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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 00:50


 
 
- le 18 Mars 2011

Éditorial par Jean-Emmanuel Ducoin

Une nouvelle guerre ?

 

 

Comment venir en aide aux insurgés libyens en dépassant la simple indignation morale mais sans pour autant déclencher une énième guerre absurde et mortifère pour tous, à commencer par les peuples arabes eux-mêmes ? Face à ce questionnement cornélien que tout internationaliste et citoyen du monde portait en lui confusément depuis des jours et des jours, sans qu’aucune solution satisfaisante ne puisse être apportée véritablement par les acteurs du drame qui se joue en Libye, le Conseil de sécurité de l’ONU vient donc de répondre à sa manière en adoptant une résolution qui autorise le recours à la force contre l'armée de Mouammar Kadhafi. Des frappes aériennes. Que l’on qualifiera sans doute, dans les heures qui viennent, de « chirurgicales »
  
Malgré les propositions de « cessez le feu » déjà lancées par un Kadhafi que l’on imagine aux abois, sommes-nous officiellement en guerre ? Une de plus ? Bien que le « cadre » de l’intervention semble pour l’instant limité et qu’une issue diplomatique de dernière minute ne soit pas totalement exclue, une question nous hante néanmoins : le Conseil de Sécurité prend-il le risque d'un engrenage en s'inscrivant ainsi dans une logique guerrière aux conséquences hasardeuses ? En ce domaine, l’histoire contemporaine nous incite à la plus grande prudence… Tâchons de ne pas avoir la mémoire courte, car aujourd’hui seul le sort des Libyens doit nous importer, tout comme l’avenir d’une région en légitime révolte. Nous connaissons parfaitement bien les dangers potentiels et concrets des guerres, nous connaissons aussi par avance ce que signifierait une mise sous tutelle des révolutions arabes : ce serait un signe catastrophique donné à tous les peuples en voie d’émancipation…
  
Avec un réel sentiment de colère, nous regardions comme tous le sort tragique réservé par Kadhafi à sa population, et singulièrement aux insurgés, massacrés les uns après les autres, bastion après bastion. Nous savions que l’homme de Tripoli, enfoncé dans sa propre folie, était capable du pire pour se maintenir au pouvoir et en vie (politique), et qu’il utiliserait tous les moyens militaires encore à sa disposition pour renverser la révolution en cours jusqu’à faire saigner Benghazi, symbole des symboles.
 
Beaucoup de commentateurs, évoquant le précédent lointain mais toujours poignant de la guerre d'Espagne, disent aujourd’hui : « Il était temps. » En effet, depuis cette résolution votée à l’ONU, dont les principaux instigateurs furent la France et la Grande Bretagne, le flot discontinu de commentaires pour dire « enfin ! » semble ensevelir les éventuelles réserves que tout observateur quelque peu dialecticien se doit pourtant d’observer. Devrait-on se montrer dupes des tours de passe-passe diplomatiques qui ont émaillé le drame libyen depuis plusieurs jours ? Par exemple, pourquoi les Etats-Unis ont-ils finalement accepté de voter cette résolution, alors que, depuis le début, ils ont ouvertement maintenu deux fers au feu comme s’il s’agissait avant tout de protéger leurs intérêts et surtout pas de mettre en œuvre toutes les possibilités d'aides directes ou indirectes (les États arabes) envers la rébellion libyenne ? Pourquoi avoir laissé pourrir la situation ?
 
Ainsi, ceux qui bombardent en Afghanistan ou en Irak, voudraient cette fois « protéger » la Libye. Autrement dit, ceux qui n’ont pas levé le petit doigt quand Israël massacrait Gaza, ou, il y a quelques jours et quelques heures encore, quand on écrasait les insurgés au Bahreïn avec l’appui de troupes saoudiennes, veulent nous faire croire qu’ils se prennent tout à coup d'un amour immense pour les peuples arabes !

Jean-Emmanuel Ducoin

 

 

http://humanite.fr/18_03_2011-edito

 

 

Les articles et autres textes publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient (CJPP5), qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections. 

