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17 août 2010 2 17 /08 /août /2010 01:03




 
 

Israël : Une situation en permanence tendue et dangereuse.
Entretien avec Gilbert Achcar
mercredi 4 août 2010

 

  

Quelles sont aujourd’hui les relations entre Israël et les États-Unis ?

L’attaque de la flottille par Israël a fortement détérioré l’image du pays à l’échelle mondiale y compris au niveau des gouvernements traditionnellement alliés en Occident.

Cela dit, le gouvernement américain est peut-être celui qui a été le moins impressionné par les événements.

Un certain nombre de gouvernements européens ont eu une attitude plus critique que le gouvernement américain qui a même essayé de couvrir Israël.

  

Cependant, l’opération a eu un effet boomerang, elle a servi à souligner de manière consensuelle, au niveau des gouvernements occidentaux, le fait que le blocus imposé à Gaza ne pouvait continuer, qu’il était inefficace vis-à-vis des objectifs poursuivis et qu’il avait des conséquences humanitaires désastreuses.

 

Il y a donc une pression pour qu’Israël modifie les conditions du blocus. C’est en cours et en principe le gouvernement israélien devrait discuter d’un allègement du blocus.

 

Les rapports avec les États-Unis se sont tendus depuis l’affront fait lors de la visite en Israël du vice-président Joseph Biden, où Israël a annoncé la construction de 1 600 nouvelles habitations dans la partie arabe de Jérusalem.

Le général Petraeus a affirmé que le gouvernement israélien mettait en danger la vie des Américains.

Ces signes de mécontentement américain à l’égard d’Israël se sont multipliés.

 

Ce mouvement est significatif, tout comme l’appel de juifs européens, le JCall, à l’image du J Street américain qui s’est constitué bien avant cette histoire comme un pôle opposé à l’inconditionnalité pro-israélienne du lobby Aipac1 qui agit au niveau du Congrès et couvre tout ce que fait Israël.

 

Le gouvernement israélien actuel est un gouvernement d’extrême droite où domine les fractions d’extrême droite même si c’est un gouvernement de coalition avec la participation des travaillistes qui sont représentés par un Ehud Barak qui a la gâchette facile. Lui-même est représentatif du fait que les travaillistes suivent la dérive droitière de l’ensemble de la société.

 

Le gouvernement israélien a donc dépassé les limites tolérables par les appuis d’Israël. Des signaux lui sont envoyés pour lui dire qu’il ne faut pas exagérer car cela met les gouvernements occidentaux dans l’embarras. Ce ne sont que des remontrances, à peine marmonnées.

 

On n’est même pas au stade de ce qu’avait fait l’administration de George Bush père en 1991, lorsqu’elle avait exercé un véritable chantage financier pour l’obliger à participer aux négociations de paix qui avait commencé à Madrid. En 1991, le gouvernement Bush qui venait de mener avec succès, de son point de vue, la guerre en Irak se sentait en position de force aux USA mêmes, et à l’échelle de la région.

 

Ils ont vécu en 1991 ce qu’on peut considérer comme l’apogée de leur hégémonie régionale, mais depuis lors, ils ont reperdu du terrain.

À ce moment-là, ils n’avaient pas vraiment besoin d’Israël qui devenait plutôt un problème dans la mesure où il fallait compléter l’hégémonie américaine par une stabilisation de la région et par la résolution du conflit israélo-arabe.

 

Aujourd’hui, le gouvernement Obama est plutôt faible sur le plan intérieur, il est empêtré en Irak – ce qu’il a hérité du dernier gouvernement Bush – et s’enlise en Afghanistan de son propre fait, balbutie face à l’Iran et est incapable de vraiment faire bouger les choses... et sur le plan intérieur, il contemple avec une certaine angoisse l’échéance des élections pour le Congrès en novembre.

 

Pour toutes ces raisons, on peut comprendre les limites des réactions face à Israël.

 

Les USA avaient un peu lâché Israël sur le nucléaire…

Il y a là aussi une divergence d’intérêt ou d’intensité d’intérêt entre USA et Israël. Pour les États-Unis, un Iran doté de la force nucléaire est une perspective qu’ils veulent combattre mais cela ne représente pas une catastrophe d’une grande ampleur. Par contre, Israël considère la perte de son monopole nucléaire dans la région comme un désastre, un véritable facteur d’angoisse, c’est un rééquilibrage de la balance stratégique à l’échelle régionale. En plus, il y a cette peur permanente de l’anéantissement qui joue.

 

On estime qu’Israël a 200 têtes nucléaires mais, vu sa taille, il suffirait d’une seule explosion nucléaire pour provoquer une hécatombe à l’échelle du pays. On peut dire que le gouvernement israélien affaiblit lui-même son argument en se dotant depuis les années 1960 de l’arme nucléaire. Cela constitue une invitation permanente pour ses voisins à se doter d’armes de destruction massive pour équilibrer les forces.

Lorsqu’il s’agit de dire zone dénucléarisée à l’échelle du Moyen-Orient, cela pose directement la question d’Israël.

 

Ils sont empêtrés dans ces contradictions.

 

Mais avec un gouvernement aussi aventuriste que le gouvernement israélien actuel, on peut supposer que ces gens souhaitent pouvoir agir militairement contre l’Iran.

 

Ils ont demandé, lors des derniers mois de Bush, un feu vert pour passer au-dessus de l’espace aérien irakien sous contrôle des États-Unis pour frapper les installations nucléaires de l’Iran. Mais ce feu vert leur a été refusé. Parce que les États-Unis devraient en subir les conséquences, cela veut dire enflammer la région, pousser l’Iran à faire usage de tous ses moyens de pression. D’autant plus grave qu’on était en pleine crise économique et que cela aurait donné lieu à une flambée des prix du pétrole. Il a été question dans la presse mondiale de tentatives israéliennes d’obtenir un feu vert du gouvernement saoudien, ce qui a entraîné une réponse officielle de l’État disant qu’il n’admettrait pas que l’on survole son espace aérien pour attaquer n’importe quel État voisin.

 

Ils ne peuvent donc pas utiliser leur point fort qu’est l’aviation sans passer au-dessus d’autres pays. Ils sont dans cette situation qui n’est pas sans rapport avec le fait qu’ils se défoulent sur le Hezbollah au Liban ou sur le Hamas.

 

Ce qui semble une plus grande probabilité, c’est qu’ils essayent de s’en prendre au Liban au Hezbollah, à la Syrie... on pourrait imaginer une volonté israélienne de changer le rapport de forces, d’affaiblir les alliés de l’Iran, de manière à faciliter une possible intervention américaine contre l’Iran, en disant « vous avez moins à craindre en y allant ». Il n’est pas sûr qu’Israël ait le courage de se lancer dans une opération dont ils ont vu, en 2006, que ce n’était pas si facile.

 

L’Égypte a levé le blocus, peuvent-ils perdre leur alliés dans la région ?

Leur image est détériorée chez leurs alliés traditionnels et encore plus chez ceux qui ont des alliances un peu embarrassées avec Israël. Le gouvernement égyptien a ouvert sa frontière avec Gaza pour l’aide humanitaire, ce qui ne fait que souligner à quel point c’était une véritable collusion avec Israël et que rien ne l’obligeait à collaborer, au sens le plus péjoratif du terme, à cet étranglement de Gaza.

 

La Turquie, qui était un allié plus solide, a connu des changements depuis l’agression contre Gaza fin 2008/2009, pour plusieurs raisons : l’opinion publique turque est très remontée contre Israël et a réagi fortement en 2009 et le gouvernement Erdogan a besoin de s’appuyer sur une base sociale à l’intérieur, face à la pression qu’il subit de la part de l’institution militaire, des kémalistes, etc.

 

C’est un gouvernement qui mène une bataille politique à l’intérieur du pays. Cette affaire a été exploitée par Erdogan depuis son esclandre à Davos en 2009.

À cela s’ajoute le fait que la Turquie, le capital turc, les petites et moyennes entreprises, en particulier, bien représenté par le gouvernement actuel, avait placé de forts espoirs dans l’adhésion à l’Union européenne, espoirs qui se sont évaporés.

 

Il y a une forte offensive du capital turc en direction du monde arabe et musulman, de l’Égypte, de l’Iran. Les exportations turques sont en pleine croissance.

 

Cela favorise une réorientation de la Turquie vers le monde arabe.

 

Il y a quelques années, il y avait une collaboration militaire avec Israël en tant que membre de l’Otan aussi.

L’infléchissement de la politique turque est réel mais n’a pas atteint le stade d’une rupture avec Israël. Finalement la réaction turque est elle aussi modérée et timide.

 

Quels sont, selon toi, les différents scénarios possibles ?

S’il y a une région où on ne peut faire de prédiction même pour les mois qui viennent... c’est bien celle-là. Il semble que pour Gaza, la flottille a réussi à faire bouger les choses, même si c’est en partie à cause de la façon très maladroite dont Israël a réagi. Gaza va sentir la différence. On peut prévoir que les conditions qu’a subies Gaza depuis 2007 vont être allégées. Au-delà, je ne ferai pas de pronostic. C’est en permanence une situation tendue, dangereuse, et il faut toujours s’attendre au pire et le pire le plus probable, c’est l’action militaire contre le Liban et la Syrie ou le Liban seul, ça c’est tout à fait possible. Contre l’Iran, ce n’est pas l’envie qui manque mais il faudrait avoir les moyens de l’envie.

 

Propos recueillis par Dominique Angelini

  1. American Israel Public Affairs Committee

http://www.npa2009.org/content/isra...

 

Les articles et autres textes publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient (CJPP5), qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.

 
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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 00:50

LeMonde.fr

 
La police israélienne rase un village bédouin peu avant le ramadan

LEMONDE.FR avec AFP | 10.08.10 | 16h15  •  Mis à jour le 10.08.10 | 19h33

 
 

 

La police israélienne a pris d'assaut mardi 10 août le site d'un village bédouin dans le sud d'Israël, qui avait été rasé en juillet et que ses habitants avaient commencé à reconstruire, a indiqué un groupe de défense des droits de l'homme. La police est intervenue peu avant le début du mois de jeûne du ramadan, prévu pour mercredi ou jeudi.

Un convoi de trente véhicules de la police a pris d'assaut peu après l'aube le village d'Al-Araqib, dans le désert du Néguev, a indiqué le Forum pour la coexistence dans le Néguev.

