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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 00:40
L’homme et son Uzi (1)

dimanche 21 octobre 2012

C’était ce jeune Israélien qu’avaient capturé des can­ni­bales. Ils le mirent dans le chaudron et s’apprêtaient à allumer le feu lorsqu’il exprima un dernier souhait : “S’il vous plaît, giflez moi !”
Lorsque le chef can­nibale s’exécuta, l’Israélien bondit, braqua son Uzi et faucha ses ravisseurs.
“Si tu avais l’Uzi tout le temps, pourquoi ne t’en es-​​tu pas servi avant ?” lui a-​​ton demandé.
“Je ne peux pas faire ça si je ne suis pas en colère,” a-​​t-​​il répondu.
Le débat de BARACK OBAMA me remet en mémoire cette plai­san­terie. Lors de la pre­mière confron­tation il était apa­thique et mou. Il désirait juste voir la fin de cette chose idiote.
Au cours du second débat c’était un autre homme. Éner­gique. Agressif. Décidé. Bref : en colère.
Lorsque la confron­tation a débuté il était 3 h du matin en Israël. J’aurais pu l’enregistrer pour la visionner plus tard. Mais j’étais inca­pable d’attendre. Ma curiosité l’a emporté.
Bien sûr, toute cette pres­tation est idiote. Il n’y a vraiment aucun rapport entre le talent de débatteur et l’aptitude à diriger une nation. Vous pouvez être un polé­miste hors pair et vous montrer inca­pable de mener une poli­tique rai­son­nable. Il suffit aux Israé­liens de regarder Ben­jamin Néta­nyahou. Vous pouvez être un diri­geant qui sait ce qu’il veut et vous montrer tota­lement inca­pable de vous exprimer. Yitzhak Rabin par exemple.
Pourtant des Amé­ri­cains tiennent à ce que leurs diri­geants fassent la preuve de leur capacité de débat­teurs comme une condition pour se faire élire. Cela me rap­pelle un peu l’un des combats sin­gu­liers de l’antiquité où chaque parti choi­sissait un champion puis les deux essayaient de tuer l’autre, au lieu d’une héca­tombe mutuelle. David et Goliath viennent à l’esprit. C’est cer­tai­nement plus humain.
CES ASSAUTS D’ÉLOQUENCE ne visaient pas la masse des élec­teurs. Comme on l’a dit pré­cé­demment, ils s’adressaient aux “indécis”, une classe par­ti­cu­lière de gens. La qua­li­fi­cation est sup­posée faire une sorte de dis­tinction. Pour moi cela repré­sente davantage une expression de mépris. Si vous n’avez pas encore fait votre choix trois semaines avant que le gong ne résonne, y-​​a-​​t-​​il lieu de se vanter ?
À ce stade du jeu, les deux can­didats doivent se montrer très attentifs à n’agresser per­sonne. Ce qui signifie, natu­rel­lement, qu’ils ne peuvent pas se per­mettre de pré­senter sur quoi que ce soit une position claire, tranchée, sauf sur la maternité et la tarte aux pommes – ou, en Israël, sur le sio­nisme et les bou­lettes de poisson.
Vous devez faire attention à toute idée nou­velle. À Dieu ne plaise. Les nou­velles idées sus­citent des ennemis. Vous pouvez séduire de nou­veaux élec­teurs, mais il est très pro­bable que vous allez en éloigner beaucoup plus. L’astuce consiste à exprimer des géné­ra­lités avec vigueur.
Le port d’arme, par exemple. Les armes tuent. De façon tout à fait confi­den­tielle, je pourrais vous révéler que c’est dans ce but même que les armes sont pro­duites. Puisque vous ne risquez pas d’être kid­nappés par des can­ni­bales, pourquoi, pour l’amour de Dieu, garder un Uzi dans votre placard ? Pour éloigner les Méchants Indiens ?
