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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 23:28
Tensions et fraudes en Iran

dimanche 14 juin 2009, par Alain Gresh


La situation à Téhéran (et dans d’autres villes du pays) reste tendue, plusieurs manifestations ayant rassemblé samedi des partisans de Moussavi qui contestaient l’élection d’Ahmadinejad. Selon diverses informations, plusieurs dizaines de réformistes auraient été arrêtées. D’autre part, l’un des trois candidats, le conservateur Mohsen Rezai (crédité de 1,7 % des voix) a proclamé son soutien à Ahmadinejad (cette information a été démentie le 14 au soir, Rezzai ayant publié une lettre contestant les résultats), avec d’autres leaders officiels, comme Ali Larijani, le président du parlement (« Iran reformists held after street clashes », John Simpson, 14 juin, BBC World Service. Lire aussi, « Reformists held after Iran riots, », Al Jazira en anglais). Enfin, dimanche après-midi, les partisans du président Ahmadinejad se réunissaient à Téhéran pour fêter leur « victoire ».

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a réagi de manière prudente, affirmant qu’elle espérait que le résultat refléterait « le désir véritable et la volonté du peuple iranien ».

Dans un article du quotidien israélien Haaretz du 14 juin, Amos Harel explique que la victoire d’Ahmadinejad est ce qu’il y a de mieux pour Israël (« Ahmadinejad win actually preferable for Israel »).

Rappelons d’abord que tous les candidats se situent dans le cadre de la République islamique et ne la contestent pas, aucun n’est un opposant au sens propre du terme – même si Moussavi, après avoir été premier ministre dans les années 1980, avait été absent de la scène politique depuis lors. Le scrutin a-t-il été truqué ? Si la majorité des observateurs occidentaux le pensent, quelques voix dissidentes se font aussi entendre.

Le correspondant du quotidien britannique The Guardian, Abbas Barzegar publie le 13 juin un article intitulé « Wishful thinking from Tehran » et sous-titré, « depuis la révolution, les universitaires et les éditorialistes (pundits) ont prédit l’effondrement du régime iranien. Cette semaine ils n’ont pas fait mieux. »

« Depuis une semaine, les mêmes courants hostiles à la corruption, populistes et pieux qui ont conduit à la révolution étaient disponibles pour ceux qui voulaient les voir. Ahmadinejad, pour la majorité du pays, représente ces idéaux. Depuis qu’il a accédé à la présidence, il a refusé de porter un costume, de changer de domicile (qu’il avait hérité de son père) et de modifier sa rhétorique contre ceux qu’il accuse de trahir la nation. Quand il a publiquement accusé son imposant rival, l’aytollah Hashemi Rafsandjani, un lion de la révolution, de corruption parasitique, et comparé sa trahison à la tentative de tromper le Prophète Mohammed qui a conduit, il y a 1400 ans, à la scission entre sunnites et chiites, il a libéré l’imaginaire des masses. La défense de Rafsandjani à travers un journal de Moussavi a signé la fin des réformistes. »

Helena Cobban dresse un parallèle sur son blog Just New Worlds (13 juin) avec les élections en Palestine en janvier 2006 et qui ont donné la victoire au Hamas. « The results of free and fair elections » (13 juin) et se demande combien d’Américains ont protesté contre la violation du résultat de ces élections par la communauté internationale.

Ces remarques et le fait que nombre d’observateurs extérieurs ont sous-estimé la question sociale et la popularité d’Ahmadinejad telle qu’elle apparaît dans les images des correspondants qui ont pu le suivre en province, ne semblent néanmoins pas suffire à mettre en doute les manipulations du scrutin.

Gary Sick, sur son blog Garry’s choices, parle d’un « Iran’s political coup ». Il trace l’historique des événements du 12 juin, la coupure des communications par SMS, l’annonce des résultats avec les mêmes proportions de voix quelles que soient les provinces (voir les remarques de Juan Cole plus bas), la rapidité avec laquelle le Guide a soutenu la « victoire » d’Ahmadinejad, la coupure de la plupart des communications internationales après, etc.

Pour Juan Cole, il ne fait aucun doute que l’élection a été « volée » (« The stealing of the iranian election », Informed comment, 13 juin). Il en donne quelques preuves :

« Ahmadinejad aurait obtenu 57 % des voix à Tabriz. Son principal concurrent est Moussavi, un Azeri de la province d’Azerbaïdjan dont Tabriz est la capitale. (...) Or dans les élections passées, les Azéris ont voté de manière disproportionnée même pour des candidats présidentiels qui étaient mineurs parce qu’ils venaient de cette province. »

On annonce qu’Ahmadinejad aurait obtenu plus de 50 % des suffrages à Téhéran. Or, il n’est pas populaire dans les villes, y compris dans les quartiers pauvres, même s’il le prétend, car sa politique a conduit à une importante inflation et à un fort taux de chômage. Qu’il ait pu l’emporter à Téhéran est tellement peu probable que l’on peut avoir des doutes sur ces chiffres. »

Le correspondant de la chaîne Al-Jazira, Teymoor Nabili retrace le film des événements dans la journée du 12 juin (« Mousavi sees election hopes dashed ») qui soulève bien des doutes. Alors que les journalistes avaient été convoquées à un point de presse à 11 heures du soir au ministère de l’intérieur, celui-ci était repoussé tandis que l’agence de presse officielle Irna annonçait qu’Ahmadinejad menait largement en province. Finalement, le point de presse se tenait avec près d’une heure de retard, et on annonçait que, sur 5 millions de votes décomptés, Ahmadinejad menait avec 69 % des voix. Plus tard, les mêmes pourcentages étaient donnés régulièrement, comme si toutes les villes avaient voté de la même manière, y compris à Tabriz, la ville de Mousavi. Ahmadinejad annonçait sa victoire, confirmée par le Guide de la révolution, l’ayatollah Khamenei.