 
Les policiers ont détruit des habitations de fortune en toile érigées par les habitants dont les domiciles avaient été détruits lors d'un précédent raid fin juillet. "Une centaine de policiers et une demi-douzaine de bulldozers et de camions ont participé à la destruction du village pour la troisième fois en deux semaines", a affirmé Haya Noah, qui dirige le Forum.

La police israélienne a confirmé le raid et affirmé qu'elle prendrait toutes les mesures nécessaires pour dissuader les Bédouins de revenir sur les lieux. "Pour la troisième fois, des officiers de la police et ses unités sont revenus à Al-Araqib et ordonné à certaines personnes, sur la base d'un ordre de la cour, de quitter les lieux car elles ne sont pas propriétaires de la terre", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police
Mickey Rosenfeld. "S'il est nécessaire, la police reviendra pour dégager les lieux."
 

 

"Israël est un tyran et sera toujours un tyran, mais avec la volonté de Dieu, nous resterons sur notre terre et mourrons ici", a affirmé Oum Fahd. "Nous allons commencer le jeûne demain (mercredi) et nous nous retrouverons de nouveau pour manger et boire" sur cette terre, a-t-elle ajouté.

 

  

PERMIS DE CONSTRUIRE REFUSÉS
Il y a deux semaines, un millier de policiers avaient rasé sur ce site entre trente et quarante habitations dans lesquelles vivaient quelque trois cents Bédouins, déraciné des centaines d'arbres et confisqué les biens des bédouins.

 

 

Une semaine plus tard, la police avait lancé un nouveau raid pour empêcher les Bédouins de reconstruire.

 

Les Bédouins, semi-sédentaires, affirment être les propriétaires de centaines d'hectares de terres dans le Néguev, mais Israël n'a jamais reconnu ces revendications. Une façon de les contraindre à abandonner leurs terres est de refuser les permis de construire, ce qui force ces Bédouins à bâtir illégalement.

 

 

Selon les chiffres du Forum du Néguev, le nombre d'habitations bédouines détruites n'a cessé d'augmenter depuis 2005 pour atteindre deux cent cinquante-quatre en 2009. Les Bédouins du Néguev vivent souvent dans une précarité extrême, privés de services municipaux, d'eau et d'électricité.
 
http://www.lemonde.fr/

 

 

Les articles et autres textes publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient (CJPP5), qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections. 
 
 


 

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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 01:05

 

Info-Palestine.net
Proche-Orient.net


DERNIERE MISE A JOUR :
samedi 14 août 2010 - 09h:40


 

 

Une interview d’Emily Henochowicz, gravement blessée par les soldats israéliens

samedi 14 août 2010 - 06h:31

Democracy Now !

 

Emily Henochowicz a perdu un œil après avoir reçu une bombe lacrymogène, lancée par les israéliens lors d’une protestation en Cisjordanie.
Cette étudiante en beaux-arts nous parlera de sa vie, de son art et surtout, des raisons qui l’incitent à y retourner (en Palestine).
 
(JPG)
Emily Henochowicz

  

Une interview exclusive a été accordée à l’émission Democracy Now ! Le mois de mai dernier, l’invitée, une étudiante américaine en beaux-arts âgée de 21 ans a perdu un œil lors d’une manifestation condamnant l’attaque israélienne sur la flottille de la Liberté qui avait fait neuf morts. Ce jour là, Emily avait reçu une bombe lacrymogène en plein visage.

  

A ce sujet, Henochowicz déclare : « Je n’ai aucun complexe après avoir perdu mon œil, je suis fière de moi-même et de ce que je suis. C’est une cause à laquelle j’ai cru, c’est pourquoi j’avais pris part à la manifestation ce jour là ». « J’ai vraiment changé depuis, et je ne serai plus la même personne » [l’article original peut inclure une transcription à la hâte].

  

  

Juan Gonzalez : Aujourd’hui, Democracy Now ! vous propose une interview exclusive avec Emily Henochowicz, un nom dont vous vous rappellerez sans doute. C’est cette jeune étudiante en beaux-arts âgée de 21 ans qui, le mois de mai dernier, a perdu un œil après avoir reçu en plein visage une bombe lacrymogène lancée par les israéliens. Emily termine cette année le prestigieux programme des beaux-arts de Cooper Union ici à New York. Le printemps dernier, elle avait choisi d’étudier les beaux-arts en Israël dans une école de renom à Jérusalem. Emily possède la citoyenneté israélienne car son père est né là-bas et ses grands-parents sont des survivants de l’Holocauste.

Dès son arrivée, Emily passait son temps entre Jérusalem Est et la Cisjordanie où elle se mettait à dessiner des tableaux qui ont vite commencé à refléter la dure réalité et la cruauté de la vie et du quotidien palestinien dans les Territoires Occupés.

 

Amy Goodman : L’information venait de tomber ce 31 mai, rapportant que des commandos israéliens ont attaqué, au large de la Méditerranée, une flottille d’aides à destination de la Bande de Gaza, tuant neuf militants à bord. Emily avait alors décidé de participer à la protestation condamnant l’assaut israélien en rejoignant les manifestants rassemblés au point de contrôle de Qalandiya, en Cisjordanie.

Face à ces faits, la police aux frontières israéliennes a ouvert le feu par le lancement des bombes lacrymogènes, dont l’une d’elles frappait Emily de plein fouet, arrachant ainsi son œil gauche et fracturant plusieurs os de son visage. Evacuée en urgence à l’hôpital, son œil n’avait, cependant, pas pu être sauvé.

D’après les premiers éléments d’enquête, le Ministre israélien de la Défense a déclaré qu’il s’agissait d’une légitime réponse de la part de la police aux frontières, et que le lancement des bombes lacrymogènes était justifié. Toutefois, des témoins et un journaliste de Ha’aretz présent sur les lieux ont confirmé que les forces israéliennes avaient ouvert le feu en direction des manifestants et non pas en l’air comme le stipulent la réglementation. La police israélienne avait engagé une enquête criminelle.

Pendant ce temps, Emily est rentrée aux Etats-Unis, remise de ses blessures mais avec une nouvelle allure : son œil gauche, perdu à jamais. La semaine écoulée, Israël avait refusé de lui payer ses factures médicales, élevées à $ 3.700 suite aux soins reçus à l’hôpital de Jérusalem. Le gouvernement prétend qu’elle a été touchée involontairement après qu’elle ait mis sa vie en péril en prenant part à cette manifestation.

Bien. Emily Henochowicz est de retour à New York où elle entame sa dernière année à Cooper Union, pas très loin de nos studios. Elle nous rejoint pour sa première émission. Emily, bienvenue à Democracy Now !

 

 

Emily Henochowicz  : Bonjour

 

Amy Goodman : Permettez nous de revenir un peu en arrière, comment vous vous êtes retrouvée en Israël ?

E.H  : En fait, j’étais comme tous les jeunes universitaires de mon âge, désireux de participer à un programme d’échange. J’ai eu un penchant pour le programme proposé par Bezalel, c’est pourquoi j’étais partie. Et je le réitère, mon départ n’était nullement motivé par des raisons politiques.

 

A.G  : Et que s’est-il passé une fois là-bas ?

E.H  : Vous savez, le problème est que l’école nous accordait trois semaines de vacances à l’occasion de Pessa’h (Pâques). Cette période est suffisante pour sillonner les différents endroits et découvrir la réalité comme elle se présente sur les colons, sur le mur et sur toutes les choses qu’on a l’habitude de lire. C’est à ce moment précis que j’ai commencé à prendre conscience de la réalité, à ouvrir les yeux, d’où mon implication.

 

Juan Gonzalez : Quelle était vraiment la nature de votre implication ? Était-ce une participation à des mouvements de protestations, ou bien un soutien aux différents mouvements pour les Palestiniens ?

E.H  : Effectivement, c’est un mélange des deux aspects. Je veux dire par là que j’ai pris part à de nombreuses manifestations tenues un peu partout, comme celle à Nabi Salah où ils tentaient de s’approvisionner en eau. Chaque semaine, ils se rassemblaient pour essayer d’accéder à leur puits.

D’autre part, il y a, comme vous le savez Bil’in et le mur de séparation. J’avais donc passé plus de temps à Sheikh Jarrah car j’avais rejoint l’ISM [International Solidarity Movement] - Mouvement International de Solidarité - qui avait planté une tente, une sorte de guet, où une personne était maintenue 24 heures pour s’assurer que les colons en avant-poste ne commettent des absurdités. Si c’est le cas, des témoins étrangers présents sur place se chargent au moins de relever les faits.

 

A.G  : Sheikh Jarrah à Jérusalem Est ?

E.H  : Oui.

 

A.G  : Vous dessiniez là-bas ?

E.H  : En réalité, j’ai fait beaucoup de dessins un peu partout.

 

A.G  : A propos, nous allons montrer quelques uns de vos dessins et nous allons les poster sur notre site internet www.democracynow.org

E.H  : D’accord, c’est formidable.

 

A.G  : Au fait, votre blog « Thirsty Pixels »,

E.H  : Oui.

 

A.G  : Pourquoi lui avoir choisi ce nom ?

E.H  : Parce que la chose qui nous maintient en vie tue et détruit les ordinateurs.

 

A.G  : Et comment « Thirsty Pixels » tuent-ils les ordinateurs ?

E.H  : L’eau détruit un ordinateur. Mais ces pixels ont besoin d’eau.

 

A.G  : A présent, parlez-nous de votre évolution. Vous êtes à Sheikh Jarrah et vous assistez à beaucoup de choses.

E.H  : Oui

 

A.G  : Parlez-nous de vos origines, vos parents et vos grands-parents sont des survivants de l’Holocauste ?

E.H  : Mm-Hmm

 

A.G  : Votre père est citoyen israélien ?

E.H  : Tout à fait.

 

A.G  : Votre famille a vécu dans des camps de concentration ?

E.H  : Non. Mes grands-parents sont originaires de la Pologne. Bien que je ne sois pas très au fait de leur histoire, mais je sais que faute de stabilité, ils ont parcouru toute l’Europe à la recherche d’un endroit pour vivre. Ils étaient de fervents sionistes. Ils ont alors pris la direction d’Israël où ils vécurent dix années.

 

A.G  : Votre père est né là-bas ?

E.H  : Mm-Hmm

 

A.G  : Votre père était au courant de votre évolution et des nouvelles visions que vous avez adoptées ? Est-ce que vous parliez quand vous étiez en Israël et lui ici aux Etats-Unis ? En d’autres termes, était-il conscient du revirement de votre opinion et du changement de votre point de vue et perspective sur ce qui se passe en Israël et dans les Territoires Occupés ?

