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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 00:50

 


Syrie . Sous pression, le président Bachar Al-Assad a formé un comité ad hoc chargé d’élaborer une nouvelle Constitution dans un délai de quatre mois. Une mesure réclamée depuis longtemps par l’opposition qui revendique des réformes concrètes et la chute du régime.


 


 


Assad cherche à gagner du temps


 


 


Essayant de trouver une issue à la crise qui secoue le pays, le président syrien Bachar Al-Assad a émis un décret annonçant la formation d’un comité ad hoc qui élaborera un projet de nouvelle Constitution pour la Syrie, au lendemain des manifestations massives un peu partout dans le pays.


L’élaboration d’une nouvelle Constitution était l’une des principales revendications de l’opposition au début du mouvement de contestation lancé le 15 mars, mais les opposants ont ensuite exigé le départ du président syrien. « Assad a émis un décret présidentiel stipulant la formation d’un comité national pour l’élaboration d’un projet de Constitution pour la Syrie en vue de son approbation selon les règles constitutionnelles », annonce un document présidentiel.


Le comité compte 29 membres, dont Qadri Jamil, un chef du Parti communiste qui a présidé la délégation de l’opposition syrienne « modérée » lors d’une récente visite en Russie, et doit achever sa mission d’ici quatre mois. La future Constitution, qui devra être adoptée par les deux tiers du Parlement, ferait l’objet d’un référendum. Une décision tant attendue non seulement par les protestataires mais aussi par la communauté internationale. Mais il s’agirait a priori d’une tentative du président syrien pour gagner du temps et essayer de contenir la crise. Bachar Al-Assad avait déjà annoncé plusieurs réformes depuis le début de la contestation, il a notamment levé l’état d’urgence et promis des élections législatives « multiparités » d’ici février. Ces réformes ont été jugées modestes non seulement par les protestataires mais aussi par la communauté internationale. Surtout que Assad a déployé, parallèlement à ces promesses, ses chars et ses troupes un peu partout dans le pays pour réprimer brutalement les manifestations quasi quotidiennes, jetant ainsi des doutes sur sa volonté réelle de changement. A cause de cette répression, plus de 3 000 civils, dont au moins 187 enfants, ont été tués depuis le début de la contestation. L’Onu met en garde contre le risque d’une guerre civile.


Faisant la sourde oreille, le régime ne reconnaît pas l’ampleur de la contestation qui dure depuis sept mois et accuse régulièrement des « bandes terroristes armées » d’être à l’origine des troubles et de la mort des soldats.


En première réaction à ces accusations, les militants pro-démocratie ont réclamé outre la chute du régime, des élections libres, l’annulation de la suprématie du parti Baas qui gouverne le pays depuis plus de 40 ans ainsi qu’une nouvelle Constitution pour remplacer celle modifiée dans les années 1970 sous le régime de Hafez Al-Assad, le père de Bachar. Cette Constitution modifiée décourage tout pluralisme politique en octroyant au parti Baas, au pouvoir depuis 1963, le statut de dirigeant de l’Etat et de la société. L’opposition syrienne réclame l’abrogation de cette clause, de celle prévoyant la nomination du président par le Baas et de nombreuses autres lois adoptées ces cinquante dernières années qui permettent selon elle au chef de l’Etat et à son appareil sécuritaire de pratiquer la répression et la corruption en toute impunité. Les lois adoptées par Assad ces trois derniers mois autorisent les partis politiques tout en maintenant le système de quotas qui réserve la majorité des sièges aux agriculteurs et aux salariés dont les représentants font partie des syndicats officiels. Cependant, l’actuel Parlement ne compte aucune figure de l’opposition.


Selon les analystes, le président syrien a été obligé à annoncer le projet de cette nouvelle Constitution pour faire face à la pression exercée par la communauté internationale. Pour la première fois, le président russe Dmitri Medvedev a envisagé le départ de Assad, estimant que le régime syrien devait engager des réformes ou partir. La Chine aussi avait appelé le pouvoir à accélérer les réformes. Ces deux pays ont changé un peu leur attitude envers la Syrie après une session à huis clos du Conseil de sécurité des Nations-Unies. Celle-ci a tourné à l’affrontement diplomatique sur la Syrie entre les pays européens, la Russie et la Chine, qui ont opposé leur veto à une résolution condamnant la répression.


 


« Mesures ciblées »

La communauté internationale est divisée sur la Syrie. La Russie et la Chine, alliés du régime et membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, ont opposé le 4 octobre leur veto à un projet de résolution européen menaçant ce régime de « mesures ciblées » pour qu’il cesse la répression. De son côté, l’Union européenne a adopté un huitième train de sanctions à l’encontre du régime syrien. L’UE a déjà interdit notamment tout nouvel investissement dans le secteur pétrolier et la fourniture à la Syrie des billets de banque imprimés en Europe. De son côté, l’Union européenne a décidé d’imposer des sanctions à une banque commerciale syrienne en raison des violations des droits de l’homme, la Commercial Bank of Syria, déjà sanctionnée en août par les Etats-Unis pour son financement présumé de la production de missiles syriens et d’armes non conventionnelles. « Compte tenu de la poursuite de la répression et des violations des droits de l’homme par le régime syrien contre sa population, l’UE a renforcé aujourd’hui ses mesures restrictives à l’encontre de la Syrie », a indiqué l’UE dans un communiqué. En plus, l’UE a gelé les actifs d’une nouvelle entité qui soutient financièrement le régime de Bachar Al-Assad, a ajouté le texte qui ne donne pas plus de détails. En revanche, l’agence officielle syrienne a toutefois annoncé la signature d’un contrat avec le groupe allemand Siemens portant sur l’agrandissement d’une centrale électrique au nord de Damas pour un montant de 305 millions d’euros. Un contrat qui a suscité beaucoup de doutes sur la crédibilité des sanctions imposées contre le régime syrien.


En réaction à ces sanctions européennes, la Ligue arabe a appelé dimanche dernier, à l’issue d’une réunion extraordinaire sur la Syrie, à la tenue d’une conférence de dialogue national d’ici 15 jours au Caire entre le gouvernement syrien et l’opposition, pour mettre fin aux violences et éviter une intervention étrangère. « L’organisation panarabe a décidé de lancer les contacts nécessaires avec le gouvernement syrien et l’ensemble des factions de l’opposition pour tenir une conférence de dialogue national global au siège de la Ligue arabe et sous son égide, d’ici 15 jours », a indiqué le ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh Hamad bin Jassem. Ce dernier a assuré que cette conférence aura pour objectif de « réaliser les aspirations légitimes du peuple syrien et le changement souhaité », de « mettre fin à la violence ». M. Assad avait appelé le 20 juin à un dialogue national mais l’opposition croit que cet appel a été lancé pour gagner plus de temps et ne va pas aboutir à une issue concrète pour sauver le pays.

Maha Salem


 


 


 

http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2011/10/19/marab1.htm


 

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