En revanche, Moussavi contestait les résultats, dans une déclaration à l’agence Reuters reprise par la BBC World Service (« Ahmadinejad re-election sparks Iran clashes) » :

« Je proteste fortement contre les nombreuses irrégularités et je vous préviens : je ne me plierai pas à cette dangereuse mascarade. De telles activités menées par certains officiels mettront en cause les piliers de la République islamique et aboutiront à la tyrannie. »

Le groupe de religieux regroupés autour de l’ancien président Mohammed Khatami appelait aussi à l’annulation des résultats, selon une dépêche du 12 juin de l’AFR reprise par le site Nasdaq (« Khatami’s Clerical Group Urges Annulling Iran Poll Results »).

Deux autres anomalies ont été soulignées par des observateurs. D’abord, le comité électoral est censé attendre trois jours pour entendre les éventuelles plaintes des candidats avant de proclamer les résultats. Et ces résultats doivent être approuvés par le Conseil des experts avant d’être confirmés par le Guide Khamenei. Or Khamenei a confirmé les résultats sans attendre ce délai.

Il est difficile de savoir comment la situation va évoluer, mais les divisions au sein même de la classe politique sont un élément nouveau.

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 22:22

International - Article paru
le 12 juin 2009

Monde

Élections locales marocaines dans l’indifférence

Rabat . Selon les prévisions, il y aura moins de 40 % de participation au scrutin, contre 48 % en 2003.

Plus de 115 000 candidats présentés par 28 formations politiques sont en lice, ce vendredi, pour renouveler plus de 27 000 sièges conseillers dans 1 503 communes. Une seule formation, Enahdj democrati (la voie démocratique, gauche marxiste), a appelé à boycotter le scrutin. Elle exige une nouvelle Constitution et l’annulation des lois « rétrogrades » légitimant la mainmise du Makhzen - le palais et ses réseaux semi-féodaux - sur l’économie, le politique et la société. Dans cet appel, distribué dans plusieurs villes du pays, il dénonce le climat répressif, ainsi que la régression en matière des droits humains et de libertés démocratiques. Mieux, il a dénoncé le coup de pouce du palais au Parti authenticité et modernité, nouvellement créé, en août 2008, par l’ancien ministre de l’Intérieur et proche du roi Mohamed VI, Fouad Ali El Himma.

De fait, la campagne électorale s’est déroulée dans une totale indifférence. Excepté les islamistes du Parti de la justice et du développement, les autres partis peinaient à rassembler du monde dans leurs meetings. Il n’empêche, le Parti authenticité et modernité est donné favori, devant l’Istiqlal, dont le secrétaire général, Abbas El Fassi, n’est autre que l’actuel chef du gouvernement marocain, voire devant les socialistes de l’USFP. En dépit de l’indifférence populaire, les regards restent braqués sur le score que réaliseront les islamistes du PJD, du Parti de la renaissance et de la vertu et d’Annahda.

H. Z.

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 20:39

RAMALLAH, Cisjordanie (Reuters - Le discours prononcé dimanche par le Premier ministre israelien, Benjamin Netanyahu, "sape" les efforts de paix a estimé Nabil Abou Rdainah, porte-parole de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne.
"Les propos de Netanyahu ont sapé toutes les initiatives, paralysé tous les efforts en cours et défié les poisitions palestiniennes, arabes et américaines" a-t-il déploré, notant ue le chef du gouvernement avait réaffirmé que Jerusalem devait rester capitale indivisible de l'Etat juif et qu'il avait exclu le retour de réfugiés palestiniens de 1948 sur le sol israélien.
"Cela ne ménera pas à une paix juste et totale . Ces propos ne sont pas suffisants et n'apporteront pas de solution" a ajouté Rdainah.

Rédaction de Ramallah, version française de Jean-Philippe Lefief 

http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-39584202@7-37,0.html

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 20:31

 

 


Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est dit prêt dimanche à la création d'un Etat palestinien démilitarisé qui reconnaîtrait Israël comme l'Etat du peuple juif.
M. Netanyahu a exclu un gel de la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés, comme le réclame la communauté internationale.
"Si nous recevons ces garanties sur la démilitarisation et si les Palestiniens reconnaissent Israël comme l'Etat du peuple juif, alors nous parviendrons à une solution fondée sur un Etat palestinien démilitarisé au côté d'Israël", a déclaré M. Netanyahu dans un discours de politique étrangère à l'université Bar Ilan, près de Tel-Aviv.
"A chacun son drapeau, à chacun son hymne (...) Le territoire alloué aux Palestiniens sera sans armée, sans contrôle de l'espace aérien, sans entrée d'armes, sans la possibilité de nouer des alliances avec l'Iran ou le Hezbollah" a-t-il ajouté
"Je ne souhaite pas faire construire de nouvelles colonies ou confisquer des terres à cette fin mais il faut permettre aux habitants des implantations de vivre normalement", a-t-il affirmé, excluant ainsi l'arrêt de la construction dans les colonies existantes pour répondre aux besoins de la "croissance naturelle".
M. Netanyahu prononçait son premier discours de politique étrangère depuis les élections de février, à l'université Bar Ilan , près de Tel Aviv.
  

 

 

http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-39584051@7-37,0.html

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 17:36
REUTERS/BAZ RATNER
Affiche représentant "Hussein Obama l'antisémite" coiffé d'un keffieh palestinien sont visibles à Jérusalem, le 14 juin 2009.
REUTERS/BAZ RATNER
Placardées par l'extrême droite, des affiches représentant "Hussein Obama l'antisémite" coiffé d'un keffieh palestinien sont visibles à Jérusalem. Lors de sa campagne électorale, M. Netanyahu avait assuré qu'il était le mieux placé pour maintenir l'alliance stratégique avec les Etats-Unis.


L
e premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou ne devrait pas accepter la création d'un Etat palestinien et un gel de la colonisation, selon les médias, lors de son discours de dimanche, présenté comme crucial. Il doit répondre au discours de réconciliation avec le monde musulman prononcé le 4 juin au Caire par le président américain Barack Obama, qui a pressé l'Etat hébreu d'endosser le principe de "deux Etats pour deux peuples" et appelé à un gel total de la construction dans les colonies de Cisjordanie, où vivent déjà prés de 290 000 Israéliens. Le premier ministre va s'exprimer à 20 h 10 locales (19 h 10 à Paris GMT) de l'université Bar-Ilan à Ramat Gan, dans la banlieue de Tel Aviv.

