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20 juin 2017 2 20 /06 /juin /2017 07:08

Vivre à Gaza, avec trois heures d'électricité par jour

Le territoire palestinien de deux millions d'habitants fait face à une crise énergétique sans précédent

Quelque chose détonne dans l'appar-tement de Rewad Obaid. Dehors, les rues sont calmes, Gaza observe le ramadan. Les habitants se reposent à la maison, le ventre creux. On devrait entendre un léger bourdonnement électroménager, celui de tout foyer banal. Là, rien. Le frigo, éteint. La télévision aussi. L'horloge du four, noire. Pas d'électricité. Rewad Obaid, 37 ans, laisse ses enfants brailler dans la cage d'escalier, pendant qu'elle raconte son triste quotidien, avec trois heures d'électricité par jour. Ce régime est imposé aux deux millions d'habitants du territoire palestinien depuis avril. Le secteur de l'électricité connaît des crises récurrentes depuis dix ans et la prise de pouvoir du Hamas en 2007, qui a entraîné le blocus du territoire par l'Egypte et Israël. Mais jamais encore la situation n'avait été aussi critique.

 

Enseignante de physique dans le secondaire, Rewad est mariée à un chef de projet dans le secteur de l'eau. En ce moment, pour toute la famille, la nuit est le jour, le jour est la nuit. " On fait tout la nuit. On utilise Internet, on lave le linge, on passe l'aspirateur, on cuisine. On ne peut plus faire de réserve de nourriture, puisque le frigo ne marche pas. Puis on mange avant l'aube et on va se coucher ", raconte-t-elle. Car l'immeuble est privilégié : il dispose d'un générateur électrique, qui coûte très cher, 350 shekels (90 euros) par mois pour chaque foyer, et fonctionne entre 18 h 30 et 4 heures du matin. Elle prend conscience de sa chance quand elle rend visite à ses proches, dont le seul recours est les batteries rechargeables ou les bougies. Dehors, même les grandes artères sont dans la pénombre.

 

Elle habite au 8e étage. La famille a contribué à l'achat de panneaux solaires pour faire fonctionner l'ascenseur. L'argent manque, d'autant que son salaire, versé par l'Autorité palestinienne (AP), a été amputé de 30 % en avril. C'était l'une des mesures brutales prises par Mahmoud Abbas pour mettre le Hamas sous pression. Tous les employés du secteur public ont vu leur revenu baisser de 30 à 50 %. Puis le président de l'Autorité palestinienne a annoncé qu'il ne verserait plus qu'une partie de l'argent - 60 %, sur une facture mensuelle de 40 millions de shekels - dû aux Israéliens pour fournir l'électricité à la bande de Gaza.

 
" Abbas va tout perdre "

 

Après des tergiversations, le gouvernement israélien de Benyamin Nétanyahou a décidé de suivre la logique de M. Abbas et de baisser d'autant les livraisons. " Abbas pense que le Hamas finira par plier et accepter un compromis politique, sous les pressions multiples, explique l'analyste Omar Shaban. Il veut montrer à Washington qu'il s'inscrit dans sa mobilisation contre le terrorisme. Mais Abbas va tout perdre. " Le Hamas, lui, espère un énième plan d'urgence et se dit prêt à réformer le système. " Je ne crois pas qu'Israël coupera le courant, dit Ahmed Youssef, figure modérée du mouvement. Ça lui créerait des problèmes sur le plan international et les eaux usées déjà déversées dans la mer contamineraient ses plages jusqu'à Tel Aviv. "

 

Le système est pernicieux depuis la rupture entre le Hamas et l'Autorité palestinienne. L'AP paie pour toutes les livraisons d'énergie à Gaza ; ou plutôt, Israël fait des retenues sur les taxes qu'elle doit verser à l'AP. Ramallah, de son côté, se heurte aux lacunes dans le paiement des factures à Gaza par les particuliers et les commerces. Malgré des efforts, cette collecte demeure faible, et le Hamas ne transfère pas les recettes à l'AP. Irresponsables, donc, et tous coupables. Une " dispute interne palestinienne ", a déclaré M. Nétanyahou, le 13 juin, en assurant qu'il ne voulait pas d'" escalade ".

 

Les conséquences de cette crise énergétique sont graves. Les hôpitaux, le traitement des eaux usées, les services d'assainissement et d'eau potable ont vu leurs activités dramatiquement réduites depuis la mi-avril. Ces secteurs survivent grâce à une aide d'urgence, en fuel, dégagée en catastrophe par l'ONU. Mais sur le plan économique et social, le coût de la crise est un baril de poudre à mèche courte.

