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15 février 2017 3 15 /02 /février /2017 11:33
L'ambassade américaine à Jérusalem: Trump semble reculer
 
 
AFP
 
Modifié le - Publié le | AFP

 
 

Un casus belli pour les Palestiniens, un sujet secondaire pour Israël : le transfert de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem pourrait être remis aux calendes grecques par le président Trump, qui en avait pourtant fait une promesse de campagne.

Juste avant de recevoir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu mercredi à la Maison Blanche, Donald Trump avait déjà semblé reculer : vendredi, il affirmait au quotidien israélien Israel Hayom qu'il réfléchissait "très sérieusement" à déplacer la chancellerie américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, mais que cette décision, "pas facile", n'était pas encore prise.

Rompant avec la position historique des Etats-Unis, le candidat Trump avait pourtant promis de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël et d'y installer l'ambassade, au grand dam des Palestiniens et de la majeure partie de la communauté internationale.

Elu, le 45e président des Etats-Unis avait enfoncé le clou en nommant en décembre comme prochain ambassadeur en Israël un avocat américain juif, David Friedman, partisan de la colonisation et de l'annexion par Israël de parties de la Cisjordanie occupée.

 

- 'Capitale éternelle d'Israël' -

M. Friedman, honni par des associations d'Américains juifs et qui doit être auditionné jeudi par le Sénat en vue d'être éventuellement confirmé à son poste, avait proclamé sa "hâte de travailler depuis l'ambassade américaine dans la capitale éternelle d'Israël, Jérusalem".

L'Etat hébreu considère l'ensemble de Jérusalem, y compris la partie orientale conquise et annexée en 1967, comme sa capitale indivisible. Quelque 200.000 Israéliens se sont installés dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est. Les Palestiniens, qui représentent environ un tiers de la population de la ville, veulent quant à eux faire de Jérusalem-Est la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

Officiellement, Benjamin Netanyahu continue d'affirmer que Jérusalem "réunifiée", c'est-à-dire comprenant Jérusalem-Est annexée, est la "capitale éternelle d'Israël". "L'ambassade des Etats-Unis doit se trouver ici à Jérusalem" et non à Tel-Aviv, avait-il martelé fin janvier.

 

Mais officieusement, le transfert de l'ambassade ne semble pas être la priorité des priorités du Premier ministre israélien. Experts et commentateurs en Israël et aux Etats-Unis pensent plutôt qu'un feu vert, même tacite, du nouveau président américain à la poursuite de la colonisation en Cisjordanie est bien plus important dans l'immédiat.

D'après le New York Times de lundi, M. Trump a d'ores et déjà reculé sur l'ambassade, M. Netanyahu ayant fait savoir qu'une décision aussi lourde en symboles - avec la réaction qu'elle provoquerait chez les Palestiniens et dans les pays arabes - n'était pas la priorité numéro un.

- Risque d''explosion absolue' -

L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a en effet menacé la semaine dernière de "révoquer la reconnaissance de l'Etat d'Israël le jour même" de l'éventuel transfert de la chancellerie. Et avant de quitter la tête de la diplomatie américaine fin janvier, John Kerry avait prévenu d'un risque d'"explosion absolue" au Proche-Orient.

De fait, reconnaît Jonathan Schanzer, vice-président du centre de recherche conservateur Foundation for Defense of Democracies, si "les Israéliens sont évidemment favorables" à une ambassade américaine à Jérusalem, "ils veulent avancer lentement" afin de privilégier leur "premier objectif, le soutien des Etats-Unis à la sécurité" de l'Etat hébreu.

Son collègue Robert Satloff, analyste au Washington Institute for Near East Policy et partisan du déplacement de l'ambassade, pense également que Donald Trump temporise. "Le calendrier du déménagement est crucial : si le président s'engage à le mettre en oeuvre, il doit le faire rapidement, dans les prochaines semaines", presse-t-il.

Mais dès le lendemain de l'investiture du président Trump, la Maison Blanche avait exclu toute annonce précipitée sur le sujet.

Un des compromis évoqués par des diplomates à Washington serait plutôt d'installer symboliquement le bureau du prochain ambassadeur des Etats-Unis au consulat américain de Jérusalem-Ouest, tout en conservant l'ambassade à Tel-Aviv.

14/02/2017 10 :36 :15 - Washington (AFP) - © 2017 AFP

 

http://www.lepoint.fr/monde/l-ambassade-americaine-a-jerusalem-trump-semble-reculer-14-02-2017-2104584_24.php

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15 février 2017 3 15 /02 /février /2017 11:26
Ces colonies israéliennes financées par la galaxie Trump
 
 
 
 
 
Par Chloé Demoulin
 
 

Ces dernières années, la famille du gendre de Donald Trump, l’ambassadeur en Israël nommé par le président américain ainsi que le milliardaire lui-même ont versé des centaines de milliers de dollars à des colonies juives en Cisjordanie.


> L’inquiétant rapport confidentiel de l’Union européenne sur Jérusalem

Beit El, Alon Shvut (Cisjordanie), de notre envoyée spéciale. - Perchée sur une colline au nord de Ramallah, en Cisjordanie, Beit El attise depuis plusieurs semaines l’intérêt de la presse internationale. En cause : les largesses financières dont a bénéficié la colonie israélienne de la part de plusieurs membres de la nouvelle administration Trump.

Selon des déclarations d’impôts que Mediapart s’est procurées, la fondation des parents de Jared Kushner, le gendre et nouveau conseiller spécial de Donald Trump, a versé au total 33 000 dollars en 2012 et 2013 à cette colonie israélienne considérée comme un des bastions du sionisme religieux. Jared Kushner siège lui-même au conseil d’administration de l’organisation. Les chèques ont été adressés à l’American Friends of Bet El Institutions, une association américaine présidée par un autre ami de Donald Trump : l’avocat d’affaires David Friedman. Ce dernier a été d’ailleurs nommé au poste d’ambassadeur des États-Unis en Israël par le président américain le 15 janvier 2017 !

À Beit El, on ne compte plus les projets financés par l’association de David Friedman, notamment la création d’un centre de préparation militaire ou encore le site Internet de la radio Arutz Sheva. Lancé en 1988, ce média israélien est connu pour être le porte-voix des colons israéliens. David Friedman y a lui-même régulièrement contribué ces dernières années en y publiant de nombreuses tribunes. Preuve que son implication est tout à fait assumée, l’avocat d’affaires a également fait inscrire son nom, ainsi que celui de son épouse et de ses parents sur l’un des bâtiments destiné à une école pour filles dans la colonie. Mais c’est sans doute la Yeshiva de Beit El qui a reçu le plus d’argent de sa part. Cette école talmudique est dirigée par le rabbin Zalman Melamed, une illustre figure de la droite israélienne aujourd’hui proche du parti pro-colonisation HaBayit HaYehudi (Le Foyer juif). Ce dernier a engrangé 60 % des voix à Beit El lors des élections de 2015, loin devant le Likoud de Benjamin Netanyahou (10 %).

Dernier élément et non des moindres, Donald Trump a lui-même puisé dans ses propres deniers pour financer Beit El. Comme le prouve un document dévoilé par le Jerusalem Post, la fondation Trump a signé un chèque de 10 000 dollars en 2003 en faveur de l’American Friends of Bet El Institutions, soit l’une des plus grosses sommes allouées par sa fondation cette année-là. Une contribution personnelle qui soulève de sérieuses inquiétudes quant aux futures prises de position du président américain dans la région.

Beit El (la maison de Dieu, en hébreu) revêt une importance cruciale pour les juifs pratiquants. Le nom de cette colonie israélienne est cité « 44 fois dans la Bible », souligne Yael Ben-Yashar, guide et porte-parole de Beit El. « C’est à cet endroit que Dieu a promis à Jacob que cette terre serait pour lui et ses descendants », raconte-t-elle début février aux abords des ruines qui ont été aménagées en lieu de pèlerinage sur les hauteurs de la colonie. L’attraction principale, les restes du rocher où se serait assoupi Jacob, attire chaque année « 3 000 touristes », estime la guide, en grande majorité des évangélistes américains, mais aussi sud-coréens ou indonésiens.

