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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 00:05


BOYCOTTER L'APARTHEID ISRAELIEN
Michel Warschawski, Alternative Information Center, Jérusalem
Avril 2010

Après la victoire sur l'hitlérisme, la communauté internationale s'est dotée d'un code pénal international, partant du principe que dès lors qu'il y avait crimes de guerre et crimes contre l'humanité, les Etats ne pouvaient se prévaloir du principe de souveraineté nationale, et que la communauté internationale dans son ensemble était responsable de l'application du droit là ou un Etat était responsable de crimes de ce genre. La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, les Conventions de Genève, et, au cours des années cinquante à quatre-
vingt-dix, des dizaines de résolutions votées par l'Assemblée Générale des Nations Unies légiférant le Droit et les droits fondamentaux ont marqué un grand pas en avant de l'Humanité dans la codification des libertés individuelles et collectives.
 
La communauté internationale a même reconnu son devoir d'ingérence pour mettre fin à des violations graves du droit international.

L'apartheid ayant été reconnu comme illégal, cette même communauté
internationale avait pris la décision de sanctionner le régime de Pretoria, et de mettre en oeuvre une pratique de boycott contre l'Afrique du Sud, ainsi que contre ses compagnies financières et commerciales et ses institutions civiles.
L'Etat dIsraël viole systématiquement les normes impératives du droit
international ainsi que des dizaines de résolutions des Nations Unies y compris les quelques rares résolutions du Conseil de Sécurité ayant été épargnées par le veto états-unien, et ce depuis sa création. Il suffit de mentionner les résolutions concernant le droit au retour des refugiés, expulsés entre 1947 et 1949.

Si la communauté internationale était régie par le droit international, il y a des décennies que l'Etat dIsraël aurait été sanctionné pour ses innombrables atteintes à ce droit. Le problème étant, évidemment, que l'application de ce droit est à géométrie variable, fonction des rapports de forces internationaux : on sanctionne l'Iraq pour son invasion du Koweit, on ne sanctionne pas Israël pour sa politique coloniale.

Il y a quelques mois, la commission internationale mise en place par les Nations Unies et dirigée par le juge Goldstone pour enquêter sur d'éventuels crimes de guerre commis par larmée israélienne dans la Bande de Gaza, a soumis ses conclusions au Secrétaire Général des Nations Unies, et celles-ci sont d'une gravité extrême. De nombreux crimes de guerre ont été commis a Gaza, voire, des crimes contre l'humanité, a conclu la commission Goldstone, recommandant des sanctions et l'ouverture de procédures légales contre les dirigeants israéliens et les chefs militaires impliqués dans lagression de la Bande de Gaza.
Pourtant, malgré la gravité des crimes et en dépit de l'émotion internationale face aux images intenables retransmises par les médias à travers le monde entier, il est peu vraisemblable que l'Etat dIsraël et ses dirigeants soient sanctionnés pour leurs crimes. Doù l'importance d'une mobilisation citoyenne autour de lappel BDS lancé il y a cinq ans déjà par l'ensemble des mouvements sociaux et politiques palestiniens. Inspiré par le précédent sud-africain, cet appel exige des sanctions politiques et économiques contre Israël (S) tant que celui-ci refuse de respecter les normes du droit international, des mesures de désinvestissement de compagnies israéliennes ou liées à la politique coloniale israélienne (D) et un boycott (B) citoyen accompagné d'une campagne politique exigeant de la communauté internationale qu'elle prenne ses responsabilités pour faire appliquer le droit.

La campagne BDS a fait un bond en avant à la suite des massacres de Gaza et peut dores et déjà inscrire à son palmarès plusieurs victoires significatives, la dernière en date étant la décision du Sénat des étudiants de lUniversité de Berkeley d'exiger le retrait de fonds de l'université investis dans des capitaux de compagnies liées à l'occupation israélienne.
A cette étape, l'efficacité de la campagne ne doit pas encore se mesurer en termes de dommages économiques, qui sont encore limités, mais de l'impact sur les opinions publiques. Opinion publique internationale qui commence à se libérer de tabous liés à l'Etat Juif et exige de plus en plus que soit mis fin à son impunité. Opinion publique israélienne aussi qui commence à ressentir les effets de la campagne BDS, et à être gênée par une mise au ban de plus en plus visible à travers le monde. Même l'Autorité Palestinienne, qui, pendant troplongtemps, semblait indifférente à cette campagne vient de prendre des mesures, certes limitées, de boycott envers des produits israéliens.
Confrontée à l'infamante accusation d'antisémitisme, la campagne BDS peut s'appuyer sur « Boycott de l'Intérieur », rassemblement de militantes et militants israéliens visant à soutenir, de l'intérieur de la société israélienne, les initiatives de boycott et de sanctions, en affirmant clairement que ce n'est qu'avec de fortes pressions internationales que l'opinion publique israélienne pourra prendre conscience des méfaits de la colonisation et de l'occupation militaire.

Il a fallu deux décennies avant que la campagne de boycott contre l'apartheid en Afrique du Sud ait pu se targuer de résultats tangibles.  Au vu des succès déjà obtenus, nous pouvons affirmer sans risque que le boycott du régime d'apartheid israélien pourra crier victoire bien avant 2025.

 

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