 

Il suffit d'aller à Chajaya, à l'est de la ville de Gaza, près de la zone frontalière avec Israël. Grand calme dans l'entrepôt d'Al-Amir, le plus célèbre fabricant de glaces du territoire. Les machines sont à l'arrêt. Il y avait 60 employés avant 2007. Ils sont 20 à présent, mais seulement 5 à leur poste, pour assurer la maintenance. Djihad Al-Wadil, 50 ans, le manager, est là du matin au soir. On ne sait jamais : si l'électricité revient, il faut se mobiliser. " C'est pourtant la haute saison entre février et août, les gens adorent manger des glaces. Je suis en colère, et les salariés aussi. " Non loin de là se trouve le site d'une société de travaux publics, la Construction Industries Company. Taysir Azam, 39 ans, chef de marketing, explique qu'elle compte 80 employés. " On a besoin de tout le monde dès que l'électricité est branchée, mais on ne sait jamais quand ça se produit. Après, on utilise notre générateur, ce qui accroît nos coûts. On n'a plus de profit. "

 

Quant à la seule centrale électrique de Gaza, qui fournit en temps normal 23 % des besoins, elle est à l'arrêt depuis avril. Son manager général, Rafiq Maliha, est un homme massif, compétent, au rire nerveux. " La situation est catastrophique, dit-il. Je travaille ici depuis 1994. C'est comme une boule de neige qui roule et grossit. Depuis l'aide d'urgence du Qatar et de la Turquie en janvier, assurant du fuel pour trois mois, Ramallah et Gaza se disputent au sujet des taxes payées sur ce fuel. Israël les a fixées à 300 %. "

 

La centrale a été bombardée en 2006, entraînant quatre mois de fermeture, puis six mois en 2014. Aujourd'hui, elle n'a pas de réserve de fuel, faute de capacité de stockage. Sa conversion au gaz naturel permettrait d'énormes économies, mais elle nécessiterait du temps et des investissements. Une ligne à haute tension est aussi en projet avec Israël, mais la volonté politique fait défaut. Quand rien ne presse, le gouvernement israélien gère, plutôt que de prendre des initiatives. La demande énergétique à Gaza pourrait doubler d'ici à 2030, avertit la Banque mondiale.

Piotr Smolar

 

 

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/06/19/a-gaza-avec-trois-heures-d-electricite-par-jour_5147045_3218.html

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20 juin 2017 2 20 /06 /juin /2017 06:53
Sur un marché yéménite, 24 civils tués par une frappe de la coalition arabe
 
 
 
 

L’Arabie saoudite, qui mène la coalition, a été accusée à plusieurs reprises d’avoir visé par erreur des civils lors d’opérations aériennes.

Le Monde.fr avec AFP |

 
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Au moins 24 civils yéménites ont été tués, dimanche 18 juin à l’aube, par un raid aérien sur un marché de Chadaa, dans la province de Saada, un fief des rebelles chiites, près de la frontière saoudienne, selon une source médicale et des témoins.

Le raid a été attribué par ces sources à l’aviation de la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite. Les corps de certaines victimes ont été carbonisés et n’ont pu être identifiés dans l’immédiat, a précisé une source médicale.

Lire aussi : La guerre du Yémen déborde en Arabie saoudite

Plusieurs bombardements meurtriers

La province de Saada, fief des rebelles houthistes qui ont pris le contrôle de Sanaa et de larges portions du nord du pays en 2014, est lourdement bombardée par la coalition arabe qui intervient au Yémen depuis mars 2015. Celle-ci n’a pas réagi dans l’immédiat à ces pertes civiles.

Riyad a été accusé à plusieurs reprises d’avoir visé par erreur des civils lors d’opérations aériennes au Yémen. Le pays a reconnu certains bombardements meurtriers de civils, notamment un raid contre une cérémonie de deuil à Sanaa en octobre 2016, qui fit plus de 140 morts. Le pays avait alors promis de prendre des mesures pour les éviter.

Lire aussi : « Il est de la responsabilité de la France d’atténuer l’étau qui asphyxie la population yéménite »

La guerre du Yémen oppose des forces progouvernementales aux rebelles houthistes, soutenus par l’Iran et alliés à des unités de l’armée restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh. La guerre a fait plus de 8 000 morts, majoritairement des civils, et plus de 44 500 blessés depuis l’intervention de la coalition arabe. Elle a aussi provoqué une crise humanitaire majeure dans ce pays déjà considéré comme le plus pauvre de la péninsule Arabique.

 
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20 juin 2017 2 20 /06 /juin /2017 06:48
Syrie : Moscou déclare que tout objet volant dans son théâtre d'opération est une cible potentielle
 
 
Syrie : Moscou déclare que tout objet volant dans son théâtre d'opération est une cible potentielle
 
© Dmitriy Vinogradov Source: Sputnik
Un système de défense antiaérienne S-400 dans la base de Khmeimim en Syrie
 

Après que Washington a abattu un avion de combat syrien le 18 juin, le ministère de la Défense russe a réagi en suspendant son accord avec les Etats-Unis sur la prévention d'incidents aériens.

«Dans les zones d'intervention de la flotte aérienne russe en Syrie, tout objet volant, y compris les drones de la coalition internationale [dirigée par les Etats-Unis], situés à l'ouest de l'Euphrate, seront surveillés par les forces terrestres et aériennes russes comme des cibles», a déclaré le ministère de la Défense russe le 19 juin.

