, en leur faveur.
Le temps qu’il ne passait pas chez lui à filmer sa famille, Emad Burnat le passait, pendant ces années, aux côtés des villageois, avec ses amis qui manifestaient infailliblement tous les vendredis, organisant toutes sortes d’actions auxquelles se sont progressivement associés des militants du monde entier. Il filmait tout ce qu’il pouvait, changeant de caméra chaque fois que la sienne finissait démolie par un militaire israélien. Il en usera cinq au total, en cinq ans, dont il expose les cadavres dans la scène inaugurale du film.
Filmer, pour Emad Burnat, était la meilleure manière de participer à la mobilisation. Tout en créant les archives de cette lutte, son action consolidait la solidarité des villageois, notamment lors des projections collectives qu’il organisait. L’idée d’en faire un long-métrage ne vient que tardivement, après la mort d’un de ses compagnons, tué par une balle israélienne.
Pour l’aider à construire son récit, Emad Burnat a fait appel à l’Israélien Guy Davidi, un documentariste militant, familier de la mobilisation de Bil’in. Le film qu’ils ont coréalisé est formidable.
Sa qualité première, qui le distingue de la masse de films sur la lutte entre l’armée israélienne et les populations palestiniennes, tient à sa temporalité. Cinq ans, c’est une belle durée pour donner la mesure concrète du pourrissement de la situation dans les territoires occupés et de ses effets sur la vie des Palestiniens. Mais elle diffère selon que l’on considère le spectacle tristement banal de l’armée israélienne harcelant les populations, ou celui, bouleversant, d’un enfant qui grandit sous nos yeux et que la violence dans laquelle il baigne - on le voit dans sa chair - façonne en profondeur. A 3 ans, les mots " armée " et " mur " font partie des premiers qu’il prononce. A 5, il demande à son père pourquoi celui-ci ne part pas tuer des soldats israéliens avec un couteau, pour venger la mort de son ami…
Les jalons de la vie du petit Djibril, les opérations d’agit-prop, dont l’intelligence et l’inventivité produisent immanquablement les mêmes effets, aveuglément répressifs, la voix off, accablée mais jamais résignée, du réalisateur donnent au film une forme de journal intime poétique. Cinq caméras brisées a été primé à Sundance, à Jérusalem, au festival du Cinéma du réel et dans une quinzaine d’autres festivals. Aujourd’hui, il concourt pour l’Oscar du meilleur documentaire.
Documentaire d’Emad Burnat et Guy Davidi
(1 h 30).