Ramallah – Alwatanvoice, mercredi 5 février 2014
Le négociateur palestinien, Saëb Erekat, a adressé de vives critiques contre la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupés, au cours d’un séminaire sur la paix au Moyen-Orient, dans le cadre de la conférence internationale sur la sécurité à Munich, en Allemagne.
Saëb Erekat s’est affronté verbalement avec le chef de l’équipe de négociation israélienne Tzipi Livni, lorsque cette dernière a considéré que la Cisjordanie c’est la « Judée et Samarie » et quelle elle a exigé que les palestiniens s’abstiennent de nommer Jaffa et Haïfa, par des noms arabes, et que les réfugiés palestiniens cessent de rêver au droit de retour.
Erekat a dit : " Israël est un état puissant, il possède trois mille chars et mille avions militaires, des armes nucléaires et le total soutien du Congrès et du Sénat Américain, et donc quelles sont mes chances ? Y at-il une justice ? Cependant il reste devant Israël trois options, premièrement, la solution à deux Etats et c’est ce que je propose, deuxièmement, si les Israéliens veulent appeler les villes de Jéricho (Yeriychow) de Jérusalem (Yerushalayim) et Naplouse (Shekhem) alors la solution serait un seul Etat".
" Troisièmement, sur le terrain aujourd’hui en 2014, il y a en Cisjordanie des rues que je ne peux pas franchir en tant que palestinien, et le mot « sécurité » justifie maintenant un système d’apartheid qui sévit en Cisjordanie ".
Tzipi Livni a répondu sèchement en disant " Saeb Erekat dit que si vous voulez appeler Jéricho, sa ville natale, (Yeriychow), qui est le nom en hébreu de cette ville, vous pouvez le faire , mais ce sera un seul Etat . Bien, ce n’est pas une question de récit historique. Ces régions en Cisjordanie, que nous appelons « la Judée et la Samarie " font partie de notre histoire et nous ne pourrons pas vous convaincre sur cette question. De la même manière que vous ne pourrez pas nous convaincre par vos récits historiques ".
"La question n’est pas de savoir lequel des deux récits historiques est le plus vrai ou le plus juste de la terre entière mais de conserver la possibilité d’une partie des rêves qu’il y aura deux Etats pour deux peuples, et quand cela arrivera Saëb, s’il vous plaît n’appelez plus des villes en Israël, comme Jaffa, Haïfa et d’autres par des noms arabes". Bien, vous pouvez les appeler par des noms arabes mais ne dites pas aux réfugiés qui attendent au Liban et ailleurs avec une clé à la main, qu’ils peuvent revenir et vivre dans ces régions, parce que ceci est contraire au principe de deux Etats pour deux peuples".
"Depuis de nombreuses années, les Palestiniens disaient deux Etats pour deux peuples, c’est le fait que Israël existe qui leur donne la légitimité de demander au monde leur état ".
La réponse de Tzipi Livni a provoqué la colère de Saëb Erekat, qui lui a rétorqué en disant " vous parlez d’un récit historique ? Oui, c’est un récit historique, je suis le fils de Jéricho, j’ai 10 000 ans d’âge, j’ai célébré l’an dernier l’anniversaire de ma ville, je suis le fils fier des Cananéens et j’étais là 5500 ans avant l’avènement de " Yehoshua Bin Nun " qui a brûlé ma ville Jéricho, je ne changerai pas mon histoire ".
" Et quand vous me dites d’accepter Israël comme un Etat juif, cela signifie que vous me demandez de changer mon histoire. Dans ce cas vous avez deux possibilités, soit vous vous adressez à l’Organisation des Nations Unies pour faire changer le nom de votre état soit vous acceptez ma reconnaissance de votre état tel qu’il est inscrit dans l’Organisation des Nations Unies, les états enregistrent leur nom et leur date de naissance aux Nations-Unies, d’autres états ont changé leurs noms, mais je ne changerai pas mon histoire".
"Pour moi le judaïsme n’est pas une menace, mais une religion comme l’islam et le christianisme, et j’ai reconnu le droit d’Israël à exister en paix et en sécurité, alors arrêtez de me demander de reconnaître Israël comme un Etat juif, les musulmans et les chrétiens sont fiers de leur histoire commune et je ne changerai pas cette histoire "
Erekat a rejeté le dénigrement de Livni sur la responsabilité d’Israël dans les souffrances des réfugiés palestiniens en disant " Les réfugiés palestiniens ne sont pas devenus des réfugiés à cause d’un volcan ou un tsunami ou un tremblement de terre, ils sont devenus des réfugiés pour raison politique, alors, levez-vous et adressez-vous à eux et demandez-leur pardon pour toutes ces souffrances que vous leur avez infligées. Ces gens ont le plein droit de prendre une décision en conformité avec les résolutions des Nations Unies, et nous essayons de trouver une solution juste par le biais des négociations conformément à l’initiative de paix arabe, mais n’essayez pas de nous imposer ceci et cela".
De son côté, le ministre israélien de la défense Moshé Yaalon, a précisé qu’Israël saurait quoi faire dans le cas où il y a impossibilité de parvenir à un accord de règlement avec l’Autorité palestinienne sous l’auspice américain.
Yaalon a déclaré lors d’un discours dimanche à la conférence mondiale sur la sécurité, qu’Israël est concerné par un règlement du conflit avec les palestiniens, en soulignant la nécessité de dire la vérité et de ne pas se faire d’illusions sur les intentions réelles du président Mahmoud Abbas, qui a été forcé de s’asseoir à la table de négociations par les Etats-Unis.
Il a souligné que M. Abbas refuse de répondre à trois questions, à savoir : " Est-il prêt à reconnaître Israël comme l’Etat du peuple juif dans le cadre d’une solution permanente ? Est-ce qu’il accepte de mettre fin à toutes ses revendications y compris celles du droit de retour ? "
"Les colonies ne sont pas un obstacle au règlement, car elles ne représentent que 5 % de la superficie de la Cisjordanie, alors pourquoi l’autorité palestinienne veux récupérer les terres, sans les colons ? Et si nous vivons ensemble nous devons en profiter mutuellement", a-t-il affirmé.
Traduit pour l’AFPS par Moncef Chahed
http://france-palestine.org/