Cette décision des autorités russe fait suite à l'attaque d'un avion de combat du gouvernement syrien près de Raqqa par la coalition internationale la veille, le 18 juin. Cette attaque à l'intérieur de l'espace aérien syrien a «cyniquement» violé la souveraineté de Damas, selon le ministère de la Défense russe, qui considère qu'il s'agit d'une «agression militaire». «Le commandement des forces de la coalition n'a pas utilisé les canaux de communication existants entre la base aérienne de Al Udeid [au Qatar] et celle de Khmeimim [en Syrie] afin d'éviter l'incident», a-t-il encore précisé.

Moscou estime par conséquent qu'il s'agit «d'un manquement conscient de se soumettre aux obligations du Mémorandum sur la prévention des incidents aériens et la sécurité des vols lors des opérations en Syrie», et suspend de fait sa coopération avec les Etats-Unis dans le cadre de cet accord à compter du 19 juin.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov avait déclaré un peu plus tôt que cette attaque était une énième infraction américaine au droit international, et constituait une forme d'assistance aux terroristes. Au moment où il a été abattu, l'avion du gouvernement syrien était en train de mener une opération contre Daesh, à 40 kilomètres de Raqqa. Le pilote, qui a pu s'éjecter au dessus du territoire contrôlé par l'Etat islamique, est à l'heure actuelle porté disparu.

Ce n'est pas la première fois que la Russie suspend le Mémorandum signé avec les Etats-Unis. Cela avait déjà été le cas en avril dernier, après le bombardement de la base aérienne d'Al Chaayrate par Washington. L'accord avait finalement été réinstauré début mai.

Lire aussi : La coalition menée par les Etats-Unis a abattu un avion militaire syrien près de Raqqa

https://francais.rt.com/international/39970-syrie-russie-suspend-son-accordats-unis-prevention-incidents-aeriens

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20 juin 2017 2 20 /06 /juin /2017 06:44
Crise du Qatar : que redoute Israël ?

 

 

#TensionsGolfe

Les universitaires, analystes et sources de renseignement du pays suggèrent qu’Israël a plus à perdre qu’à gagner dans cette crise

 
 
 
 

Israël n’a jamais approuvé le soutien du Qatar au Hamas.

Toutefois, alors que les pays du Golfe exigent à présent que Doha cesse de soutenir le groupe palestinien, Israël redoute ce qui pourrait advenir ensuite.

Le Hamas, qui contrôle Gaza depuis 2007, est considéré comme un mouvement issu des Frères musulmans, un allié de longue date du Qatar.

L’émirat a transféré des centaines de millions de dollars à Gaza, tout en aidant le Hamas sur le plan diplomatique en octroyant l’asile à ses dirigeants et membres exilés. C’est à Doha que le groupe a publié sa nouvelle charte en mai.

Au lendemain de la dernière guerre qui a eu lieu à Gaza en 2014, le Qatar s’est engagé à donner 1 milliard de dollars à Gaza pour financer la reconstruction de la bande côtière, des projets humanitaires, les coûts de l’électricité et les salaires des fonctionnaires.

Les analystes politiques affirment qu’Israël a autorisé ces transferts de fonds à Gaza – qui subit un siège israélien depuis 2007 – en raison de leur effet stabilisateur, empêchant ou peut-être retardant un effondrement total de la bande déchirée par la guerre.

Réponse prudente d’Israël

Les sanctions prises à l’encontre du Qatar le 4 juin dernier ont été saluées comme une victoire par une grande partie du public et des médias israéliens. Cependant, la réponse du gouvernement a été étrangement muette.

Eli Avidar, ancien chef de la délégation israélienne au Qatar, a déclaré à MEE qu’il fallait qu’Israël soutienne agressivement l’Arabie saoudite et d’autres pays contre le Qatar. « C’est une occasion d’en finir avec cette pagaille. Israël devrait faire pression sur Washington, faire pression sur le Qatar pour qu’il cesse de financer le terrorisme, mais il ne le fait pas. »

« Je me pose constamment la question : pourquoi Israël n’est-il pas plus actif et ne s’exprime-t-il pas plus directement en ce qui concerne les mesures contre le Qatar ? »

Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a été le seul représentant de l’État à avoir commenté la crise. Le 5 juin, au lendemain de l’annonce de l’isolement du Qatar, il a déclaré que l’initiative « ouvr[ait] de nombreuses possibilités de collaboration dans la lutte contre la terreur ».

Un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères a indiqué à MEE qu’il avait reçu pour instruction formelle de ne pas commenter la situation et ses répercussions sur Israël et la Palestine.

Qu’y a-t-il derrière cette réponse passive ? Beaucoup d’universitaires, d’analystes et de sources des renseignements israéliens suggèrent qu’Israël pourrait avoir plus à perdre qu’à gagner dans cette crise.

Je me pose constamment la question : pourquoi Israël n’est-il pas plus actif et ne s’exprime-t-il pas plus directement en ce qui concerne les mesures contre le Qatar ?

- Eli Avidar, ancien chef de la délégation israélienne au Qatar

Yoel Guzansky et Kobi Michael, de l’Institut israélien pour la recherche en matière de sécurité de l’Université de Tel Aviv, ont affirmé que la crise était « la plus grave depuis la création du Conseil de coopération du Golfe en 1981 ».