L’autre temps fort de la visite consiste à monter sur une tour d’observation installée à quelques mètres de là. Avant d’emprunter un escalier, le visiteur est invité à lire sur un panneau le passage de la Genèse dans lequel Dieu s’adresse à Jacob : « Ta postérité sera comme la poussière de la terre ; tu t’étendras à loccident et à lorient, au septentrion et au midi. » « Le fait que Beit El existe et que les juifs y habitent aujourd’hui prouve que la promesse de Dieu s’est réalisée », juge Yael Ben-Yashar. « Il y a 500 000 juifs qui vivent ici en Judée-Samarie [Cisjordanie – ndlr]. Il faut que les gens comprennent que nous sommes ici pour rester et que nous n’avons aucune intention de partir ailleurs », ajoute-t-elle.

Contrairement à d’autres colonies israéliennes, organisées en blocs, Beit El s’érige au beau milieu de plusieurs villes arabes. La colline offre une vue imprenable sur les immeubles de Ramallah ou encore sur le village voisin de Beytin. La colonie est également collée au camp de réfugiés palestinien de Jelazone. « La plupart des Arabes veulent vivre en paix avec nous. Nous n’avons aucun problème avec eux », assure la guide de Beit El, précisant que plusieurs d’entre eux travaillent dans la colonie. « Mais une minorité vient nous jeter des pierres ou des cocktails Molotov », déplore-t-elle face au mur de séparation que l’armée israélienne a commencé à bâtir, il y a un an, pour protéger les colons.

 

Depuis l’investiture de Trump, le gouvernement israélien a donné son feu vert à des constructions

Dès sa création en 1977, Beit El est un des fers de lance du « Gush Emunim », un mouvement lancé au lendemain de la guerre des Six Jours en faveur de la colonisation des terres conquises par Israël en Cisjordanie. C’est dans cet esprit messianique et militant que Claire et Benjamin Dana-Picard, tous deux originaires de France, sont venus s’installer, voilà dix-sept ans de cela, dans la colonie israélienne. « C’était très important pour nous de venir habiter ici, dans une des nombreuses localités juives qui sont menacées d’être évacuées un jour », explique Claire, journaliste pour LPH Info, un site et un magazine d’information israélien en langue française. « Notre principe est simple : nous sommes sur des territoires qui ont été récupérés après la guerre des Six Jours. Nous sommes chez nous à Beit El, ici c’est chez nous », martèle-t-elle. « Ce que les Français appellent une implantation ou une colonie, lorsque ça se produit en France, on appelle ça une ville nouvelle », surenchérit son mari Benjamin, ingénieur conseil dans le transport et responsable du Likoud à Beit El.

Opposé à la création d’un État palestinien en Cisjordanie, le couple de sexagénaires conteste la notion selon laquelle les colonies seraient un obstacle à la paix. « Cette idée est assez récente en fait », rétorque Claire, affirmant que l’OLP, créé en 1964, était « décidé à détruire Israël » avant la guerre des Six Jours et « qu’Israël n’occupe les territoires ». « Le conflit n’est pas lié aux territoires », tranche-t-elle.

Selon un rapport rédigé par l’administration israélienne et dévoilé par Haaretz en 2009, Beit El est pourtant construit, en partie, sur des terres privées palestiniennes. Trois bâtiments jugés illégaux à la suite d'un recours déposé devant la Cour suprême israélienne ont d’ailleurs été rasés par l’armée en 2012. « Les gens avaient acheté le terrain à quelqu’un. Mais un autre Palestinien a déclaré qu’il était le propriétaire. Comme vous pouvez le voir, il n’a rien construit à la place, il n’a rien pu faire car c’est au beau milieu de Beit El », constate Yael Ben-Yashar.

 

 
Depuis 2016, l'armée israélienne construit un mur entre Beit El et le camp de réfugiés palestiniens de Jelazone. © Anthony Lesme

 

À la faveur de l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, la situation pourrait néanmoins évoluer. Depuis l’investiture du président républicain, le gouvernement israélien a donné son feu vert à plusieurs plans massifs de constructions en Cisjordanie, dont « 100 nouvelles unités » à Beit El. Selon l’ONG Peace Now, plusieurs d’entre elles seront financées par l’American Friends of Bet El Institutions de David Friedman et permettront la légalisation rétroactive de projets contrariés par le passé en raison de leur illégalité.

« Contrairement à ce qu’on a pu lire çà et là, il ne s’agit pas du tout de nouvelles constructions, mais de l’approbation de constructions que nous avions planifiées depuis longtemps et qui avaient été gelées par l’administration Obama », tempère le maire de Beit El, Shai Alon. « On n’a rien pu construire depuis dix ans », fulmine-t-il, soulignant que plusieurs habitants de la colonie vivent encore dans des caravanes. Quant à la proximité de David Friedman avec Donald Trump, l’édile est enthousiaste : « Je suis très heureux que quelqu’un comme David Friedman comprenne la signification de Beit El et l’importance de nos lieux saints. Non seulement il est juif mais il comprend ce que nous faisons ici. J’espère qu’il pourra transmettre notre message à Donald Trump. »

Les proches de l’avocat d’affaires installés à Beit El préfèrent, eux, rester prudents. Sollicités à plusieurs reprises par téléphone, l’un des fondateurs de la colonie, Yaacov Katz, et l’actuel directeur du développement de Beit El, Baruch Gordon, ont refusé de répondre aux questions de Mediapart. Les deux hommes invoquent chacun de leur côté l’impossibilité de s’exprimer avant le 20 février. Une mystérieuse date butoir qui correspond sans doute au moment où leur ami David Friedman prendra effectivement ses fonctions d’ambassadeur des États-Unis en Israël. Car la nomination du généreux donateur de Beit El, notamment contestée par la branche américaine de l’ONG Peace Now, doit encore être approuvée par le Sénat américain. Repoussée depuis plusieurs jours, son audition devrait finalement avoir lieu le jeudi 16 février, soit au lendemain de la rencontre très attendue entre Benjamin Netanyahou et Donald Trump à Washington.

Beit El n’est pas la seule colonie israélienne à avoir bénéficié de la générosité de l’entourage du nouveau locataire de la Maison Blanche ces dernières années. Selon ses déclarations d’impôts, la fondation Kushner a également versé 15 000 dollars à l’Etzion Foundation en 2012 et 2013. Cette association établie dans le Gush Etzion, un des plus importants blocs de colonies en Cisjordanie, finance notamment plusieurs institutions d’éducation religieuse, en tête desquelles la Yeshiva Har Etzion, considérée comme une des plus modérées de Cisjordanie. Située dans la colonie d’Alon Shvut, cette école talmudique a été fréquentée dans les années 1980 par un autre ami intime de Donald Trump : l’avocat d’affaires Jason Greenblatt. Ce dernier, également connu pour sa sympathie envers les colons, a été catapulté par le milliardaire « représentant spécial pour les négociations internationales ». Un poste auquel il doit encore être confirmé, au même titre que David Friedman, par le Sénat américain.

« Si vous aimez Israël et que vous souhaitez soutenir les juifs et la seule démocratie au Moyen-Orient, une des solutions est de faire votre Alyah et de venir habiter en Israël. Mais ceux qui ne veulent pas franchir le pas peuvent toujours contribuer financièrement à des projets permettant de renforcer l’État d’Israël et la présence des juifs dans le Gush Etzion », résume Shani Simkovitz, directrice de l’Etzion Foundation.

Cette native de New York aujourd’hui installée dans le Gush Etzion a accepté de recevoir Mediapart le mercredi 8 février dans son bureau à Alon Shvut. Mais elle refuse de commenter les donations effectuées par la famille Kushner ou la politique menée par le président américain, pour ne pas, justifie-t-elle, « mettre en danger » son association. « Ce qui est important, ce n’est pas de savoir qui sont nos donateurs, mais les projets que nous mettons en œuvre », insiste-t-elle, citant pêle-mêle des actions en faveur des plus pauvres, des malades du cancer ou encore un mémorial récemment dédié aux trois adolescents israéliens kidnappés et tués en 2014 dans le Gush Etzion.