E.H  : Vous savez, il m’a été très difficile au début d’en parler à mes parents, de leur raconter que je suis partie en Cisjordanie, que j’ai côtoyé des Palestiniens et que nous avons pris des thés ensemble. Mais ensuite, il fallait qu’ils soient au courant, ce qui m’a pris environ un mois pour aborder le sujet. La réaction de mon papa était celle d’un père intéressé et soucieux mais qui, en parallèle, venait de subir une offense par rapport à tout ce que je faisais. Finalement, il s’est fait une idée à ma façon de voir les choses.

 

A.G  : Nous allons marquer une page de publicité pour revenir ensuite découvrir comment votre père a-t-il changé son idée. Aussi, vous voici en train de protester au niveau de points de contrôle, sachant que votre grand-père a été, il y a quelques années, un garde frontières.

Vous regardez Democracy Now ! notre invitée n’est autre qu’Emily Henochowicz, l’étudiante de 21 ans en beaux-arts à Cooper Union, New York qui a perdu son œil, le mois de mai dernier lors d’une participation à une protestation en Cisjordanie contre l’attaque israélienne ayant ciblé la flottille d’aides pour Gaza. Nous serons de retour dans une minute.

[Pause]

 

A.G  : Dans ce nouveau numéro, nous vous transmettons l’interview exclusive avec Emily Henochowicz, étudiante en beaux-arts dans le prestigieux Cooper Union. Mai dernier, elle reçoit une bombe lacrymogène en plein visage, entrainant ainsi la perte de son œil.

Emily, avant de parler de ce moment, nous avons précédemment mentionné que votre grand-père était garde frontières ?

E.H  : Effectivement. Je n’ai pas beaucoup d’informations à ce sujet. Tout ce que je sais est qu’il était policier aux frontières pendant qu’il vivait en Israël.

 

A.G  : Parlez-nous maintenant du 31 mai 2010. Où étiez-vous ?

E.H  : J’étais restée dans l’appartement de l’ISM à Ramallah, et,

 

A.G  : Vous voulez dire l’International Solidarity Movement (Mouvement International de Solidarité)

E.H  : Absolument. Donc, ce matin là, j’ai reçu un appel. Aussitôt, il était évident que le nombre des victimes soit complètement gonflé, on entendait parler de 21 personnes tuées dans la flottille, mais à la base, il a été décidé d’une manifestation à partir de Ramallah où chacun devait brandir un drapeau représentant les différents pays qui composaient la flottille. C’est pourquoi je suis sortie pour rejoindre la manifestation.

 

A.G  : Il s’agissait de la flottille d’aides pour Gaza,

E.H  : Oui

 

A.G  : La flottille composée de bateaux transportant une aide humanitaire pour Gaza.

E.H  : Oui. Je disais donc que la manifestation à Ramallah a été bloquée mais nous avons continué jusqu’au point de contrôle de Qalandiya, situé entre Jérusalem et Ramallah. Comme nous déplorions les morts, je ne pensais pas que les gaz lacrymogènes seraient utilisés. Je considérais que dans de pareilles situations, Israël se comporterait, soi-disant, convenablement, sans recourir à la violence. Hélas, je m’étais leurrée.

 

J.G : Pouvez-vous nous décrire ce qui s’est réellement passé ce jour ? Combien de personnes étaient présentes à la protestation ? Les participants étaient majoritairement des Israéliens, des gens de l’ISM ou bien des Palestiniens ? Que s’est-il produit par la suite ? Autrement dit, du début de la manifestation jusqu’au moment où ils ont commencé à tirer des bombes lacrymogènes ?

E.H  : Bien évidemment, il s’agissait d’une manifestation organisée par les Palestiniens. Donc, la majorité était palestinienne. Il n’y avait pas beaucoup de monde quand j’étais sur place car on avait quitté cet endroit avant. Il y avait quelques militants pacifistes israéliens, et j’étais là-bas avec un ami de l’ISM ainsi que deux autres personnes qui ont nouvellement adhéré à l’ISM et que je venais de rencontrer.

 

J.G : Qu’est-il arrivé ensuite ? Juste avant que les soldats israéliens ne commencent à tirer les bombes lacrymogènes ?

E.H  : Jonathan Pollak a grimpé la clôture et a hissé les drapeaux palestinien et turc sur le point de contrôle.

 

A.G  : Pollak est un membre de l’ISM ?

E.H  : Non, c’est un militant pacifiste israélien.

 

A.G  : Oh ! Le militant pacifiste israélien.

E.H  : Après avoir hissé les drapeaux, les policiers à la frontière sont venus et les ont enlevés. De l’autre côté du mur, des garçons palestiniens ont commencé à jeter les ordures du sol. C’est à ce moment là que les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes.

 

A.G  : Où est-ce que vous étiez ?

E.H  : J’étais dans une zone avec peu de barricades. C’est un peu compliqué de vous expliquer sans une carte de la région. Regardez, voici le mur, là c’est le point de contrôle de Qalandiya, et je suis quelque part ici.

 

A.G  : Vous étiez avec un groupe d’individus en train de les voir tirer ?

E.H  : En réalité, je ne les ai pas vus tirer, je voyais juste quand elles tombaient (les bombes), alors, j’ai essayé de voir d’où ça venait pour que je les évite. Ce qui est sûr, c’est que l’endroit d’où ça venait était très proche, car cela se passait en un laps de temps.

 

J.G : Je crois qu’il a été reporté dans un des articles parus ultérieurement que vous aviez dit à un ami, du genre « Je ne m’attendais pas à rencontrer tous ces ennuis. Je crois que je devrais m’éloigner d’ici ».

E.H  : Vous savez, je constatais que la situation devenait dangereuse et prenait de nouvelles dimensions. Je commençais à parler avec mes parents qui m’ont supplié de ne pas m’exposer aux dangers. J’ai dit à mes parents que je ne mettrai pas ma vie en péril, mais ça alors ! Y a eu une sorte de craquement et puis voilà, c’était ça...

 

A.G  : Qu’entendez-vous par « sorte de craquement » ?

E.H  : Je ne sais pas. C’était une sensation bizarre et singulière quand j’ai été frappée en plein visage.

 

A.G  : Aviez-vous compris ce qui s’était passé ?

E.H  : Oui, Je n’ai pas perdu connaissance.

 

A.G  : Racontez-nous alors ?

E.H  : En fait, une dame est accourue vers moi. Je crois qu’elle s’appelle Nariman Tamimi. En dépit des tirs et de la fumée, elle m’a saisie avant que je ne tombe. Ensuite, elle a couvert mon visage avec une gaze tirée de son sac à dos magique rempli d’outils médicaux et a ameuté tous les gens qui étaient autour. Enfin, j’ai été transportée sur un chariot, en urgence, vers l’hôpital de Ramallah et vous connaissez la suite de l’histoire.

 

A.G  : Donc, initialement, vous avez été évacuée vers un hôpital Palestinien ?

E.H  : Effectivement, à Ramallah.

 

A.G  : Ensuite ?

E.H : Vous devez savoir qu’une ambulance palestinienne n’a pas le droit de traverser la frontière, de même que des Palestiniens de la Cisjordanie ne sont pas autorisés à entrer en Israël, c’est pourquoi, on a dû me transporter d’une ambulance à une autre pour ensuite poursuivre notre trajet à destination de Hadassah.

 

J.G : Durant la période de traitement que vous avez eu à l’hôpital de Hadassah, avez-vous été approchée par des responsables israéliens pour vous interroger ou vous emprisonner ?

E.H  : M’emprisonner ? Non. Je ne crois pas avoir commis un crime en étant blessée, mais,

 

A.G  : Votre père est venu ?

E.H  : Oui

 

A.G  : Votre père est médecin aux Etats-Unis ?

E.H  : Tout à fait. Il a passé toute la semaine à mon chevet. Beaucoup de gens sont venus me rendre visite. Je sais que Nariman a voulu venir me voir mais elle n’a pas été en mesure de le faire, c’est évident, elle est...

 

A.G  : C’est la dame qui est venue vers vous...

E.H  : Oui, je crois qu’elle est...

 

A.G  : Elle vous a secourue.

E.H  : C’est une héroïne, remplie de bravoure. Elle est originaire de Nabi Salah, zone C. Dans cette zone, les permis de construire ne sont pas octroyés à beaucoup d’individus, c’est pourquoi un ordre de démolition a été établi contre sa maison. Elle passe son temps à lutter mais hélas, sa voix, ainsi que celle de la majorité des Palestiniens ne sont pas entendues. Quand j’étais hospitalisée, des gens remplis d’amour et d’affection sont venus me rendre visite, parmi eux, des personnes venues de Sheikh Jarrah et un groupe d’amis. Ce fut formidable.

 

A.G  : Quelle réaction avez-vous eue de la part de la communauté juive, qu’elle soit en Israël ou bien ici ?

E.H  : C’est un peu mitigé. Un rabbin était en colère contre moi. D’autre part, des gens avec lesquels j’ai discuté ont compris que mon action a été motivée par une intention humanitaire. Aussi, comme j’appartiens à la troisième génération depuis l’holocauste, je peux me distancier de l’idée de ce besoin urgent d’une patrie juive et des sentiments d’insécurité. Je suis en mesure d’analyser la situation et de relever les disparités et inégalités fondamentales qui existent.

 

A.G  : Emily, vous êtes une artiste.

E.H  : Oui.

 

A.G  : Quand avez-vous découvert ce talent ?

E.H  : Depuis toujours.

 

A.G  : Quel impact la perte de votre œil a-t-elle eu sur Emily la dessinatrice ?

E.H  : Vous savez, c’est difficile de vous décrire le sentiment avec précision. J’ai toujours été aux petits soins et très maniaque au sujet de mes yeux. J’avais tellement peur que j’ai refusé de subir une chirurgie au lasik. Dans mon travail, je compte beaucoup sur la vue car j’observe ce qui m’entoure puis je dessine ce que ma mémoire visuelle a conservé. Cependant, rien ne m’a empêché de poursuivre mon œuvre normalement car je venais de réaliser qu’un seul œil suffisait. Je bouge et je suis une personne très normale. Dans un sens, je possède une nouvelle perception de la profondeur, car les choses me paraissent à présent petites. En fait, quand je contemple un objet à deux dimensions, je ne dispose pas de ce signal qui me confirme ce que je vois, je peux même l’évaluer par rapport à ses propriétés à trois dimensions...mais...

