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24 octobre 2016 1 24 /10 /octobre /2016 08:33
Yémen : intenses raids aériens, l’appel au prolongement de la trêve ignoré
 

La coalition militaire arabe opérant au Yémen en soutien aux forces gouvernementales a mené à l’aube d’intenses raids aériens. La trêve, adoptée mercredi, avait été rompue quelques heures après.

 

Le Monde.fr avec AFP |

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image: http://s2.lemde.fr/image/2016/10/23/534x0/5018765_6_6d6a_la-police-scientifique-enquete-au-centre_24ecd6240973fa03f20973bfe3e82775.jpg

 

Quelques heures après la fin officielle de la trêve au Yémenrompue par les deux parties du conflit peu après sa mise en place mercredi – les bombardements ont repris dimanche 23 octobre à l’aube. La coalition militaire arabe opérant en soutien aux forces gouvernementales a mené d’intenses raids aériens dans ce pays. Des bombardements qui ignorent l’appel du médiateur de l’Organisation des Nations unies à une reconduction du cessez-le-feu de soixante-douze heures qui a expiré dans la nuit.

« Une reconduction est inutile, car, même si nous l’acceptons, l’autre partie n’a montré aucun engagement à respecter la trêve ou tout autre arrangement » pour mettre fin à la guerre dans le pays, a déclaré Abdel Malak Al-Mekhlafi, ministre des affaires étrangères du Yémen.


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/10/23/yemen-intenses-raids-aeriens-l-appel-au-prolongement-de-la-treve-ignore_5018766_3218.html#MiyoMWIdoU6C1ILz.99
 
 
 
Lire aussi :   Yémen : à peine commencée, la trêve déjà rompue

« Violations rapportées des deux côtés »

Les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenues par la coalition arabe sous commandement saoudien, et les houthistes, rebelles chiites pro-iraniens, s’accusent mutuellement d’avoir violé la trêve mise en place à la suite de pressions internationales. « Dans les faits, cette trêve n’a pas eu lieu car elle a été violée par les houthistes et leurs alliés », a ajouté M. Al-Mekhlafi.

Le ministre réagissait à l’appel lancé la veille par le médiateur Ismaïl Ould Cheikh Ahmed pour une reconduction de trois jours de la trêve, qui a expiré samedi à minuit. L’émissaire onusien estimait que le cessez-le-feu avait « globalement tenu en dépit de violations rapportées des deux côtés, à plusieurs endroits ».

Les combats entre les houthistes et les forces pro-Hadi n’ont jamais cessé au cours des trois derniers jours. Samedi, neuf rebelles et quatre combattants pro-Hadi ont été tués dans les affrontements, selon des sources militaires loyalistes.

Lire aussi :   Yémen : « La pression sur l’Arabie saoudite s’accentue »

Seize raids aériens

Dimanche à l’aube, l’aviation de la coalition arabe a lancé des frappes contre plusieurs positions militaires des rebelles dans la capitale Sanaa et dans les provinces septentrionales de Marib, Al-Jawf et Saada ainsi que dans celle de Taëz (sud-ouest), ont fait savoir des sources militaires.

Des mouvements de troupes dans le nord du pays, contrôlé en grande partie par les rebelles et leurs alliés, les unités de l’armée restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, ont été la cible de ces frappes, ont ajouté ces sources. La chaîne de télévision des rebelles Al-Masirah a recensé seize raids aériens de la coalition dimanche à l’aube.

La trêve est la sixième mise en place sans succès au Yémen depuis l’entrée en mars 2015 de la coalition au Yémen, où le conflit a fait plus de 6 900 morts et provoqué le déplacement de plus de trois millions de personnes selon l’ONU.

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/10/23/yemen-intenses-raids-aeriens-l-appel-au-prolongement-de-la-treve-ignore_5018766_3218.html#MiyoMWIdoU6C1ILz.99
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23 octobre 2016 7 23 /10 /octobre /2016 10:33
La municipalité d'Ivry adopte une motion de soutien au boycott des produits israéliens (BDS)
 
 
 
                  
Publication: Mis à jour:

Le Conseil municipal d'Ivry-sur-Seine, une ville de 60.000 habitants en région parisienne, a voté une motion de soutien à la campagne de boycott des produits israéliens dans le cadre de la campagne BDS (Boycott -Désinvestissement - Sanctions) à l'encontre d'Israël.

A l'issue du vote, les élus ont affirmé jeudi en séance plénière que le boycott sera maintenu "tant que cet Etat violera les droits du peuple palestinien".

La motion, rapporte l'Agence de presse algérienne (APS) était présentée, au nom de la majorité municipale, par un élu de Convergence Citoyenne Ivryenne. Elle a été appuyée par les autres composantes de la coalition, notamment le Parti communiste et parti Europe Ecologie Les Verts (EELV), alors que les élus du Parti socialiste, tout en admettant le bien-fondé des motifs de ce voeux, ont refusé de prendre part au vote.

Les élus de la droite Les Républicains ont voté contre, a-t-on indiqué de même source.

Le Collectif ivryens pour la Palestine a considéré, dans un communiqué, que ce vote est "une première en France et une étape importante qu'il faudra renforcer".

"Notre combat contre le système colonial d'Israël doit se poursuivre jusqu'à son abolition", a-t-il affirmé, appelant à rester "mobilisés et déterminés" à soutenir le peuple palestinien dans sa lutte pour ses droits : pour la levée du blocus de Gaza, la libération des prisonniers, le droit au retour des réfugiés sur leurs terres, la fin de l'occupation et de la colonisation et l'instauration d'un seul Etat indépendant avec al-Qods pour capitale.

BDS, rappelons-le, est une campagne internationale appelant à exercer diverses pressions économiques, académiques culturelles et politiques sur Israël afin d'aboutir à la réalisation de trois objectifs : la fin de l'occupation et de la colonisation des terres palestiniennes, le respect des droits du peuple palestinien vivant dans les territoires occupés et le respect du droit au retour des réfugiés palestiniens.

La campagne qui se réfère explicitement aux campagnes de boycott ayant été conduites contre le régime d'apartheid d'Afrique du Sud, rappelle-t-on, a été lancée par 171 organisations non-gouvernementales palestiniennes le 9 juillet 2005, un an après l'avis de la Cour internationale de justice sur la barrière de séparation israélienne.

Le Conseil municipal d'Ivry-sur-Seine soutient également, à titre de rappel, la lutte du peuple sahraoui dans sa lutte pour l'indépendance du Sahara occidental, occupé par le Maroc. Il a élevé, en mais dernier, le militant sahraoui des droits de l'Homme, Naâma Asfari, détenu politique au Maroc et condamné à 30 de prison par un tribunal militaire, au rang de "citoyen d'honneur".

Retrouvez les articles de HuffPost Algérie
 

 

 

http://www.huffpostmaghreb.com/2016/10/22/france-la-municipalite-divry-adopte-une-motion-de-soutien-au-boycott-des-produits-israeliens-bds-_n_12599818.html

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23 octobre 2016 7 23 /10 /octobre /2016 10:11

Les Sentinelle des autres (III)

La bataille de Mossoul se joue aussi à Paris
 
 
 

En France aussi, ces derniers jours, la question de l’engagement militaire à l’extérieur et sur le territoire national est à nouveau posée : participation des Rafale, des forces spéciales et artilleurs français aux opérations de reconquête de Mossoul, en Irak ; hommage national, à Nice, aux victimes de l’attentat du 14 juillet ; naissance officielle d’une « Garde nationale » dans l’Hexagone, pour soutenir les forces armées ; surenchères à droite pour conjurer le risque terroriste ; retour d’un débat, à gauche, sur la légitimité d’une opération qui mettrait en danger les populations « ici et là-bas »…

par Philippe Leymarie, 22 octobre 2016

La bataille lancée pour la reprise de Mossoul, deuxième ville d’Irak, présentée comme « décisive », est le fait de l’armée irakienne, appuyée par des milices kurdes, chiites, sunnites, et leurs protecteurs iraniens ou turcs. Elle a été précédée — côté coalition internationale — d’une opération au sol qui ne disait pas son nom, comprenant des milliers de soldats occidentaux.

Ainsi, par exemple, outre ses 150 instructeurs en poste à Bagdad, l’armée française déployait depuis plusieurs mois dans le secteur de Mossoul 140 éléments de ses forces spéciales, notamment auprès des combattants kurdes peshmergas, ainsi que 160 artilleurs chargés de mettre en œuvre les batteries de canons lourds Caesar.

Une telle intervention, décidée dans le secret des conseils de défense quasi hebdomadaires à l’Élysée, aurait mérité au minimum une information du Parlement, comme l’a rappelé par exemple l’ancien ministre Pierre Lellouche (du parti Les Républicains). La première déclaration officielle n’est intervenue que mercredi dernier, devant le Sénat, suivie d’un débat sans vote (1).