 

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commentaires

H
<br /> 150% d'accord : Remake de 1991, guerre du Golfe...<br /> <br /> « La Vie » en 1991, avant la guerre du Golfe, était presque le seul titre de presse à s'opposer à cette invasion. Seul titre à présenter sans relâche la Diplomatie Papale qui rejetait fermement<br /> cette grossière manipulation. Tous les autres titres, excepté l'Huma, TC, le Monde Diplo, Politis et quelques autres moins connus, "s'embedaient" colonne par trois dans les rangs des<br /> va-t-en-guerre, avec Marek Halter ou Simone VEIL comme éclaireurs de pointe ou sergents recruteurs qui rameutaient à la "guerre juste". Il, elle roulaient pour qui?<br /> Alors on minimisait l'attitude du Vatican en condescendant: "bien sûr, le Pape ne peut qu'être que contre les guerres ! ". Mais à l'évidence, le Pape voyait plus loin, et n'avait-il pas pleinement<br /> raison ? : avant cette guerre là, en Irak, les communautés ethniques et surtout religieuses vivaient dans une harmonie relative certes, mais bien réelle, surtout entre chrétiens et musulmans.<br /> Aujourd'hui c'est la pagaille organisée, un pays volontairement, méthodiquement mis en chaos pour la tranquillité supposée d'un Israël déjà et toujours hélas plus occupant, mais auto- proclamé<br /> Rempart de l'Occident. L'Irak était une grande nation: que voit-on maintenant: zizanie, haine, vols, morcellements ethniques et surtout religieux, et toutes dégradations et divisions qui font le<br /> bonheur de ceux qui ont en dessein de reformater toute la région selon les plans des conseillers américains depuis Bush. Ah, non ! Vous exagérez: C'était des préoccupations, des exigences, des<br /> devoirs humanitaires! Il fallait chasser l'ex-ami devenu ambitieux, récalcitrant, décidemment encombrant: il fallait le diaboliser. (D'où les bobards: entre autres, le très long canon que Saddam<br /> faisait construire).<br /> Je me souviens: dérisoire Sancho Panza, j'avais acheté un nombre inhabituel du n° 2373 de LA VIE, semaine du 21 au 27/2/91, pour porter, proclamer à mon entourage- une fois n'est pas coutume- la<br /> bonne parole vaticane ! Et tâcher d'en convaincre le plus grand nombre. Combat perdu d'avance. La guerre était un choix délibéré dans l'esprit et l'opinion de chacun. Car qui ne pouvait pas<br /> pressentir les véritables mobiles sous les prétextes humanitaires toujours mis en avant dans ces situations provoquées et pourries à souhait !<br /> Aujourd'hui, ne sommes-nous pas dans une position comparable: mais cette fois, pour se prémunir de toute critique, les premiers couteaux des va-t-en-guerre prennent soin de ne pas d'emblée se<br /> mettre en avant: ils postent leurs commis en premières lignes : on fait d'abord donner du BHL télévisuel, direct commis-voyageur et porte- étendard des premiers, qui transmet au Président français<br /> en recherche de popularité (et en blanchiment de la carpette rouge qu’il déroula pour l'éminent campeur du Marigny), qui se charge avec une ardeur fringante de réunir les autres couteaux européens,<br /> une ligue arabe déconfite et troublée, puis un petit canif arabe porté volontaire, et enfin le premier couteau qui, en la personne d'Hillary Clinton, peut alors apparaître, épanouie, rayonnante sur<br /> le seuil de l'Elysée. Cette fois, avec la bénédiction d'une ONU quasi-amnésique, La guerre juste est lancée. Les images TV se succèdent utilisant même au profit de la Thèse un avion isolé qui se<br /> "crashe" et dont on affirme qu'il est de Kadhafi, alors qu'il serait une récupe des insurgés. Les images sont en service commandé. Quand bien même Khadafi cesserait le feu (il l'a déjà annoncé,<br /> mais...) il faudra coûte que coûte justifier la poursuite de l'écrasement, car l'objectif bien sûr, n'est pas humanitaire, mais tout simplement le même que toujours: L’intérêt occidental, ou<br /> supposé tel à court terme: le pétrole qui rend les guerres justes, et les reformatages qui libèrent les peuples!<br /> Et cette fois chacun s'y retrouve, de la drôle de gauche à la drôle de droite (les élections proches obligeant ralliements et reniements !) Drôle de guerre...<br /> Alors cette fois je sais qu'il ne sert pas à grand chose de prendre son bâton de pèlerin, ou de charger son âne de paperasses, fussent-elles même des numéros de "la Vie", car du Vatican, on<br /> n'entend plus distinctement le même son de cloche. C'est vrai qu'en vieillissant on devient un peu sourd.<br /> <br /> GH<br /> <br /> <br />
