La Presse.tn (Tunisie) : "Irak : incertitudes et interrogations !... " par Noureddine Hlaoui

Irak : incertitudes et interrogations !...

Par Noureddine HLAOUI
L’attentat, survenu mercredi dernier visant des sites symboliques de souveraineté à Bagdad, tels les ministères des Affaires étrangères et des Finances, fait replonger l’Irak dans la spirale des violences sanglantes ayant marqué le pays jusqu’aux années 2006/2007.

En effet avec un bilan de 95 tués et plus de mille blessés, ces attaques au camion piégé font planer, de nouveau, l’incertitude sur l’avenir sécuritaire de l’Irak, six semaines après le retrait des soldats américains des zones urbaines et à moins de cinq mois des élections législatives de janvier 2010 que les partisans du Premier ministre Nouri Al Maliki espèrent gagner en s’appuyant, justement, sur leurs résultats, notamment en matière de sécurité.
Or, ces attentats viennent remettre tout, ou presque, en question, puisque les autorités à Bagdad ont entamé la reconstruction des murs de sécurité pour protéger les bâtiments officiels. Des murs en béton que le Premier ministre irakien, estimant la sécurité suffisamment rétablie, avait ordonné d’abattre. Un geste de haute symbolique qui se voulait  être le signe d’un vrai retour au calme et d’une reprise du cours normal de la vie à l’approche desdites élections.
Mais ce qui inquiète le plus, ce sont les accusations dirigées sans ambages contre les services de sécurité irakiens soupçonnés de complicités directes voire d’être les co-commanditaires des attaques-suicides. D’ailleurs, une enquête vient d’être annoncée pour savoir comment des camions chargés de centaines de kilos d’explosifs aient pu réussir à franchir des barrages de contrôles routiers, censés être hermétiques, et s’approcher des édifices gouvernementaux.
Al Maliki a beau être optimiste quant à l’avenir sécuritaire de l’Irak et évoquer l’implication d’éléments sunnites d’Al Qaïda et autres partisans du parti du Baâth de l’ancien régime de Saddam Hussein qu’il promet de vaincre incessamment.
Des voix de l’intérieur de son gouvernement, dont notamment du ministre des Affaires étrangères, le Kurde Hoshiyar Zebari, s’élèvent pour avouer que les autorités irakiennes sont encore en guerre ouverte contre le terrorisme. «Il faut nommer les choses par leur nom et cesser de faire des déclarations inutilement optimistes. Nous devons dire la vérité à l’opinion. Il y a une détérioration de la sécurité et les jours à venir pourraient être pires», a-t-il indiqué en substance.
  Les accusations selon lesquelles il y a eu une «collaboration entre des agents de sécurité et les meurtriers» viennent renforcer les sentiments de doute et de méfiance vis-à-vis des forces de sécurité dans le sens où les éléments qui les composent placent les allégeances confessionnelles et les considérations politiques partisanes avant la sacralité de leur appartenance à une structure devant assurer la protection et l’invulnérabilité du pays.
Il faut dire que, malheureusement, le climat de confiance entre chiîtes et sunnites est loin d’être rétabli. Et si l’on y ajoute l’existence d’éléments radicaux qui font tout pour raviver les tensions et les haines entre les deux factions, le pire pourrait être envisagé.
A moins que les autorités réussissent à instaurer une vraie réconciliation entre les deux communautés dont le rapport de forces a été carrément inversé après la chute du régime de Saddam et la montée de la majorité démographique chiîte qui détient, désormais les rênes du pouvoir.
En attendant, et avec la réaffirmation de Washington de maintenir son échéancier de retrait définitif d’Irak en 2011, ce pays continue à broyer du pain noir et à payer un lourd tribut en vies humaines et en dévastations infrastructurelles. Jusqu’à quand ? Toute la question est là …

N.H.


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