Lire aussi Alain Gresh, « « Guerre contre le terrorisme », acte III », Le Monde diplomatique, octobre 2014. La France avait également anticipé cette offensive sur Mossoul, en envoyant fin septembre en Méditerranée orientale — en concertation avec l’allié américain — son unique porte-avions, le Charles de Gaulle, avec son escadrille embarquée d’une vingtaine de Rafale qui ont multiplié les missions depuis le début octobre. Tout en restant très minoritaire dans la coalition, Paris a ainsi triplé les moyens de frappe de son opération Chammal au Proche-Orient, ce qui lui permettra — selon le général Vincent Desportes (francetvinfo.fr, 30 septembre) — « d’avoir un peu plus la parole au moment du règlement du conflit ».

Guerre sans images

À l’exception de ce qui reste du PCF et des organisations gauchistes, quelques rares voix s’élèvent contre l’interventionnisme militaire français. Le philosophe et essayiste Michel Onfray a relevé le défi ces dernières semaines, appelant à « faire la guerre à la guerre », pour une série de raisons exposées dans une de ses chroniques récentes sur sa nouvelle WebTV :

 Les bombardements génèrent le terrorisme, par l’enchaînement classique de répliques, vengeances, etc.

 Ils font le miel de la presse et des marchands de canon (qui possèdent, on le sait, plusieurs des médias les plus importants (2) ;

 en s’attaquant à Mossoul, puis Raqqa, en Syrie, on ne fait que déplacer le problème ;

 on fabrique des réfugiés qui débarquent sur le territoire français ou ailleurs en Europe ;

 on fait l’impasse sur les droits humains (par exemple, en coopérant et en commerçant avec l’Arabie saoudite, qui mène sa propre guerre sans principes au Yémen) ;

 on nous cache les images, les « dégâts collatéraux » (mort ou blessures de civils).

Ennemi-système

Sur ce dernier point, l’état-major fait valoir que :

 la France n’agit pas isolément, mais dans le cadre d’une coalition sous direction américaine (NDLR : dans une proportion de 5 % environ en temps normal, et de près de 20 % depuis que le porte-avions Charles de Gaulle croise en Méditerranée orientale) ;

 les sorties d’appareils français sont plus nombreuses depuis deux semaines (reconnaissance, appui aux troupes au sol, traitement de cibles programmées [assassinats ciblés], contrôle aérien, ravitaillement), mais menées selon une règle d’attribution en « time block », par jour et par secteur aérien, selon une programmation qui a peu de relation directe avec la situation du moment (3) ;

 le type de mission et d’armement varie selon les caractéristiques de la cible traitée ;

 le bilan concret d’un bombardement reste de toute façon difficile à établir, même si l’on procède toujours à des réunions d’évaluation post-frappes, et si des contacts, notamment avec des militants de certaines ONG sur le terrain (comme l’Observatoire syrien des droits de l’homme), combinés avec d’autres sources, permettent de s’en faire une idée, au moins quelques jours ou semaines plus tard ;

 l’issue d’un raid pris isolément « n’a pas de sens tactique », puisqu’il s’agit d’agir contre un ennemi-système (centres de commandement, garages, camps d’entraînement, ateliers, etc), l’objectif étant, selon le chef de la cellule de communication à l’état-major, de « déstructurer ce système ».

Règles d’engagement

Un haut-gradé de l’armée de l’air nous a par ailleurs rappelé, lors d’un point de presse récent au ministère de la défense, que les « règles d’engagement » françaises restaient très strictes, avec croisement et recroisement des sources : elles seraient « un poil plus restrictives que celles des Américains », et beaucoup plus que celles des Russes (qui ne s’interdisent pas de bombarder en zone urbaine). Cet officier assure qu’il n’a jamais eu d’écho de « bavures » d’origine française (qui auraient été signalées par une ONG ou d’autres sources) (4).

On relèvera, sur ce thème, le propos ironique récent du président russe Vladimir Poutine, accusé de « crimes contre l’humanité » pour les bombardements de ses chasseurs sur des quartiers d’Alep, en Syrie : au cours d’un conférence de presse à Goa, en Inde, le 16 octobre dernier, en marge d’un sommet sur les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), M. Poutine a dit « espérer que nos partenaires américains, et nos partenaires français aussi, agiront avec précision [dans leurs frappes sur Mossoul] et feront tout pour minimiser, ou mieux, exclure toute victime civile parmi la population civile ».

Guerre juste

Reste une vaste autre question : quelle utilité, quelle efficacité, quelle légitimité ont ces bombardements de la coalition ? Certes ils vont désormais s’amplifier, en appui aux troupes au sol, mais quid de ceux menés depuis plus de deux ans sans résultats déterminants ? Les frappes aériennes contribuent-elles à l’antiterrorisme, ou alimentent-elles au contraire le terrorisme, en raison des « dommages collatéraux » qu’elles engendrent inévitablement, du ressentiment qu’elles créent, etc. ?

Une question à laquelle s’est intéressé également Michel Onfray, décidément très porté sur le sujet, qui fait grand cas d’un livre de Howard Zinn, La Bombe, sous-titré « De l’inutilité des bombardements aériens » (réédition, récemment traduite en français, d’un ouvrage paru en 1955). L’auteur, jeune militaire, était à bord d’un des appareils de l’US Air force qui ont bombardé et détruit Royan en 1945, aux motifs d’une « guerre juste », mais sans raison militaire valable, selon lui (5). Professeur en science politique, membre de la gauche critique, auteur d’une somme sur le mouvements populaires aux États-Unis, Zinn (mort en 2010 (6)) avait également contesté dans ce livre le lancement par l’aviation américaine de bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, ou la destruction de la ville de Dresde.

Se référant à Jean Jaurès, regrettant l’alignement en 1990 de François Mitterrand sur George Bush père lors de la deuxième guerre d’Irak, Michel Onfray soutient que « le reniement de la tradition de la gauche pacifiste a mis les terroristes dans la rue » : la multiplication des interventions occidentales plus ou moins calamiteuses au Proche-Orient et en Afrique, sans légitimité ou utilité sinon celle de satisfaire les lobbies de l’armement ou assurer l’accès aux ressources pétrolières, a contribué, selon le philosophe, à créer un climat de ressentiment et de vengeance dans ces pays, terreau pour toutes sortes d’aventures.

Continuum défense-sécurité

Au gouvernement, on estime à l’inverse qu’il n’y a pas de connexion directe entre les frappes en Irak-Syrie et les attentats dans l’Hexagone : ce n’est pas parce qu’elle ne serait pas attaquée là-bas, entre autres par des soldats français, que l’Organisation de l’État islamique (OEI) renoncerait à frapper en France. Au contraire, le meilleur moyen de protéger la population est d’attaquer le mal à sa source, en Irak et en Syrie, comme en Libye et au Sahel.

Lire aussi Pierre Conesa, « Au Proche-Orient, cinq conflits entremêlés  », Le Monde diplomatique, décembre 2015. Cependant, explique-t-on, il s’agit du « même ennemi » ici et là-bas. D’où la convergence entre la police — qui a tendance à se militariser, pour faire face à des menaces de type nouveau — et l’ armée, qui intervient de plus en plus sur le territoire national (opération Sentinelle) : une illustration du « continuum » défense-sécurité déjà pris en compte dans les deux derniers Livres blancs sur la défense.

La prochaine étape de ce processus sera vraisemblablement son extension en direction de la société civile (polices municipales, sapeurs pompiers, sécurité civile, sociétés privées de sécurité). Laquelle est déjà sur les rails, mais que ne manquera pas de mettre en œuvre, si elle arrive au pouvoir, une droite avide depuis des décennies de muscler et étendre les dispositifs de sécurité. D’ores et déjà, cette question de l’intervention des militaires dans la sécurité du territoire national aura suscité ces derniers mois un débat stratégique comme il y en a rarement eu en France, ainsi que le souligne Florent de Saint-Victor, sur le site spécialisé Mars attaque.

Vrais professionnels

C’est dans ce cadre aussi qu’il faut placer la création d’une Garde nationale, décidée le 12 octobre dernier en Conseil des ministres, « pour répondre au besoin de protection et au désir d’engagement des Français », souligne l’Élysée. Loin de constituer une armée-bis (comme elle l’est aux États-Unis, avec, dans chaque État, une garde nationale relevant du gouverneur), cette Garde nationale à la française relance et modernise les réserves des armées, de la gendarmerie et de la police, qui existent depuis toujours. Elles sont actuellement de 63 000 hommes et femmes, et devraient passer à 85 000 d’ici 2018 (40 000 pour la défense, 40 000 pour la gendarmerie, 5 000 pour la police).