Pourtant même Obama a évité le sujet. Il n’a pas osé non plus for­muler une exi­gence absolue de mettre fin à ce fléau. On ne se frotte pas au lobby des armes. C’est presque comme le lobby pro-​​israélien. Mitt Romney a évoqué sa ten­tative de réunir les gens pro-​​armes et anti-​​armes pour élaborer un com­promis. Par exemple : au lieu d’avoir dix enfants par an qui tirent sur leurs condis­ciples avec des fusils d’assaut, n’en avoir que cinq.
JE DOIS admettre que je n’ai pas tout à fait compris l’âpre que­relle à propos de l’incident de Ben­ghazi. Peut-​​être faut-​​il un esprit amé­ricain pour la com­prendre. Ma tête israé­lienne pri­mitive n’en est tout sim­plement pas capable.
S’agissait-il d’une simple attaque ter­ro­riste ou les ter­ro­ristes ont-​​ils utilisé un ras­sem­blement de pro­tes­tation comme cou­verture ? Pourquoi diable cela a-​​t-​​il de l’importance ? Pourquoi le Pré­sident se serait-​​il pré­occupé de fal­sifier le tableau de telle ou telle façon ? Les Israé­liens savent depuis long­temps qu’après une ten­tative de sau­vetage mal pré­parée, les ser­vices de sécurité mentent tou­jours. C’est dans leur nature. Aucun pré­sident ne peut changer cela.
L’idée qu’un pays peut pro­téger ses cen­taines d’ambassades et de consulats dans le monde contre tous les types d’attaques pos­sibles est puérile. En par­ti­culier si vous rogner son budget de sécurité.
En dehors de ces ques­tions par­ti­cu­lières, les deux can­didats ont parlé de géné­ra­lités. Fore chéri, fore ! (2) Mais n’oublie pas le soleil et le vent. Les jeunes doivent pouvoir accéder à l’enseignement supé­rieur. Puis béné­ficier ensuite d’un emploi bien rémunéré. On doit montrer aux Chinois sournois qui est le patron. Le chômage est mauvais et devrait être aboli. Les classes moyennes doivent être protégées.
Il sem­blerait que les classes moyennes (aux États-​​Unis comme en Israël) repré­sentent la totalité de la popu­lation. On peut se demander de quoi elles sont la moyenne. On a de la peine à entendre parler de quelqu’un plus bas ou plus haut dans l’échelle.
Bref, les deux can­didats ont beaucoup insisté sur les énormes dif­fé­rences entre eux, mais ont montré une simi­litude suspecte.
À PART leur couleur de peau, bien sûr. Mais osons nous en faire état ? Pas si nous voulons être poli­ti­quement cor­rects. Le fait le plus évident de la cam­pagne en est aussi le secret le plus profond.
Je ne peux pas le prouver, mais mon sen­timent est que la race joue un rôle beaucoup plus important dans ces élec­tions que qui­conque soit prêt à admettre.
Dans les débats pré­si­den­tiels, on ne peut éluder le fait que l’un des can­didats est blanc et que l’autre est noir. L’un est un WASP (les Mormons sont-​​il pro­tes­tants ?), l’autre est à moitié noir. La dif­fé­rence est encore plus frap­pante avec les deux épouses. On ne saurait être plus blanche que Ann, ou plus noire que Michelle.
Ne pas men­tionner ces faits ne les fait pas dis­pa­raître. Ils sont là. Ils jouent cer­tai­nement un rôle dans l’esprit de beaucoup de gens, de façon peut-​​être inconsciente.
On peut seulement s’émerveiller que, d’abord, Barack Hussein Obama ait été élu. Cela fait appa­raître le peuple amé­ricain sous le meilleur jour. Mais cela va-​​t-​​il se repro­duire cette fois ? Je ne sais pas.
DÈS le début, j’ai senti qu’Obama allait l’emporter dans ce débat. Et il l’a emporté.
Dans un article pré­cédent, j’ai dit que j’avais beaucoup de doutes concernant Obama. Un lecteur furieux m’a demandé quels étaient ces doutes. Eh bien, Obama a cédé au pro­gramme anti-​​paix de Néta­nyahou. Après quelques modestes ten­ta­tives pour amener Néta­nyahou à inter­rompre la construction de colonies, Obama s’est tu.