Ils expliquent que l’approche d’Israël vis-à-vis du Qatar est double. « D’une part, il y a du ressentiment en raison de son soutien au Hamas et de l’asile qu’il offre à ses dirigeants […]. D’autre part, Israël attribue une grande importance au soutien qatari pour la réhabilitation de la bande et pour l’argent qu’il fournit pour les salaires et les services civils de Gaza. »

« L’intérêt israélien est de soutenir une médiation américaine qui mettra fin à cette affaire en sapant la position de l’Iran et du Hamas, mais sans nuire sérieusement aux actions positives du Qatar vis-à-vis de la bande de Gaza et à sa médiation avec le Hamas. »

Leur étude a identifié trois résultats possibles qu’Israël chercherait à éviter : une relation plus forte entre l’Iran et le Hamas ; un effondrement de la situation humanitaire à Gaza ; et une prise de contrôle de Gaza par l’Autorité palestinienne (AP).

1. La peur de l’Iran

Certains observateurs craignent que le vide créé par l’absence du Qatar ne puisse forcer le Hamas à chercher une autre source de soutien financier – et se tourner ainsi vers l’Iran.

Le rapport de Yoel Guzansky et Kobi Michael souligne qu’« Israël reconnaît qu’il y a plus d’avantages que d’inconvénients à coopérer avec le Qatar, ce dernier affaiblissant l’influence de l’Iran sur le Hamas et la bande de Gaza ».

« Il n’y a pas de plus grand signal d’alarme pour l’Égypte, l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Amérique de Trump et Israël qu’une organisation palestinienne alliée à l’Iran », a expliqué à MEE Shaul Yanai, chercheur israélien spécialisé sur le Moyen-Orient à l’Université de Haïfa.

Plus tôt cette année, Khaled al-Qaddumi, représentant du Hamas en Iran, a déclaré à Al-Monitor que l’Iran apportait un soutien financier continu au mouvement, malgré la polarisation régionale entre chiites et sunnites, et que des rencontres régulières avaient lieu entre les deux.

Le début de l’année 2017 a inauguré une nouvelle ère pour les relations entre le Hamas et l’Iran, qui peuvent être décrites comme positives et tournées vers l’avenir

- Khaled al-Qaddumi, représentant du Hamas en Iran

« Le début de l’année 2017 a inauguré une nouvelle ère pour les relations entre le Hamas et l’Iran, qui peuvent être décrites comme positives et tournées vers l’avenir », a-t-il assuré.

Ahmed Yousef, ancien conseiller du leader du Hamas Ismaël Haniyeh, a quant à lui déclaré à Maan que la crise du Qatar – ainsi que la coalition entre Israël, l’Amérique et les États sunnites – encouragerait les mouvements islamiques tels que les Frères musulmans à nouer de nouvelles alliances avec des pays puissants de la région, comme l’Iran, afin de se protéger ».

Guzansky et Michael ont observé en outre que le souhait du camp sunnite de voir l’Autorité palestinienne remplacer le Hamas dans la bande côtière n’était pas partagé par Israël, qui, selon ses détracteurs, a cherché à maintenir la séparation entre la Cisjordanie et Gaza.

2. La peur d’une autre guerre

En 2014, Israël a lancé l’opération « Bordure protectrice » contre Gaza, un assaut visant à affaiblir le Hamas qui a duré 50 jours et causé la mort de plus de 2 139 Palestiniens, dont près d’un quart d’enfants, 64 soldats israéliens et 6 civils israéliens.

Un haut fonctionnaire israélien qui a travaillé avec le Mossad pendant de nombreuses années et a demandé à conserver l’anonymat a déclaré à MEE que bien que le gouvernement israélien souhaite que le Qatar cesse de financer le Hamas, « il ne veut pas une vraie crise humanitaire à Gaza, même si nous nous en rapprochons ».

 

 


La mosquée Omar Ibn Abdel Aziz à Gaza, l’une des 70 mosquées détruites pendant la guerre de 2014 (AFP)

 

« Cette situation pourrait nous ramener là où nous étions en 2014, lorsque le Hamas a été acculé et que le seul endroit sur lequel il pouvait tirer était Israël. Je présume qu’Israël a peur de ce scénario, il ne veut pas de déstabilisation à Gaza. »

Le chercheur Shaul Yanai a également averti qu’un Hamas désespéré qui aurait perdu son soutien financier, couplé à la possibilité d’élections au sein de la coalition gouvernementale israélienne sous tensions, pourraient se révéler être un mélange toxique. « Cela pourrait constituer une base fertile pour la guerre. Les politiciens désespérés ont tendance à aller en guerre. »

Une autre source des renseignements israéliens – dont le rôle est classé secret – a déclaré à MEE qu’Israël se préparait à une guerre contre Gaza, comme il le fait chaque été, mais qu’il ne s’attendait pas toutefois à ce que celle-ci ait lieu cette année.

Cette situation pourrait nous ramener là où nous étions en 2014, lorsque le Hamas a été acculé et que le seul endroit sur lequel il pouvait tirer était Israël

- une source sécuritaire israélienne

Le Hamas est encore affaibli par la dernière série de combats en 2014. Et Israël ?