Cette accélération du recrutement est donc la seule nouveauté du dispositif. Pour ce faire, des « mesures d’attractivité » ont été décidées, comme une aide de 1 000 euros à l’obtention du permis de conduire, des primes de fidélisation, un soutien aux entreprises qui « prêtent » leurs salariés pour des périodes de quelques jours à quelques semaines chaque année, etc. Le budget des réserves (qui se monte actuellement à 210 millions d’euros) a été porté à 311 millions. Un portail internet (garde-nationale.fr) a été créé.

Un secrétaire général (général d’armée ou de gendarmerie) coordonnera l’ensemble des réserves, sous ce nouveau label « Garde nationale » ; mais leur emploi sera de la compétence des chaînes de commandement des différentes forces, le ministère de la défense insistant sur le fait que les réservistes sont des vrais militaires, même s’ils sont de fait des « professionnels à temps partiel ».

L’objectif est de pouvoir déployer dans deux ans jusqu’à 9 250 réservistes chaque jour (contre 5 500 aujourd’hui), sans que soit définie, pour le moment, une éventuelle spécificité de cette Garde nationale, en terme de missions (de sécurité surtout, pour décharger Sentinelle ?), de champ d’action (le territoire national en piorité ?), de chaîne de commandement (plus autonome, avec commandement unifié ?). Pour l’heure, les plus réservés paraissent être… les réservistes actuels.

Les Sentinelle des autres

I. Du « modèle » israélien
II. Pas de parade dans les rues de Bruxelles et de Londres
III. La bataille de Mossoul se joue aussi à Paris

Philippe Leymarie

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(1) La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat a publié le 13 juillet dernier un rapport très complet sur les interventions extérieures de la France.

(2) Lire « Cet avion qui émerveille “Le Figaro” » et voir l’infographie « Médias français : qui possède quoi », Le Monde diplomatique, respectivement avril et juillet 2016.

(3) Sauf, bien sûr, en cas de demande d’appui feu, lorsqu’une unité au sol alliée est en difficulté.

(4) Ce qui paraît plutôt étonnant, puisque d’autres pays de la coalition, notamment les États-unis, n’y échappent pas, en dépit de l’extrême précision des tirs.

(5) Les unités de la Wehrmacht encore opérationnelles dans la région stationnaient hors de la ville ; et la capitulation paraissait inévitable. Le bombardement de Royan, en trois vagues, avait fait plus de mille morts. Le napalm y avait été utilisé pour la première fois.

 

 

 

 

 
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23 octobre 2016 7 23 /10 /octobre /2016 10:06
Shimon Peres was no peacemaker. I’ll never forget the sight of pouring blood and burning bodies at Qana

Peres said the massacre came as a ‘bitter surprise’. It was a lie: the UN had repeatedly told Israel the camp was packed with refugees

 

Trump and Clinton are as absurd as each other on the issue of Isis

When I reached the UN gates, blood was pouring through them in torrents. I could smell it. It washed over our shoes and stuck to them like glue. There were legs and arms, babies without heads, old men’s heads without bodies. A man’s body was hanging in two pieces in a burning tree. What was left of him was on fire. 

On the steps of the barracks, a girl sat holding a man with grey hair, her arm round his shoulder, rocking the corpse back and forth in her arms. His eyes were staring at her. She was keening and weeping and crying, over and over: “My father, my father.” If she is still alive – and there was to be another Qana massacre in the years to come, this time from the Israeli air force – I doubt if the word “peacemaker” will be crossing her lips.

There was a UN enquiry which stated in its bland way that it did not believe the slaughter was an accident. The UN report was accused of being anti-Semitic. Much later, a brave Israeli magazine published an interview with the artillery soldiers who fired at Qana. An officer had referred to the villagers as “just a bunch of Arabs” (‘arabushim’ in Hebrew). “A few Arabushim die, there is no harm in that,” he was quoted as saying. Peres’s chief of staff was almost equally carefree: “I don’t know any other rules of the game, either for the [Israeli] army or for civilians…”

Peres called his Lebanese invasion “Operation Grapes of Wrath”, which – if it wasn’t inspired by John Steinbeck – must have come from the Book of Deuteronomy. “The sword without and terror within,” it says in Chapter 32, “shall destroy both the young man and the virgin, the suckling also with the man of grey hairs.” Could there be a better description of those 17 minutes at Qana?

Yes, of course, Peres changed in later years. They claimed that Ariel Sharon – whose soldiers watched the massacre at Sabra and Chatila camps in 1982 by their Lebanese Christian allies – was also a “peacemaker” when he died. At least he didn’t receive the Nobel Prize. 

Peres later became an advocate of a “two state solution”, even as the Jewish colonies on Palestinian land – which he once so fervently supported – continued to grow.

Now we must call him a “peacemaker”. And count, if you can, how often the word “peace” is used in the Peres obituaries over the next few days. Then count how many times the word Qana appears.

 

 

http://www.independent.co.uk/voices/shimon-peres-dies-israel-qana-massacre-never-forget-no-peacemaker-robert-fisk-a7334656.html

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22 octobre 2016 6 22 /10 /octobre /2016 09:53

Cinq ans après la chute de Kadhafi : quel bilan pour la Libye ?

 
 
Interview
20 octobre 2016
Le point de vue de Kader Abderrahim
 
 
   
Cinq ans jour pour jour après la chute de Mouammar Kadhafi, quel bilan peut-on tirer de l’intervention de l’OTAN en 2011, France et Etats-Unis en tête ?

Cinq ans après l’intervention de l’OTAN, le pays est totalement fragmenté. La Libye est au bord du gouffre, malmenée par des rivalités entre l’Est et l’Ouest, entre Tripoli et Tobrouk, entre deux gouvernements, deux parlements et par l’implantation d’un acteur non-étatique, Daech. Le bilan est donc mauvais, les Libyens ont déjà assisté à deux guerres civiles, une troisième n’est pas à exclure.

L’enlisement de la crise comporte aussi des risques pour l’Europe, sur le plan sécuritaire, avec la crainte que de nouvelles attaques soient orchestrées sur notre sol, ainsi que sur le plan migratoire car les Libyens figurent également parmi les réfugiés fuyant la guerre.

Les organisateurs de l’intervention militaire de 2011 ont commis une erreur. Ils n’ont pas mis en place de suivi politique pour l’après Kadhafi et se sont simplement contentés d’organiser des élections. La Libye est un pays dans lequel il n’y a jamais eu d’Etat ni d’institutions. La coalition n’a pas tenu compte des caractéristiques sociologiques et anthropologiques du pays. Les Occidentaux prétendaient apporter la démocratie en organisant des élections. Ils se sont trompés.

J’ai tendance à considérer que les interventions occidentales de ces dernières années ont apporté plus de confusion et d’instabilité que de solutions. C’est le cas en Libye, au Mali, en Syrie ou en Irak.


Quel est le contexte actuel en Libye alors que des combats y ont lieu quasi quotidiennement ?

Le pays est aujourd’hui mis en coupe réglée par des milices, par Daech, par la rivalité entre la Tripolitaine et la Cyrénaïque (Est de la Libye), entre Tobrouk et Tripoli. Le gouvernement d’union nationale qui siège à Tripoli présidé par Fayez Sarraj, est aujourd’hui très contesté. Le retour de Fayez Sarraj, début 2016, était théâtral, arrivant par bateau depuis la Libye, après être resté huit jours dans une base maritime étrangère près de Tripoli. Il laisse le sentiment d’être arrivé dans les bagages d’une puissance étrangère alors que les Libyens supportent de moins en moins les interactions extérieures. Malgré un accord signé entre tous les partis libyens en 2015, l’autorité de Fayez Sarraj a très vite été contestée, critiquée et il n’est jamais parvenu à affirmer sa légitimité.

Une autre source de problèmes est incarnée par Daech. L’organisation terroriste refuse de négocier et aucun compromis avec elle n’est envisageable.

Enfin, après les deux gouvernements et Daech, un quatrième acteur s’ajoute à l’équation et rend plus complexe encore sa résolution. Le général Haftar est soutenu par les Emirats arabes unis et par l’Egypte. Il a très tôt contesté la légitimité du gouvernement de Fayez Sarraj et pris le contrôle des trois importants champs pétrolifères autour de Syrte. Le général Haftar est parvenu à consolider ses positions, il revendique aujourd’hui sa volonté d’être le nouveau leader de la Libye.

Nous sommes donc face à un paysage libyen divisé entre Daech, deux gouvernements rivaux, un général assez aigri qui fait cavalier seul et un gouvernement d’union nationale isolé. Si l’on y ajoute les clans, les tribus, les milices, le jeu d’un certain nombre de pays étrangers comme l’Algérie, la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar, la somme de tous ses acteurs résultent sur une situation totalement hors de contrôle. Les dynamiques enclenchées, aujourd’hui en Libye, échappent à tous ceux qui les ont lancées.