Israël va droit à une confrontation avec les Etats-Unis sur la question de la colonisation en Cisjordanie s'il n'y met pas un terme, déclare l'ancien président américain Jimmy Carter, dimanche 14 juin.

Le principe des "deux Etats est insignifiant comparé (à celui des) colonies", estime l'ancien président américain, dans Haaretz, en référence à la solution à deux Etats pour parvenir à la paix entre Israéliens et Palestiniens.

M. Carter appelle à alléger le blocus imposé à la bande de Gaza.
"Pour moi, la chose la plus grave est le mauvais traitement des gens à Gaza, qui littéralement meurent de faim et n'ont pas d'espoir en ce moment", dit-il. "Ils sont traités comme des sauvages", ajoute-t-il.

(avec AFP)

 

Quelques heures avant son intervention, les médias israéliens soulignent l'importance de son discours. Le quotidien populaire Yédiot Aharonot titre en une "le discours de sa vie" au-dessus d'une photo de M. Nétanyahou, tandis que le Maariv parle du "test de sa vie". La radio militaire estime qu'il y avait peu de chances pour que le premier ministre évoque de "façon claire un Etat palestinien". "Il est plus logique de penser qu'il va affirmer être prêt à aller très loin avec les Palestiniens, mais en assortissant le tout d'une longue liste de conditions et de réserves".

La radio publique prévoit que Benyamin Nétanyahou affirme son soutien à la "Feuille de route", un plan de paix international approuvé en 2003 mais resté lettre de morte, qui prévoit la création d'un Etat palestinien à l'issue d'un processus de négociations. Mais, en échange, le premier ministre devrait exiger que les Palestiniens reconnaissent Israël comme un "Etat juif", que Jérusalem reste la "capitale du peuple juif" et ne soit pas divisée, et refuser un gel de la colonisation. Il devrait aussi dire que la solution du conflit ne peut être que régionale et que, parallèlement aux négociations avec les Palestiniens, les pays arabes doivent entamer un processus de normalisation avec Israël.

La radio publique avance que M. Netanyahu devrait aussi rappeler les 14 réserves émises par le gouvernement d'Ariel Sharon sur la "Feuille de route". Israël exige notamment le calme durant les négociations, le démantèlement des "organisations terroristes, notamment le Hamas", et la mise sur pied d'un organisme de contrôle "de préférence américain" pour s'assurer que les Palestiniens respectent leurs engagements.

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 16:04
 

 



Réactions internationales prudentes à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad
LEMONDE.FR avec AFP, AP et Reuters | 13.06.09 | 20h21  •  Mis à jour le 14.06.09 | 16h13

es réactions internationales à la réélection, annoncée samedi 13 juin, de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de l'Iran sont à l'images des relations que l'ultraconservateur entretient avec ses homologues : réservées côté occidental, enthousiastes côté "non-aligné".
 
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13 juin 2009 6 13 /06 /juin /2009 17:23
L’Iran tel que nous ne le connaissons pas

samedi 13 juin 2009, par Alain Gresh

La République islamique pratique la peine de mort sur une grande échelle, arrête des opposants politiques, torture quelques fois. Les droits de la personne sont violés, comme le rappelle Gary Sick sur son nouveau blog, « Gary choice’s », le 11 juin (« Iran’s elections - the human rights dimension. »). Les droits des femmes sont souvent bafoués. Et le système politique est solidement encadré par une Constitution qui écarte les candidats « non conformes » des élections.

Et pourtant... Sans revenir sur tout ce que les femmes iraniennes ont gagné depuis 1979 – notamment l’éradication de l’analphabétisme –, ni sur les progrès faits dans le domaine de la lutte contre la pauvreté ou de l’accès à l’eau et à l’électricité – concentrons-nous sur le système présidentiel. L’Iran est le seul pays de la région (à l’exception du Liban et de la Palestine) pour lequel nous ne savons pas à l’avance qui sera élu. En Egypte ou en Algérie, les seules interrogations portent sur le fait de savoir si le président sortant aura plus ou moins de 90 % des suffrages...

La participation a été massive en Iran, comme le remarque Reuters le 11 juin au soir (« L’élection présidentielle mobilise les Iraniens »). Selon les résultats annoncés officiellement le 13 au matin, Ahmadinejad aurait remporté les deux tiers des voix, et son concurrent Mousavi un tiers. Mais ce résultat est contesté et la situation semble tendue en Iran.

Le président iranien, contrairement à ce que pensent certains, joue un rôle important, même s’il est subordonné au Guide de la révolution, comme le rappelle Mohsen M. Milani, professeur au Department of Government and International Affairs, Université de la Floride du Sud dans un entretien publié par Council of Foreign Relations le 10 juin, « Iranian Presidents Have a Critical Role in Policymaking ».

Tous les observateurs l’ont noté, la campagne électorale présidentielle a été très animée, comme le montrent l’article du Christian Science Monitor du 10 juin de Scott Peterson, « Once apathetic, young Iranians now say they’ll vote » ou celui de Marie-Claude Decamps du Monde (12 juin), « Iran : un référendum pour ou contre Mahmoud Ahmadinejad » ».

Le candidat le plus crédible opposé à M. Ahmadinejad est Moussavi, dont le Tehranbureau du 10 juin présente le programme : « The Moussavi agenda ».

Les débats télévisés entre les principaux candidats ont passionné les téléspectateurs (on trouvera nombre des interventions télévisées et des débats avec sous-titres en anglais sur PressTV archive).