« C’est contre nos intérêts », a affirmé la source du renseignement. « Israël souhaite maintenir le statu quo dans la bande ».

Depuis 2004, Israël a mené sept assauts contre Gaza en réponse aux tirs de roquettes sur son territoire. Selon les critiques, ce statu quo de la guerre est alimenté par le manque de solution diplomatique au problème des réfugiés palestiniens et à l’occupation militaire israélienne.

3. La peur de l’Autorité palestinienne

Dimanche, le cabinet israélien a accepté de réduire l’approvisionnement de Gaza en électricité à la demande du président de l’AP, Mahmoud Abbas.

Ce geste est considéré comme une tentative de l’AP, qui contrôle la Cisjordanie, d’affaiblir son rival politique. Tareq Rashmawi, porte-parole de l’AP, a demandé que le Hamas « remette à l’AP toutes les responsabilités des institutions gouvernementales de Gaza », selon Reuters.

Toutefois, Israel Katz, ministre israélien et membre du Likoud, a critiqué lundi cette décision, déclarant lors de l’annuelle Convention israélienne pour la paix qu’« Israël n’a aucune politique envers Gaza ».

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a pour sa part déclaré qu’Israël « ne souhait[ait] pas voir une escalade » à Gaza, et décrit l’incident comme une « dispute palestinienne interne ».

Le fonctionnaire qui a travaillé avec le Mossad s’est fait l’écho de ce sentiment. « Il est difficile pour moi d’expliquer la politique israélienne envers Gaza », a dit la source, « elle ne repose sur aucune logique ».

« Les coupures d’électricité pourraient être une sorte de technique de pression sur le Hamas, pour que le groupe accepte de rendre les corps de soldats israéliens et les trois Israéliens qu’il détient. »

Le Hamas a toutefois émis des avertissements.

Le groupe a déclaré sur Twitter lundi que la décision « accélèrerait la détérioration et l’explosion de la situation dans la bande de Gaza ».

Une source des renseignements israéliens a affirmé à MEE qu’une reprise des combats à Gaza n’était qu’une question de temps.

« Si ce n’est pas cet été, alors ce sera le prochain. Et si ce n’est pas le cas, celui d’après, sans le moindre doute. »

 

Traduit de l’anglais (original).

http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/crise-du-qatar-que-redoute-isra-l-335982724

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20 juin 2017 2 20 /06 /juin /2017 06:34
 
Les forces irakiennes donnent l'assaut final à Mossoul
 
 
 
 
 
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Les forces irakiennes ont lancé dimanche l'assaut sur la vieille ville de Mossoul, où sont retranchés depuis des mois les derniers djihadistes de l'Etat islamique encore présents dans la grande ville du nord du pays.
 
 
 

    MOSSOUL, Irak (Reuters) - Les forces irakiennes ont lancé dimanche l'assaut sur la vieille ville de Mossoul, où sont retranchés depuis des mois les derniers djihadistes de l'Etat islamique encore présents dans la grande ville du nord du pays.

    "C'est le dernier chapitre", a annoncé le général Abdoul Ghani al Assadi, commandant des forces d'élite du CTS, le Service de contre-terrorisme.

    "Les forces irakiennes ont pénétré tôt ce matin dans le vieux Mossoul, le dernier quartier de la ville encore tenu par l'EI", a déclaré le porte-parole de la coalition anti-EI sous commandement américain, Brett McGurk, sur Twitter. "Nous sommes fiers d'être à leurs côtés."

    L'armée irakienne estime à 300 au maximum le nombre de combattants de l'EI encore retranchés à Mossoul, sur les quelque 6.000 qui contrôlaient la ville au début de l'opération de reconquête il y a neuf mois.

    Mais d'après les Nations unies, quelque 100.000 civils seraient toujours pris au piège dans ce dédale de ruelles étroites très densément peuplé où la progression des forces irakiennes devra sans doute se faire maison par maison.

    "Cela va être une période terrifiante pour les quelque 100.000 personnes toujours bloquées dans la vieille ville de Mossoul qui risquent aujourd'hui d'être prises dans les combats de rue à venir", s'alarme l'ONG humanitaire International Rescue Committee (IRC) dans un communiqué.

    "Les bâtiments de la vieille ville sont particulièrement exposés à un risque d'effondrement même s'ils ne sont pas directement visés, ce qui pourrait conduire à plus de décès de civils que les centaines déjà tués dans des frappes aériennes dans le reste de la ville", ajoute l'IRC.

    Plusieurs frappes aériennes de la coalition ont touché un complexe médical situé juste au nord de la vieille ville, le long de la rive ouest du Tigre, a rapporté un reporter de Reuters TV.

    Ce complexe, qui abrite les deux plus grands hôpitaux de Mossoul, est encore partiellement contrôlé par l'EI, qui a disséminé des snipers dans les bâtiments.

    Le responsable de la sécurité de l'EI dans la vieille ville, Kanaan Djiyad Abdoullah, également connu sous le nom d'Abou Amna, a été tué dans les combats de la matinée, a déclaré Hicham al Hachimi, un spécialiste de l'EI.