En tête des institutions les plus gâtées par Kushner figurent les amis de l’armée israélienne

Comme à Beit El, les habitants du « Gush » sont motivés par des références bibliques mais surtout par une présence juive antérieure à la création de l’État d’Israël. Pour le prouver, Shani Simkovitz dégaine plusieurs cartes, dont une représentant « les terres achetées en 1928 par le Fonds national juif » ou une autre, datant de l’époque jordanienne, montrant, selon elle, que « les Arabes n’ont pas habités entre 1928 et 1967 sur les terres possédées par les juifs ». L’histoire du Gush Etzion est également marquée par le massacre de 127 personnes dans le kibboutz de Kfar Etzion par les troupes arabes le 13 mai 1948, un jour seulement avant la proclamation de l’État d’Israël. En 2013, l’Etzion Foundation a financé la réalisation d’un film retraçant cet épisode traumatique.

Toujours selon ses déclarations d’impôts, la fondation Kushner a en outre versé 500 dollars en 2013 à la Yeshiva Od Yosef Chai. Une contribution certes modeste mais néanmoins troublante en raison du radicalisme de l’institution en question. Cette école talmudique est située à Yitzhar, une colonie israélienne proche de Naplouse, considérée comme l’une des plus violentes de Cisjordanie. La yeshiva est notamment soupçonnée d’avoir été la base de lancement de plusieurs attaques contre les Palestiniens et l’armée israélienne. Une réputation qui lui a valu d’être privée de financement public par le gouvernement israélien en 2011, soit deux ans avant que la famille Kushner ne se décide, elle, à lui signer un chèque.

En tête des institutions les plus gâtées par la fondation Kushner figure par ailleurs l’association des amis de l’armée israélienne. Selon un calcul effectué par le journal Haaretz, cette institution a touché au moins 315 000 dollars de la part de la famille du gendre de Donald Trump entre 2011 et 2013. Un investissement considérable doublé d’une implication personnelle : Jared Kushner est lui-même membre du conseil d’administration de l’association des amis de l’armée israélienne. C’est en tout cas ce qu’affirmait le site internet de l’association avant que le nom du nouveau conseiller spécial de la Maison Blanche n’en soit effacé il y a quelques jours. En jeu, un possible conflit d’intérêts. La proximité de Jared Kushner avec l’armée israélienne jette en effet un lourd discrédit sur sa capacité à assurer la mission que lui a officiellement confiée Donald Trump, à savoir la gestion du dossier israélo-palestinien.

 

 

Mais pour les principaux intéressés, les largesses financières de l’entourage de Donald Trump n’apportent pas la certitude absolue que le président américain restera un allié fidèle. À Beit El, le maire avoue avoir été refroidi par les dernières déclarations de la Maison Blanche. Dans un communiqué publié au début du mois de février, l’administration Trump a rappelé qu’elle ne considérait pas la colonisation comme « un obstacle à la paix », mais a aussi affirmé que « la construction de nouvelles colonies ou l’expansion des colonies existantes au-delà de leurs frontières existantes pourraient ne pas aider ». Un sérieux coup de canif dans les espoirs de la droite israélienne, qui voyaient déjà en Donald Trump l’homme capable de faire sauter les digues maintenues pendant huit ans par l’administration Obama. « C’est la preuve que rien n’est sûr et que tout n’a pas changé du jour au lendemain », souffle Shai Alon.

De là à croire que le président américain a « lâché » Benjamin Netanyahou ? Rien n’est moins sûr. De fait, la Maison Blanche est restée inhabituellement silencieuse ces derniers jours face aux rafales de nouvelles constructions annoncées par le premier ministre israélien ; et elle n'a pas davantage réagi le 6 février à l'adoption par la Knesset d'une loi visant à légaliser une cinquantaine d’avant-postes illégaux construits en Cisjordanie. Le texte, qui permet l’expropriation de terres privées palestiniennes, a été condamné par l’ONU et fait déjà l’objet de plusieurs recours devant la Cour suprême israélienne.

Aux yeux de Shani Simkovitz, cette loi « devait arriver ». « Nous ne pouvions pas continuer avec cet éternel conflit et tous ces meurtres. La prochaine étape est de voir comment nous allons pouvoir vivre avec nos voisins arabes », estime-t-elle. « Si Trump met en œuvre ne serait-ce qu’une partie de la politique qu’il a promise, cela se passera mieux pour nous », veut croire, lui, Benjamin Dana-Picard. Dans la région, un silence vaut parfois mieux qu’une longue déclaration.

https://www.mediapart.fr/journal/international/140217/ces-colonies-israeliennes-financees-par-la-galaxie-trump

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15 février 2017 3 15 /02 /février /2017 11:18
Bezalel Smotrich, le pousse-au-crime de la colonisation
 
 
 
Par Nissim Behar, Correspondant à Tel-Aviv

Le jeune leader du parti extrémiste Foyer juif vit pour le rêve du Grand Israël. Très influent à la Knesset, il est le principal artisan de l’adoption de la loi autorisant les spoliations.

  • Bezalel Smotrich, le pousse-au-crime de la colonisation

Avec son air de jeune cadre dynamique, sa chemise bien repassée et sa petite kippa tricotée sur le sommet du crâne, Bezalel Smotrich, 36 ans, pourrait facilement être le gendre idéal que les mères juives traditionnelles recherchent pour caser leur fille. Mais ce colon pur et dur né en 1980 sur le plateau du Golan (un territoire syrien occupé depuis 1967) avant de s’installer à Beit El puis à Kedoumim (deux colonies de Cisjordanie occupée) a choisi un autre chemin : celui de la politique.

Et pas n’importe laquelle, puisque depuis son élection à la Knesset en 2015 sur la liste du parti d’extrême droite Foyer juif, Smotrich est devenu un des débatteurs les plus influents de l’Assemblée. Un élu brillant avec le sens de la formule - il compare la récente évacuation de l’«avant-poste» d’Amona (Cisjordanie) par la police israélienne au «viol d’une femme» - doublé d’un excellent manœuvrier. Les chroniqueurs israéliens ont d’ailleurs pu prendre la mesure de son talent lorsqu’il s’est agi de faire voter, malgré l’opposition de Benyamin Nétanyahou, la nouvelle «loi de régularisation» légalisant notamment le vol de terres privées agricoles par les colons des «avant-postes» (lire ci-contre), ces petites colonies sauvages reconnues ni par le droit international ni par celui de l’Etat hébreu

 
Ecole talmudique

Pourtant, Bezalel Smotrich n’est pas le seul colon à occuper des fonctions politiques importantes en Israël. Cependant, contrairement à beaucoup d’autres, le jeune député passe pour une bête politique. Formé au sein de la yeshiva (école talmudique) Merkaz Harav, où l’on trouve la crème de la crème des jeunes partisans du «Grand Israël», puis dans plusieurs autres yeshivot de Cisjordanie, Smotrich a été programmé depuis l’enfance pour servir la colonisation. Et pour la développer. Avant d’entrer à la Knesset, il gagnait sa vie en tant qu’avocat, mais la seule cause qui en vaille la peine à ses yeux est celle du «Grand Israël s’étendant de la mer Méditerranée au Jourdain».

Totalement inconnu à l’étranger, Smotrich passe en tout cas pour une figure incontournable de la vie politique israélienne. Parce qu’il a une grande gueule ? Sans doute. Mais également parce qu’il tient un rôle central au sein du Foyer juif et que le Likoud, le parti de Benyamin Nétanyahou, qui craint de perdre son électorat, a de plus en plus tendance à s’aligner sur ses positions. Ses classes, le jeune député les a faites sur le terrain, en manifestant pour «défendre la présence juive» dans les territoires palestiniens. Durant l’été 2005, il a ainsi été arrêté pour avoir participé à des violences visant à empêcher le démantèlement des colonies de Gaza voulu par Ariel Sharon, le Premier ministre de l’époque. Il n’a cependant jamais été inculpé. Depuis lors, l’étoile de Smotrich n’a cessé de monter grâce au soutien du «Yecha» (le lobby des colons) et de ses satellites. Ce qui ne l’empêche pas de ratisser large afin de rassembler autour de lui le ban et l’arrière-ban de l’extrême droite.

 
Parturientes

En 2015, estimant que les gays sont des «anormaux», et que les médias de son pays sont «contrôlés par les gays», il s’est ainsi proclamé «fier d’être homophobe». Dans un pays où la Gay Pride de Tel-Aviv est quasiment un événement national attirant des dizaines de milliers de participants israéliens, palestiniens et étrangers, ces propos ont évidemment fait scandale. Mais pas autant que ses tweets d’avril 2016 déplorant que son épouse ait à côtoyer des parturientes arabes dans l’hôpital où elle venait d’accoucher. Une bourde ? Bien au contraire. Smotrich a revendiqué sa position, plaidant l’instauration d’une séparation entre les femmes arabes et juives dans les établissements de soin.