 

A.G  : Vous ne portez pas de lunettes aujourd’hui ?

E.H  : Non

 

A.G  : Mais vous avez peint sur le verre qui cache votre œil gauche.

E.H  : Effectivement

 

A.G  : Pouvez vous nous décrire vos lunettes ?

E.H  : Elles n’ont rien de très spécial. J’ai demandé au chirurgien ce que je devais faire et si j’avais besoin d’un bandeau oculaire. Il a donc mis un ruban sur mes lunettes. Quand le ruban a commencé à se dégrader, j’ai pris quelques marqueurs et j’ai dessiné dessus. C’était une solution rapide.

 

J.G : Entre votre chirurgien et vous, les choses n’ont pas toujours été perçues de la même manière, s’agissant du traitement à long-terme ou bien comment faire face à la perte de votre œil dans l’avenir.

E.H  : Je dois reconnaître que mon chirurgien a été formidable, il a fait un excellent travail avec moi et il m’a comblé de sa remarquable attention. La divergence de nos points de vue tournait, je pense, autour de l’éthique. Je comprends que du point de vue esthétique, une prothèse est nécessaire et je peux en avoir besoin. Cependant, je veux me sentir moi-même car après tout, je n’ai pas deux yeux. Il me semble assez bizarre que les gens me fixeront un jour droit dans les yeux alors que je sais au fond que ce n’est pas mon œil qu’ils regardent, mais un verre ou une prothèse.

 

A.G  : Permettez-moi de vous informer que nous avons contacté l’ambassade d’Israël qui a refusé un entretien avec nous. Toutefois, l’ambassade nous a fait part de la déclaration suivante, je cite : « Nous tenons à exprimer notre profonde compassion et solidarité avec Emily Henochowicz suite à sa blessure. L’ambassadeur Oren et tout le personnel a accordé une entrevue à Emily et sa famille. Nous tenons à préciser qu’une enquête approfondie et transparente est en cours au sujet de cet incident malencontreux. Aussi, il convient de signaler que la manifestation était motivée par une protestation illégale qui a pris des proportions violentes, ce qui a nécessité l’utilisation de moyens anti-émeute pour disperser la foule. Emily se réserve le droit de tout recours légal ainsi que toute indemnité avec sa compagnie d’assurance ». Fin de la déclaration de l’ambassade israélienne.

Qu’entendent-ils par « votre compagnie d’assurance » ? Qui vous a indemnisé ?

E.H  : Il s’agit de la facture de l’hôpital. Nous n’avons pas encore signé le chèque car nous espérons toujours qu’Israël paye pour ce qui m’était arrivé. Les soins reçus aux Etats-Unis ont été, bien évidemment, payés de mes assurances et de ma poche 

 

A.G  : Mais ils ne vont par payer pour l’instant ?

E.H  : Non, pour l’instant, non.

 

J.G : Quand ils font mention d’une enquête en cours, avez-vous été interviewée ou interrogée par le gouvernement israélien pour témoigner de ce qui s’était passé ce jour là ?

E.H  : Oui. En fait, j’ai oublié le terme qui désigne cela. Il y a une semaine environ, j’ai été interrogée. Honnêtement, les questions ne me paraissaient pas très approfondies. Je m’attendais à des questions du type : « Quelle était votre position ? Quelle était leur position ? Quelle était la distance entre les policiers aux frontières et vous ? », ce sont là les critères sur lesquels ils devaient se baser pour leur enquête. Je pense qu’ils s’intéressaient le plus aux motifs qui m’ont emmenée en Israël et la durée de mon hospitalisation à Hadassah. Je ne sais pas, on verra.

 

A.G  : Envisagez-vous de retourner en Israël ou en Cisjordanie ?

E.H  : Absolument, absolument.

 

A.G  : Et vous avez toujours la citoyenneté israélienne ?

E.H  : Tout à fait. Elle ne m’a pas été ôtée, alors... Vous savez, mon cœur est là-bas, et comme j’ai subi un changement physique radical et perpétuel, alors je dois y retourner. Je sens que c’est une partie de moi. Tous ces gens chaleureux. Je dois avouer que l’une des plus fortes raisons qui m’ont poussée à soutenir les Palestiniens est leur amabilité à mon égard et envers d’autres étrangers. Je dois leur témoigner de ma gratitude, leur donner de mon affection et amour, je dois alors retourner là-bas.

 

A.G  : Emily Henochowicz, je vous remercie infiniment d’avoir été avec nous.

E.H  : Merci.

 

A.G  : C’est la fin de notre émission. Si vous voulez savoir plus sur notre invitée et son art, visitez son blog thirstypixels.blogspot.com ou via notre site internet www.democracynow.org, où vous découvrirez cette jeune étudiante de 21 ans, entamant sa dernière année en beaux-arts à Cooper Union, et qui a perdu son œil en recevant une bombe lacrymogène de plein fouet, alors qu’elle protestait contre l’attaque israélienne de la flottille à destination de Gaza.

 

 

Notes :

i) Bil’in est une petite ville de Cisjordanie située à 12 km à l’ouest de Ramallah, à côté de la barrière de séparation israélienne et de la colonie israélienne de Modiin Illit

ii) http://www.palsolidarity.org/about-ism/

iii) La technique du Lasik (LAser in-Situ Keratomileusis) est une intervention chirurgicale de l’œil. Son principe consiste à découper une fine lamelle dans l’épaisseur de la cornée (qui est la partie transparente de la surface de l’oeil) afin de permettre un remodelage en profondeur de la courbure cornéenne au laser. Son but est principalement de corriger la myopie, mais également d’autres aberrations optiques comme l’hypermétropie, l’astigmatisme ou la presbytie (on parle alors de « presbi-lasik » en modifiant la forme de la cornée). Cette opération permet de se passer d’un système de correction (lunettes ou lentilles de contact).

 

 

5 août 2010 - Democracy Now ! - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.democracynow.org/2010/8/...
Traduction de l’anglais : Niha

 
 
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=9240
 
 
Les articles et autres textes publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient (CJPP5), qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.

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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 00:45
Info-Palestine.net
Proche-Orient.net


DERNIERE MISE A JOUR :
vendredi 13 août 2010 - 12h:45

 

Enquête de l’ONU sur le massacre contre la Flottille : la nomination d’Uribe garantit son échec...

vendredi 13 août 2010 - 06h:25

José Antonio Gutiérrez et David Landy - The Electronic Intifada


Choisir Uribe pour enquêter sur les crimes israéliens est une farce sinistre qui décrédibilise d’emblée l’initiative des Nations Unies, écrivent José Antonio Gutiérrez et David Landy.
  
 

(JPG)
 
 
Álvaro Uribe Vélez, narco-trafiquant et criminel... aura à coeur de défendre les intérêts de ses sponsors israéliens.

 

 

Au début de ce mois, le gouvernement israélien a annoncé qu’il allait participer à une des deux commissions d’enquête internationales parrainées par les Nations Unies, sur le massacre commis le 31 mai dernier contre la Flottille de la Liberté pour Gaza, un changement d’attitude que le secrétaire général Ban Ki-moon a qualifié de « sans précédent ». Toutefois, ce que l’on sait de cette commission et de ceux qui y prennent part - en particulier le président sortant de la Colombie, Álvaro Uribe Vélez [2] - mette le doute sur son impartialité.

 

La Commission est composée de quatre personnes, l’une choisie par la Turquie, l’une choisie par Israël et les deux autres choisies dans une liste fournie par Israël [ci qui revient à dire qu’Israël a sélectionnné 3 membres sur 4 ... N.d.T]. Les deux derniers désignés sont l’ancien premier ministre de Nouvelle-Zélande, Geoffrey Palmer, qui sera président de la commission, et Uribe, qui en sera le vice-président. Alors que Palmer [1], expert en droit international, est un choix incontestable, la nomination d’Uribe est aussi surprenante que choquante.

 

Il semble que « l’équilibre » dans cette commission serait un équilibre entre une personne connaissant le droit et les lois internationales pour la défense des droits de l’homme, et une autre qui y est catégoriquement opposée. Cette notion d’équilibre affaiblit fatalement cette commission avant même qu’elle ait commencée ses travaux, et ternit l’image du droit international.

 

Uribe est un président controversé dont le régime s’est rendu coupable de graves violations des droits de l’homme, de surveillance illégale et de harcèlement à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme par ses services de renseignement (DAS), de violations du droit international (comme le bombardement du territoire équatorien), de corruption, de crimes contre l’humanité et de multiples excès commis par l’armée dans sa guerre anti-insurrectionnelle soutenue et financée par les Etats-Unies.

 

Le mépris d’Uribe pour les défenseurs des droits de l’homme est notoire. Selon Human Rights First, « le président Uribe et d’autres responsables de l’administration ont fustigé [les défenseurs des droits humains] comme sympathisants de terroristes et ont prétendu que des connexions existaient entre les ONG [organisations non gouvernementales] défendant les droits de l’homme et des groupes armés interdits.

 

Ces propos irresponsables tenus en Colombie par des officiels gouvernementaux mettent la vie des défenseurs des droits de l’homme encore plus en danger et risquent de compromettre la valeur et la crédibilité de leur travail » (« Human Rights Defencers in Colombia »).

 

En Septembre 2009 la Colombie a eu la visite de Margaret Sekaggya, rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme sur la situation des défenseurs des droits de l’homme. Sekaggya a constaté les problèmes permanents encourus par les défenseurs des droits de l’homme en Colombie, notamment « la stigmatisation [des défenseurs des droits de l’homme] par les agents de l’Etat et des acteurs non étatiques, leur surveillance illégale par les services de renseignement de l’État, leur arrestation et détention arbitraires et leur harcèlement judiciaire, les raids contre les ONG et le vol d’informations » (« Report of the Special Rapporteur ..., »...,4 Mars 2010, pp. 13-18 [PDF]).

 

Les personnages officiels en Colombie attaquent constamment les défenseurs de droits de l’homme et les membres de l’opposition politique et sociale, les accusant d’aider les « terroristes, » c’est-à-dire, les guérillas de gauche.

