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7 juin 2009 7 07 /06 /juin /2009 08:29

Obama généreux mais sans proposition


Par Pierre Barbancey

Proche-Orient . Dans son discours du Caire au monde musulman, le président des États-Unis emploie un nouveau ton, mais n’avance aucune initiative concrète pour le conflit israélo-palestinien.

Sans surprise, Barack Obama a prononcé, hier, un discours visant à tourner la page d’« un cycle de méfiance et de discorde » entre l’Amérique et le monde musulman, et à en finir avec le conflit israélo-palestinien, comme il l’a dit au Caire. « Je suis venu chercher un nouveau départ entre les États-Unis et les musulmans à travers le monde, un départ fondé sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel, un départ fondé sur cette vérité que l’Amérique et l’islam ne s’excluent pas », a-t-il dit devant 3 000 personnes triées sur le volet. « Tant que nos relations seront définies par nos différences, nous donnerons du pouvoir à ceux qui sèment la haine plutôt que la paix, à ceux qui font la promotion du conflit plutôt que de la coopération. »

en rupture avec la politique de Bush

Citant le Coran, le président américain a affirmé vouloir exprimer totalement sa vérité sur tous les sujets qui font débat ou ont provoqué un divorce entre les États-Unis et le monde arabe et musulman. Mais il a aussi souligné que le monde musulman devait lutter contre les « préjugés » antiaméricains, évoquant également les questions épineuses des droits de l’homme, du rôle de la femme et de leur « libre choix ». À propos du programme nucléaire iranien controversé, il a affirmé que la confrontation avec Téhéran était « à un tournant décisif », mais il a invité l’Iran à « surmonter des décennies de méfiance », reconnaissant d’anciens torts américains. « Nous sommes désireux d’aller de l’avant sans conditions préalables et sur la base d’un respect mutuel ! » a-t-il lancé à l’adresse des dirigeants iraniens.

En revanche, le chef de la Maison-Blanche n’a avancé aucune initiative nouvelle pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Il s’est contenté de dire qu’il était désormais crucial de trouver une issue négociée en faveur de deux États comme « seule solution » après des décennies d’impasse, de « pleurs » et de « sang ». Tout en fustigeant le négationnisme de l’Holocauste et soulignant le « lien inébranlable » entre son pays et Israël, il a affirmé que « le temps est venu que cessent les colonies d’implantations » juives en Cisjordanie. Pas un mot non plus sur ce fameux plan que le roi Abdallah de Jordanie avait « révélé », évoquant « 57 pays », une normalisation des relations des pays arabes avec Israël et même une possible ouverture de leurs espaces aériens !

L’Autorité palestinienne a immédiatement salué comme un « bon début » le discours d’Obama, l’estimant en rupture avec l’administration Bush, alors que du côté israélien, on grince des dents. Bien qu’il n’y ait aucune avancée notable dans le discours, la droite israélienne ne semble pas habituée à entendre la moindre critique sur la - politique qu’elle mène. La veille, le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, avait tenté d’apaiser les relations - qui commencent à se tendre - avec l’allié américain en expliquant que son pays ne bombarderait pas l’Iran.

Le ton employé par Barack Obama est effectivement en rupture avec celui utilisé pendant huit ans par George W. Bush et les néoconservateurs, et, à la confrontation développée par son prédécesseur, il préfère tenter de se gagner l’opinion publique arabe et les mouvements islamistes dits « modérés ». Il a ainsi affirmé que le Hamas, « qui jouit de soutiens parmi les Palestiniens », avait « des responsabilités à assumer ». Il faut, a-t-il dit, « qu’il joue un rôle dans la réalisation des aspirations palestiniennes, qu’il unifie le peuple palestinien.

de nouvelles pistes de négociations ?

Le Hamas doit mettre un terme à la violence, reconnaître les accords passés et reconnaître le droit d’Israël à exister ». Le Hamas lui a rendu la politesse en déclarant que le discours « contient beaucoup de contradictions, bien qu’il reflète un changement tangible ». Le nouveau climat que veut instaurer Barack Obama permettra-t-il d’ouvrir de nouvelles portes ? On peut l’espérer, mais le manque d’annonces d’initiatives fortes et novatrices ne peut que tempérer les ardeurs des plus optimistes. C’est qu’en l’espèce, le discours ne peut cacher le but ultime de la stratégie américaine, toujours inchangée, qui vise à garder le contrôle d’une région au sous-sol si important pour la première puissance mondiale.

Pierre Barbancey

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