Finalement, De quoi Smotrich est-il le nom ? D’une extrême droite raciste et décomplexée ? Sans doute, mais pas seulement. Car l’élu est également un brillant représentant de la deuxième génération de colon. Celle qui a grandi dans les Territoires occupés, qu’elle considère comme siens et dans lesquels elle voudrait instaurer un ordre «différent». Les ultras, dont Smotrich est le porte-étendard, dénoncent en effet les «magistrats gauchistes». Et surtout la Cour suprême d’Israël, l’instance judiciaire supérieure servant à la fois de Conseil constitutionnel, de Conseil d’Etat, et de «dernier recours» pour les citoyens ordinaires estimant avoir subi un préjudice. Ces attaques ne sont évidemment pas lancées par hasard. Car Smotrich et ses amis ont un projet au moins aussi grand que celui de faire annexer définitivement la Cisjordanie par Israël. Ils rêvent aussi de transformer leur pays en un Etat théocratique au sein duquel les règles ancestrales de la Torah supplanteraient les lois civiles. Une charia à la juive en quelque sorte.

 
 
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15 février 2017 3 15 /02 /février /2017 11:14
 

 

Nations unies (Etats-Unis) - Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a défendu samedi par la voie de son porte-parole son choix de l'ancien Premier ministre palestinien Salam Fayyad comme émissaire de l'ONU en Libye, une nomination qui a été bloquée par les Etats-Unis.

Sa candidature "reposait uniquement sur les qualités personnelles reconnues de M. Fayyad et sur sa compétence pour ce poste", a déclaré le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.

"Les employés des Nations Unies servent à titre strictement personnel et ne représentent aucun gouvernement, ni aucun pays", a-t-il ajouté.

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, s'est opposée vendredi à la nomination de Salam Fayyad, déclarant dans un communiqué que les Etats-Unis n'étaient pas "en faveur du signal que cette nomination enverrait aux Nations Unies", où l'Etat de Palestine n'est pas reconnu comme un membre à part entière.

"Pendant trop longtemps, l'ONU a été injustement biaisée en faveur de l'Autorité palestinienne et au détriment de nos alliés en Israël", peut-on lire dans le communiqué.

Stéphane Dujarric a rappelé qu'aucun Israélien, ni Palestinien n'ont servi dans un poste de haut niveau aux Nations Unies et que "c'est une situation que le secrétaire général juge nécessaire de corriger" en fonction du mérite personnel et des compétences des candidats.
 


Les nominations des représentants spéciaux du secrétaire général de l'ONU doivent obtenir l'approbation unanime des 15 membres du Conseil de sécurité.

- Guterres pris par surprise -

La décision américaine de bloquer Salam Fayyad a pris le chef de l'ONU par surprise.

"Sur la base des informations qu'il avait reçues, le secrétaire général avait le sentiment, qui s'est avéré faux, que cette proposition était acceptable pour les membres du Conseil de sécurité", a dit Stéphane Dujarric à l'AFP.

Salam Fayyad, 64 ans, a été Premier ministre de l'Autorité palestinienne de 2007 à 2013 et ministre des Finances à deux reprises.

Il devait remplacer l'Allemand Martin Kobler, émissaire de l'ONU en Libye depuis novembre 2015.

La Palestinienne Hanan Ashrawi, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine, a condamné la décision américaine comme étant une "discrimination flagrante".

Le président américain Donald Trump avait menacé les Nations Unies de mesures de rétorsions après l'adoption, en décembre, par le Conseil de sécurité d'une résolution condamnant les colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens.

"A partir de maintenant, les États-Unis agiront et ne feront pas que parler pour soutenir nos alliés", a ajouté Nikki Haley.

L'ambassadeur français François Delattre a apporté son soutien au choix de Salam Fayyad, "une personnalité de grande qualité, unanimement appréciée pour son expérience et son expertise", a t-il déclaré.

"La France renouvelle sa pleine confiance au Secrétaire général pour identifier la personnalité qui représentera les Nations unies sur le dossier libyen, sur lequel la communauté internationale doit être plus que jamais mobilisée", a-t-il ajouté.

L'ambassadeur israélien a au contraire applaudi la décision américaine, la décrivant comme "le début d'une nouvelle ère dans laquelle les Etats-Unis se tiennent fermement aux côtés d'Israël contre toute tentative de s'en prendre à l'Etat juif".

Le Conseil de sécurité discutera du conflit israélo-palestinien mercredi, jour où Donald Trump doit recevoir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à la Maison Blanche.




(©AFP / 11 février 2017 20h32)
 
 
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15 février 2017 3 15 /02 /février /2017 11:07

 

 

Nations unies (Etats-Unis) - Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a défendu samedi par la voie de son porte-parole son choix de l'ancien Premier ministre palestinien Salam Fayyad comme émissaire de l'ONU en Libye, une nomination qui a été bloquée par les Etats-Unis.

Sa candidature "reposait uniquement sur les qualités personnelles reconnues de M. Fayyad et sur sa compétence pour ce poste", a déclaré le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.

"Les employés des Nations Unies servent à titre strictement personnel et ne représentent aucun gouvernement, ni aucun pays", a-t-il ajouté.

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, s'est opposée vendredi à la nomination de Salam Fayyad, déclarant dans un communiqué que les Etats-Unis n'étaient pas "en faveur du signal que cette nomination enverrait aux Nations Unies", où l'Etat de Palestine n'est pas reconnu comme un membre à part entière.

"Pendant trop longtemps, l'ONU a été injustement biaisée en faveur de l'Autorité palestinienne et au détriment de nos alliés en Israël", peut-on lire dans le communiqué.

Stéphane Dujarric a rappelé qu'aucun Israélien, ni Palestinien n'ont servi dans un poste de haut niveau aux Nations Unies et que "c'est une situation que le secrétaire général juge nécessaire de corriger" en fonction du mérite personnel et des compétences des candidats.

 


Les nominations des représentants spéciaux du secrétaire général de l'ONU doivent obtenir l'approbation unanime des 15 membres du Conseil de sécurité.

- Guterres pris par surprise -

La décision américaine de bloquer Salam Fayyad a pris le chef de l'ONU par surprise.

"Sur la base des informations qu'il avait reçues, le secrétaire général avait le sentiment, qui s'est avéré faux, que cette proposition était acceptable pour les membres du Conseil de sécurité", a dit Stéphane Dujarric à l'AFP.

Salam Fayyad, 64 ans, a été Premier ministre de l'Autorité palestinienne de 2007 à 2013 et ministre des Finances à deux reprises.

Il devait remplacer l'Allemand Martin Kobler, émissaire de l'ONU en Libye depuis novembre 2015.

La Palestinienne Hanan Ashrawi, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine, a condamné la décision américaine comme étant une "discrimination flagrante".

Le président américain Donald Trump avait menacé les Nations Unies de mesures de rétorsions après l'adoption, en décembre, par le Conseil de sécurité d'une résolution condamnant les colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens.

"A partir de maintenant, les États-Unis agiront et ne feront pas que parler pour soutenir nos alliés", a ajouté Nikki Haley.

L'ambassadeur français François Delattre a apporté son soutien au choix de Salam Fayyad, "une personnalité de grande qualité, unanimement appréciée pour son expérience et son expertise", a t-il déclaré.

"La France renouvelle sa pleine confiance au Secrétaire général pour identifier la personnalité qui représentera les Nations unies sur le dossier libyen, sur lequel la communauté internationale doit être plus que jamais mobilisée", a-t-il ajouté.

L'ambassadeur israélien a au contraire applaudi la décision américaine, la décrivant comme "le début d'une nouvelle ère dans laquelle les Etats-Unis se tiennent fermement aux côtés d'Israël contre toute tentative de s'en prendre à l'Etat juif".

Le Conseil de sécurité discutera du conflit israélo-palestinien mercredi, jour où Donald Trump doit recevoir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à la Maison Blanche.




(©AFP / 11 février 2017 20h32)
 
 
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14 février 2017 2 14 /02 /février /2017 09:35
 
Bezalel Smotrich, le pousse-au-crime de la colonisation
 
 
 
Par Nissim Behar, Correspondant à Tel-Aviv

Le jeune leader du parti extrémiste Foyer juif vit pour le rêve du Grand Israël. Très influent à la Knesset, il est le principal artisan de l’adoption de la loi autorisant les spoliations.