Faire cesser les combats et désarmer les milices s’avère déjà une mission compliquée. Il faudrait peut-être que tous ceux, de Tripoli à Tobrouk souhaitant participer à la reconstruction de la Libye organisent une grande conférence nationale permettant de trouver un compromis interne à la Libye, sans pression étrangère, qui pourrait déboucher sur l’organisation de nouvelles élections.


Quelles sont les positions de la dite communauté internationale quant à la situation en Libye ? Se préoccupe-t-elle de la dégradation politique, économique et sécuritaire du pays à sa juste mesure ? De quelle manière certains pays interviennent-ils ?

De nombreux acteurs extérieurs s’inquiètent de la situation en Libye. La France et l’Italie, tout d’abord, qui doivent faire face à une succession de vagues d’immigration de personnes fuyant les combats. Les réfugiés arrivent, en premier lieu, sur les côtes italiennes, certains d’entre eux tentent ensuite de se rendre en France.

Globalement, toute l’Europe suit avec attention la situation libyenne car son évolution impacte également leur situation sécuritaire. Daech se trouve à moins de trois heures des côtes italiennes, à cinq heures des côtes françaises. Il existe donc une vraie problématique en termes de sécurité. Les risques sécuritaires et migratoires perdureront tant que le fond de la question n’aura pas été traité : redonner de la stabilité institutionnelle et politique à la Libye.

Sur le terrain, la situation empire. Les Européens se rendent-ils compte que le pays danse sur un volcan ? Si la Libye bascule dans une troisième guerre civile, il n’est pas à exclure que les pays environnants (Tunisie, Algérie, Egypte, Soudan) soient également impactés.

Pour finir, les puissances régionales s’immiscent également dans les affaires libyennes, telles que la Turquie, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar, l’Egypte et dans une moindre mesure, l’Algérie. Ces pays ont des inquiétudes, des intérêts, et chacun essaie d’agir localement pour préserver ses intérêts ou couvrir le risque terroriste.
 
 
 
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22 octobre 2016 6 22 /10 /octobre /2016 09:51

inq ans après la chute de Kadhafi : quel bilan pour la Libye ?

 
 
Interview
20 octobre 2016
Le point de vue de Kader Abderrahim
 
 
   
Cinq ans jour pour jour après la chute de Mouammar Kadhafi, quel bilan peut-on tirer de l’intervention de l’OTAN en 2011, France et Etats-Unis en tête ?

Cinq ans après l’intervention de l’OTAN, le pays est totalement fragmenté. La Libye est au bord du gouffre, malmenée par des rivalités entre l’Est et l’Ouest, entre Tripoli et Tobrouk, entre deux gouvernements, deux parlements et par l’implantation d’un acteur non-étatique, Daech. Le bilan est donc mauvais, les Libyens ont déjà assisté à deux guerres civiles, une troisième n’est pas à exclure.

L’enlisement de la crise comporte aussi des risques pour l’Europe, sur le plan sécuritaire, avec la crainte que de nouvelles attaques soient orchestrées sur notre sol, ainsi que sur le plan migratoire car les Libyens figurent également parmi les réfugiés fuyant la guerre.

Les organisateurs de l’intervention militaire de 2011 ont commis une erreur. Ils n’ont pas mis en place de suivi politique pour l’après Kadhafi et se sont simplement contentés d’organiser des élections. La Libye est un pays dans lequel il n’y a jamais eu d’Etat ni d’institutions. La coalition n’a pas tenu compte des caractéristiques sociologiques et anthropologiques du pays. Les Occidentaux prétendaient apporter la démocratie en organisant des élections. Ils se sont trompés.

J’ai tendance à considérer que les interventions occidentales de ces dernières années ont apporté plus de confusion et d’instabilité que de solutions. C’est le cas en Libye, au Mali, en Syrie ou en Irak.


Quel est le contexte actuel en Libye alors que des combats y ont lieu quasi quotidiennement ?

Le pays est aujourd’hui mis en coupe réglée par des milices, par Daech, par la rivalité entre la Tripolitaine et la Cyrénaïque (Est de la Libye), entre Tobrouk et Tripoli. Le gouvernement d’union nationale qui siège à Tripoli présidé par Fayez Sarraj, est aujourd’hui très contesté. Le retour de Fayez Sarraj, début 2016, était théâtral, arrivant par bateau depuis la Libye, après être resté huit jours dans une base maritime étrangère près de Tripoli. Il laisse le sentiment d’être arrivé dans les bagages d’une puissance étrangère alors que les Libyens supportent de moins en moins les interactions extérieures. Malgré un accord signé entre tous les partis libyens en 2015, l’autorité de Fayez Sarraj a très vite été contestée, critiquée et il n’est jamais parvenu à affirmer sa légitimité.

Une autre source de problèmes est incarnée par Daech. L’organisation terroriste refuse de négocier et aucun compromis avec elle n’est envisageable.

Enfin, après les deux gouvernements et Daech, un quatrième acteur s’ajoute à l’équation et rend plus complexe encore sa résolution. Le général Haftar est soutenu par les Emirats arabes unis et par l’Egypte. Il a très tôt contesté la légitimité du gouvernement de Fayez Sarraj et pris le contrôle des trois importants champs pétrolifères autour de Syrte. Le général Haftar est parvenu à consolider ses positions, il revendique aujourd’hui sa volonté d’être le nouveau leader de la Libye.

Nous sommes donc face à un paysage libyen divisé entre Daech, deux gouvernements rivaux, un général assez aigri qui fait cavalier seul et un gouvernement d’union nationale isolé. Si l’on y ajoute les clans, les tribus, les milices, le jeu d’un certain nombre de pays étrangers comme l’Algérie, la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar, la somme de tous ses acteurs résultent sur une situation totalement hors de contrôle. Les dynamiques enclenchées, aujourd’hui en Libye, échappent à tous ceux qui les ont lancées.

Faire cesser les combats et désarmer les milices s’avère déjà une mission compliquée. Il faudrait peut-être que tous ceux, de Tripoli à Tobrouk souhaitant participer à la reconstruction de la Libye organisent une grande conférence nationale permettant de trouver un compromis interne à la Libye, sans pression étrangère, qui pourrait déboucher sur l’organisation de nouvelles élections.


Quelles sont les positions de la dite communauté internationale quant à la situation en Libye ? Se préoccupe-t-elle de la dégradation politique, économique et sécuritaire du pays à sa juste mesure ? De quelle manière certains pays interviennent-ils ?

De nombreux acteurs extérieurs s’inquiètent de la situation en Libye. La France et l’Italie, tout d’abord, qui doivent faire face à une succession de vagues d’immigration de personnes fuyant les combats. Les réfugiés arrivent, en premier lieu, sur les côtes italiennes, certains d’entre eux tentent ensuite de se rendre en France.

Globalement, toute l’Europe suit avec attention la situation libyenne car son évolution impacte également leur situation sécuritaire. Daech se trouve à moins de trois heures des côtes italiennes, à cinq heures des côtes françaises. Il existe donc une vraie problématique en termes de sécurité. Les risques sécuritaires et migratoires perdureront tant que le fond de la question n’aura pas été traité : redonner de la stabilité institutionnelle et politique à la Libye.

Sur le terrain, la situation empire. Les Européens se rendent-ils compte que le pays danse sur un volcan ? Si la Libye bascule dans une troisième guerre civile, il n’est pas à exclure que les pays environnants (Tunisie, Algérie, Egypte, Soudan) soient également impactés.

Pour finir, les puissances régionales s’immiscent également dans les affaires libyennes, telles que la Turquie, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar, l’Egypte et dans une moindre mesure, l’Algérie. Ces pays ont des inquiétudes, des intérêts, et chacun essaie d’agir localement pour préserver ses intérêts ou couvrir le risque terroriste.
 
 
 
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21 octobre 2016 5 21 /10 /octobre /2016 05:32
Sauvé des barbelés, le village palestinien de Battir reve de tourisme" par Piotr Smolar
 
 
M le magazine du Monde |
 
             
Les 5 ans de « M le mag ». Il y a trois ans, ce village palestinien était menacé par la construction du mur israélien. « M » avait rencontré ses habitants en lutte. Désormais classé au patrimoine mondial de l’Unesco, Battir mise aujourd’hui sur le tourisme.

Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)

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image: http://s2.lemde.fr/image/2016/10/19/644x0/5016162_6_6003_inscrit-au-patrimoine-mondial-de-l-unesco_bbd90d282a2f603ccbde7810ca8ec6a2.jpg

 

Battir repose les yeux. C’est un sentiment rare en Cisjordanie. Son paysage montagneux de terrasses de pierre, utilisées pour la production maraîchère grâce à des canaux d’irrigation millénaires, ou bien plantées de vignes et d’oliviers, présente une délicieuse particularité.

Il n’est pas perturbé par des barbelés, un barrage militaire ou une autre de ces balafres qui caractérisent la présence de l’occupant israélien. Situé à quelques kilomètres au sud-ouest de Jérusalem, Battir est une raison en soi pour se rendre en Cisjordanie, et ce n’est pas rien. Mais sa beauté a failli subir un préjudice irréparable.