    Une autre figure de haut rang du groupe djihadiste, en charge des renseignements à Mossoul, Chakir Mahmoud Hamad, a été capturé, a-t-il ajouté.

     

    COMBATS DE RUE

    Le général Maan Saadi, un des commandants du CTS, a déclaré à la télévision irakienne que l'assaut était mené avec la volonté d'éviter au maximum de faire des victimes civiles.

    "Nous nous attendons à ce que des milliers de familles fuient la vieille ville", a déclaré le colonel Salam Faradj à Reuters. "Nous avons fait tous les préparatifs pour les évacuer de la ligne de front."

    "On estime que 50.000 enfants sont en grave danger", a déclaré pour sa part l'ONG Save the Children.

    Plusieurs centaines de civils ont été abattus par les djihadistes ces dernières semaines en tentant de fuir le dernier réduit de l'Etat islamique (EI) qui les utilise comme boucliers humains, a annoncé vendredi l'Onu.

    "L'opération entre maintenant dans une phase de combats de rue, nous allons limiter les bombardements aériens et les tirs d'artillerie car c'est un secteur densément peuplé et les bâtiments sont fragiles", a déclaré le porte-parole du CTS, Sabah al Nouman, à la chaîne télévisée Al Hadath de Dubaï.

    Lancée à la mi-octobre avec l'appui des forces de la coalition internationale sous commandement américain, la contre-offensive sur Mossoul est entrée samedi dans son neuvième mois.

    Mi-janvier, les forces pro-gouvernementales ont repris la partie orientale de la ville, située sur la rive gauche du Tigre. Elles se sont lancées ensuite à la reconquête de Mossoul-Ouest.

    Bagdad espérait à l'origine déloger l'EI de Mossoul avant la fin de l'année dernière, mais a dû revoir ses plans face à la résistance acharnée opposée par les djihadistes, multipliant les attaques suicide et utilisant des tireurs embusqués pour freiner la progression des forces pro-gouvernementales.

    Les djihadistes de l'EI s'en étaient emparés en juin 2014. C'est de Mossoul que leur chef, Abou Bakr al Baghdadi, dont les autorités russes tentent actuellement de vérifier s'il a été tué dans une frappe aérienne fin mai, a proclamé le "califat".

    https://www.mediapart.fr/journal/international/180617/les-forces-irakiennes-donnent-lassaut-final-Mossoul

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    19 juin 2017 1 19 /06 /juin /2017 07:58
    L’IPSC salue la décision du Syndicat des Musiciens d’Irlande de boycotter l’Israël d’apartheid

    La Campagne de Solidarité Irlande Palestine (IPSC) salue et félicite chaleureusement le Syndicat des Musiciens d’Irlande (MUI) pour avoir voté une motion de soutien au boycott culturel de l’Israël d’apartheid. Un boycott culturel d’Israël a été demandé par la société civile palestinienne depuis 2004. La motion a été votée le 1er mars à l’Assemblée Générale Annuelle de MUI au Liberty Hall de Dublin et dit ce qui suit :

    « Le Bureau du Syndicat des Musiciens d’Irlande exhorte ses membres, à la vue du mépris répété et continu par Israël du droit international et du droit humanitaire, de boycotter toutes les activités culturelles financées par l’État d’Israël et de refuser tout engagement en Israël, sauf s’il s’agit d’un événement en soutien de l’égalité des droits pour les Palestiniens. Nous pensons qu’il faut poursuivre ce genre d’approche jusqu’à ce qu’Israël reconnaisse l’Egalité des Droits pour les Palestiniens et respecte le Droit international. »

    Nous félicitons le MUI pour avoir voté cette motion qui témoigne d’une solidarité essentielle avec le peuple palestinien qui en est maintenant à sa 69ème année de nettoyage ethnique, de dépossession et d’apartheid. Cette année marque également le 50ème anniversaire de l’occupation militaire par Israël de Jérusalem Est, de la Cisjordanie et de Gaza.

    En 2005, quelque 170 organisations de la société civile palestinienne ont lancé un appel au Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre l’État d’Israël « jusqu’à ce qu’Israël se soumette à son obligation de reconnaître le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et se conforme totalement au droit international ».

    Depuis lors, la campagne BDS a pris de plus en plus d’ampleur et bénéficie d’un grand soutien en Irlande où quelque 549 travailleurs culturels ont signé depuis 2010 avec l’IPSC le Voeu des Artistes Irlandais de Boycotter Israël. Parmi les signataires, on trouve des cinéastes, des romanciers, des peintres, des sculpteurs, des danseurs, des compositeurs, des musiciens interprètes et autres, y compris de nombreux membres d’Aosdana.

    L’IPSC invite les membres du Syndicat des Musiciens d’Irlande – et tous les artistes créateurs et interprètes d’Irlande – à signer cette promesse et salue à nouveau cette motion. Soutenir la lutte pour la liberté, la justice et l’égalité pour la Palestine, c’est choisir d’être du bon côté de l’histoire.