  • Bezalel Smotrich, le pousse-au-crime de la colonisation

Avec son air de jeune cadre dynamique, sa chemise bien repassée et sa petite kippa tricotée sur le sommet du crâne, Bezalel Smotrich, 36 ans, pourrait facilement être le gendre idéal que les mères juives traditionnelles recherchent pour caser leur fille. Mais ce colon pur et dur né en 1980 sur le plateau du Golan (un territoire syrien occupé depuis 1967) avant de s’installer à Beit El puis à Kedoumim (deux colonies de Cisjordanie occupée) a choisi un autre chemin : celui de la politique.

Et pas n’importe laquelle, puisque depuis son élection à la Knesset en 2015 sur la liste du parti d’extrême droite Foyer juif, Smotrich est devenu un des débatteurs les plus influents de l’Assemblée. Un élu brillant avec le sens de la formule - il compare la récente évacuation de l’«avant-poste» d’Amona (Cisjordanie) par la police israélienne au «viol d’une femme» - doublé d’un excellent manœuvrier. Les chroniqueurs israéliens ont d’ailleurs pu prendre la mesure de son talent lorsqu’il s’est agi de faire voter, malgré l’opposition de Benyamin Nétanyahou, la nouvelle «loi de régularisation» légalisant notamment le vol de terres privées agricoles par les colons des «avant-postes» (lire ci-contre), ces petites colonies sauvages reconnues ni par le droit international ni par celui de l’Etat hébreu

 
Ecole talmudique

Pourtant, Bezalel Smotrich n’est pas le seul colon à occuper des fonctions politiques importantes en Israël. Cependant, contrairement à beaucoup d’autres, le jeune député passe pour une bête politique. Formé au sein de la yeshiva (école talmudique) Merkaz Harav, où l’on trouve la crème de la crème des jeunes partisans du «Grand Israël», puis dans plusieurs autres yeshivot de Cisjordanie, Smotrich a été programmé depuis l’enfance pour servir la colonisation. Et pour la développer. Avant d’entrer à la Knesset, il gagnait sa vie en tant qu’avocat, mais la seule cause qui en vaille la peine à ses yeux est celle du «Grand Israël s’étendant de la mer Méditerranée au Jourdain».

Totalement inconnu à l’étranger, Smotrich passe en tout cas pour une figure incontournable de la vie politique israélienne. Parce qu’il a une grande gueule ? Sans doute. Mais également parce qu’il tient un rôle central au sein du Foyer juif et que le Likoud, le parti de Benyamin Nétanyahou, qui craint de perdre son électorat, a de plus en plus tendance à s’aligner sur ses positions. Ses classes, le jeune député les a faites sur le terrain, en manifestant pour «défendre la présence juive» dans les territoires palestiniens. Durant l’été 2005, il a ainsi été arrêté pour avoir participé à des violences visant à empêcher le démantèlement des colonies de Gaza voulu par Ariel Sharon, le Premier ministre de l’époque. Il n’a cependant jamais été inculpé. Depuis lors, l’étoile de Smotrich n’a cessé de monter grâce au soutien du «Yecha» (le lobby des colons) et de ses satellites. Ce qui ne l’empêche pas de ratisser large afin de rassembler autour de lui le ban et l’arrière-ban de l’extrême droite.

 
Parturientes

En 2015, estimant que les gays sont des «anormaux», et que les médias de son pays sont «contrôlés par les gays», il s’est ainsi proclamé «fier d’être homophobe». Dans un pays où la Gay Pride de Tel-Aviv est quasiment un événement national attirant des dizaines de milliers de participants israéliens, palestiniens et étrangers, ces propos ont évidemment fait scandale. Mais pas autant que ses tweets d’avril 2016 déplorant que son épouse ait à côtoyer des parturientes arabes dans l’hôpital où elle venait d’accoucher. Une bourde ? Bien au contraire. Smotrich a revendiqué sa position, plaidant l’instauration d’une séparation entre les femmes arabes et juives dans les établissements de soin.

Finalement, De quoi Smotrich est-il le nom ? D’une extrême droite raciste et décomplexée ? Sans doute, mais pas seulement. Car l’élu est également un brillant représentant de la deuxième génération de colon. Celle qui a grandi dans les Territoires occupés, qu’elle considère comme siens et dans lesquels elle voudrait instaurer un ordre «différent». Les ultras, dont Smotrich est le porte-étendard, dénoncent en effet les «magistrats gauchistes». Et surtout la Cour suprême d’Israël, l’instance judiciaire supérieure servant à la fois de Conseil constitutionnel, de Conseil d’Etat, et de «dernier recours» pour les citoyens ordinaires estimant avoir subi un préjudice. Ces attaques ne sont évidemment pas lancées par hasard. Car Smotrich et ses amis ont un projet au moins aussi grand que celui de faire annexer définitivement la Cisjordanie par Israël. Ils rêvent aussi de transformer leur pays en un Etat théocratique au sein duquel les règles ancestrales de la Torah supplanteraient les lois civiles. Une charia à la juive en quelque sorte.

 
 
http://www.liberation.fr/planete/2017/02/10/bezalel-smotrich-le-pousse-au-crime-de-la-colonisation_1547819
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14 février 2017 2 14 /02 /février /2017 09:30
Face à Netanyahou et à Donald Trump, l’OLP menace et s’essaie à la résilience
Publié le à 12h24

« Personne n’a autant profité des négociations de paix que les Palestiniens »

Saeb Erekat, Secrétaire général du comité exécutif de l’OLP

Mardi 7 février 2017 à l’Académie diplomatique internationale

Saeb Erekat

Comment exprimer sa colère, après tant d’avanies? Comment esquisser une riposte qui paraisse crédible ? Comment se faire entendre, à l’ombre des puissants…..

Saeb Erekat n’ignore rien de ces questions. Cet ancien négociateur palestinien est l’un des meilleurs connaisseurs des arcanes diplomatiques où se joue, en partie, le sort de son pays. A partir de 1995 et pendant près de quinze ans, il a été de toutes les discussions sur l’autonomie partielle de certains territoires palestiniens. Proche du leader historique palestinien Yasser Arafat, il a joué un rôle clé dans les négociations de Camp David (2000) et de Taba (2001) qui, sous la houlette du président américain Bill Clinton, se sont approchées le plus d’un accord de paix global entre Israël et l’OLP.

Secrétaire général du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), cet élu de Jéricho, ville vieille de 9000 ans, conserve une position clé dans le système politique palestinien. Il était à Paris mardi 7 février dans la délégation accompagnant le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui a rendu visite à François Hollande. La veille, le parlement israélien – la Knesset – avait adopté une loi permettant de déclarer israélienne des terrains privés palestiniens de Cisjordanie. Un vote qui provoqua un tollé dans le monde entier car il ouvre la possibilité d’une annexion par morceaux de la Cisjordanie. Le président Donald Trump, en revanche, n’a pas réagi, lui qui recevra le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou le 15 février.

> Lire l’article « Israël a voté une loi en faveur des colons en Cisjordanie », sur le site de La Croix

Devant une cinquantaine de personnes – diplomates, chercheurs, journalistes – réunis à l’Académie diplomatique internationale, Saeb Erekat a protesté contre cette « soi-disant loi » – qui pourrait être invalidée par la Cour suprême israélienne. Et il a défendu coûte que coûte la piste d’une solution du conflit fondée sur le scénario de deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité – scénario pourtant rendu de plus en plus difficile par la colonisation.

Le nombre de colons en hausse

Selon des chiffres rendus publics jeudi 9 février par Yesha, la principale organisation des colons, plus de 421 000 colons israéliens vivaient fin 2016 en Cisjordanie, un chiffre en hausse de 3,9% par rapport à l’année précédente. Et selon le Jerusalem Institute for Israel Studies, plus de 203 000 autres vivaient dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, en 2014.

