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1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 00:40

 


Lundi 20 février 2012
logo GAICPaulette Dougherty-Martin appartient depuis de nombreuses années au Groupe d’amitié Islamo chrétienne (GAIC) où elle joue un rôle important lors des rencontres avec les groupes des pays européens engagés dans la Semaine des relations islamo chrétiennes ( Seric). Elle est également membre de l’atelier Israël-Palestine du GAIC. Ancienne journaliste au National Catholic Reporter où elle a couvert les évolutions en Terre sainte pour cette revue. Elle vient de publier aux éditions l’Harmattan un livre : « La terre sainte et le symbolisme de l’olivier » dans lequel elle propose une analyse théologique des notions comme « élection » « terre promise » « Jérusalem nouvelle » en s’appuyant, notamment, sur les écrits de Saint Paul.
 
On trouvera ci-après la transcription de l’exposé sur le conflit israélo-palestinien fait par Paulette lors d’une rencontre des réseaux en 2011, et qui a été publié dans le bulletin de ce réseau ( N° 125 automne 2011)
 
 
Le titre que j’avais choisi avant de venir m’a paru trop impersonnel, trop indirect dès que j’ai pris la température de la salle. J’ai préféré entrer aussitôt dans le cœur du sujet en empruntant le titre d’un des bulletins sur la table : Sortir du mensonge.
 
Ce mensonge fondateur, je l’ai respiré dans mon entourage newyorkais sans jamais le remettre en cause, pour des raisons que j’ai évoquées. Une terre sans peuple pour un Peuple sans terre, ce slogan publicitaire a encore cours aux USA ! Grâce au fait que les Palestiniens sous l’occupation ottomane n’étaient pas encore considérés comme une nation, on a réussi à gommer leur existence. Le fait que la nation américaine elle-même a été fondée par des colons anglais, révoltés contre la métropole britannique donne une connotation favorable aux mots “colonies” ou “colonisateur” qu’ils n’ont pas en français. Surtout, l’assimilation des “indigènes” de Terre sainte aux amérindiens des Amériques a contribué à les faire déconsidérer. Des films comme Exodus et des médias largement dominés par des intellectuels juifs ont largement contribué à la ferveur d’après-guerre qui voyait cette “résurrection” du Peuple juif après la Shoah comme la réalisation d’une promesse biblique. Chez une Amérique puritaine, imbue du mythe fondateur de son élection en vue d’une nouvelle “terre promise”, le nom même d’Israël avait une aura de sacré contribuant à un aveuglement collectif.
 
Tout cela explique que ce soient des fondamentalistes chrétiens, plus sionistes encore que les sionistes juifs, qui financent avec générosité de nouvelles colonisations en Israël, allant même à l’encontre de la politique officielle des Etats-Unis … Ceci en vue de rassembler tous les Juifs du monde en Terre sainte pour accélérer la venue du Messie.
 
Or, il est temps de dire ce qu’est le sionisme, comment il est né, il y a plus d’un siècle et ce qu’il dit de lui-même. Comme la plupart des gens, j’ai pensé que « l’anti-sionisme » était juste une nouvelle forme d’antisémitisme, (aidée en cela par la virulence de ceux qui dénonçaient le sionisme). J’avais en tête, d’ailleurs, l’image implantée d’un petit David juif faisant face à un Goliath arabe démesuré.
 
Or, que dit le sionisme de lui-même ? Que du fait de son élection avant tous les siècles, il ne peut cohabiter avec aucun autre peuple et donc, en vue de sa propre préservation et le bien de l’humanité entière, il lui revient d’éliminer de la terre du Grand Israël (Eretz Israël) tout occupant non-juif qui a le malheur d’y résider.
 
C’est cette idéologie, née de l’antisémitisme du XIXe siècle et codifiée par Théodore Herzl et les premiers sionistes sous le mandat britannique, qui s’est vue renflouée après-guerre suite à l’holocauste, avec le flot de rescapés des camps que les gouvernements européens encourageaient à s’installer sur cette terre qui est devenu l’État d’Israël, État reconnu par les Nations Unies en novembre 47 et agrandi encore avec la “Guerre des 6 jours” en 67 et l’occupation des “territoires” de Cisjordanie et de Gaza.
Ce qui a présidé aux nombreuses rencontres en vue de la fin de l’occupation et la signature d’un traité de paix établissant un État Palestinien, c’est bien plutôt un sionisme latent et le désir de s’approprier la terre que “l’absence d’un interlocuteur valable”, comme la propagande israélienne a voulu le faire croire. Avec le gouvernement Netanyahou actuel, c’est un sionisme ouvertement assumé qui ne tient plus aucun compte de l’opinion internationale, tellement il se sent fort, qui occupe la place. Peut-être est-ce une chance, un espoir de revirement ?
 
En résumé, le sionisme est une mystique de la terre, totalement athée au départ, qui surfe sur la nomenclature biblique pour se donner une légitimité. Elle perpétue un racisme inverse à celui du nazisme, et un colonialisme qui n’a plus droit de cité ailleurs dans le monde . Seul le Droit international doit être invoqué pour y mettre fin, tous les appels à une quelconque Autorité divine, de quelque bord que ce soit, n’étant que des manœuvres pour occulter les vérités qui se trouvent sur le terrain.
 
Le plus ironique et le plus étonnant c’est que Herzl lui-même comptait sur le fait que la plupart des habitants du territoire palestinien étaient de lointains descendants des hébreux d’origine et qu’ils se rallieraient donc à la cause sioniste, thèse que les “nouveaux historiens israéliens” renforcent en démontrant que les Juifs de la diaspora n’ont que rarement des antécédents hébraïques, la plupart étant issus de convertis des « nations ». La législation israélienne se trouve très embarrassée, d’ailleurs, lorsqu’il s’agit de définir la qualité de “juif” qui donne droit au “retour”.
 
Comment sortir de cet insupportable mensonge historique qui enflamme jusqu’aux confins du monde musulman, l’Indonésie, et qui est facteur de guerre partout au Moyen-Orient ? Comment rendre ses droits à un peuple spolié et humilié, mais qui résiste toujours ?
 
C’est sur cette question ouverte et toujours à vif que j’ai conclu mon exposé en distribuant deux documents qui, me semble-t-il, montrent l’urgence d’une prise de conscience. L’un, une conférence récente de Pierre Stamboul, membre de l’Union Juive Française pour la Paix, qui fait de son anti-sionisme militant une question d’honneur pour un Juif . L’autre, un texte écrit fin 2009 et cosigné par les représentants de 13 Églises palestiniennes, collectif appelé Kairos Palestine, et qui n’a été que peu écouté par les évêques catholiques de l’Église de France .
 
P. D-M.


http://www.chretiensdelamediterranee.com/categorie-11081418.html
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