Le second débat, entre Mahmoud Ahmadinejad et son principal concurrent, Hussein Moussavi, début juin, a été suivi par plus de 40 millions de téléspectateurs. Comme le rapporte le correspondant à Téhéran du Los Angeles Times, Borzou Daragahi, le 4 juin, « Iranian president, rival spar in debate » :

« Moussavi, cherchant ses mots au début du débat, a frappé fort sur la politique étrangère de Ahmadinejad, l’accusant de s’être aliéné sans raisons les autres pays. Il a raillé ce qu’il a décrit comme le comportement erratique d’Ahmadinejad durant différentes crises et voyages à l’étranger et critiqué à plusieurs reprises la mise en cause par le président de l’holocauste, tout cela allant à l’encontre des intérêt nationaux et rassemblant le monde derrière Israël, le rival de Téhéran.

Ahmadinejad a décrit Moussavi comme appartenant à une cabale qui comprend Hashemi Rafsandjani, un influent ayatollah et un ancien président et que Moussavi cherche à le défaire pour garantir des intérêts privés. Il a donné des noms, accusant plusieurs importantes personnalités politiques et leurs familles de corruption et pointant à des preuves de prétendues malversations (wrongdoings) de Moussavi. »

Cette attaque publique contre Rafsandjani, l’un des hommes les plus puissants du pays (et considéré comme l’un des plus corrompus) est sans précédent. Durant la campagne présidentielle de 2005, Ahmadinejad s’était déjà présenté comme le candidat de la justice sociale, l’ennemi des mafias qui avaient accaparé les richesses du pays. Il avait gagné en faisant de nombreuses promesses, tenues seulement en partie grâce aux prix élevés du baril de pétrole, mais sans être le moins du monde en mesure de briser l’emprise des « mafias » (lire Ramine Motamed-Nejad, « L’Iran sous l’emprise de l’argent », Le Monde diplomatique, juin 2009, en kiosques). La question économique et sociale a été la première cause de la défaite des réformateurs en 2005 et la victoire de M. Ahmadinejad ; elle jouera un rôle central dans ce scrutin où Ahmadinejad a multiplié les promesses sociales.

« Est-ce que l’establishment aristocatique de Rafsandjani est appelé à se perpétuer ? » se demandait Ahmadinejad durant le débat. La réponse ne s’est pas fait attendre et dans une lettre ouverte au guide de la Révolution l’ayatollah Khamenei, Rafsandjani protestait contre de telles attaques contre lui, ce que Muhammad Sahimi raconte, le 19 juin, sur le site Tehranbureau (« Rafsanjani’s Letter to the Supreme Leader ») :

« A la suite du débat avec ses adversaires réformistes Moussavi et Karroubi, Ahmadinejad, qui a mis en cause tout le système de la République islamique – il a accusé de nombreux dirigeants nationaux et de puissants politiciens de népotisme et de corruption, et dit que depuis la révolution de 1979, seul son gouvernement avait travaillé de manière intense pour le bien de la nation (critiquant ainsi indirectement le Guide l’ayatollah Khamenei qui a été président pendant deux mandats dans les années 1980) –, a été condamné par l’ensemble du spectre politique. »

Dans cette lettre sans précédent au Guide de la Révolution, Rafsandjani s’est défendu avec vigueur et clarté :

« Malheureusement, les déclarations mensongères et irresponsables d’Ahmadinejad durant son débat avec Moussavi, ses déclarations avant le débat et les événements qui ont suivi nous rappellent ce que les hypocrites (une référence aux Moudhahidines du peuple) et les groupes contre-révolutonaires ont dit et fait durant les premières années de la révolution, aussi bien que les accusations durant l’élection présidentielle de 2005 (...) qui ont abouti à des condamnations devant la justice. Puisque ce sont les mêmes accusations qui sont reprises dans les médias contrôlés par le gouvernement et répétées par le discours du président dans son discours dans la ville sainte de Mashad, l’argument qu’Ahamdinejad a pu être entraîné par l’atmosphère du débat ou que les attaques n’étaient pas préparées ne peut être accepté. C’est une tentative de détourner l’attention du peuple des rapports détaillés de l’office d’évaluation gouvernementale qu’il manque 1 milliard (dans le budget de l’Etat) dont toute trace a disparu et aussi que des milliers d’autres actes illégaux ont été commis dans la mise en oeuvre du budget. Ou peut-être de faire oublier que son principal concurrent (Moussavi) est un héros de la Révolution islamique (et que donc Ahmadinejad se sent vulnérable. »

(...)

« La lettre se demande ensuite si de tels actes illégaux ont toujours lieu et si le président qui a prêté serment de faire respecter la loi peut contrevenir à la loi sans sanction, comment la nation peut-elle se considérer comme suivant le système saint de gouvernement islamique ? Et la lettre se termine en demandant que l’ayatollah Khamenei s’assure que le processus électoral se déroule sans fraudes. »

(...)

« Plus que tout, poursuit le Tehranbureau, la lettre révèle des fissures profondes dans les classes dirigeantes qu’a créées la présidence d’Ahmadinejad. Cette lettre réduit les possibilités de fraude dans le vote de vendredi. Déjà lors de l’élection de 1997 qui avait vu la victoire écrasante de Mohammed Khatami, Rafsandjani avait mis en garde contre le risque de fraude quelques jours avant le scrutin. Beaucoup pensent que les mises en garde de Rafsandjani à l’époque avait été la raison principale pour laquelle les conservateurs n’avaient pas osé utilisé la fraude, terrifiés qu’ils étaient d’avoir à faire face à une révolution populaire. » Si l’on en croit les réactions de Mousavi et de ses supporteurs dans la nuit de la proclamation des résultats, les fraudes auraient toutefois été importantes...

Rafsandjani a reçu le soutien de 14 dignitaires religieux de Qom, comme le rapporte Reuters, repris par Yahoo le 9 juin : « Iranian cleric slams Ahmadinejad "fabrications" ».

D’autre part, des sources non confirmées officiellement, indiquaient que, en réponse à cette lettre, le guide aurait nommé Akbar Nategh Nouri, un religieux conservateur mais critique d’Ahmadinejad, de superviser la régularité de l’élection (« Reaction to Rafsanjani’s Letter », par Muhammad Sahimi, Tehranbureau).