« Je ne regrette aucune de toutes ces minutes passées à négocier »

« Pour reprendre les négociations entre Palestiniens et Israéliens, il n’est pas besoin de réinventer la roue », commence Saeb Erekat. « Nous les Palestiniens, nous l’OLP, nous avons reconnu le droit d’Israël à exister, en paix et en sécurité, sur 75% du territoire de la Palestine mandataire britannique. A partir des accords d’Oslo en 1993, nous avons négocié de bonne foi avec les Israéliens. Je ne regrette aucune minute de tout ce temps passé. Personne n’a autant profité des négociations de paix que les Palestiniens. Et personne n’aurait autant à perdre d’une abrogation des accords conclus que les Palestiniens ».

> Lire Le décryptage des accords d’Oslo sur le site Les clés du Moyen Orient

« Nous n’avons pas d’armée, pas d’économie »

« Ces accords nous octroient des droits, alors que le rapport de force militaire nous est totalement défavorable. Nous les Palestiniens, nous n’avons pas d’armée, pas d’aviation, pas de marine, pas d’économie ».

« La loi du 6 février, un premier pas vers l’annexion »

« L’option de paix sur laquelle nous travaillons, et qui est toujours la mienne, c’est la solution à deux États. Mais Benjamin Netanyahou n’a pas arrêté de vouloir la détruire depuis qu’il est devenu pour la première fois premier ministre en 1996, et même dès 1993. Et il a vraiment fait du bon boulot !! La soi-disant loi votée lundi 6 février en est un bel exemple. Si elle n’est pas cassée par la cour suprême israélienne, elle permettra de légaliser les colonies illégales, elle autorisera le vol et le pillage du sol palestinien. Ce serait un premier pas vers l’annexion des territoires de la Cisjordanie. Un deuxième coup après l’annexion de Jérusalem-Est par Israël en 1967″.

« Nous combattons le sionisme, pas le judaïsme »

« Mais d’accord ! Faisons comme si Netanyahou avait gagné et qu’il avait détruit la solution à deux États », enchaine Saeb Erekat, en puisant dans l’art de la rhétorique. « Il nous a vaincus, nous les Palestiniens modérés, et tous les Arabes modérés, et le camp de la paix israélien. Que se passera-t-il après? Les Palestiniens, qui sont musulmans et chrétiens, se convertiront-ils au judaïsme? Certainement pas. Attention ! Nous ne sommes pas en guerre contre le judaïsme, qui est une des plus grandes religions du monde. Mais nous combattons l’Israël nationaliste, le sionisme, l’accaparement des terres. Notre conflit est politique, il est pour le contrôle de nos territoires, l’affirmation de notre nation ».

« S’il n’y a qu’un seul État, comment fonctionnera-t-il? »

« Ce sont Netanyahou et ses alliés extrémistes qui veulent nous entrainer vers un conflit religieux. Car s’il n’y a qu’un seul État, comment fonctionnera-t-il? Comme un État démocratique où tous les citoyens, juifs et arabes, seront à égalité? Quand on dit cela, Netanyahou nous accuse de menacer le caractère juif d’Israël ! »

« Netanyahou et consorts se rapprochent de tous les suprématistes »

« En fait, pour les Israéliens qui prône la solution d’ « un État, deux systèmes », il n’y a pas d’autres options que celui d’un régime d’apartheid, avec nos villes enfermées dans des enclaves, le vol de la terre, les démolitions de maisons, les punitions collectives,un contrôle généralisé… Netanyahou et consorts voudraient-ils que nous acceptions un tel sort en remerciant Dieu d’être ainsi placés sous l’occupation israélienne? Pourquoi essaient-ils donc de se rapprocher de tous les suprématistes et extrémistes de droite en Europe et aux États-Unis si ce n’est pour créer une alliance contre l’Islam, contre les Arabes et in fine contre les Palestiniens? »

« Un terrible constat »

« Mahmoud Abbas, lui, refuse la violence », affirme Saeb Erekat. « Il croit à la solution à deux États. Mais si Israël n’y croit pas, si nous arrivons à la conclusion que Netanyahou ne veut pas de cette solution, ce sera un terrible constat. Car nous ne participerons pas un système où il y aurait deux cartes d’identité différentes, l’une pour les juifs, l’autre pour les Arabes; deux plaques d’immatriculation différentes, l’une pour les juifs, l’autre pour les Arabes ».

« Nous ne coopérerons pas à un régime d’apartheid »

« Notre réaction sera d’abord l’enracinement : j’y suis, j’y reste ! Puis l’abandon de la reconnaissance d’Israël. Car enfin, si Israël ne veut pas d’un État de Palestine, pourquoi reconnaitrait-on Israël? Cela mettrait fin à toutes nos relations officielles, politiques, sécuritaires, économiques entre l’Autorité palestinienne et Israël. Lorsque nous disons cela, Netanyahou nous accuse de recourir à la menace. Mais quel choix nous laisse-t-il? Nous n’accepterons pas de coopérer à un régime d’apartheid ».

« Un État sans Jérusalem-Est comme capitale n’a aucun sens »

« Même chose si le président américain Donald Trump décidait de transférer l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem. Si les Américains ou qui que ce soit déménagent leur ambassade, c’est un fait accompli, c’est la reconnaissance de l’annexion de Jérusalem-Est par Israël, point final. Or pour nous, Palestiniens, avoir un État sans Jérusalem-Est comme capitale n’a aucun sens ».

« A la puissance occupante de payer pour l’occupation »

« Si nous nous réveillons un matin, allumons Fox News ou CNN et apprenons que quelqu’un a pris la décision de déménager l’ambassade, le jour même, la reconnaissance par l’OLP de l’État d’Israël sera révoquée et l’État de Palestine demandera son accession à seize organisations internationales auxquelles il peut prétendre. Et nous dirons à la puissance occupante israélienne d’assumer ses responsabilités. Vous les Européens, vous n’aurez plus besoin de nous envoyer de l’argent. Car selon le droit international, ce sera la responsabilité de la puissance occupante de payer les salaires de nos instituteurs, de nos policiers, de nos éboueurs. Et puis nous irons devant les Nations-Unies et nos demanderons que l’adhésion d’Israël, pays qui n’obéit à aucune résolution, à aucune loi internationale, soit suspendue jusqu’à ce que son comportement change ».

« Ne nous mettez pas dans la situation où nous n’avons plus rien à perdre »

« Nous disons à Netanyahou, à Trump, ne nous mettez pas dans la situation où nous n’avons plus rien à perdre. C’est le cas déjà avec la loi du 6 février, qui est un crime de guerre. Pour la contrer, nous ne recourrons pas à la violence mais au droit international. Nous saisirons la Cour pénale internationale. Israël n’en est pas membre mais c’est un État qui doit se soumettre à la loi commune ».

« Israël fait partie de la culture américaine »

« Je sais que ce jour-là, le Congrès des États-Unis entrera en guerre contre l’OLP, nous déclarera terroriste, fermera notre bureau à Washington. Car Israël fait partie intégrante de la vie politique des États-Unis, et même de leur culture et de leur religion. Nous, non ! Mais ceux qui pensent que les colonies sont légales, que l’annexion de Jérusalem-Est est légale, sont dans un déni de réalité. Ils nous ignorent mais pensent-ils pouvoir nous faire disparaître? Les colonies sont en violation des résolutions de l’ONU, des conventions de Genève, du droit international. Cela relève des crimes de guerre. Les États-Unis doivent se convaincre que la solution à deux États fait partie de leurs intérêts vitaux. »

« Netanyahou veut dicter sa solution »

« Cela passe par des pressions sur Netanyahou, qui a toujours fermé la porte aux négociations. Quand François Hollande l’a invité à venir à Paris en même temps que Mahmoud Abbas, il a refusé. Idem quand Poutine les a invités. Il ne veut pas négocier. Il veut dicter la solution. Il veut nous convaincre de céder à ses attentes, nous contraindre de vivre sous apartheid. Ne l’encouragez pas! »

« Les colonies violent le droit international »

« Les colonies doivent être totalement boycottées. Elles violent le droit international. L’Union européenne a décidé d’un étiquetage spécial pour les productions qui en viennent. Mais c’est comme si elle disait : attention, nous vous signalons que ce produit est volé mais si vous le voulez, vous pouvez l’acheter quand même ! Il faut refuser tout contact avec les entreprises ou les instituts de recherche israéliens basées dans les colonies. Savez-vous que chez moi, à Jéricho, je suis obligé de payer mon eau à une compagnie israélienne qui me la vend un dollar le mètre cube alors qu’à quelques kilomètres, une colonie élève des alligators dans un lac artificiel? ».