     

     

    http://www.aurdip.fr/l-ipsc-salue-la-decision-du.html

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    19 juin 2017 1 19 /06 /juin /2017 07:47

    L'an prochain à Jérusalem? Les aléas de l'émigration française en Israël

     
     
     
     
     
     
    AFP
    Publié le | AFP
     
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    19 juin 2017 1 19 /06 /juin /2017 07:27
    Un ‘Code de Déontologie’ israélien pour étouffer officiellement la Liberté Académique - les Palestiniens exhortent à intensifier le BDS
     
     

    Le ministère israélien de l’Education a proposé à l’université un « code de déontologie »qui institutionnaliserait une politique qui existe non officiellement pour étouffer la liberté académique.

    Images intégrées 1

    Le ministre israélien d’extrême droite, pro-colons, de l’Education Naftali Bennett défend un nouveau « code de déontologie » qui interdirait aux professeurs d’université israéliens d’exprimer leurs « opinions politiques ».

    Ce nouveau code interdirait aussi aux professeurs d’appeler ou de participer à un boycott académique d’Israël, ou même aux collèges ou départements universitaires de ses colonies de collaborer à des « organisations politiques ». On exigerait des institutions universitaires qu’elles organisent des comités dont le travail consisterait à surveiller l’activité politique des professeurs, à donner suite à des plaintes des étudiants et à prendre des mesures disciplinaires contre les transgresseurs.

    L’ensemble des règles proposées, qui vont être soumises à l’approbation du Conseil de l’Enseignement Supérieur présidé par Bennett, ont été formulées par Asa Kasher, professeur à l’université de Tel Aviv et auteur du « code de déontologie » pour l’armée israélienne depuis le milieu des années 1990.

    Kasher est bien connue pour fournir des arguments « éthiques » pour justifier les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité d’Israël à Gaza.

    Commentant la conduite de l’armée israélienne pendant le massacre de Gaza en 2014, qui a tué plus de 2.200 Palestiniens, dont plus de 500 enfants, Kasher a dit : « Le chiffre des pertes n’est pas pertinent – il ne parle ni de négligences ni d’aucun acte répréhensible. »

    Les nouvelles règles font partie de l’attaque dangereuse et incessante d’Israël contre la liberté académique. Si on les rend effectives, le code de conduite deviendra un nouvel élément de la complicité des institutions universitaires israéliennes dans le programme politique de l’État, qui cible d’abord et avant tout les universitaires et les étudiants palestiniens.

    Les citoyens palestiniens d’Israël sont depuis longtemps confrontés aux restrictions de leur activité politique, sur les campus universitaires et au dehors. Les étudiants et les universitaires palestiniens sont également l’objet d’une discrimination généralisée dans les institutions israéliennes d’enseignement supérieur et il existe d’importantes divergences de financement entre les écoles palestiniennes et juives d’Israël.

    Dans le territoire palestinien occupé, les restrictions israéliennes sur les déplacements, des checkpoints au système kafkaïen des permis de circuler, rendent les déplacements à l’intérieur et entre la Cisjordanie, dont Jérusalem Est, et Gaza, aussi bien qu’à l’étranger, une perspective difficile sinon impossible.Les personnes invitées dans les universités palestiniennes, dont et même spécialement les réfugiés palestiniens, sont à la merci d’Israël pour entrer.

    Les raids militaires israéliens, les tirs à balle réelle et de gaz lacrymogènes ne sont pas rares sur les campus palestiniens.

    Pendant l’attaque militaire de 2014 sur Gaza, Israël a ciblé au moins 153 écoles palestiniennes, dont 90 gérées par les Nations Unies, ainsi que la plus grande université de Gaza.

    A l’étranger, les universitaires et étudiants palestiniens, ainsi que leurs soutiens, sont activement visés et réprimés par des lobbies influents et l’administration des universités exposées à leur intimidation et leur harcèlement.

    Alors que certains dirigeants d’universités israéliennes ont émis des signes de critiques du code de conduite proposé, ils étaient eux mêmes connus pour avoir mis en place de façon informelle une politique similaire. Les institutions qu’ils dirigent ont non seulement gardé le silence face à l’étendue du déni des droits fondamentaux des Palestiniens, dont la liberté académique, mais, à de nombreuses reprises, ils ont directement soutenu ou justifié la répression incessante de l’éducation palestinienne et ont mené des actions pour réduire au silence les universitaires et les étudiants qui critiquent la politique de l’État palestinien.

    Le nouveau « code de déontologie » proposé par le gouvernement israélien institutionnalise ce qui est souvent et déjà une politique non officielle. Ceux qui souhaitent sincèrement défendre la liberté académique pour tous devraient soutenir le boycott des institutions universitaires israéliennes jusqu’à ce qu’elles reconnaissent la totalité des droits du peuple palestinien, tels que consacrés dans le droit international, et mettent fin à toute forme de complicité avec les violations de ces droits par Israël.

     

    http://www.aurdip.fr/un-code-de-deontologie-israelien.html

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    19 juin 2017 1 19 /06 /juin /2017 07:22
    Crise dans le Golfe : à Gaza, le Hamas déstabilisé par la mise au ban du Qatar
     
     

    Le petit émirat gazier est le principal soutien financier des deux millions de Palestiniens du territoire géré par le mouvement islamiste.