Une vision moins optimiste et pour tout dire alarmiste était donnée le jour des élections par un correspondant de INTERNATIONAL RELATIONS AND SECURITY NETWORK, Zurich, « Iran : Ahmadinejad’s Palace Coup »

« D’abord, selon des sources fiables, les forces de sécurité se prépareraient à réprimer massivement toute protestation, une fois les résultats annoncés. »

« Ensuite, dans une rupture symbolique avec les normes en vigueur, le bureau du Guide suprême a démenti les informations sur de soi-disants promesses faite par l’ayatollah Khamenei à Rafsandjani. Le guide a aussi mis en garde ceux qui répandent des rumeurs malicieuses et qui sont cachés partout, dans tous les groupes et les institutions. Les observateurs pensent que le guide ne se compromettrait pas avec les perdants et donc ces déclarations peuvent être interprétées comme un signe qu’Ahmadinejad sera le prochain président. »

Concernant le nucléaire, Rasool Nafisi, sur le site de Radio FreeEurope, « In Iran, The Election Is Being Televised » (12 juin) écrit :

« Malgré certains échanges très vifs durant les débats, les candidats ont été attentifs à ne pas franchir les “lignes rouges” du régime. Tous les candidats ont soutenu le programme d’enrichissement d’uranium et aucun n’a utilisé l’argument que poursuivre cette politique malgré les résolutions de l’ONU et la politique de sanctions internationales ébranlait les fondements de l’économie et de la société. Aucun n’a reconnu que le taux de 25 % d’inflation était dû en partie à l’impact des sanctions. »

Les Etats-Unis ont fait preuve d’une grande circonspection durant cette campagne électorale, de peur que leur sympathie à l’égard d’un candidat puisse se retourner contre lui. Sur le site de Foreign Policy, le 10 juin, (« As Iran votes, all quiet on the western front »), Luara Rozen explique :

« “Nous sommes engagés dans la diplomatie directe avec n’importe lequel des gouvernements qui sera formé” a déclaré un officiel mercredi. L’administration américaine est “bouche cousue sur l’élection” a-t-il reconnu, notant que certaines interviews sur la question avaient été annulées, de peur que les conservateurs iraniens ne puissent les dénoncer comme une preuve d’ingérence des Etats-Unis... »

Pour la droite américaine et israélienne, comme le rappelle Helana Cobban sur son blog « Just World News », "Israel’s horse in Iran’s Race" (12 juin), Ahmadinejad est le meilleur candidat !

Par ailleurs, un important dirigeant démocrate américain vient d’affirmer, dans un entretien avec le Financial Times du 10 juin, (« US senator opens Iran nuclear debate » par Daniel Dombey), que l’Iran avait le droit d’enrichir son uranium et que l’argument en sens contraire avancés par l’administration Bush étaient « ridiculous ».

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13 juin 2009 6 13 /06 /juin /2009 16:25
 
 


Election en Iran : Mahmoud Ahmadinejad réélu
LE MONDE | 13.06.09 | 08h46  •  Mis à jour le 13.06.09 | 14h16

e président iranien sortant, Mahmoud Ahmadinejad, a été déclaré officiellement vainqueur, samedi 13 juin, de l'élection présidentielle qui s'est tenue la veille, avec une passion, une hargne et une participation (plus de 85 %) rarement égalées. Samedi après-midi, le ministère de l'intérieur a officiellement annoncé son élection dès le premier tour avec 62,6 % des voix. Un score écrasant, bien peu en rapport avec tous les calculs prévisionnels effectués jusque-là et les déclarations au sortir des urnes.

 

Celui qui, au long de la campagne, était devenu son plus sérieux rival, l'ex-premier ministre Mir Hossein Moussavi, soutenu par ce qui semblait être une "vague verte" (symbole de la campagne) réformatrice, qui avait rassemblé de nombreux jeunes et des femmes, n'obtient que 33,75 % des voix selon le ministre de l'intérieur. Les deux autres candidats, le réformateur Mehdi Karoubi, ex-président du Parlement, et le conservateur modéré Mohsen Rezai, ex-chef historique des Gardiens de la révolution, feraient juste de la figuration avec moins de 2 % chacun.

Tôt dans la matinée, alors que 90 %  des bulletins avaient été dépouillés, le directeur de campagne de M. Ahmadinejad se félicitait déjà : "La différence entre le nombre de votes obtenu par Ahmadinejad et celui recueilli par ses rivaux est telle que tout doute sur sa victoire sera interprété comme une forme d'humour par l'opinion publique", affirmait Mojtaba Samareh Hachémi.

Sans attendre la proclamation officielle des résultats, M. Moussavi qui, dès vendredi après-midi, sur la foi des enquêtes d'opinion, avait lui aussi revendiqué la victoire, a dénoncé avec force une "manipulation" massive du scrutin et de nombreuses violations. Dans un communiqué lu à la presse, M. Moussavi, dont l'électorat réside surtout dans les centres urbains, a affirmé que ses partisans avaient "constaté dans certaines villes comme Chiraz, Ispahan et Téhéran, un manque de bulletins de vote". "Nos représentants ont été écartés lors du dépouillement et certains de nos QG attaqués. Je poursuivrai, avec le soutien du peuple, les personnes à l'origine de ces actes illégaux", a-t-il ajouté.

AFFRONTEMENTS ENTRE JEUNES PRO-MOUSSAVI ET POLICIERS

De fait, les débordements inquiétants n'ont pas manqué. Selon le récit de témoins joints par téléphone à Téhéran, vers 17 h 30 heure locale, vendredi, un des deux quartiers généraux de campagne de Mir Hossein Moussavi, celui qui était animé par l'ex-président réformateur Mohammad Khatami à Qetarieh, au nord de Téhéran, a été attaqué par des miliciens bassidjis, fervents soutiens de M. Ahmadinejad et des membres des forces de sécurité. Ils ont détruit les ordinateurs à coups de bâton et dispersé les militants avec des gaz lacrymogènes et des bombes au poivre. Sur place, Abdullah Ramazanzadeh, ancien porte-parole de M. Khatami, a exigé un document officiel aux policiers qui fermaient les locaux et posaient des scellés.