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H
<br /> « La Vie » en 1991, avant la guerre du Golfe, était presque le seul titre de presse à s'opposer à cette invasion. Seul titre à présenter sans relâche la Diplomatie Papale qui rejetait fermement<br /> cette grossière manipulation. Tous les autres titres, excepté l'Huma, TC, le Monde Diplo, Politis et quelques autres moins connus, "s'embedaient" colonne par trois dans les rangs des<br /> va-t-en-guerre, avec Marek Halter ou Simone VEIL comme éclaireurs de pointe ou sergents recruteurs qui rameutaient à la "guerre juste". Il, elle roulaient pour qui?<br /> Alors on minimisait l'attitude du Vatican en condescendant: "bien sûr, le Pape ne peut qu'être que contre les guerres ! ". Mais à l'évidence, le Pape voyait plus loin, et n'avait-il pas pleinement<br /> raison ? : avant cette guerre là, en Irak, les communautés ethniques et surtout religieuses vivaient dans une harmonie relative certes, mais bien réelle, surtout entre chrétiens et musulmans.<br /> Aujourd'hui c'est la pagaille organisée, un pays volontairement, méthodiquement mis en chaos pour la tranquillité supposée d'un Israël déjà et toujours hélas plus occupant, mais auto- proclamé<br /> Rempart de l'Occident. L'Irak était une grande nation: que voit-on maintenant: zizanie, haine, vols, morcellements ethniques et surtout religieux, et toutes dégradations et divisions qui font le<br /> bonheur de ceux qui ont en dessein de reformater toute la région selon les plans des conseillers américains depuis Bush. Ah, non ! Vous exagérez: C'était des préoccupations, des exigences, des<br /> devoirs humanitaires! Il fallait chasser l'ex-ami devenu ambitieux, récalcitrant, décidemment encombrant: il fallait le diaboliser. (D'où les bobards: entre autres, le très long canon que Saddam<br /> faisait construire).<br /> Je me souviens: dérisoire Sancho Panza, j'avais acheté un nombre inhabituel du n° 2373 de LA VIE, semaine du 21 au 27/2/91, pour porter, proclamer à mon entourage- une fois n'est pas coutume- la<br /> bonne parole vaticane ! Et tâcher d'en convaincre le plus grand nombre. Combat perdu d'avance. La guerre était un choix délibéré dans l'esprit et l'opinion de chacun. Car qui ne pouvait pas<br /> pressentir les véritables mobiles sous les prétextes humanitaires toujours mis en avant dans ces situations provoquées et pourries à souhait !<br /> Aujourd'hui, ne sommes-nous pas dans une position comparable: mais cette fois, pour se prémunir de toute critique, les premiers couteaux des va-t-en-guerre prennent soin de ne pas d'emblée se<br /> mettre en avant: ils postent leurs commis en premières lignes : on fait d'abord donner du BHL télévisuel, direct commis-voyageur et porte- étendard des premiers, qui transmet au Président français<br /> en recherche de popularité (et en blanchiment de l'accueil qu'il réserva à l'éminent campeur du Marigny), qui se charge avec une ardeur fringante de réunir les autres couteaux européens, une ligue<br /> arabe déconfite et troublée, puis un petit canif arabe porté volontaire, et enfin le premier couteau qui, en la personne d'Hlllary Clinton, peut alors apparaître, épanouie, rayonnante sur le seuil<br /> de l'Elysée. Cette fois, avec la bénédiction d'une ONU quasi-amnésique, La guerre juste est lancée. Les images TV se succèdent utilisant même au profit de la Thèse un avion isolé qui se "crashe" et<br /> dont on affirme qu'il est de Kadhafi, alors qu'il serait une récupe des insurgés. Les images sont en service commandé. Quand bien même Khadafi cesserait le feu (il l'a déjà annoncé, mais...) il<br /> faudra coûte que coûte justifier la poursuite de l'écrasement, car l'objectif bien sûr, n'est pas humanitaire, mais tout simplement le même que toujours: L’intérêt occidental, ou supposé tel à<br /> court terme: le pétrole qui rend les guerres justes, et les reformatages qui libèrent les peuples!<br /> Et cette fois chacun s'y retrouve, de la drôle de gauche à la drôle de droite (les élections proches obligeant ralliements et reniements !) Drôle de guerre...<br /> Alors cette fois je sais qu'il ne sert pas à grand chose de prendre son bâton de pèlerin, ou de charger son âne de paperasses, fussent-elles même des numéros de "la Vie", car du Vatican, on<br /> n'entend plus distinctement le même son de cloche. C'est vrai qu'en vieillissant on devient un peu sourd.<br /> <br /> GH<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Vous savez, bien sûr que Jean-Paul II est en voie de béatification ?<br /> <br /> <br /> <br />