 

Uribe a pris la tête de ces attaques, traitant ces militants de « larbins au service du terrorisme qui lâchement brandissent le drapeau des droits de l’homme, » « de trafiquants des droits de l’homme, » de « charlatans des droits de l’homme, » de « collègues des bandits [ les guérilleros], » « front intellectuel des FARC [les Forces Armées Révolutionnaires de la Colombie] » et il a déclaré que « chaque fois que les terroristes et leurs supporters sentent qu’ils seront défaits, ils s’empressent de dénoncer des violations des droits de l’homme. »

Uribe a fait référence en termes particulièrement durs à Amnesty International et à Human Rights Watch : « Amnesty International ne condamne pas les violations de la loi d’humanitaire internationale par les guérilleros et légitime le terrorisme [...] Ils font le tour des bureaux européens comme des rats de bibliothèque, bavassant à voix basse, minant les institutions colombiennes. »

 

Et il a dit de José Miguel Vivanco, directeur de la division des Amériques de Human Rights Watch : « Avant que Vivanco, un défenseur des FARC [et] un de leurs complices, vienne ici pour critiquer notre politique de sécurité démocratique, nous faisions de sérieux efforts pour mettre notre pays sur ses pieds — Je n’ai rien à apprendre de M. Vivanco quand il vient parler des droits de l’homme » (« Defensores de derechos humanos : bajo el estigma del presidente Uribe, » Agencia de prensa (IPC), 23 octobre 2009).

 

C’est juste une brève vue d’ensemble des attaques systématiques d’Uribe contre les défenseurs des droit de l’homme. En juin 2010 une mission internationale des droits de l’homme a enquêté sur la plus grande fosse commune de l’hémisphère occidental — contenant environ 2000 victimes d’exécutions, jetées là depuis 2004 — qui venait juste d’être découverte près de la ville colombienne de La Macarena.

 

Au même moment Uribe s’est rendu dans cette même localité, mais pas pour présenter ses condoléances aux familles des victimes ou pour garantir qu’une enquête déterminerait ce qui s’est produit là. Au lieu de cela, il est allé visiter la base militaire locale, rencontrant exactement les mêmes personnes qui - selon les récits de survivants - ont rempli cette fosse commune avec son effroyable contenu, pour les féliciter de leur travail.

 

Uribe a déclaré à cette occasion : « Je veux que le pays sache que maintenant les terroristes veulent condamner notre victoire même partielle en fusionnant leurs moyens de lutte. Maintenant les porte-parole des terroristes parlent de la paix pour avoir un instant de répit afin de pouvoir récupérer, avant que nous accomplissions notre victoire finale. Le terrorisme combine des moyens de lutte, c’est pouquoi leurs porte-parole parlent de paix ; d’autres viennent ici à La Macarena pour rechercher des moyens de critiquer les forces armées et de les impliquer dans des violations des droits de l’homme. Nous ne tomberons pas dans ce piège, restez fermes ! » (« Voceros del terrorismo estan proponiendo la paz para poderse recuperar : Uribe » El Espectador, 25 juin 2010).

 

Il est difficile de croire que malgré son bilan effroyale en matière de droits du homme, Uribe ait été nommé pour faire partie d’une commission de droits de l’homme des Nations Unies. Allant au delà d’Uribe lui-même, n’importe quel représentant de l’état colombien doit être considéré comme suspect quand il est censé étudier des transgressions des droits de l’homme, alors que ceux qui violent ces droits de l’homme, qu’ils agissent officiellement ou « officieusement » avec l’accord de l’Etat, agissent en toute impunité ; 98% de ces violations restent sans poursuites (« Baseless Prosecutions of Human Rights Defenders in Colombia » février 2009).

 

Il est aussi très difficile de croire que la Colombie, le plus important destinataire de « l’aide » militaire des Etats-Unis après Israël et l’Egypte, un pays qui a accepté l’année passée d’accueillir sept nouvelles bases militaires des Etats-Unis sur son territoire, puisse être impartiale par rapport à Israël. Les gouvernements israélien et colombien partagent une même approche idéologique par rapport à leurs adversaires, basée sur une croyance que le respect des droits de l’homme est un faux problème quand il est question de poursuivre leurs buts militaires contre des groupes rebelles. De façon absolument pas étonnante, il y existe une coopération militaire à grande échelle entre ces deux États voyous.

 

Ces dernières années, selon des rapports d’agences de presse, Israël est devenu le fournisseur d’armes numéro un de la Colombie, pour une valeur représentant des dizaines de millions de dollars et « incluant des avions Kfir, des drones, des armes et des systèmes de repérage », employés contre les adversaires du régime colombien (« Report : Israelis fighting guerillas in Colombia » Ynet, 10 août 2007). Selon un haut gradé de la défense israélienne, les « méthodes d’Israël pour combattre le terrorisme ont été réutilisées en Colombie » ( « Colombia’s FM : We share your resilience » 30 avril 2010).

 

Il y a une raison pour laquelle les latino-américains se réfèrent souvent à la Colombie comme « l’Israël de l’Amérique latine, » et en effet le nouveau président élu colombien, Juan Manuel Santos, ex-Ministre de la défense et main droite d’Uribe, a exprimé sa fierté d’une telle comparaison (« Santos, orgulloso de que a Colombia lo comparen con Israel » El Espectador, 6 juin 2010).

 

Le parti pris du gouvernement colombien en faveur d’Israël s’est clairement exprimé pendant une visite en Israël, en avril 2010, du ministre des affaires étrangères Jaime Bermudez.

Le Jerusalem Post a rapporté le désir de Bermudez « de renforcer les relations militaires de la Colombie avec Israël » et de la « nécessité de faire plus en termes de combat contre le terrorisme. »

Il a fait part de sa confiance que « celui qui remportera l’élection présidentielle [en Colombie] le mois prochain sera un supporter d’ [Israël]. J’admire votre peuple. J’admire votre pays et je vous admire. Vous avez beaucoup d’amis en Colombie », « Colombia’s FM : We share your resilience »).

 

L’admiration est mutuelle, et Uribe se lance dans son rôle d’enquêteur soit-disant impartial en étant particulièrement plombé par les récompenses de divers organismes sionistes. On trouve dans la liste « La récompense de la Lumière sur les Nations » de l’ American Jewish Committee et en tombant encore plus bas dans le double-langage orwellien, « la médaille d’or présidentielle pour l’Humanitarisme » de B’nai Brith.

Alors que le gouvernement colombien et Uribe ont le droit de choisir leurs amis, tout ceci met en évidence qu’il n’y aura aucune objectivité — pour ne pas dire plus — à attendre de la part d’Uribe ce qui concerne son rôle dans la commission.

 

Il s’avère qu’Israël a accepté de coopérer avec cette enquête-là des Nations Unies uniquement parce qu’il n’y a quasiment aucune chance que cette commission prenne une attitude indépendante et produise un verdict impartial à propos de la brutale attaque israélienne contre la Flotille de la Liberté pour Gaza.

 

En effet, Israël a refusé de coopérer avec l’autre commission d’enquête sur l’attaque et désignée par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. On peut raisonnablement estimer que la coopération colombienne et israélienne sur cette question est un pas supplémentaire dans cette objectif commun de « faire plus en termes de combat contre le terrorisme » (pour paraphraser les remarques de Bermudez lors de son séjour en Israël).

 

En réalité ceci signifie attaquer les défenseurs de droits de l’homme et les artisans de l’aide humanitaire, affaiblir encore plus le droit international et le respect des droits de l’homme. Participer à un blanchissement du meurtre illégal et brutal de militants pacifistes et présenter ceux-ci comme des « terroristes déguisés » servira les objectifs militaires des deux pays qui se battent dans leurs zones respectives pour se débarrasser des défenseurs des droits de l’homme et « des communautés ennemies ».

 

Cette commission d’enquête est une escroquerie, manquant de la moindre crédibilité et qui servira juste à démontrer l’influence des Etats-Unis et d’Israël sur l’équipe de Ban Ki-moon. Une telle commission décevra quiconque s’attend à une enquête neutre et impartiale exposant la vérité au sujet du massacre du 31 mai. Cette commission mine encore un peu plus la crédibilité des Nations Unies et sert à transformer la loi internationale et en un simple jeu entre ceux qui la violent.

 

* José Antonio Gutiérrez et David Landy sont des militants résidant en Irlande, et impliqués respectivement dans le Latin American Solidarity Centre et la campagne de solidarité Irlande Palestine. José Antonio Gutiérrez écrit fréquemment sur la Colombie pour www.anarkismo.net

Notes :

[1] Geoffrey Palmer fut brièvement Premier ministre de Nouvelle-Zélande (1989-90). Il déconcerta ses électeurs travaillistes en laissant son ministre des Finances conduire d’importantes privatisations, supprimer des droits de douane, et supprimer les subventions aux organisations de la société civile. Rapidement contraint à la démission, il laissa derrière lui un Parti travailliste en ruine. Par la suite, il représenta la Nouvelle-Zélande à la Commission internationale de pêche à la baleine et siégea comme juge à la Cour pénale internationale. Réseau Voltaire

[2] Álvaro Uribe fut président de la Colombie (2002-10). Ancien maire de Medellin, il aurait entretenu des relations étroites avec le cartel de Pablo Escobar, assurent des sources fort diverses. Elu président avec l’argent des Etats-Unis et le soutien des groupes para-militaires, il mena un combat quotidien contre les guérillas de gauche. Au travers du Plan Colombie, il fit de son pays le porte-avion des Etats-Unis en Amérique latine et une base arrière pour la déstabilisation du Vénézuéla. Il a institué des liens économiques et militaires étroits entre la Colombie et Israël. Réseau Voltaire

 

6 août 2010 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction : Claude Zurbach

 
 
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=9232
 
 

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14 août 2010 6 14 /08 /août /2010 00:40

 

Monde - le 11 Août 2010

Monde

Flottille : Israël refuse que ses soldats soient interrogés

 

Benyamin Netanyahou a mis hier une fin de non-recevoir à toute enquête internationale sérieuse sur l’assaut meurtrier en s’opposant à tout interrogatoire de ses principaux acteurs.

  
La tension s’exacerbe entre Israël et la commission de l’ONU chargée de faire la lumière sur l’assaut meurtrier contre la flottille humanitaire pour Gaza.
  
Le premier ministre, Benyamin Netanyahou, a fait savoir qu’il s’opposerait à tout interrogatoire de soldats israéliens par les experts onusiens.
  
Cette fin de non-recevoir s’apparente à un refus catégorique de laisser le moindre espace à une véritable investigation internationale sur la tragédie.
  
On voit mal en effet comment une enquête sérieuse pourrait être réalisée sans que soient entendus ses principaux acteurs, ceux qui sont intervenus en haute mer en faisant usage de leurs armes contre les vaisseaux de la flottille.
 