> Lire « L’Union européenne impose l’étiquetage des produits venant des colonies israéliennes », article posté par La Croix le 11 novembre 2015

« La France doit reconnaitre l’État de Palestine »

« Quant à la France, elle a voté la récente résolution 2334 du conseil de sécurité de l’ONU. Mais pourquoi ne reconnait-elle pas l’État palestinien? Elle est pour la solution à deux États, mais pourquoi n’en reconnait-elle qu’un seul? Celui d’Israël et pas celui de Palestine? Si elle veut sauver l’option à deux États, ne devrait-elle pas sauver l’État de Palestine? Ce serait la meilleure preuve de soutien. C’est ce qu’a fait la Suède, mais aussi les parlements britannique, espagnol, portugais et français !…. Aujourd’hui, à l’heure de Facebook, personne dans le monde n’ignore le conflit israélo-palestinien, ni les positions des uns et des autres. Et c’est aussi un conflit qui alimente la propagande de Daech, Al-Qaïda et les autres djihadistes ».

« L’Autorité palestinienne tient le cap de la démocratie »

« Quant à nous, Palestiniens, nous sommes comme tout le monde. Il y a parmi nous des gens bien, des gens mauvais, des gens normaux. Nous vivons sous occupation et cela nous marque, évidemment. Mais l’Autorité palestinienne tient le cap de la démocratie. On compte 26 partis ou forces politiques palestiniennes; les enseignants étaient en grève l’an dernier; les médias nous critiquent tout le temps !! »

« Organiser des élections »

« Il faut que nous organisions des élections. Pour cela, nous devons constituer une gouvernement d’union nationale avec le Hamas, pendant environ six mois. Ce n’est pas simple car si le Hamas est bien un parti palestinien, c’est aussi un membre de l’organisation des Frères musulmans, qui refuse l’idée d’État national et prône un État panislamique. Mais il y a un point sur lequel nous devons trouver un accord : c’est de régler nos différends par le vote, et pas par les armes. C’est ce que Mahmoud Abbas a dit à Ismaël Haniyeh et à Khaled Mechaal quand il les a vus en octobre dernier à Doha ».

« Un seul État, un seul drapeau, une seule Autorité »

« Nous connaissons tous la complexité de la région du Proche et du Moyen-Orient. Dans un tel contexte, en tant qu’OLP et qu’Autorité palestinienne, nous espérons que tout le monde comprendra que la seule façon d’avancer, c’est l’unité nationale : un seul État palestinien, un seul drapeau, une seule autorité pour la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza ».

 

Pour aller plus loin

L’article « Le cri d’alarme de John Kerry contre la colonisation des territoires palestiniens par Israël« , posté sur le blog Paris Planète le 9 janvier 2017.

Le Grand Format posté le 13 janvier 2017 sur le site de La Croix expliquant comment engager les négociations pour aboutir à un accord de paix entre Israël et la Palestine, selon l’ancien secrétaire d’État américain John Kerry.

La position de la France sur le conflit israélo-palestinien, exprimé le 15 janvier 2017 lors de la Conférence pour la paix au Proche Orient organisée à Paris, et le commentaire d’Alain Gresh, « La dernière gifle de Benyamin Nétanyahou à François Hollande« , sur le site Orient XXI.

L’article « Les ONG israéliennes devront révéler les financements provenant de l’étranger », posté sur le site de La Croix le 9 février 2016 et l’article « Benjamin Netanyahou dénonce la rencontre entre Charles Michel et deux ONG » posté sur le site de la Radio télévision belge francophone (RTBF) le 8 février 2017.

L’article « Le combat d’un leader palestinien contre les Frères musulmans« , posté sur le blog Paris Planète le 22 février 2015.

L’article « L’Iran veut être nucléaire pour dominer le Moyen Orient« , posté sur le blog Paris Planète le 8 mars 2015.

Le dossier de La Croix consacré à Israël.

Le site du réseau de presse indépendante Palestine News Network (en anglais).

Le site du quotidien israélien Haaretz (en anglais).

Les archives de La Croix sur les accords d’Oslo, négociés entre Israéliens et Palestiniens, en août 1993.

Jean-Christophe Ploquin

 

http://paris-international.blogs.la-croix.com/face-a-netanyahou-et-a-donald-trump-lolp-menace-et-sessaie-a-la-resilience/2017/02/11/

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14 février 2017 2 14 /02 /février /2017 09:11
Israël : un pas vers l’annexion de la Cisjordanie
 
 

Editorial. La légalisation par la Knesset, le 6 février, de l’expropriation de terres privées palestiniennes au profit de colons israéliens concrétise l’abandon de l’idée même d’un Etat palestinien.

LE MONDE | • Mis à jour le

Editorial du « Monde ». Chaque jour qui passe, Israël rend plus difficile la création d’un Etat palestinien à ses côtés. Cela ne veut pas dire que les dirigeants palestiniens soient sans reproche : ceux du Hamas à Gaza ne pensent qu’à guerroyer et à s’équiper en missiles ; ceux du Fatah de Mahmoud Abbas, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, sont en mal de légitimité. Mais la partie israélienne, la plus forte à tous points de vue, celle qui devrait donner l’exemple, celle qui prétend se comporter de manière responsable, mine le chemin de la paix. C’est tragique.

Le dernier épisode de cette politique à courte vue a eu lieu lundi 6 février à la Knesset, le Parlement, à Jérusalem.

Les députés de droite et d’extrême droite, formant la majorité de Benyamin Nétanyahou, ont légalisé l’expropriation de terres privées palestiniennes au profit des colons israéliens.

Ce n’est pas seulement une injustice en soi.

C’est une tentative pour imposer la loi israélienne en terre étrangère – c’est-à-dire un pas vers l’annexion de la Cisjordanie, territoire qu’Israël occupe depuis juin 1967.

Lire aussi : Expropriation de terres palestiniennes : la loi israélienne contestée devant la Cour suprême

Lire aussi : Colonies israéliennes en Cisjordanie : la nouvelle loi est une « rupture historique »

Le « parti des colons » est plus fort que jamais au sein de la majorité actuelle, représenté à la fois par une large fraction du Likoud (la formation de M. Nétanyahou) et par le parti Foyer juif du ministre de l’éducation, Naftali Bennett. Ils ne veulent pas d’Etat palestinien.

Ils entendent annexer au moins 60 % de la Cisjordanie et la coloniser massivement. Cette génération est ignorante de l’histoire de son propre pays.

Des temps sans mémoire

Le fondateur de l’Etat, David Ben Gourion (1886-1973), jugeait qu’il fallait échanger Gaza et la Cisjordanie – les territoires occupés à la suite de la guerre israélo-arabe de 1967 – contre la paix. L’équilibre humain et géographique du pays supposait, selon Ben Gourion, de peupler le Néguev, ce désert du sud du pays.

Le Néguev est toujours vide, et la droite israélienne s’en moque. Plus tard, le premier ministre travailliste Yitzhak Rabin, autre vrai homme d’Etat, dira que les colonies sont « un danger pour Israël », menaçant à terme l’idéal du projet sioniste – un Etat démocratique, majoritairement juif.

Né en 1922, Rabin a été assassiné le 4 novembre 1995 par un extrémiste juif résolument partisan de la colonisation de la Cisjordanie.

Mais, en ces temps sans mémoire, tout cela est oublié. Et, aujourd’hui, la Knesset légalise, a posteriori, quelque 3 500 logements illégaux, situés dans des dizaines de colonies de Cisjordanie, construits sans autorisation officielle mais protégés par l’armée et bénéficiant de financements publics (comme toutes les implantations en territoire palestinien).

Les propriétaires palestiniens, dit la loi, doivent recevoir une compensation en argent ou sous forme de lot de terrain alternatif.

Le symbole est là : les députés légifèrent en dehors du territoire israélien. La direction pointée est claire : le début de l’annexion, l’abandon de l’idée même d’un Etat palestinien.

Mais la partie n’est pas finie. La Cour suprême doit être saisie, incessamment. Le procureur de l’Etat, Avichai Mandelblit, s’est prononcé contre cette loi. Le pouvoir judiciaire s’oppose à la droite israélienne et pourrait bien l’emporter.

A Washington, l’administration Trump a fait connaître son mécontentement.

L’Union européenne a annulé une rencontre avec Israël.