Dans la soirée, quatre journaux auraient été fermés : Donya Ehtessad, Asr-e Ehtessad, Farhang-e Ashti et Qalam-e Sabz, dont le directeur n'est autre que Mir Hossein Moussavi. Plusieurs sites Internet ont aussi été fermés, dont Qalam, le site du candidat Moussavi, et l'envoi de SMS entravé.

Une attaque similaire a eu lieu vers 1h30, samedi matin, au siège du centre d'information de la campagne Moussavi, qui sert aussi de salle de rédaction pour son agence de presse Qalam News et son site, rue Zartocht. Des bassidjis ont détruit les ordinateurs, puis des scellés, là aussi, ont été posés. Les dizaines de partisans de M.Moussavi qui se trouvaient là ont été dispersés violemment. "C'est un coup d'Etat", ont-ils estimé.

Vers 3 heures du matin, on pouvait observer des bassidjis motorisés, dévalant les rues de Téhéran, agitant des drapeaux iraniens et criant "Moussavi, bye bye,", pour se moquer du slogan "Ahmadi, bye bye" que des centaines de milliers de Téhéranais ont entonné chaque soir de la campagne. Des dizaines de convois des forces de l'ordre d'une quarantaine de véhicules chacun, escortés par des escouades de bassidjis à moto, avaient envahi les grands axes de la capitale. La tension était palpable.

Samedi après-midi, de jeunes partisans de Mir Hossein Moussavi affrontaient la police dans plusieurs endroits de Téhéran, selon des correspondants de l'AFP sur place et des témoins. La police a, à plusieurs reprises, chargé les manifestants à la matraque sans toutefois pouvoir réussir à les disperser. Un peu plus tard, des hommes habillés en civil se déplaçant à moto s'en sont pris à de jeunes manifestants pro-Moussavi, les frappant à coup de matraques.


Marie-Claude Decamps
Article paru dans l'édition du 14.06.09


http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3218,50-1206422,0.html


 
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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 12:24
Défaite de l’opposition au Liban

jeudi 11 juin 2009, par Alain Gresh

Une version de cet envoi en anglais est disponible sur le site du Monde diplomatique en anglais, sous le titre « Lebanon : Hizbullah’s defeat »


Quelles qu’en soient les raisons, sur lesquelles nous reviendrons, l’élection du 7 juin a confirmé le maintien de la majorité autour du Courant du Futur dirigé par M. Saad Hariri et la défaite de l’alliance entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre du général Michel Aoun. Cette alliance espérait l’emporter, or elle n’a pas pu obtenir la majorité et a simplement maintenu ses positions et son nombre de députés.

Hassan Nasrallah a reconnu cette défaite dans une allocution reprise par la télévision Al-Manar le 8 juin :

« Nous acceptons les résultats annoncés par le ministère de l’intérieur. Les candidats auront, bien évidemment, le droit de contester les résultats devant le Conseil constitutionnel s’ils ont des raisons de le faire. C’est une autre question. Nous acceptons les résultats avec esprit sportif et un esprit démocratique. Nous acceptons aussi que le camp adverse a gagné la majorité des sièges de la chambre des députés, même si l’opposition a gardé le même nombre de sièges. Elle a perdu dans certaines circonscriptions et gagné dans d’autres. Nous, bien sûr, nous acceptons les résultats qui ont donné à l’autre camp la majorité parlementaire. Quant à la majorité populaire, les centres de recherche et de statistiques détermineront qui a eu le plus grand nombre de voix. Comme nous avons tous appelé à la participation et à l’opinion des électeurs, de telles études nous aideront à connaître la majorité populaire. Si cette majorité va à l’autre camp, je le reconnaîtrai. »

En fait, les résultats obtenus depuis, confirment que l’alliance Hezbollah-Michel Aoun obtient plus de 100 000 voix d’avance sur l’autre camp (c’est ce que reconnaissent le quotidien The Daily Star du 10 juin dans son éditorial « Nasrallah is walking a think line when it comes to Lebanese elections » ainsi que la télévision Al-Manar, qui rapporte le 9 juin que selon une étude du Beirut Centre for Research and Information 839 371 personnes ont voté pour l’opposition et 693 931 pour la majorité). D’après le quotidien Al-Akhbar du 10 juin, le Courant patriotique libre a perdu plus de 10 % des suffrages par rapport aux élections de 2005 (où il se présentait tout seul, Aoun auréolé de son long exil à Paris et de son refus de revenir au Liban avant le départ de la Syrie) mais resterait la force majoritaire chez les chrétiens, avec plus de 50 % des voix. D’après ce même article, 120 000 Libanais de l’extérieur seraient venus voter, 80 000 auraient été amenés par la majorité, 30 000 par l’opposition, et le reste serait venu par ses propres moyens.

Qifa Nabki, un blogueur libanais qui, comme la plupart des commentateurs, avait pronostiqué la victoire du Hezbollah et du général Aoun, donne les trois raisons qui expliquent les résultats (« Anatomy of a Victory », 8 juin).

« Je sais que de nombreux membres de l’opposition vont faire porter leur échec sur le patriarche maronite qui a publié un communiqué quelques jours avant les élections qui semblait admonester les chrétiens pour qu’ils votent pour les listes du 14 mars. Mais quand nous voyons que le Courant patriotique libre (du général Aoun) s’est très bien comporté au cœur du pays maronite au Kisrouan, Jbeil, Baabda, Zghorta et dans le Metn, je ne suis pas sûr que cette observation tient la route.