C’est le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui avait semblé se prononcer, ces dernières heures, pour que les soldats puissent être entendus par les enquêteurs, qui a suscité cette mise au point sans appel.
 
Le porte-parole du gouvernement israélien expliquait hier laborieusement : «Avant qu’Israël annonce sa participation à cette commission, nous nous sommes assurés lors de négociations intensives en coulisses que le mandat de cette commission soit équitable, responsable et ne porte pas atteinte aux intérêts vitaux et de sécurité de l’État d’Israël.» Autrement dit : Israël veut bien participer à une enquête, mais à la seule condition qu’il ne puisse en aucun cas être mis en cause.
 
Dans ce contexte, les relations avec Ankara que Netanyahou accusait lundi ouvertement de complicité avec le terrorisme sous prétexte qu’il tentait, au moment des faits, de jouer les médiateurs dans l’affaire du nucléaire iranien, continuent de se détériorer. «La situation est très claire : Israël a tué des civils dans les eaux internationales. Israël doit avant tout assumer sa responsabilité», réagissait hier Ahmet Davutoglu, le chef de la diplomatie turque.
 

Bruno Odent

 

 

http://www.humanite.fr/10_08_2010-flottille-isra....

 

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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 00:48

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Monde

 
 

proche-orient jeudi12 août 2010
«Un jour, une Intifada bédouine éclatera»
Un hameau bédouin détruit. (AFP)
 
Un hameau bédouin détruit. (AFP)

Le hameau d’Al-Arakib, dans le désert du Néguev, a a été rasé mardi pour la troisième fois. La politique de sédentarisation par Israël est un échec

  
Il faut s’armer de patience pour trouver Al-Arakib.
Car ce village bédouin situé un peu au nord de Beer-Sheva, la «capitale du désert du Néguev», n’est pas reconnu par l’Etat hébreu et il ne figure pas sur les cartes.
 
Pourtant, le 27 juillet dernier, 1250 policiers accompagnés de 12 bulldozers ont envahi ce hameau et l’ont rasé en moins d’une heure.
 
Depuis lors, ses habitants reviennent quotidiennement sur place et assemblent à la hâte des baraquements qui sont aussitôt détruits par des forces de l’ordre stationnant en permanence dans les environs.
  
Mardi, Al-Arakib a donc été démoli pour la troisième fois en moins de deux semaines, mais les habitants ont d’ores et déjà promis de le reconstruire.
 
«On nous expulse de nos terres ancestrales juste avant le ramadan, mais nous ne partirons pas d’ici.
Nous n’acceptons pas d’être traités comme des chiens», fulmine Awad Abou Farikh, le porte-parole des habitants.

Une forêt sur les ruines

  
En attendant, le territoire d’Al-Arakib ressemble à un champ de bataille sablonneux. Les ruines des 45 habitations détruites sont dispersées au gré du vent. Quelques boîtes métalliques rouillées traînent ici où là.
 
«Un jour, une Intifada bédouine éclatera. Les juifs vont payer pour ce qu’ils nous font», jure Awad, un ouvrier qui campe à l’endroit où il résidait avant l’«attaque» et dont les yeux brillent de frustration.
  
De fait, ces dernières heures, quelques plantations appartenant à des kibboutzim voisins ont été saccagées et plusieurs véhicules incendiés.
 
Principalement visés, les camions du Fonds national juif (KKL), une organisation qui récolte de l’argent auprès des communautés juives de la diaspora pour «reverdir le désert» et qui promet de planter une forêt sur les ruines d’Al-Arakib.
 
Mais une partie de l’espace dégagé abritera également des installations militaires.
 
A long terme, quelques hectares devraient également accueillir certains des colons de Cisjordanie évacués dans le cadre d’un accord de paix avec l’Autorité palestinienne.
  
«Nous avons perdu nos terres au terme de onze ans de procédure judiciaire parce que les tribunaux israéliens exigeaient des actes de propriété écrits alors que notre patrimoine se transmet selon la tradition orale.
 
Face à une administration hostile, notre parole ne valait donc rien», soupire un ancien du village, un cheikh qui promet de «déclencher une guerre d’indépendance bédouine».
 


Depuis le début des années 1950, de nombreux Bédouins se sont engagés volontairement dans l’armée israélienne.

Au début, ils servaient d’éclaireur.

Plus récemment, ils constituaient certaines des unités d’élite qui ont participé à la deuxième guerre du Liban (2006) et même à l’opération «Plomb durci», l’invasion de la bande de Gaza où nombre d’entre eux ont pourtant de la famille.

 

A en croire notre interlocuteur, cette période bénie est terminée. «Nos jeunes n’ont plus envie d’aller se faire tuer pour un pays qui leur crache au visage», dit-il.
  
Grosso modo, la moitié des 200 000 Bédouins d’Israël vit dans les villages non reconnus.

 

La plupart de ces hameaux sans électricité ni égouts ni eau courante se trouvent dans le désert du Néguev.

Certes, depuis le début des années 1970, l’Etat hébreu tente d’attirer leurs habitants dans des villes de développement, mais cette politique ne porte pas ses fruits.

 

En témoigne, la cité de Rahat qui passe pour l’exemple le plus achevé de cette politique de sédentarisation et où le niveau de délinquance est le plus élevé de l’Etat hébreu. Quant au chômage, il y atteint 38,7% contre 8% dans le reste du pays.

«Poussés à l’extrémisme»

 
En tout cas, c’est au nom de la politique de sédentarisation que les autorités israéliennes ignorent les villages fantômes. En 2005, le tribunal de Beer-Sheva a ainsi débouté une famille bédouine qui demandait l’autorisation de raccorder son taudis au réseau électrique national.

 

Agée de 3 ans, la fille des plaignants souffrait d’un cancer et son état nécessitait l’utilisation permanente d’appareils médicaux électriques.

Mais cet argument n’a pas ému les juges et les Bédouins ont été déboutés.

Leur fille est morte quelques mois plus tard.

Depuis lors, plusieurs décisions judiciaires semblables ont été rendues.

Au moins dix villages non reconnus ont également été rasés.

«Il est difficile de comprendre pourquoi Israël pousse une partie de ces citoyens vers l’extrémisme et le crime, écrivait le quotidien Haaretz à propos des événements d’Al-Arakib. Les Bédouins ne méritent pas cela.»
 
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/0352960a-a588-11df...

 

 

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12 août 2010 4 12 /08 /août /2010 00:50
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Lebanon, Palestine: Provoking War
In Lebanon, Israel makes its own rules.

By Stephen Lendman
 
Perhaps suggesting a larger-scale planned offensive, recent violent Israeli outbreaks struck Gaza, the West Bank, and Israeli/Lebanon border, the first there since the summer 2006 war.
 
Like Cast Lead, it was Israeli aggression - violent, lawless and unrelenting, a scorched-earth blitzkrieg, inflicting vast destruction, causing billions in damage, killing over 1,000 Lebanese, injuring thousands more, and displacing around a million others (about one-fourth of the country's four million population), including over 300,000 children fleeing north for their lives. In the end, Hezbollah handed Israel a humiliating defeat. Perhaps revenge is planned.
 
On August 4, Ma'an News reported that Israeli and Lebanese troops clashed - exchanging fire, killing four Lebanese citizens, including three soldiers. One Israeli soldier was killed. Reports said violence erupted after Israeli soldiers crossed the border, then tried uprooting a tree to install a surveillance camera and equipment, a chain of events leaving five dead. An IDF spokesman said soldiers hadn't entered Lebanon, but were between the UN-administered Blue Line and Israel's border fence.
 
Lebanese accounts had Israeli soldiers in the area, removing trees to install surveillance equipment. Israel called it "routine maintenance." Lebanese Prime Minister Saad Hariri condemned what he called Israeli violation of Lebanese sovereignty. Lebanon's parliament speaker, Nabih Berri, wants a complaint against Israel filed with the UN Security Council. Israel may file its own in response, its Foreign Ministry saying "Israel sees the firing on an IDF force which acted in coordination with UNIFEL (Blue Helmets) in the border region in the last hours a blunt violation of Security Resolution 1701."
 
Hariri wants the UN to demand Israel implement Resolution 1701, calling for demilitarization of the area within the Blue Line where UNIFEL troops are stationed. Throughout its history, Israel has spurned all UN resolutions criticizing its policies and actions.
 
On August 3, Haaretz writer Jack Khoury headlined, "(Hassan) Nasrallah: Hezbollah will respond if Israel attacks Lebanon's army," saying:
 
In a speech marking four years since the end of the 2006 war, Hezbollah's leader said:
"I say honestly, that in any place where the Lebanese army will be assaulted and there's a presence for the resistance, and it is capable, the resistance will not stand silent, or quiet or restrained....Israel's aggression against Lebanon has not stopped, and what happened today only proves that. Since the ceasefire and until today, Israel has blatantly violated (the UN Security Council resolution) more than 7,000 times, and no one has lifted a finger, not even the Security Council."
 
He also praised Lebanon's army and said Hezbollah was on highest alert during the incident. "I was personally in contact with (Hezbollah) commanders in the area, and I asked them not to act before receiving a direct order. We announced that we would not initiate any activity as long as we did not receive authorization from the highest command of the Lebanese army."
 
On August 5, Haaretz writer Gideon Levy headlined, "Only we're allowed," saying:
"After Tuesday's border clash, Israel will continue to ignore UNIFEL and the Lebanese army....Those bastards, the Lebanese, changed the rules. Scandalous. Word is, they have a brigade commander who's determined to protect his country's sovereignty. Scandalous."
 
Levy explained that in Gaza a "fence is a fence." Getting near it is enough to get shot and killed. In the West Bank, nearly the entire Separation Wall ignores the Green Line. Palestinians are forbidden to cross.
In Lebanon, it's different. Israel makes its own rules, ignoring "fences," crossing the border illegally, invading Lebanese air space, at times aggressively. Until 2000, Israeli forces occupied South Lebanon for 18 years, its so-called "security zone." Today, all Palestine is occupied since 1967.
 
"We're allowed" to be there. Palestinians "aren't allowed" to resist. "We're allowed" to enter Lebanon. "They're forbidden" from reacting. Try it, and "Lebanon must learn a lesson, and we will teach it. And what about us?
 
We don't have any lessons to learn. We'll continue to ignore UNIFEL," UN resolutions, the rule of law, "the Lebanese Army and its new brigade commander, who has the nerve to think that his job is to protect his country's sovereignty." Scandalous.
 