Comme si chacun sentait bien – enfin – le danger que représente une politique dont le résultat sera de rendre la paix plus impossible que jamais.

 

Lire aussi : Expropriation de terres palestiniennes : l’ONU condamne la nouvelle loi israélienne

 

http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/02/11/israel-un-pas-vers-l-annexion-de-la-cisjordanie_5078194_3232.html#oVbHlcWsQUgX5SMo.99

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14 février 2017 2 14 /02 /février /2017 09:09
Solidarité palestine. Cabale contre un jeune communiste
Lola Ruscio
Vendredi, 10 Février, 2017
 
L'Humanité
 
 

Victime de menaces de mort et de harcèlement, Mehdi Belmecheri-Rozental a porté plainte.

«On va te tuer » : Mehdi Belmecheri-Rozental, 25 ans, responsable des questions internationales pour le Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF), a été de nouveau victime de menaces de mort, lundi, sur son téléphone portable. Deux de ses camarades ont aussi reçu les mêmes coups de fil. « Je n’ai pas répondu aux appels », affirme le militant, pour qui la situation est « lourde à porter ». Le parquet de Créteil (Val-de-Marne) a été saisi de l’enquête après qu’il a déposé plainte contre X, il y a deux mois.

Une quarantaine d’appels quotidiens pendant dix jours...

Les premières intimidations remontent au mois de décembre. Avec une quarantaine de jeunes communistes du Val-de-Marne, tracts et pétitions en main, ils mènent alors une action « Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) » contre les produits israéliens à l’hypermarché Leclerc de Vitry-sur-Seine. Sans heurt, ils vident les étagères des jus d’orange Jafaden, une « marque repère », « fabriqués à partir de fruits cultivés sur des territoires palestiniens occupés par Israël », explique-t-il. L’initiative, diffusée sur les réseaux sociaux, a déclenché les hostilités de la Brigade juive, un groupuscule sioniste d’extrême droite, proche de la Ligue de défense juive. « Un bon communiste est un communiste mort », peut-on lire dans un commentaire. S’ensuit une avalanche de menaces envers Mehdi Belmecheri-Rozental : une quarantaine d’appels quotidiens pendant dix jours et le piratage de sa ligne téléphonique pour annoncer à ses parents qu’ils allaient « retrouver son corps sous un pont de la Seine »… Un corbillard a même été envoyé au local de la fédération du PCF 94, une pratique inique baptisée le « swatting », qui ressemble aux méthodes du hacker sioniste Ulcan.

Pour l’heure, le procureur de Créteil a affirmé au Parisien que « l’origine de l’appel oriente les enquêteurs vers l’Ardèche ». Déterminé, le militant compte bien poursuivre son combat politique : « Mon attachement à la cause palestinienne s’en trouve renforcé. » Et de promettre « d’autres actions BDS ». Le MJCF, la fédération PCF 94 et la ville d’Ivry lui ont témoigné leur solidarité.

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13 février 2017 1 13 /02 /février /2017 09:06
Cisjordanie : «C’est comme vivre à côté du diable»
 
 
 
 
Par Chloé Rouveyrolles
 
A Yanoun, un village cerné d’avant-postes proche de Qusra. Photo Cyril Zannettacci

En début de semaine, Israël a légalisé rétroactivement 3 921 habitations sur des terrains palestiniens. A Qusra et à Jalud, des villages cernés par ces colonies, on craint de nouvelles spoliations et attaques.

  • Cisjordanie : «C’est comme vivre à côté du diable»

Au centre de la Cisjordanie, le long de la route qui va de Ramallah à Naplouse, les colonies israéliennes champignonnent depuis les années 90, redessinant les Territoires palestiniens. Des patelins palestiniens se retrouvent donc encerclés par ces voisins peu commodes. Des terres agricoles ont été saisies et les habitants ne reconnaissent plus le paysage.

A Qusra, Abdel Azim Wadi, le maire, s’alarme : «Dans les années 80, il y avait les colonies traditionnelles comme Shilo, et on s’y était presque habitués. Et puis, comme des lapins, elles ont donné naissance à un tas d’avant-postes, et maintenant, nous sommes complètement séparés de l’ouest et du sud de la Cisjordanie.» Dans cette région stratégique, au centre de la terre promise revendiquée par certains colons, l’expansion des colonies est un véritable drame pour les Palestiniens. Fine moustache, allure dynamique, le maire Abdel Azim Wadi passe donc son temps à essayer de sauver son village de 5 300 habitants : «Déjà que la présence des colons avait du mal à passer, le vol des terres et les attaques, c’est trop !» s’étrangle l’édile.

«Mauvais voisin»

L’épée de Damoclès supplémentaire vient du Parlement israélien. Une loi en faveur des colons y a été votée en début de semaine. Ses promoteurs misaient sur un laisser-faire de Donald Trump. Petite surprise : cinq jours avant de recevoir Benyamin Nétanyahou, le président américain a déclaré vendredi au quotidien Israel Hayom ne pas croire que l’expansion des colonies soit «bonne pour la paix». D’après l’organisation «la Paix maintenant», le texte prévoit de légaliser 3 921 logements construits sans autorisation officielle dans des colonies et sur des terrains propriétés de Palestiniens. Cinquante-cinq avant-postes - des établissements sauvages et illégaux - devraient aussi pouvoir s’étendre.

Qusra est justement pris en tenaille entre une colonie autorisée et un avant-poste. Les minarets de ses mosquées et ses habitations en parpaings nus font face aux maisons aux toits rouges bordées d’inscriptions géantes en hébreu. Abdel Azim Wadi évalue la situation ainsi : «On pourrait devoir coexister pour de bon avec les colons et ça peut éventuellement fonctionner avec certaines colonies. Mais ce qui m’inquiète, c’est le cas de figure dans lequel on a un mauvais voisin, comme Esh Kodesh.» Etabli en 2000, cet avant-poste limitrophe de Qusra abriterait une quinzaine de familles. Certains de ses habitants ont été reconnus coupables d’agressions envers des Palestiniens, notamment de l’enlèvement d’un adolescent en 2007. Nada Youssef vit dans la dernière ferme de Qusra, aux portes de cette petite communauté. «C’est comme vivre à côté du diable : chaque jour, j’attends la nouvelle attaque», raconte cette mère de famille nombreuse de 75 ans. Son exploitation a été la cible de plusieurs incidents depuis le début de l’année, comme ces jets de bombes lacrymogènes qui contaminent le bétail et le lait.

 

Abdallah Mohammed, le maire du hameau voisin, Jalud, a perdu le compte des attaques : «La situation est devenue totalement déséquilibrée, de toute façon. D’un côté, vous avez des colons qui violent les lois chaque jour tout en recevant des soutiens variés et forts, et de l’autre, des propriétaires terriens dans leur bon droit, qui n’ont pas assez de soutiens pour obtenir gain de cause.»

Frénésie

Sur son bureau, des dizaines de cartes s’étalent : israéliennes, palestiniennes, internationales, anciennes, réalisées à partir de photos aériennes ou plus rudimentaires. Autant de documents relatifs aux terres perdues par les localités palestiniennes. Elles témoignent de ce qu’ont été Jalud ou Qusra avant la colonisation. La dernière est celle d’une colonie qui devrait émerger dans les mois à venir. Abdallah Mohammed pointe une oliveraie devenue sauvage par manque d’entretien ou de nouvelles maisons construites par les colons, toujours plus proches de Jalud. D’autres cartes indiquent les lieux des attaques.

Médecins du monde recense une moyenne de près de trois incidents par semaine dans la région (dégradations d’habitations, insultes, intimidations, harcèlement, attaques à l’arme blanche, tirs…). Le maire a beau s’accrocher à ses cartes, il est déboussolé. La loi de légalisation des colonies prévoit des compensations financières pour les propriétaires palestiniens, mais pour cet agriculteur, cela n’a aucune importance : «En plus de légaliser le vol de terres, ça met en place des ventes sous la contrainte.» Ces cartes ne sont pas seulement les mémentos d’un faste agricole et d’une vie paisible. Elles sont aussi utilisées dans les recours devant la justice israélienne. Mais elles ne peuvent suffire pour gagner la bataille : «La prochaine génération ne peut plus lutter contre ces lois, ces saisies militaires, toute cette violence qui nous entoure.»

 
 
 
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