Plus décisif, à mon avis, ont été trois facteurs. 1) La participation massive des sunnites de Zahle – dont beaucoup sont venus de l’étranger –, et une faible participation des chrétiens ; 2) Une forte hostilité des chrétiens de Beyrouth au Hezbollah, chrétiens qui ont voté massivement pour les listes du 14 mars dans le quartier d’Achrafiyyeh ; 3) Quelques étonnantes gaffes de Nasrallah durant les dernières semaines, qualifiant les événement du 7 mai de “jour de gloire de la résistance”. »

Sur son blog, « Just World News, » Helena Cobban rappelle (« M-14 win in Lebanon », 8 juin) :

« Le principal affrontement n’était pas, comme beaucoup de commentateur occidentaux l’ont écrit, entre le Hezbollah et ses opposants. A cause du système ouvertement faussé et discriminatoire du système politique libanais, les musulmans chiites qui est la plus importante communauté religieuse au Liban, environ 40 %, n’a qu’un nombre réduit de sièges dans le parlement confessionnel. (...)

Le principal affrontement était à l’intérieur d’une communauté chrétienne sur-représentée au parlement. Ici, les alliés du Hezbollah, le Courant patriotique libre, a perdu face aux supporteurs du 14 mars qui sont les membres de “familles” très implantées dans le système politique et d’ardents défenseurs du système actuel de privilèges accordés aux chrétiens. »

Paul Salem, dans son commentaire publié par Carnegie Endowment for World Peace, le 9 juin (« In Lebanon’s Politics, Four Years Is An Eternity ») explique :

« Il y a des raisons de croire que le Hezbollah n’est pas mécontent des résultats. Si la coalition à laquelle il participe avait gagné, il aurait été immédiatement confronté à de nombreux défis. Les Arabes et la communauté internationale auraient réagi de manière négative, mettant en danger les relations politiques et économiques du Liban et accélérant des pressions économiques. Israël aurait proclamé que les résultats confirmaient la domination du Hezbollah sur l’Etat libanais, rendant le groupe plus vulnérable à des attaques. Si la coalition du 8 mars l’avait emporté, cela aurait été grâce au général Michel Aoun qui aurait ensuite demandé des contreparties, notamment son élection à la tête de l’Etat, ce que ni le Hezbollah ni Amal ne pourraient appuyer. »

Cette analyse me semble assez pertinente et illustre le dilemme du Hezbollah depuis son engagement sur la scène politique libanaise au début des années 1990. Le parti se définit d’abord comme une organisation de résistance (à Israël et aux Etats-Unis), ensuite comme un parti libanais. Mais comment concilier les deux ? Le Hezbollah préfère ne pas s’impliquer trop dans les affaires libanaises (il n’avait qu’un siège dans le gouvernement, ayant laissé les quatre autres auxquels il avait droit à ses alliés), sauf en ce qui concerne son droit à porter les armes face à Israël. Une telle attitude, si elle est compréhensible, est aussi préjudiciable, car le parti s’engage peu sur les enjeux proprement libanais : question sociale, politique économique, confessionnalisme, etc.

Les lecteurs arabophones pourront lire le commentaire de Nahla Chahhal dans le quotidien libanais Al-Akhbar du 10 juin, analyse très fine de la situation libanaise après les élections et aussi des contradictions du Hezbollah.

Sur son blog, Syria Comment, Joshua Landis examine, le 8 juin, les réactions des autorités syriennes (« Syrians Silent and Disappointed but Ready to Put Lebanon Behind Them ») :

« Le quotidien Al-Watan titre à la Une “l’argent politique gagne les élections au Liban”. Quelles sont les conséquences de cette victoire ? Cela dépendra beaucoup du 14 mars et de savoir s’il voudra réécrire les accords de Doha et se débarrasser de la minorité de blocage dont dispose l’opposition, comme Hariri a dit qu’il le ferait. (...) A mon avis, toute tentative de revenir sur les accords de Doha ramènera le pays à la situation de tension qui a précédé ces accords et sera donc abandonnée. Personne n’aura la détermination pour mener une telle politique, ni à Washington, ni à Riyad, ni à Damas ni à Téhéran. La période Obama a changé les choses et la Syrie se prépare à s’engager avec les Etats-Unis. »

Les relations entre les deux pays, poursuit Landis, ont été suspendues aux résultats des élections et désormais, Washington pourrait envoyer George Mitchell à Damas, d’autant que le camp des durs y est affaibli par la défaite du Hezbollah. Les Etats-Unis pourraient aussi renvoyer un ambassadeur en Syrie.

« Un lobby pour la paix influent est en train de prendre racine à Damas. De plus en plus de Syriens font de l’argent à cause du processus de libéralisation (...) et ils prennent conscience du prix que coûte la “résistance”. De ce point de vue, ils ne sont pas très différents des Libanais. ». Mais personne n’est prêt à abandonner la revendication du Golan.

« L’obstacle libanais a été franchi à la satisfaction de Washington. Si un gouvernement de coalition est formé à Beyrouth sans trop de difficultés et sans qu’on assiste à une escalade de menaces, le Liban ne sera plus un obstacle sur la voie de l’amélioration des relations américano-syriennes. »

L’agence d’information syrienne Sana a publié un commentaire de la conseillère du président Buthaynah Sha’ban le 9 juin disant que les élections étaient une affaire intérieure libanaise. Elle a ajouté que la Syrie est encouragée par l’esprit de réconciliation et d’entente qui a prévalu parmi les partis libanais après la proclamation des résultats.

La presse syrienne du 10 juin était d’ailleurs assez positive sur les élections.

La presse israélienne a aussi annoncé que la Syrie était prête à reprendre les négociations indirectes avec Israël sous l’égide de la Turquie.



          Après Veolia, Alstom ? 

Selon des informations publiées par le quotidien israélien Haaretz le 9 juin, Veolia abandonnerait le projet de tramway à Jérusalem (« Jerusalem rail operator jumps ship, Tel Aviv group isn’t even responding »). L’Association France-Palestine Solidarité publie un communiqué le 10 juin, « Veolia se retirerait du projet de tramway de Jérusalem » : Veolia aurait donc décidé de se retirer du projet du consortium City pass « qui construit une ligne de tramway reliant Jérusalem Ouest aux colonies implantées illégalement à Jérusalem Est. Participant ainsi à la colonisation illégale de la Palestine. Ce qui a motivé la démarche de l’Afps.