 
Israeli Provocations in Gaza
Six days of Israeli air strikes left several dead and dozens wounded. In addition, IDF shellfire killed one Palestinian and wounded two or more others. The attacks are the latest provocations occurring regularly without warning.
 
The Palestinian Centre for Human Rights (PCHR) reported the air strikes, one against Hamas member 'Isa al-Batran from the al-Boreij refugee camp, another against Gaza City's runway, targeting security vehicles near the presidential compound. Neighboring homes and buildings were damaged. Residents were terrified. At the same time, tunnels on the Gaza-Egypt border were attacked, ones providing essential supplies prohibited under siege. No casualties were reported.
 
The next day, a missile killed Izziddin al-Qassam Brigade member 'Isa Abdul Hadi al-Batran in Central Gaza, the attack destroying area residential structures. Earlier assassination attempts failed, the latest taking his life, his wife and five children.
 
Near Erez crossing with no provocation, Israeli snipers shot three workers, collecting materials from rubble stockpiles. Israel maintains a 67 square km Gazan agricultural area "no-go zone," regularly shooting Palestinians who enter, including farmers on their own land.
 
PCHR called the attacks "part of a series of the Israeli war crimes committed which reflect (its) disregard for the lives of Palestinians."
 
On August 2, a massive explosion rocked Gaza's Deir al-Balah refugee camp injuring 58, including 13 children and nine women, one suffering a miscarriage as a result. It also destroyed seven houses and damaged 30 others.
 
The Izziddin al-Qassam Brigades (Hamas' armed wing) issued an August 3 press release saying:
"We confirm that what happened resulted from a Zionist security operation intended to assassinate field leaders in the" Brigades.
 
Eyewitnesses said bombs placed in a house belonging to senior Hamas official Alaa al-Danaf exploded, initial reports saying Israeli missile strikes caused it. Al-Danaf wasn't killed.
 
On August 4, in a series of daily attacks, an Israeli air strike killed one Palestinian and wounded another east of Khan Younis in Gaza. Nearby residents are reminded of last winter's Cast Lead, again seeing dead, wounded, destruction, and scattered debris, part of Israel's campaign to traumatize them.
 
PCHR launched a "serious and comprehensive investigation" to determine what happened in Deir al-Balah - whether stored bombs exploded, sabotage occurred, or other factors were involved. Israeli involvement is always suspected, especially since days of air strikes preceded it, regular attacks against Gazan civilians, leaving dead and wounded behind.
 
Preceding the latest attacks, Haaretz reported rockets fired at Israel's southern port city of Eilat. No casualties were reported. Another struck Aqaba, Jordan, killing one civilian and wounding four others. Israel blamed Hamas, but Jordanian security forces said they came from Egypt's Sinai or southern Jordan, not Gaza, Hamas strongly denying involvement.
 
Since Cast Lead ended in January 2009, Hamas maintained a unilateral ceasefire, Israel violating theirs repeatedly, recent air and ground attacks the latest provocations, countered by Palestinian resistance factions (unaffiliated with Hamas), firing one or more Grad-type rockets, hitting an area in Ashkelon, Israel. No deaths or injuries were reported.
 
On August 1, the Al Mezan Center for Human Rights condemned the Israeli attacks, warned of new escalation, and asked the international community to intervene "to ensure that civilians and their property are protected in the occupied Palestinian territory."
 
 
Regular West Bank Incursions and Repression
In late July, PCHR reported the following:
-- Israel continued to impose free movement restrictions throughout the West Bank and East Jerusalem, including access to the city; currently 630 permanent manned and unmanned checkpoints are maintained as well as 60 - 80 "flying" (temporary) ones erected every week;
-- Separation Wall construction continues, nearly all on confiscated Palestinian land, around 12% of the West Bank when completed;
-- at least 65% of the main roads leading to 18 Palestinian communities are closed or fully controlled by Israeli forces;
-- around 500 km of restricted roads cross the West Bank; one-third or more of the Territory, including East Jerusalem, is inaccessible to Palestinians without very hard to get permits;
-- peaceful demonstrators are regularly assaulted, injured, arrested, and at times killed;
-- in one week, Israeli forces conducted 25 incursions into West Bank communities, and five others in Gaza; WB ones included al-Mazra'a al-Gharbiya village near Ramallah; 'Anata village near Jerusalem; Jayous village near Qaqlilya; the al-Fawar refugee camp near Hebron; 'Allar and Baqa al-Sharqiya villages near Tulkarm; Dura, Ethna, Bani Na'im, Sa'ir, Nouba, and Beit Oula villages near Hebron; the town of Salfit; al-Shawawra village near Bethlehem; al-Zawia village near Salfit; 'Anabta and Kufor al-Labad villages near Tulkarm; the city of Tulkarm; the city of Qalqilya; Shwaika suburb near Tulkarm; Jalbourn and Deir Abu Da'if villages near Jenin; and on August 5 the Al-Frahen area near Khan Younis in central Gaza with bulldozers and tanks, firing on farmers and other civilians; no injuries were reported;
-- in all of them, excessive force was used; streets were patrolled; homes invaded and searched; contents damaged or destroyed; arrests made; and civilians shot; one death was reported, others wounded, what happens regularly throughout the Territories in violation of international law, what Israel hasn't recognized, respected, or obeyed for over six decades, targeting protected persons and citizens they're supposed to safeguard.
 
Why PCHR and other human rights organizations want Fourth Geneva's High Contracting Parties (HCPs) to fulfill "their legal and moral responsibility (to) ensure Israel's respect for Convention in the Occupied Palestinian Territory, (and) take effective steps" to demand compliance, what must and will happen with or without HCP help, pressure building to assure it, but not soon or easily.
 
 
- Stephen Lendman lives in Chicago and can be reached at lendmanstephen@sbcglobal.net. Also visit his blog site at sjlendman.blogspot.com. He contributed this article to PalestineChronicle.com.

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http://palestinechronicle.com/view_article_details.php?id=16184

 

 

Les articles et autres textes publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient (CJPP5), qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
 


 

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12 août 2010 4 12 /08 /août /2010 00:45
 
Monde - le 10 Août 2010

Monde

Le droit du pirate

 

 

«L’État d’Israël et l’armée israélienne ont agi conformément au droit international.» Auditionné hier par la commission de l’ONU chargée d’enquêter sur la tragédie de la flottille de Gaza, Benyamin Netanyahou a répondu sur un ton qui n’admet pas de réplique.
  
Parmi les militants qui avaient pris place sur les embarcations pour dénoncer le blocus de la bande de territoire, neuf citoyens turcs ont trouvé la mort, massacrés en haute mer par un commando de la marine israélienne.
  
Selon tous les témoignages, les victimes étaient désarmées et les soldats ont vidé sur elles les chargeurs de leurs armes automatiques.
  
L’interception et l’attaque sanglante d’un navire en haute mer correspondent au pied de la lettre du droit international à un acte de piraterie.
  
Pas de quoi troubler le chef d’un gouvernement israélien investi par l’extrême droite, toujours assuré du soutien de Washington et des complaisances de Bruxelles.
  
Il n’hésitait pas à renverser les rôles hier encore, se présentant en victime, plaidant «la légitime défense» contre le terrorisme.
  
Et de mettre en cause l’État turc, pourtant l’un de ses rares alliés dans la région, qui aurait dévoilé quelque temps plus tôt ses intentions «malveillantes» en tentant, avec le Brésil, de jouer les médiateurs pour éviter l’escalade dans l’affaire du nucléaire iranien.
De quoi, on en convient, abuser de la patience du pirate le mieux intentionné…

  

 

Bruno Odent

 
 
 
 
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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 01:05

 
LeMonde.fr
  
 
 
Une flottille de femmes aurait quitté le Liban pour rejoindre Gaza
09.08.10 | 13h52  •  Mis à jour le 09.08.10 | 15h11
 

La flottille d'aide humanitaire pour Gaza ferait-elle des émules ? C'est ce que semble prouver une information du quotidien britannique The Guardian, qui révèle qu'une nouvelle flottille devait quitter Tripoli, au Liban, ce week-end, pour tenter de forcer le blocus israélien et apporter de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

 
La spécificité de cette nouvelle expédition ? Elle est entièrement composée de femmes, des dizaines de militantes, docteures, avocates ou journalistes, chrétiennes et musulmanes, ainsi que des religieuses américaines et la chanteuse libanaise May Hariri. Toutes se défendent d'être affiliées au Hezbollah ou à quelque autre organisation.
 
 
PRESSIONS D'ISRAËL SUR LE LIBAN POUR STOPPER LA MISSION
Les deux bateaux de la flottille, le Mariam et le Naji-Alali, auraient dû rejoindre Gaza il y a déjà plusieurs semaines. Mais son départ avait été retardé en raison de pressions d'Israël sur le Liban pour stopper la mission. Le Liban aurait finalement donné son accord à l'envoi des navires ce week-end.
 
Israël s'est dit préoccupé par cette expédition. L'ambassadrice israélienne à l'ONU, Gabriela Shalev, a prévenu que le pays se réservait le droit d'arraisonner la flottille pour éviter qu'elle ne fournisse des armes aux Palestiniens.
 
 
DES FEMMES PRÉPARÉES À LA CONFRONTATION
Les participantes, qui se disent conscientes des risques, ont été préparées à la confrontation. Le 31 mai, neuf Turcs avaient en effet été tués dans des affrontements avec les commandos de la marine israélienne lors de l'abordage du ferry Mavi-Marmara, dans les eaux internationales. Les militantes ont par exemple réalisé des examens médicaux dans le cas où elles devraient subir une transfusion sanguine.
 
Elles affirment toutefois que leur mission est "purement humanitaire" et qu'elles ne veulent pas provoquer Israël. "Nous n'avons même pas de couteaux de cuisine à bord", a assuré au Guardian Samar al-Haj, coordinatrice de l'expédition.
 
A la question de savoir comment elles réagiraient à une attaque de l'armée israélienne, l'une des activistes, Tania al-Kayyali, a répondu qu'elles "n'envisage[aient] pas de [se] battre ou d'attaquer Israël mais [qu'elles] ne quitter[aient] pas le bateau". 
 