Obama doit assumer sa part de res­pon­sa­bilité dans le gas­pillage de quatre années pré­cieuses, au cours des­quelles des dom­mages graves, peut-​​être irré­ver­sibles, ont été causés à la paix israélo-​​palestinienne. Des colonies ont été déve­loppées à un rythme effréné, l’occupation s’est enra­cinée encore plus pro­fon­dément, la solution à deux États – la seule qui existe – a été sérieu­sement compromise.
Le Prin­temps arabe, qui aurait pu si faci­lement constituer un nouveau départ pour la paix au Moyen Orient a été gâché. L’initiative de paix arabe, qui était sur la table depuis des années, est tou­jours là, comme une fleur fanée.
L’inertie amé­ri­caine sur ce pro­blème a appro­fondi le désespoir des forces de paix israé­liennes à la veille de nos propres élec­tions, évacuant en même temps l’idée de paix du dis­cours public.
D’un autre côté, Obama a empêché Néta­nyahou de se lancer dans une guerre désas­treuse. Il se peut qu’il ait sauvé la vie de cen­taines, et même de mil­liers d’êtres humains, israé­liens et ira­niens, et peut-​​être en fin de compte amé­ri­cains. Rien que pour cela, nous devons être pro­fon­dément reconnaissants.
J’ESPÈRE qu’Obama va rem­porter les élec­tions. Ou, plutôt, que ce ne soit pas l’autre per­sonnage. Comme nous disons en hébreu, tiré du livre d’Esther : « Pas pour l’amour de Mor­dechai, mais pour la haine de Haman ».
(Je suis tenté de citer une nou­velle fois la vieille plai­san­terie juive sur le riche avare du shtetl, dont per­sonne ne voulait pro­noncer l’éloge funèbre comme cela devait se faire lors de sa mort. À la fin, quelqu’un s’est levé pour dire : “Nous savons tous qu’il était mesquin, vicieux et avare, mais comparé à son fils c’était un ange.”)
C’est, natu­rel­lement, une énorme exa­gé­ration. J’ai beaucoup de réelle sym­pathie pour Obama. Je pense qu’il est fon­da­men­ta­lement honnête et que ses inten­tions sont bonnes. Je sou­haite sa réélection, et pas seulement parce que son concurrent est tel­lement inquiétant.
SI OBAMA est élu, à quoi res­sem­blera son second mandat, pour ce qui nous concerne ?
Il y a tou­jours le vague espoir qu’un pré­sident, au cours de son second mandat, soit moins soumis au lobby “pro-Israël” – qui est en réalité un lobby anti-​​Israël nous conduisant vers un désastre national.
Après sa réélection, le pré­sident du second mandat sera débar­rassé de son souci concernant le lobby, ses élec­teurs et son argent. Pas tout à fait, bien sûr. Il faudra encore qu’il se pré­occupe des élec­tions de mi-​​mandat au Congrès et du sort de son parti pour les pro­chaines élec­tions présidentielles.
Cependant, il aura beaucoup plus de liberté de manœuvre. Il sera en mesure de faire beaucoup plus pour la paix et pour modifier le visage du Moyen Orient.
Comme disent nos cousins arabes : Inch Allah – Si Dieu le veut.
(1) NDT : L’Uzi est le fusil qui équipe les militaires israéliens.
(2) NDT : La phrase anglaise « Drill, baby, drill ! », qui peut être tra­duite en français par « Fore, chéri, fore ! », est un slogan de cam­pagne du parti répu­blicain pendant l’élection pré­si­den­tielle de 2008 aux États-​​Unis. Ce slogan exprime le soutien de ce parti à l’intensification des forages pétro­liers en vue d’augmenter les res­sources en énergie. (Wikipedia)

 


http://www.france-palestine.org/L-homme-et-son-Uzi-1

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