Lors de notre reportage en 2013 dans ce village en résistance, le ministère israélien de la défense envisageait de faire passer un tronçon de la barrière de séparation en contrebas. Début 2015, la Haute Cour de justice a gelé les plans du gouvernement, rejetant sa justification sécuritaire.

Une ouverture nouvelle au monde

Cette décision a couronné une mobilisation exceptionnelle, par son ampleur et sa nature, réunissant les habitants, des organisations de défense de l’environnement, mais aussi de simples citoyens, palestiniens ou israéliens, voulant préserver le site. La décision de l’Unesco, en juin 2014, d’inscrire Battir dans le Patrimoine mondial, a également eu un impact puissant.

Depuis, les habitants ont pris conscience de la nécessité d’utiliser au mieux cette richesse. « Du point de vue des mentalités, il s’agit d’un sentiment très nouveau avec des conséquences en termes d’ouverture au monde », explique Raed Samara, ancien vice-maire de Battir et aujourd’hui directeur exécutif de la communauté de communes au sud-ouest de Bethléem. Des pancartes en anglais sont apparues pour guider les touristes. Une boutique et une maison d’hôte les attendent.

Attirer autant que Bethléem

Depuis le début de l’année, ils sont près de 150 000, selon la municipalité, à avoir parcouru les ruelles escarpées de son centre et ses circuits de randonnée. Un restaurant de 300 places est en construction. Un plan de développement, Battir 2020, a été lancé. Le village se met à rêver : il veut rivaliser avec Jéricho ou Bethléem, en termes d’attractivité.

« On souhaite devenir le site numéro un de Palestine et ne plus dépendre de subventions, explique Sultan Al-Shami, 60 ans, qui tient le magasin de souvenirs. On veut donner un espoir aux gens et offrir des débouchés aux artisans locaux. » Dans la boutique, on fabrique des plats décoratifs à partir d’argile. Les motifs dépendent des pays concernés par l’exportation : Constantine en Algérie, la mosquée Al-Aqsa pour les Palestiniens… On vend aussi des pochettes et des sacs cousus par des femmes du village.

« Si on veut construire un hôtel, on trouvera les fonds. Mais où iront les eaux usées pour 20 ou 30 chambres ? » Elyan Al-Shami, secrétaire du conseil local

Ce programme volontariste semble bien rafraîchissant par contraste avec le pessimisme qui ronge la société palestinienne, mais il se heurte à des problèmes d’infrastructures. Le secrétaire du conseil local, Elyan Al-Shami, ne s’en cache pas. « Si on veut construire un hôtel, on trouvera les fonds. Mais où iront les eaux usées pour 20 ou 30 chambres ? Chaque maison possède son propre système d’évacuation, à l’ancienne, soit juste un trou creusé dans le sol, polluant les couches souterraines. Et puis il y a les routes, qu’il faudrait élargir, en détruisant pour cela des maisons. »

L’Autorité palestinienne n’aurait-elle pas intérêt à compenser les familles déplacées, pour le bien commun ? « L’AP est plus faible que nous !, rétorque Elyan Al-Shami. Ils ne nous aident pour rien. »

Une harmonie précieuse mais fragile

Wissam Eweineh, 36 ans, représente l’avenir de Battir, sa meilleure sève. Charismatique, énergique, le jeune homme a longtemps travaillé ailleurs. Comme psychologue en Cisjordanie, pendant la seconde Intifada, puis à Dubaï et à Tripoli, en Libye. Il a voyagé dans le monde pour mieux revenir sur la terre de son enfance, à Battir.

Il possède deux petites exploitations maraîchères bio et fabrique de l’huile d’olive. Sa passion, ce sont les randonnées. « Notre musée est sous le ciel, pas sous un toit, dit-il. Ça aurait été honteux pour l’humanité si les Israéliens avaient construit le mur. Il n’y a jamais eu d’incidents dans la vallée. Ici, nous avons de l’espoir et un temps limité, qu’il ne faut pas gaspiller dans le conflit. »

En vertu de l’armistice signé en 1949 et de la ligne de démarcation déterminée à l’époque, la gare au fond de la vallée a été attribuée au côté israélien. Mais les habitants de Battir ont reçu un privilège rare : continuer à cultiver leurs terres situées au-delà des rails et de la ligne verte, c’est-à-dire en Israël. En octobre par exemple se déroule la récolte des olives, sans coordination préalable avec l’armée. Pour préserver cette micro-harmonie, les aînés du village surveillent les plus jeunes, afin d’éviter tout dérapage. Lorsqu’en octobre 2015 commença une nouvelle vague de violences palestiniennes, ils rattrapèrent par le bout de la chemise une poignée de garçons voulant s’en prendre aux rails.

image: http://s1.lemde.fr/image/2016/10/19/204x0/5016161_6_9664_2016-10-12-3fca2f2-10505-1yxtlhn-a6bo9lik9_3c8e25a154ee7486c9fbfc22462331df.jpg

 

Lire aussi :   Battir, le village palestinien qui cultive la résistance


http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2016/10/19/sauve-des-barbeles-le-village-palestinien-de-battir-reve-de-tourisme_5016163_4497186.html#D3lDGdsscb6c4ZI1.99

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21 octobre 2016 5 21 /10 /octobre /2016 05:13
 
 
Jeu trouble de l’ONU en Syrie

L’aide humanitaire sous contrôle du régime

Orient XXI > Magazine > Enquête > Marie Kostrz > 20 octobre 2016

En Syrie, l’aide humanitaire orchestrée par l’ONU est couramment qualifiée a minima de passivité, sinon de connivence vis-à-vis du régime. Le conflit syrien met dramatiquement en lumière, une fois de plus, les limites du rôle des Nations unies en temps de guerre.

 

« Pendant tout ce temps, on a contacté plusieurs fois l’ONU à Damas, mais on n’a jamais eu aucune réponse », dénonce Mohammad Katoub, de l’Association médicale syro-américaine (Syrian American medical society, SAMS), qui soutient plusieurs infrastructures médicales en Syrie. « L’OMS nous a dit qu’elle ne pouvait rien faire : il fallait nous adresser au Croissant-Rouge arabe syrien ». Or, le Syrian Arab Red Crescent — SARC —, partenaire de l’ONU, a été mandaté par le gouvernement syrien pour la coordination des programmes humanitaires, ce qui soulève de grands doutes quant à son indépendance.

Alors que la Syrie s’enfonce dans une interminable spirale de violence, les accusations faisant des agences onusiennes1 à Damas des organisations passives, voire complices du régime syrien, se multiplient.

Une présence vraiment très discrète

Le 26 août dernier, les 4 000 habitants de Daraya (sud de Damas), ville assiégée depuis 2012, ont été évacués. Les civils ont été transférés dans une localité sous contrôle du gouvernement, les rebelles ont pu rejoindre Idlib, à 300 kilomètres au nord-ouest de la Syrie. Depuis quatre ans, jamais le conseil local ni les groupes rebelles de la ville n’avaient accepté de conclure une trêve avec les autorités syriennes, qui refusaient leur condition sine qua non : la libération des habitants de Daraya détenus dans les geôles du régime. Ils ont cependant fini par accepter d’être évacués, sans obtenir la moindre concession en retour. Les négociations ont eu lieu entre le gouvernement, le conseil local et deux groupes rebelles de Daraya. Les Nations unies n’ont pas du tout fait partie du processus. « On s’est fait bombarder sans interruption, et jamais le régime n’a respecté la résolution 2139 de l’ONU qui lui demande de rendre possible l’aide humanitaire aux zones assiégées », détaille Raed Abou Jamal, commandant de la Brigade des martyrs de l’islam, qui a participé aux pourparlers. « On a compris que la communauté internationale et l’ONU seraient incapables de nous aider, donc on a négocié directement avec le régime ».

Le jour de l’évacuation, l’envoyé spécial de la Syrie Staffan de Mistura déclarait n’avoir été mis au courant de l’opération que la veille. « Il est impératif que les habitants de Daraya soient protégés en cas d’évacuation, et que celle-ci soit volontaire », a-t-il ajouté. L’explication n’a pas convaincu. « Toutes les organisations intervenant en Syrie savaient que des négociations étaient en cours entre le régime et Daraya, comment n’aurait-il pas été averti par les bureaux de l’ONU à Damas ? », s’insurge Wissam Al-Hamaoui, directeur de la plateforme des organisations de la société civile syrienne. « C’est pourquoi nous demandons qu’une enquête soit réalisée sur le travail de l’ONU à Damas, car il est anormal que les agences soient si passives et qu’elles n’utilisent aucun levier pour tenter de peser sur la situation ».

