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18 novembre 2013 1 18 /11 /novembre /2013 01:00
Syrie : le « oui, mais » de l’opposition



  L'opposition syrienne met des conditions à sa participation à Genève-2. Seules des pressions de ses al iés pourraient l'inciter à s'ouvrir au dialogue alors qu'elle souffre toujours de profondes divisions idéologiques
 
 
 
 
Maha Salem avec agences

13-11-2013

Avant de participer àla conférence de paix Genève-2, l’opposition syrienne a entamé des discussions avec les groupes rebelles combattant sur le terrain pour légitimer son rôle dans une probable conférence avec le régime de Damas.
Réunies depuis samedi 9 novembre à Istanbul, les différentes factions des adversaires du président Bachar Al-Assad peinent à trouver une position commune. Après des négociations acharnées entre les participants, un porte-parole de la Coalition regroupant une partie de l’opposition, Khaled Saleh, a indiqué : « Nous avons maintenant un dialogue, un partenariat, et nous allons travailler avec les brigades de l’ASL (Armée Syrienne Libre). Le but est d’avoir une position commune pour entrer, unis, dans un éventuel processus de paix ». Saleh y ajoute : « Si nous devons nous rendre à Genève, ils (les représentants de l’ASL, ndlr) feront partie de la délégation. Ils ont autant d’intérêt que nous à la réussite d’une Syrie démocratique ».
Les membres de l’assemblée générale de la Coalition ont formé deux délégations qui vont se rendre en Syrie pour y rencontrer des chefs de brigades de l’ASL et des représentants de la société civile syrienne. Un autre comité a été nommé pour rédiger une résolution qui va formaliser les positions de la Coalition sur la question de Genève.
La Coalition a exigé des « gestes » de Damas et de son principal allié, Moscou, avant de se rendre à Genève, répétant qu’une éventuelle conférence de paix ne pouvait aboutir qu’à un départ de l’actuel chef de l’Etat, un scénario catégoriquement rejeté à Damas.
Avant ces discussions, le président de la Coalition, Ahmad Jarba, a renouvelé cette exigence : « Il est devenu évident pour tout le monde qu’Assad ne peut exercer aucun rôle si Genève-2 est véritablement mis en oeuvre, que ce soit dans une période transitoire ou après ». Mais, la principale vitrine politique des adversaires du président Assad reste très divisée sur l’idée de participer à d’éventuels pourparlers de paix à Genève, en dépit des pressions des pays occidentaux et arabes qui la soutiennent.
Aucune garantie
Selon les analystes, la balle est désormais dans le camp de la communauté internationale. « Si la communauté internationale veut la présence de l’opposition avec l’accord de l’Armée syrienne libre, elle doit utiliser la politique de la carotte et du bâton. Elle doit leur promettre des aides énormes et concrètes mais en même temps elle doit les menacer : arrêter le soutien que la communauté internationale fournit à l’opposition et négliger cette dernière », estime Sameh Rached, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram.
Une vingtaine de groupes rebelles ont menacé de juger pour « trahison » ceux qui seraient tentés de négocier, laissant même clairement entendre qu’ils seraient purement et simplement exécutés. D’ailleurs, les onze pays occidentaux et arabes « amis » des adversaires du régime de Damas les poussent à venir discuter à Genève, seule solution à leurs yeux pour trouver une issue politique au conflit. Réunis fin octobre à Londres, ils ont répété que l’actuel chef de l’Etat syrien ne devait jouer « aucun rôle dans le futur gouvernement » du pays.
Si elle est loin de les avoir tous rassurés, cette pression a convaincu certains membres de l’opposition. Un ancien vice-premier ministre syrien, Qadri Jamil, récemment démis de ses fonctions, a fait savoir qu’il se rendrait à Genève. Les Kurdes de Syrie aussi. Et d’autres opposants seraient décidés à franchir le pas. Pour le porte-parole de la Coalition de l’opposition, les négociations vont se poursuivre sans aucune garantie d’une issue rapide. « Il va nous falloir encore beaucoup discuter avant une décision ferme et définitive. Nous ne pouvons pas aller à Genève sans un large soutien de tous ceux qui combattent Assad ».
En première réaction à ces déclarations, l’émissaire spécial de l’Onu et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi, a avancé que « l’opposition (syrienne) est divisée et n’est pas prête à s’asseoir à la même table que des représentants de Bachar Al- Assad ».
Certains analystes estiment que cette conférence n’est pas propice à l’opposition et n’apporte rien de nouveau. « Cette conférence est destinée à donner plus de temps à Assad et à son régime. Assad sait d’avance que l’opposition ne restera pas avec lui à la table des négociations.
Donc c’est l’opposition qui refusera le dialogue. Par ailleurs, son armée continue ses opérations militaires en intensifiant ses bombardements », estime Mohamed Sami, professeur à la faculté de sciences politiques de l’Université du Caire.
L’armée syrienne a repris le 10 novembre aux rebelles le contrôle d’une base militaire stratégique proche de l’aéroport international d’Alep, après trois jours de violents combats. Selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), ces affrontements entre des groupes rebelles alliés à des djihadistes et l’armée régulière, soutenue par les milices du Hezbollah, ont fait au moins 95 morts.
Selon l’OSDH, la reprise de cette « Base 80 » prépare le terrain en vue de la réouverture de l’aéroport de la deuxième ville du pays, fermé depuis le début de l’année en raison de la recrudescence des attaques rebelles à l’est d’Alep. Ce conflit a fait 120 000 morts depuis le printemps 2011 et plus de 3 millions de réfugiés .

 

 

 


http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/0/2/8/4219/Syrie--le-%C2%AB-oui,-mais-%C2%BB-de-l%E2%80%99opposition.aspx

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