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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 00:40
actu-match | mardi 1 janvier 2013
Saeed Amireh. Le révolutionnaire aux mains nues
 


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A 21 ans, Saeed Amireh s'est engagé contre la colonisation des terres de son village de Cisjordanie. Sans armes ni violence, cet adepte de Nelson Mandela manifeste avec les siens contre l’occupation. ParisMatch.com l’a rencontré.

Clémentine Rebillat - Parismatch.com

Saeed Amireh sort à peine de l’adolescence mais il a déjà perdu son innocence. Alors que la plupart des jeunes de son âge pensent encore à s’amuser et à profiter de l’insouciance que leur confère leur âge, lui s’engage et lutte tous les jours pour la liberté. Son discours est grave, intense. Il faut dire qu’à 21 ans, ce garçon calme et posé a déjà vécu tant d’événements traumatisants. Depuis son plus jeune âge, Ni’lin, le village de Cisjordanie dans lequel il vit est occupé par les colons israéliens. Situé à 17 kilomètres de Ramallah, la bourgade qui possédait auparavant 5800 hectares de terres n’en dispose aujourd’hui plus que de 800. La population diminue tandis que les constructions, elles, se multiplient. Un mur de ciment a été construit tout autour de la ville et un tunnel que les habitants devront emprunter pour entrer et sortir de Ni’lin entre 6 heures et 18 heures sera prochainement terminé.
Face à cette occupation, les habitants ont choisi de résister. Mais pas avec les armes. Tous les vendredis, ils se réunissent et manifestent pacifiquement. Saeed, lui, aime filmer ces scènes et les mettre sur Internet. «Notre caméra est notre témoin», explique-t-il à ParisMatch.com. «Quand je raconte aux gens notre histoire, que je leur montre mes images, ils sont choqués, poursuit-il. Ils n’entendent pas tout ça aux informations. Toutefois, notre but lorsqu’on parle n’est pas de faire pleurer les gens mais de les informer pour les encourager à agir pour nous.» Et peu importe si les manifestations sont interdites dans le village et si les participants peuvent être arrêtés à tout moment. «Il n’y a pas de liberté sans contrepartie», assure le jeune homme.

Emprisonné quatre mois et demi

Saeed sait bien de quoi il parle. A 17 ans, alors qu’il était sur le point de passer son bac, il a été condamné à quatre mois et demi de prison pour avoir participé à une manifestation illégale. «C’était une punition, comme si on voulait détruire mon futur», se souvient-il. Mais il ne s’est pas laissé abattre. A sa sortie, il s’est inscrit à l’école des Nations unies à Ramallah où il a étudié la pla­ni­fi­cation et la construction urbaine. Malheureusement pour lui, il a une nouvelle fois dû suspendre ses études après l’arrestation de son père, considéré comme l’un des organisateurs majeurs des manifestations. «Je devais m’occuper de ma famille, confie-t-il. Ils pensent qu’en nous arrêtant, cela va détruire notre mouvement». Mais la mobilisation ne s’essouffle pas. Le village a souvent reçu le soutien d’Israéliens anticolonialistes, eux aussi arrêtés.
Pour Saeed, rien n’est plus important que de faire connaitre son mouvement. Pour cela, il a décidé, avec d’autres membres du village, de créer un «centre de médias dans le village avec des caméras, des ordinateurs, du matériel pour filmer et mettre en ligne ce que l’on voit». Son but? «Créer un leadership palestinien» pour mettre la pression aux autorités. Afin de récolter des fonds pour mettre en place son projet, il parcourt l’Europe et raconte son histoire. «J’ai par exemple été invité en Suède par le Parlement», dit-il fièrement. «Il y a bien sûr des risques quand je reviens sur place mais je ne suis pas le seul à me battre. Il n’est pas question que de moi mais de toute notre génération qui doit se battre peu importe ce qui arrive».

"Je n’ai pas peur d’être tué"

Saeed l’assure: il n’a pas peur. «Que peuvent-ils me faire de plus? Me tuer? Je n’ai pas peur d’être tué.» Il faut dire que plus jeune, le militant a vu la mort de près, lorsqu’un petit garçon, accusé d'avoir menacé un soldat, a été tué près de lui. «Ahmed avait dix ans et il a reçu une balle dans la tête. Moi j’avais 16 ans et il était à un mètre de moi. Je l’ai porté pour le conduire à une ambulance et il saignait, il mourrait. Son cerveau a commencé à sortir de son crane… C’était tellement choquant pour moi», raconte-t-il tout en montrant la photo du petit garçon allongé au sol.
«Nous sommes prêts à donner notre sang», affirme celui qui puise son inspiration dans les actions de «Mandela, Luther King, Steve Biko, Gandhi…». «J’aime citer Mandela qui disait: "Notre marche vers la liberté est irréversible". On ne doit pas laisser nos peurs se dresser sur notre chemin», poursuit-il. Saeed et les autres villageois de Ni’lin n’ont donc pas l’intention de baisser les bras, fidèles à leur devise piquée à Steve Biko: «Il vaut mieux mourir pour une idée qui va vivre, que vivre pour une idée qui va mourir». Point final


http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/Saeed-Amireh.-Le-revolutionnaire-aux-mains-nues-454779/

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