Ce reproche récurrent est en particulier adressé au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). L’un des principaux problèmes est la marge de manœuvre laissée aux autorités syriennes dans la classification des villes et la priorisation des besoins. « Personne au sein du bureau de l’OCHA à Damas ne s’oppose aux exigences du régime syrien », affirme un employé de l’agence qui a requis l’anonymat. Selon lui, l’OCHA a ainsi attendu que les cas de famine à Madaya soient médiatisés, début janvier 2016, pour placer la ville sur la liste des villes assiégées, alors qu’elle l’était dans les faits depuis plusieurs mois. Alep-Est, assiégée depuis mi-juillet 2016, n’a été ajoutée à la liste que début octobre. « Je fais beaucoup plus confiance à la liste établie par Siege Watch, organisation qui a une manière de définir les villes en état de siège beaucoup plus large, mais exhaustive », précise cet employé. Selon l’organisation, trente-quatre villes sont assiégées par le régime syrien, deux par des groupes rebelles et trois conjointement par le régime, des rebelles et l’Organisation de l’État islamique (OEI). Soit le double du chiffre de l’ONU, qui en dénombre dix-huit. Alors que Siege Watch considère que plus d’un million d’individus sont assiégés, les Nations unies en comptent 590 900.

Les conséquences de cette docilité sont grandes. « Dans les faits, qu’une ville soit considérée par l’ONU comme assiégée ou non ne change pas grand-chose parce que c’est toujours le régime qui a le dernier mot en autorisant ou interdisant des convois de l’ONU à s’y rendre », poursuit-il. « Cependant si la ville est assiégée, c’est important de le dire officiellement, afin d’être clair sur les agissements des acteurs de cette guerre et d’avoir au moins une activité de plaidoyer efficace à l’étranger ».

Difficile en effet, à la lecture des rapports des Nations unies, de savoir qui fait quoi sur le terrain. Les textes officiels sont toujours très discrets sur l’implication du régime syrien. Exemple parmi tant d’autres, dans un rapport du Conseil de sécurité publié en septembre 2016, si l’ONU comptabilise les équipements médicaux retirés de trois différents convois se rendant dans des quartiers assiégés par le régime syrien (Al-Waer, Rastan et Tadlu), jamais il n’est précisé qui est à l’origine de ces confiscations. Jens Laerke, porte-parole de l’OCHA, se borne à affirmer que la question des équipements enlevés des convois est un « détail opérationnel » abordé dans d’autres déclarations officielles des Nations unies. Difficile ainsi d’incriminer le régime quand l’organisation internationale ne confirme pas l’identité de l’auteur des exactions.

Censure et chiffres trompeurs

En juin dernier, un rapport publié par le think tank The Syria Campaign sur le manque d’impartialité et de neutralité de l’ONU en Syrie a justement accusé l’organisation internationale de publier des chiffres trompeurs sur ses actions. Les Nations unies se targuent en effet d’atteindre de nombreuses zones difficiles d’accès ou assiégées, sans préciser si cette aide est suffisante. « Accéder à un million de personnes ne signifie pas qu’elles ont reçu l’assistance dont elles ont besoin », souligne le rapport. « Par exemple, une mise à jour de l’OCHA publiée en mai 2016 rapporte que 255 250 personnes ont été atteintes dans les zones assiégées depuis le début de l’année 2016. Il y a parmi elles des individus qui n’ont été atteints qu’une fois. Si une famille de cinq personnes a reçu un panier de nourriture pour trois semaines en janvier, tous ses membres vont être comptés parmi les 255 250 personnes (…) L’ONU compte le nombre de colis ou de fournitures envoyés pour savoir combien de personnes sont bénéficiaires. Cela ne signifie pourtant pas que les colis ont été délivrés aux bonnes personnes ».

Le 8 septembre dernier, soixante-treize ONG syriennes ont ainsi annoncé la suspension de leur coopération avec l’ONU pour la récolte d’informations dans le cadre de "l’approche" Whole of Syria (WoS) de l’OCHA2. Il existe, disent-elles, une « manipulation de l’aide humanitaire par les intérêts politiques du gouvernement syrien ». En laissant faire, l’ONU se rend selon elles complice de ce chantage.

C’est avant tout la perspective de voir le Plan de réponse humanitaire pour l’année 2017 de nouveau tronqué qui a motivé la décision de ces ONG. Le document, publié annuellement par l’OCHA, répertorie les besoins de la population syrienne afin qu’une stratégie soit établie pour y répondre. « Les ONG syriennes ont envoyé leur version du Plan de réponse humanitaire à l’OCHA en mars 2015 », explique Mazen Kerawa, directeur de SAMS, signataire de la lettre. « En novembre 2015 on nous a donné la version finale, dans laquelle de nombreux points avaient tout simplement été supprimés ! » Effectivement, entre la version envoyée à l’ONU en 2016 et l’officielle, des différences criantes existent. La mention des quartiers assiégés a entre autres disparu du document, remplacée par celle de « zones difficiles d’accès ». Pourtant, la classification de l’ONU différencie clairement ces deux types de zones.

« La référence aux personnels humanitaires emprisonnés a aussi été supprimée », accuse Kawara, qui estime révoltant que le régime soit autorisé à retirer toutes les données concernant ses propres violations. « C’est d’autant plus grave que le document définit toute la réponse humanitaire apportée à la crise syrienne », souligne-t-il. « Tous les donneurs le reçoivent et décident de leurs actions en fonction de ce qui est écrit ». Le porte-parole de l’OCHA Jens Laerke affirme de son côté que « d’autres partenaires ont bien sûr été consultés. La version finale du document reflète la somme de tous les commentaires ».

Sous contrôle du régime

« J’ai assisté à une réunion où Kevin Kennedy, coordinateur régional humanitaire d’OCHA en Syrie, a clairement admis que l’ONU avait accepté les changements voulus par le régime syrien, mais nous a dit que cela n’aurait aucune conséquence sur le budget de l’ONU ou des donneurs alloué aux ONG travaillant dans le nord de la Syrie », témoigne un employé de l’OCHA. S’il est vrai que les conséquences de ces modifications sont plus limitées dans cette partie du pays que l’ONU peut rejoindre via le territoire turc, il en va différemment en banlieue de Damas. La quasi-totalité des villes assiégées par le régime s’y trouve ; les convois humanitaires ne peuvent y accéder qu’en obtenant l’autorisation du régime. Depuis le début du conflit, ce dernier bloque quasi systématiquement leur approvisionnement.

Cette complaisance de l’ONU envers le régime syrien a aussi été soulevée par The Guardian. Le 29 août, le quotidien britannique a rendu publiques les sommes versées par l’ONU à des associations syriennes partenaires, dont beaucoup appartiennent aux proches de Bachar Al-Assad. Selon le journal, deux agences des Nations unies ont ainsi donné 8,5 millions d’euros à l’association Syria Trust Charity, dont la présidente n’est autre qu’Asma Al-Assad, épouse du président syrien. Treize millions de dollars ont également été versés au gouvernement syrien pour dynamiser son agriculture, alors même que l’Union européenne avait interdit le commerce avec les départements syriens du secteur, n’ayant aucune certitude que cet argent soit dépensé à bon escient. L’ONU a objecté qu’elle ne pouvait travailler qu’avec un nombre très restreint de partenaires autorisés par le président Assad.

De juin à septembre 2015 et de janvier à avril 2016, 96 % de l’aide alimentaire délivrée par l’ONU en Syrie l’a en effet été dans les zones contrôlées par le gouvernement. En 2015, moins de 1 % de l’aide alimentaire a été délivrée en zone assiégée. Selon le rapport mensuel de l’ONU publié le 16 septembre, les Nations unies ont apporté un soutien alimentaire à 4,19 millions d’individus, dont seulement 5 % se trouvent dans des zones assiégées et difficile d’accès.

L’ONU aurait pu faire pression sur le régime en conditionnant l’aide alimentaire en zone gouvernementale à un meilleur accès aux zones rebelles. Or durant les trois premières années du conflit, les Nations unies sont passées par Damas, refusant d’utiliser les frontières turques et jordaniennes alors que nombre de civils dans le besoin se trouvent dans les zones rebelles. En cause, les menaces du régime, qui avait prévu d’expulser de Damas toute agence participant à des opérations transfrontalières.

Des politiques non coordonnées

Comment faire pour tenir tête au régime syrien, quand celui-ci n’a pas hésité à bombarder à plusieurs reprises des convois humanitaires ? Le 19 septembre dernier, un convoi du SARC a été frappé alors qu’il se dirigeait vers Alep-Est où 300 000 personnes sont assiégées depuis le 17 juillet dernier. Dix-huit des 31 camions qui le constituaient ont été complètement détruits, et douze employés du SARC sont morts. Si la Syrie et la Russie ont nié être les auteurs de cette attaque, ils sont les seuls acteurs du conflit syrien à disposer d’une force de frappe aérienne. À de nombreuses reprises, l’opposition a accusé le régime d’avoir attaqué d’autres convois, comme à Daraya le 13 mai ou à Douma le 25 mai.