 
 
 
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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 00:55


Le Monde diplomatique
 

vendredi 6 août 2010
M. Alvaro Uribe est nommé vice-président de la commission mise en place par l’ONU

Enquête sur la flottille pour Gaza :
recyclage express de l’ex-président colombien

En juillet dernier, le Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’Organisation des Nations unies (ONU) a désigné trois experts chargés d’enquêter sur le raid meurtrier mené par des commandos israéliens contre une flottille humanitaire internationale, le 31 mai.
Transportant des centaines de défenseurs des droits des Palestiniens, celle-ci s’apprêtait à contourner le blocus illégal de la bande de Gaza pour y livrer de l’aide humanitaire. Indignant l’opinion internationale et provoquant une grave crise entre Israël et la Turquie, l’abordage et l’emploi de la force s’étaient soldés par la mort de neuf passagers turcs et par des dizaines de blessés.
  
Hostile à toute investigation de ce type, Tel Aviv avait rejeté celle du CDH, la déclarant prématurée, dans la mesure où sa propre commission d’enquête était en cours.
 
Toutefois, et pour la première fois, le premier ministre Benjamin Netanyahou a accepté qu’Israël coopère avec un autre panel de quatre experts, dont le secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-Moon, a annoncé, le 2 août, la constitution (1). « A partir du moment où la commission est crédible, objective, cela ne nous pose pas de problème », a déclaré M. Mark Regev, le porte-parole du gouvernement israélien.
 
« Crédible », on peut en douter – sauf s’il s’est agi de la doter d’un « expert en massacres » particulièrement compétent. En effet, présidée par l’ancien premier ministre néo-zélandais Geoffrey Palmer, qu’assisteront un Turc et un Israélien, elle aura comme vice-président… le chef de l’Etat colombien, Alvaro Uribe, dont la gestion à la tête du pays, commencée en 2002, s’achève le 7 août, au terme de son second mandat. Compte tenu de son expérience personnelle, le nombre « limité » – on serait presque tenté d’écrire « ridicule » – des victimes ne devrait guère le perturber ni l’amener à bousculer le gouvernement israélien.
 
C’est en effet durant ses huit années à la Casa Nariño (2) que les hauts responsables du Département administratif de sécurité (DAS), la police politique colombienne, qui dépend directement du président de la République, ont chargé des chefs paramilitaires d’assassiner des milliers d’opposants – parmi lesquels, de 2002 à 2008, quatre cent trente syndicalistes. C’est à l’ombre de la directive ministérielle n° 29 de novembre 2005 – qui établit le paiement de récompenses pour la capture ou la mort de guérilleros – que s’est développée la pratique des « faux positifs » : la justice colombienne a actuellement entre les mains les dossiers de mille neuf cent quatre-vingt neuf hommes abattus de sang froid par des militaires et ensuite revêtus d’uniformes destinés à les faire passer pour des insurgés morts au cours d’affrontements.
 
Selon le Bureau d’étude des droits humains et du déplacement forcé (Codhes), sur les quatre millions de personnes déplacées de force depuis 1985, trois millions l’ont été sous le gouvernement de M. Uribe (3). Chaque semaine donne lieu à la découverte d’une fosse commune, œuvre des paramilitaires, dans un département ou un autre du pays. Lors d’une audience publique tenue le 22 juillet dernier, une délégation composée de six membres du Parlement européen, de trois députés britanniques, trois délégués espagnols et deux américains, et de dix dirigeants syndicaux de divers pays, a confirmé l’existence à La Macarana (département de Meta), du plus grand de ces charniers, imputable, celui-ci, tant aux paramilitaires qu’à la force d’élite de l’armée (la Fuerza de Tarea Omega) déployée dans la région (4). Selon les estimations, environ deux mille corps de victimes d’exécutions extrajudiciaires pourraient y avoir été jetés.
 
En vertu de la loi Justice et paix, entrée en vigueur en juillet 2005, dans le cadre d’une pseudo démobilisation, M. Uribe a octroyé à trente mille paramilitaires une amnistie de fait. L’extradition de quatorze de leurs chefs aux Etats-Unis, lesquels entendent les juger pour « narcotrafic », a permis d’éviter que leurs témoignages, devant la justice colombienne, ne révèlent l’horreur de leurs crimes et, surtout, les complicités dont ils ont joui, au cœur même du pouvoir, dans la pratique du terrorisme d’Etat. Elle n’a pu toutefois empêcher la mise en examen ou l’incarcération de quatre-vingt-cinq élus et ex-élus « uribistes » – dont deux anciens présidents du Sénat – pour leurs liens avec les milices d’extrême droite.
 
Pour ne pas sombrer dans une analyse exagérément négative, on précisera que la nomination de cette « importante personnalité » (dixit M. Ban Ki-Moon) sera d’un grand secours à la commission d’enquête si, d’aventure, certains de ses interlocuteurs rechignaient à fournir les « clarifications et informations complémentaires » nécessaires à l’établissement des faits. M. Uribe est en effet passé maître dans ce type d’activité. Le 9 juillet, témoignant devant un procureur de la Cour suprême, M. Fernando Tabares, ex-directeur du renseignement du DAS, a précisé que tous les ordres donnés à la police politique, et qui ont abouti au scandale des chuzadas – écoutes illégales et espionnage de magistrats de la Cour suprême, de journalistes et d’opposants –, l’ont été par M. Bernardo Moreno, secrétaire général de la présidence de la République ; un très proche de M. Uribe, de plus en plus menacé par la justice et qui perdra le 7 août l’impunité liée à sa fonction.
 
« J’espère sincèrement que [cette commission d’enquête] contribuera au processus de paix, ainsi qu’à l’amélioration des relations entre Israël et la Turquie », a déclaré M. Ban Ki-Moon. A défaut d’une contribution à un quelconque processus de paix en Colombie ou à l’amélioration des relations entre ce pays et ses voisins équatorien et vénézuélien, que M. Uribe a détériorées à l’extrême, on l’espère sincèrement aussi. Mais, en tout état de cause, « sa très grande expérience en matière de paix, de sécurité et de droit international » (selon la représentante permanente de Bogotá devant les Nations unies, Mme Claudia Blum) ne devrait guère mettre Tel Aviv en difficulté. Une longue histoire lie Israël et la Colombie.
 
En 1983, Carlos Castaño, l’un des chefs paramilitaires les plus sanguinaires, a reçu un entraînement militaire en Israël, comme il l’a révélé lui-même, avant sa mort, dans son livre Mi Confesión (Ma confession) (5). L’un de ses collègues en assassinats de masse, M. Salvatore Mancuso, a bénéficié du même accueil chaleureux.
 
En 1987, des officiers de la XIIIe Brigade contacteront M. Ytzhak Maerot Shoshani – bien connu du haut commandement militaire pour avoir représenté la firme Israel Trading Corporation, qui, depuis 1980, vendait du matériel de guerre au ministère de la défense colombien. C’est par son entremise que sera organisée l’arrivée à Puerto Boyacá (province de Magdalena Medio), au début de 1988, de cinq « conseillers » israéliens (et onze britanniques), sous les ordres de M. Yahir Klein, colonel de réserve de l’armée israélienne, fondateur de la compagnie Hod He’hanit-Spearhead Ltd, prestataire de services en matière de sécurité. Durant quarante-cinq jours, dans la finca (6) « La Cincuenta », ces mercenaires formeront les narcoparamilitaires aux techniques les plus raffinées (7). Pour cette seule année 1988, la « sale guerre » fera deux mille morts civils dans la zone bananière d’Urabá.
 
Depuis, dans un cadre plus conventionnel, les relations n’ont jamais cessé. Depuis 2005, Israël est le premier fournisseur de la Colombie en matériel belliqueux (armes légères, drones, systèmes de surveillance et de communications). Ministre de la défense de M. Uribe (et, à partir du 7 août, nouveau président du pays), M. Juan Manuel Santos a reconnu que Bogotá avait discrètement recruté d’anciens officiers de l’armée israélienne pour former les forces de police à l’action contre-insurrectionnelle (8). Au lendemain de la libération de Mme Ingrid Betancourt (enlevée et retenue par les FARC depuis 2002), M. Juan Hurtado Cano, ambassadeur de Colombie en Israël, confirmait, lui, « le haut niveau de coopération militaire entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme (9) . »
 
Déjà récipiendaire de la Médaille d’or de l’humanitarisme (!), décernée par l’organisation juive B’nai B’rith (Les Fils de l’Alliance), totalement alignée sur Tel Aviv, M. Uribe a été honoré d’un award (prix), le 3 mai 2007, à Washington, par l’American Jewish Committee (Comité juif américain, AJC), car, d’après M. E. Robert Goodkind, son président, il est « un allié dévoué des Etats-Unis, un bon ami d’Israël et du peuple juif, et un ferme partisan de la dignité humaine et du développement en Colombie et dans les Amériques ».
 
Dans ces conditions, M. Ban Ki-moon ayant préalablement discuté de la composition du panel avec le ministre israélien de la défense, Ehud Barak, en visite à New York, on ne s’étonnera pas que Tel Aviv n’ait émis aucune objection à l’existence d’une « commission d’enquête » comprenant un acteur aussi « impartial ». Ni que Washington s’en soit hautement félicité. Quant à M. Ban Ki-Moon, il a manifesté son enthousiasme, le 2 août :
« Aujourd’hui, je suis très heureux d’annoncer la création de ce panel. C’est un développement sans précédent. »
 
« Sans précédent » est effectivement l’expression qui convient.
 
Maurice Lemoine
 
 
(1) Le groupe d’experts entamera ses travaux le 10 août et soumettra un premier rapport d’ici à la mi-septembre
(2) Le siège de la présidence colombienne.
(3) Cf. Amnesty International, « “Laissez-nous vivre en paix !” Les civils, victimes du conflit armé en Colombie », octobre 2008.
(4) Hasard ? Déployant un énorme rideau de fumée, c’est précisément ce 22 juillet que M. Uribe a déclenché une grave crise avec son voisin vénézuélien, l’accusant d’accueillir et de protéger, sur son territoire, quatre-vingt-sept campements et mille cinq cents guérilleros de l’Armée de libération nationale (ELN) et des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Ces « révélations » ont totalement occulté dans les médias, et continuent de le faire, « la fosse commune de La Macarena » – d’ailleurs connue depuis plusieurs mois sans provoquer aucun émoi.
(5) Carlos Castaño (avec Mauricio Aranguren Molina), Mi Confesión, Editorial Oveja Negra, Bogota, 2001.
(6) Propriété agricole.
(7) Le 27 août 2007, M. Klein a été interpellé en Russie.
(8) Semana, Bogotá, 10 août 2007.
(9) « Intense coopération militaire entre Israël et la Colombie » (vidéo), Infolive.tv, 3 juillet 2008.
 
 
 
Les articles et autres textes publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient (CJPP5), qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
 
 
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