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L’opposition syrienne dans l’embarras après l’appel de Zawahiri

12/04/2013

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Les Comités locaux de coordination (LCC), une des principales composantes de la rébellion syrienne, a rejeté hier l’appel du chef d’el-Qaëda à établir un État islamique en Syrie au moment où les jihadistes du Front al-Nosra, très présents sur le terrain, viennent de prêter allégeance à Ayman el-Zawahiri. « Nous condamnons cette flagrante immixtion dans les affaires intérieures syriennes et nous réaffirmons que seuls les Syriens décideront de l’avenir de leur pays », indique dans un communiqué ce mouvement qui regroupe des militants pacifistes de différentes tendances politiques.

Les LCC « rappellent que la révolution a été lancée pour instaurer la liberté, la justice et un État démocratique, pluraliste et civil ». « Notre rêve après le renversement de ce régime fasciste est d’établir un régime basé sur les libertés publiques, les droits de l’homme et l’égalité politique entre les citoyens », ajoutent-ils. « Nous voulons une république dans laquelle tous ses membres jouiront des mêmes droits et des mêmes devoirs selon le principe de la citoyenneté. Personne n’aura le droit de s’en prendre à un citoyen en raison de sa religion, sa confession et son ethnie », insistent les LCC.

Dans un message sonore mis en ligne dimanche sur des sites islamistes, le numéro un d’el-Qaëda avait lancé aux rebelles : « Déployez tous vos efforts pour que le fruit de votre jihad soit, avec la volonté de Dieu, un État islamique jihadiste (...), une étape sur la voie du rétablissement du califat islamique. »

Le chef de l’opposition syrienne, Ahmad Moaz al-Khatib, a également rejeté les propos du chef d’el-Qaëda. « La pensée d’el-Qaëda ne nous sied pas et les révolutionnaires en Syrie doivent prendre une position claire sur ce sujet », a-t-il assuré sur sa page Facebook. M. Khatib, un ancien prêcheur du vendredi, a également rejeté le parrainage d’al-Nosra par el-Qaëda en Irak. « Certains cherchent à imposer leurs vues sur le Front al-Nosra. Nous rejetons une quelconque tutelle sur n’importe quel groupe révolutionnaire en Syrie », dit-il.

Le Front al-Nosra est devenu au fil des mois une composante essentielle dans la lutte armée contre le régime de Bachar el-Assad, grâce à une organisation solide et un financement étranger occulte.

 

(Pour mémoire: « Le Front al-Nosra a toujours été clair sur ses intentions : il veut un califat »)

« Liste noire »
Son influence est même devenue telle que le régime syrien a appelé hier le Conseil de sécurité de l’ONU à sanctionner le groupe, de le classer sur sa « liste noire » des entités et individus liés à el-Qaëda. La demande formulée par le ministère des Affaires étrangères fait référence aux résolutions 1267 et 1989 qui prévoient des sanctions comme un gel des avoirs, une interdiction de voyager et un embargo sur les armes et qui comprennent actuellement 64 entités et 227 individus. Pour le quotidien proche du pouvoir al-Watan, l’adhésion d’al-Nosra à el-Qaëda conforte la thèse du régime et montre que la révolte n’a été qu’un « leurre ». Les Affaires étrangères syriennes ont aussi demandé au Conseil de sécurité de faire pression sur « les États qui soutiennent le terrorisme en Syrie pour qu’ils cessent leurs activités illégales », en référence notamment à la Turquie, à l’Arabie saoudite et au Qatar. D’ailleurs, à ce niveau, le ministère syrien de l’Économie et du Commerce extérieur projette de fonder « un bureau de boycottage des usines turques » ayant contribué à « saboter l’économie nationale », ont indiqué al-Watan et un responsable syrien.

Par ailleurs, la télévision d’État syrienne a confirmé, après avoir démenti, la véracité d’une vidéo sur l’attentat qui a coûté la vie à un haut dignitaire religieux prorégime en mars. Fait unique, la télévision s’est « excusée » pour avoir démenti l’authenticité de cette vidéo relayée sur Internet cette semaine et qui montre cheikh Mohammad Saïd Ramadan el-Bouti, le plus célèbre dignitaire religieux sunnite prorégime de Syrie, au moment de l’explosion du 21 mars dans une mosquée à Damas.

 

(Lire aussi : Une charge explosive d’al-Nosra destinée au Hezbollah ?)

Un assaut fait 57 morts
Sur le terrain, les combats entre rebelles et soldats continuent de tuer. Dans le Sud, au moins 57 personnes ont péri dans un assaut de l’armée contre deux villages de la province de Deraa, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Il s’agit de 16 rebelles, 12 soldats et 29 civils dont sept femmes et six enfants. Selon l’OSDH, « dix soldats avaient déserté mardi un important poste militaire voisin et s’étaient cachés dans les deux villages. Le lendemain, l’armée a lancé l’assaut ». Et un hélicoptère transportant des provisions pour les militaires assiégés dans le camp de Wadi Deif, près de Maaret el-Noomane, a été abattu et ses quatre passagers tués, selon l’OSDH qui a mis en ligne une vidéo.

Enfin, un haut responsable irakien a annoncé hier que Bagdad avait fouillé dans la nuit, et pour la troisième fois en trois jours, un avion cargo iranien à destination de Damas qui traversait son espace aérien.

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