Roger Hearn, ancien directeur de l’UNRWA à Damas, convient que l’ONU a une marge de manœuvre limitée ; néanmoins, « certaines choses auraient pu être faites pour que le rapport de force entre le régime syrien et l’ONU soit en faveur de ce dernier ». Le problème résiderait avant tout dans le manque de coordination et d’harmonisation des politiques entre les différentes agences à Damas. « Certaines se sont montrées plutôt complaisantes, car elles avaient peur de se faire expulser, d’autres non ; il est donc difficile de faire bloc et d’obtenir des concessions », dit-il. « Peut-être que le régime ne se souciait pas de renvoyer l’Unicef seule par exemple, mais il n’aurait pu se débarrasser de l’ensemble des agences de l’ONU, quand on voit que certains projets du PAM représentent des millions de dollars ».

La conséquence, selon Hearn, est que l’ONU est très lente à intervenir dans les zones qui ne sont pas contrôlées par le régime et où les besoins sont grands. « En 2013 et 2014, l’ONU a mis énormément de temps avant de prendre la décision d’agir contre l’épidémie de poliomyélite car le gouvernement ne voulait pas qu’elle intervienne dans les zones contrôlées par l’opposition ». Pour lui, « il est extrêmement problématique que l’ONU perde le contrôle sur le processus visant à définir les besoins humanitaires et à y répondre, car il permet au régime d’en faire une arme contre les villes assiégées ».

De plus, si des résolutions ont été prises par le Conseil de sécurité pour permettre une meilleure distribution de l’aide humanitaire en Syrie, rien dans le fonctionnement des Nations unies n’oblige les agences à les appliquer. « Il faut arrêter de penser que l’ONU est une organisation homogène », prévient Roger Persichino, consultant et ancien dirigeant d’une organisation humanitaire. « En 2014, une fois la résolution concernant les opérations humanitaires transfrontalières adoptée par le Conseil de sécurité, il y a eu une grande tension entre le UNHCR et l’OCHA », explique-t-il. « Cette dernière agence voulait accéder aux zones rebelles depuis les zones contrôlées par le gouvernement syrien, alors que le HCR était pour mettre en œuvre des opérations humanitaires transfrontalières ».

Miroir du rapport de force international

En outre, face à un État, l’ONU n’a pas une si grande marge de manœuvre. Elle est clairement depuis ses débuts une organisation dont l’aide humanitaire est au service du politique. Fondée en 1943, l’Administration des Nations unies pour le secours et la reconstruction (United Nations Relief and Rehabilitation Administration, Unrra), intégrée au Nations unies lors de leur création en 1945, a ainsi été mise en place pour venir en aide aux zones reconquises par les Alliés durant la seconde guerre mondiale. Si la fin de la guerre froide a vu le retour à une vie internationale dépolarisée dans laquelle l’aide humanitaire s’est quelque peu affranchie des rapports politiques, ce n’était qu’une parenthèse. « De 1991 à 2000 environ, il y a eu la volonté de faire de l’ONU un fournisseur d’aide d’urgence. Les Casques bleus et l’OCHA ont été créés, avec le recul on voit que cela a été en partie un fiasco : en Bosnie-Herzégovine ce n’est qu’après l’expulsion des Bosniaques que les accords de Dayton ont été signés, au Rwanda le génocide s’est déroulé devant le regard médusé des Casques bleus dont l’effectif avait été réduit de 90 % au moment où il aurait fallu l’augmenter... », explique Rony Brauman, ancien président de Médecin sans Frontière (MSF).

« L’ONU n’a jamais rien fait d’autre que d’accompagner les accords déjà existants, c’est une fois que la paix est signée qu’elle peut jouer un rôle utile », ajoute-t-il. « Il y a quelque naïveté à considérer qu’elle est plus qu’un rassemblement d’États. Ce n’est pas l’ONU qu’il faut incriminer, mais les acteurs de la crise syrienne : Iran, Arabie saoudite, Turquie, Russie, Syrie, États-Unis... Ce sont eux qui doivent se mettre d’accord sur un processus de paix que l’ONU pourra accompagner ».

Les résolutions prises en matière d’aide humanitaire par le Conseil de sécurité sont dans ce contexte également très politisées, interprétées et mises en application de manière différente en fonction du rapport de force en présence. Faute d’une solution politique et d’un engagement ferme des États-Unis sur le dossier syrien, les multiples résolutions prises sur l’accès humanitaire ([résolutions 2139, 2165) ou l’interdiction de l’utilisation d’armes chimiques (résolutions 2118, 2209) n’ont jamais déclenché de réaction ferme de la part des alliés de l’opposition syrienne, malgré leurs violations répétées.

1Ces organisations sont au nombre de dix : Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), Organisation mondiale de la santé (OMS), Programme alimentaire mondial (PAM), Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Agence des Nations unies pour le secours et le travail des réfugiés palestiniens (UNRWA), Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Organisation internationale pour les migrations (IOM), UN Habitat, Unicef. Toutes sont réunies au sein de l’équipe des Nations unies pour le pays, elle-même dirigée par un coordinateur humanitaire qui jusqu’à récemment se nommait Yacoub El-Hillo.

2NDLR. Définie en ces termes dans le rapport intitulé 2014. Two months Joint Operational Plans for the Whole of Syria : «  La pierre angulaire de l’approche WOS est un engagement de tous les partenaires humanitaires à une réponse coordonnée (…) pour augmenter l’efficience et l’efficacité de leur réponse par : 1) l’élaboration d’un processus de planification opérationnelle fondée sur des principes, prévisible et systématique  ; 2) une plus grande cohérence entre les différentes modalités opérationnelles (programmes transfrontaliers ou réguliers) grâce à une meilleure coordination  ; 3) le renforcement du partage d’information.  »

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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 09:17
Patrimoine religieux de Jérusalem-Est: l'Unesco maintient son vote
 
 
 
Ce mardi 18 octobre, au siège de l'Unesco à Paris, le conseil exécutif de l'Unesco a flement adopté mardi une résolution sur Jérusalem-Est portée par plusieurs pays arabes et vivement contestée en Israël. Le texte, déjà approuvé en commission la semaine passée a provoqué un tollé en Israël où le gouvernement a suspendu ses relations avec l'organisation.Le Conseil exécutif de l'Unesco - composé de 58 membres- a finalement suivi le vote de la commission sur une résolution concernant les lieux saints à Jérusalem-Est.

Les lieux saints de la Vieille ville de Jérusalem

Il faut rappeler que le texte dénonçait les empiètements israéliens à l'administration de la Jordanie sur le site de l'esplanade des Mosquées, les incursions israéliennes sur ce site et les restrictions d'accès imposées aux fidèles musulmans. Soumis par sept pays arabes, il avait déjà été adopté jeudi dernier en commission, avec 24 voix pour, six contre, dont les Etats-Unis, et 28 abstentions, dont la France.

La classe politique israélienne s'est également scandalisée du fait que la résolution ne fasse jamais référence à l'esplanade sous l'appellation de « mont du Temple » et désigne d'abord par son nom arabe le parvis du mur des Lamentations. Selon les autorités israéliennes, la façon dont la résolution est rédigée constituait une négation du lien historique millénaire qui unit les juifs à la Vieille ville de Jérusalem.

 

Ce vote n’est pas vraiment une surprise : il ne fait que confirmer en séance plénière la décision qui avait été prise la semaine dernière par la commission lors de la saisie de ce projet de résolution. L’ambassadeur palestinien auprès de l’Unesco, à la sortie de ce vote et de cette session, ce mardi midi, a bien sûr salué la décision, affirmant qu’il ne fallait pas s’arrêter à des questions sémantiques et qu’il fallait se féliciter de voir réaffirmer l’importance de ce lieu et de la protection qu’il faut assurer pour ce lieu.

Des mois de lobbying de la diplomatie israélienne pour rien

Cela fait des mois que le gouvernement israélien se bat contre ce texte. Depuis qu’une précédente version avait été adoptée en avril par l’Unesco, avec le soutien de bon nombre de pays européens au premier rang desquels la France, rappelle notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil. Les diplomates de l’Etat hébreu en Europe ont multiplié les consultations auprès de pays considérés comme amis, et ils ont obtenu que la plupart des Européens rejoignent le camp des abstentionnistes. Une petite victoire pour les autorités israéliennes, car le texte n’était plus soutenu que par une majorité relative. Mais pas suffisant pour en empêcher l’adoption.

Depuis jeudi dernier, et le vote en commission, l’Etat hébreu a donc cherché à obtenir un report de la décision du comité exécutif. Mais les pays arabes à l’origine de ce texte ont fait pression pour que la résolution soit bien débattue ce mardi. Avant même l’adoption définitive du texte, le Premier ministre israélien a donc élargi le débat. Lors de son premier entretien avec Antonio Guterres, le futur patron de l’ONU, ce week-end, Benyamin Netanyahu a voulu en faire un cas d’école… Il prouve, à ses yeux, l’attitude biaisée des Nations unies dans leur ensemble à l’égard de son pays.