Veolia aurait également décidé de vendre ses parts de Citypass (5 %), se désengageant ainsi totalement de ce projet de colonisation. Si la nouvelle s’avère exacte, nous aurons marqué une victoire importante sur le terrain, une victoire symbolique politique forte et nous aurons clairement manifesté que les pressions et la détermination paient. »

Nous continuerons notre combat en direction d’Alstom, autre compagnie impliquée dans ce projet colonial et contre laquelle nous menons cette même action en justice. »

Cette information a eu un écho dans les pays du Golfe où Alstom est très présente (y compris en Iran), comme le rappelle un article de Gulf News du 9 juin, « Veolia likely to abandon rail project » d’Abbas Al Lawati.


http://blog.mondediplo.net/2009-06-10-Defaite-de-l-opposition-au-Liban

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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 12:13
Israël ; Les pressions s’accentuent sur Netanyahou


Alors que l’émissaire américain est dans la région réitérant les exigences de Washington en faveur d’un État palestinien, le premier ministre subit des désaveux jusque dans son propre camp.


Si la roue n’a pas encore complètement tournée pour Israël, le premier ministre Benjamin Netanyahou est en tout cas sous pression depuis l’arrivée au pouvoir de Barack Obama. Le discours du président américain, prononcé au Caire la semaine dernière, n’a fait que confirmer les craintes israéliennes. Washington réaffirme son soutien indéfectible à Tel-Aviv mais se fait plus exigeant.

Quelques jours après avoir reçu Netanyahou à la Maison-Blanche, et alors qu’il se trouvait en compagnie du président palestinien Mahmoud Abbas, Barack Obama rappelait : « Ce que j’ai dit au premier ministre Netanyahou est que chaque partie a des obligations au regard de la feuille de route. Côté israélien, ces obligations incluent l’arrêt de la colonisation ». Une fois n’est pas coutume, évoquant les obligations palestiniennes - les questions - sécuritaires - il déclarait : « Nous constatons de grands progrès en matière de sécurité en Cisjordanie. » Outre qu’il y avait bien longtemps que les Palestiniens n’avaient pas été félicités, on aura surtout remarqué la dichotomie faite avec la bande de Gaza.

Pour Aaron D. Miller du Woodrow Wilson Institute, un think tank américain, « l’administration Obama est peut-être moins pressée d’arriver à des négociations et à un accord et plus intéressée par l’installation de nouvelles règles et le réarrangement du mobilier. Ils pourraient avoir conclu qu’ils ne peuvent pas parvenir à une vraie solution à deux États avec ce premier ministre. Peut-être en veulent-ils un nouveau ? Et le meilleur moyen est de montrer qu’il ne peut pas gérer la relation la plus importante pour Israël : celle avec les États-Unis ».

Respecter les accords

C’est peut-être à cette aune qu’il faut percevoir les déclarations du ministre israélien de la Défense, le chef du parti travailliste Ehud - Barak, qui feint de découvrir les choix politico-stratégiques de Netanyahou. Comme s’il participait à ce gouvernement sans savoir que le premier ministre refusait de se prononcer pour la création d’un État palestinien. « Le gouvernement actuel a été formé en prenant l’engagement de respecter les accords conclus par les gouvernements précédents, y compris la feuille de route qui stipule clairement que le conflit doit être résolu sur la base du principe de deux États pour deux peuples », a affirmé Ehud Barak qui, lorsqu’il était premier ministre, a battu tous les records de construction de nouvelles colonies. « Si cette solution devait échouer, il y aurait comme seule entité politique s’étendant de la vallée du Jourdain à la Méditerranée : l’État d’Israël. Dans ce cas, si les Palestiniens ont le droit de voter, il ne s’agira plus d’un État juif, mais d’un État binational et s’ils n’ont pas de droit de vote, il s’agira d’un régime d’apartheid. »

Mission délicate pour l’émissaire américain au Proche-Orient, George Mitchell, qui se trouve sur place. Il a déjà montré aux Israéliens qu’il n’était pas dupe et qu’il fallait faire leur deuil d’une certaine complaisance. Lors d’une rencontre à Londres à la fin mai entre Mitchell et Dan Meridor, le vice-premier ministre ainsi que des conseillers de Netanyahou, les Israéliens ont ressorti la fameuse lettre de Bush à Sharon où il indiquait que les blocs de colonies resteraient entre les mains d’Israël et donc que les constructions étaient permises. Sans se démonter, Mitchell a pointé un des paragraphes de la lettre mentionnant le principe de deux États pour deux peuples. « C’est aussi marqué dans la lettre. Vous êtes d’accord avec ça ? » a-t-il demandé.

Apparemment soucieux d’apaiser les dirigeants israéliens, George Mitchell a répété que l’engagement des États-Unis envers la sécurité d’Israël est « inébranlable » et que les divergences stratégiques ne sont « pas des désaccords entre des adversaires » mais entre « des alliés proches et des amis ». Il a d’ailleurs donné des gages en parlant d’un « État palestinien, vivant en paix et sécurité à côté de l’État juif d’Israël ». État juif, c’est exactement ce que veulent les dirigeants israéliens et que refusent les Palestiniens puisque cela signifierait l’abandon du droit au retour pour les réfugiés et un drôle de statut pour les Arabes israéliens.

Pour éviter d’être acculé, Benjamin Netanyahou devrait prononcer dimanche à l’université Bar Ilan de Tel-Aviv « les grandes lignes de sa politique pour obtenir la paix et la sécurité ». Selon les médias, Barack Obama doit, lui, présenter un plan de paix détaillé dans les semaines à venir sans que l’on sache s’il est déterminé à forcer Israël une fois pour toutes. Après avoir rencontré les responsables de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, George Mitchell se rendra en Syrie et au Liban.

 


Pierre Barbancey

Dans "L'Humanité" du 12 juin 2009








http://www.humanite.fr/2009-06-11_I...

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