Relations tendues avec l'Unesco

Après le vote en commission, Israël avait annoncé vendredi dernier la suspension de sa coopération avec l'Unesco et le ministre israélien de l'Education avait accusé l'organisation d'apporter un « soutien immédiat au terrorisme islamiste ».

La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, avait pourtant pris ses distances avec le texte litigieux. Et de son côté, l'Allemand Michael Worbs, président du Conseil exécutif de l’Unesco, avait rappelé que la diversité et coexistence religieuse de la Vieille ville de Jérusalem ne saurait être remise en cause d'autant que celle-ci et ses remparts avaient été inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1982, en tant que site sacré à valeur universelle pour les trois monothéismes (judaïsme, christianisme et islam).

L'Unesco est régulièrement une victime collétarale du conflit israélo-palestinien. Il faut rappeler que lorsque la Palestine a été admise dans l'organisation en 2011, Israël et les Etats-Unis avaient cessé de verser leur contribution financière, et perdu de ce fait leur droit de vote.

Réactions des ambassadeurs palestinien et israélien auprès de l'Unesco

L'ambassadeur israélien auprès de l'Unesco dénonce l'adoption de ce texte, mais se réjouit du fait que plusieurs pays aient décidé de ne pas le soutenir, à l'image du Mexique, qui a changé de position au cours des derniers jours.

 

Israël n'a pas besoin d'avoir l'approbation de l'Unesco ou de quelque pays que ce soit pour affirmer qu'il y a un lien historique entre le peuple juif et Jérusalem.
L'ambassadeur israelien auprès de l'Unesco relativiseCarmel Shama Cohen, ambassadeur d’Israël auprès de l'Unesco 18/10/2016 - par Daniel Vallot Écouter

 

 

L'ambassadeur palestinien auprès de l'Unesco se félicite de la décisionElias Sanbar, ambassadeur de la Palestine auprès de l'Unesco 18/10/2016 - par Daniel Vallot Écouter

 

→ pour aller plus loin, le texte complet de la résolution

 

http://www.rfi.fr/moyen-orient/20161018-unesco-jerusalem-israel-territoires-palestiniens-esplanade-mosquee-vote

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19 octobre 2016 3 19 /10 /octobre /2016 07:25

Newsletter de l’AURDIP du 18 octobre 2016

Note de lecture du livre « Un boycott légitime. Pour le BDS universitaire et culturel de l’État d’Israël » par Eyal Sivan et Armelle Laborie

Nous connaissons tous le cinéaste israélien Eyal Sivan. En octobre 2009 il avait décliné l’invitation qui lui avait été faite par le Forum des Images d’être associé à une rétrospective intitulée Tel Aviv, le paradoxe, et qui bénéficiait du soutien du gouvernement israélien. En y présentant son film Jaffa, la mécanique de l’orange, il aurait participait à un événement célébrant des artistes et des cinéastes, qui, comme il l’écrivait aux organisateurs, célèbrent des artistes et des cinéastes qui évitent « de s’exprimer clairement au sujet de la brutale répression des populations palestiniennes. Ce sont les arguments invoqués dans cette lettre qu’il reprend et développe dans un livre écrit en collaboration avec la productrice Armelle Laborie, et qui doit sortir en librairie le 21 octobre .

Contre ceux, encore trop nombreux, qui soutiennent que « l’université et la culture seraient par nature situées au-delà des querelles politiques », les deux auteurs montrent qu’aujourd’hui les productions culturelles et les institutions de savoir sont, à la différence des kumquats et des avocats ou même des armements, clairement identifiés à une nation. Dans la mesure où les institutions universitaire et culturelles forment une « vitrine dans laquelle Israël présente d’elle-même une image démocratique, libérale et critique » l’appel au boycott est comme « un pavé lancé dans cette vitrine ».

Devant le ralliement de plus en plus d’universitaires et d’artistes à la campagne BDS, désormais coordonnée au niveau international par le PACBI, les autorités israéliennes perçoivent la menace, et mettent en place un impressionnant dispositif de propagande, la hasbara, le terme hébreu pour explication, qui, en 2016, a été doté d’un budget de 30 millions d’euros. Un ministre, Gilad Erdan, est même désigné pour mener à bien le combat contre BDS. Il s’agit de restaurer l’image d’Israël et tous les moyens vont être bons, qu’il s’agisse de proposer une image positive d’Israël ou de conduire une cyber-guerre voire une guerre juridique globale. On se souvient qu’en mars 2016, un autre ministre, Israël Katz, a même annoncé « l’élimination civile ciblée » des principaux militants du BDS.

Eyal Sivan et Armelle Laborie répondent point par point à tous ces arguments de propagande. Ils montrent avec précision, que l’université israélienne, loin d’être le lieu d’une culture pluraliste et dynamique, non seulement garde le silence sur l’occupation et les crimes de guerre, mais sert d’auxiliaire à l’armée et fabrique des discriminations. Défendre le boycott universitaire, ce n’est en aucun cas s’opposer aux libertés académiques, c’est au contraire permettre de les développer, d’autant que tel qu’il est défini dans les directives de PACBI, le boycott n’empêche nullement la collaboration avec des universitaires israéliens pris à titre individuel. Et il leur offre même une possibilité d’expression et d’échange à tous ceux qui souffrant d’un isolement croissant.

La culture israélienne, telle qu’elle s’est affichée, par exemple à Paris, au Salon du livre de 2008, jouit d’un grand prestige en Occident. Cependant « elle est en complet décalage avec la réalité israélienne ». Les écrivains et les cinéastes considérés comme appartenant au « Camp de la paix » et qui sont tellement présents sur la scène nationale, constituent en quelque sorte une « dissidence officielle » qui participe à la représentation d’un État d’Israël juif et démocratique où règnerait la liberté d’expression.

Or cette gauche sioniste dont ces artistes sont les porte-drapeaux et qui défend ses propres libertés sans trop s’inquiéter des atteintes aux libertés des Palestiniens, permettant de « chanter les louanges de la seule démocratie au Moyen-Orient », n’a jamais été inquiétée par le pouvoir parce qu’en fait elle le légitime et l’a toujours servi sans broncher. Les institutions auxquelles ils appartiennent et qu’ils défendent sont devenus « un atout solide pour la communication de tous les gouvernements, et un instrument privilégié de la hasbara-maketing ».

Israël qui se considère et est reconnu comme une démocratie occidentale, revendique cependant un statut singulier l’autorisant à violer impunément les droits humains. Israël jouit donc « d’un statut d’État d’exception ». Il est fort inquiétant de penser que ce modèle d’état d’urgence permanent est en train de devenir une référence y compris en France. C’est cette exception qu’il s’agit de boycotter, en exerçant « une pression citoyenne non-violente » pour forcer cet État à se plier aux exigences du droit international et devenir ainsi un État normal, qui cesse d’être hors-la-loi. La campagne BDS qui exige qu’il soit mis fin à l’impunité d’Israël est donc légitime. Ce mouvement « polymorphe et rhizomique » est également juste et urgent. Juste, parce que c’est un acte de solidarité envers les Palestiniens mais aussi envers les Israéliens anticoloniaux. Urgent « car la société israélienne est en processus de fascisation ».

La lecture du livre d’Eyal Sivan et Armelle Laborie, dont il faut saluer le courage et la détermination, est elle aussi urgente. Elle est même indispensable. Tous les éléments de la hasbara y sont pointés et démontés. On y trouve tous les arguments permettant de répondre à la propagande israélienne dont nous sommes abreuvés en permanence. Mais on le referme aussi avec le sentiment qu’un espoir reste possible pour la construction de ce monde commun auquel nous aspirons.

Sonia Dayan-Herzbrun,
Professeure émérite à l’Université Paris-Diderot,
vice-présidente de l’AURDIP


Un boycott légitime : Pour le BDS universitaire et culturel de l’État d’Israël

Auteurs : Eyal Sivan & Armelle Laborie

Armelle Laborie, productrice de films pendant de nombreuses années, a également travaillé dans une agence de communication.

Eyal Sivan est un cinéaste israélien. Parmi ses derniers films : Route 181, fragments d’un voyage en Palestine-Israël (coréalisé avec Michel Khleifi, 2003), Pour l’amour du peuple (coréalisé avec Audrey Maurion, 2004), Jaffa, la mécanique de l’orange (2009) et Un État commun, conversation potentielle (2012).

Éditeur : La Fabrique Editions

Prix de vente au public (TTC) : 10 €

192 pages ; 20 x 13 cm ; broché

ISBN 978-2-35872-087-8

EAN 9782358720878

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