    LE MONDE | • Mis à jour le | Par Piotr Smolar (Gaza, envoyé spécial)

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    image: http://img.lemde.fr/2017/06/17/0/0/3000/2000/534/0/60/0/1e42d8b_7964-1a9it89.htwyb0ggb9.jpg

     
    GAZA, Khan Younis: des enfants de la cité Hamad Al Thani jouent à l'entrée de leur immeuble. En cette période de Ramadan et de chaleure, il n'y a pas beaucoup de mouvement dans la cité, le 15 juin 2017. Virginie Nguyen / Collectif Huma pour Le Monde

    A Gaza, les formes géométriques harmonieuses sont un luxe. On croit à un mirage en arrivant aux abords de la cité résidentielle située au nord-est de Khan Younis, au centre du territoire palestinien. Des dizaines de bâtiments de cinq étages, ocres et marron, se dressent au cordeau. Le bitume est impeccable. Des places de parking sont nettement dessinées. Les enfants se chamaillent sur un terrain de jeu, une extravagance à Gaza. La propreté saute aux yeux. A quelques centaines de mètres de là, des taudis miséreux bordent la côte, dans la puanteur des détritus et des eaux usagées déversées dans la mer.

    La cité résidentielle porte le nom de Hamad Al-Thani. Un hommage bien naturel à l’ancien émir du Qatar. L’émirat est le principal soutien financier des deux millions de Palestiniens de la bande de Gaza, soumise au blocus égyptien et israélien depuis la prise de pouvoir par le Hamas en 2007. En une décennie et trois guerres contre Israël, le territoire s’est enfoncé dans la crise permanente, la dépression et la dépendance à l’assistance étrangère.

     

    Le 9 juin, une centaine d’habitants de la cité Al-Thani se sont rassemblés devant la mosquée, après la grande prière du vendredi, pour exprimer leur soutien au Qatar, confronté au blocus de pays arabes. « Beaucoup disent merci aux Qataris, explique Ahmed Awad, 61 ans, ancien vendeur de pièces détachées de voitures. Ici, tout est beau et calme. Mais il n’y a pas du tout de boulot. » Les enfants d’Ahmed Awad l’aident à payer le crédit de l’appartement, dont le coût total est de 40 000 dollars (35 900 euros). Certains privilégiés ont reçu un logement à titre gratuit du Hamas, ce qui suscite des jalousies. Mais, au final, le Qatar a ouvert une étroite lucarne, où l’on distingue une vie correcte.

    « L’ami ultime »
     

    Lors de la conférence des donateurs du Caire, au mois d’octobre 2014, quelques semaines après la dernière guerre avec Israël, le Qatar avait annoncé qu’il consacrerait un milliard de dollars à Gaza. Fin 2016, 216 millions avaient été engagés. Mais ces promesses ne représentent qu’une partie de l’effort.

    Dès la fin 2012, l’émirat avait lancé le comité de reconstruction de Gaza, qui a depuis investi 400 millions de dollars dans une centaine de projets. Ceux-ci vont des infrastructures routières aux hôpitaux, en passant par un tribunal, une mosquée ou encore une clinique vétérinaire. Pour les habitants, le Qatar est un précieux parrain dont on mesure l’amitié en mètres cubes de béton.

    Les accusations lancées contre lui par les pays arabes et les Etats-Unis, au sujet de son soutien au terrorisme, ont stupéfait le Hamas. « C’est un choc sévère, dit l’analyste Omar Shaban. Le Qatar est l’ami ultime. Le Hamas a déjà perdu en grande partie la Turquie, qui a normalisé ses relations avec Israël sans réclamer au préalable une levée du siège de Gaza. » Personne ne s’attend à une suspension brutale des précieux programmes d’investissement du Qatar. Mais sa stigmatisation remet en question la stratégie de « normalisation » du Hamas.

    Catastrophique

    Le Hamas comptait sur les six premiers mois de l’année pour rafraîchir sa devanture, changer sa direction et également sortir de son isolement. Le résultat est catastrophique. Il se trouve sous la pression combinée d’Israël, de l’Autorité palestinienne et des Egyptiens. La crise énergétique s’amplifie : la population ne dispose que de trois heures d’électricité par jour. Le mouvement islamiste armé a certes mené à bien le renouvellement de ses cadres, Ismaïl Haniyeh prenant la succession de Khaled Mechaal à la tête du bureau politique et Yahya Sinouar, celle du parti dans la bande de Gaza. Mais la nouvelle charte aux formulations moins abrasives, présentée début mai à Doha, n’a pas convaincu les pays occidentaux.

    Le moment choisi, en plein effort diplomatique américain pour unifier le monde arabe contre le djihadisme et l’Iran, l’a privée de tout écho. A Riyad, Donald Trump a cité le Hamas comme une organisation terroriste, au même titre que l’organisation Etat islamique (EI). Et voilà que les pays arabes font bloc contre le Qatar, refuge confortable depuis des années pour les responsables politiques et militaires du Hamas en exil. « Les Qataris n’ont demandé à personne de partir, assure Ahmed Youssef, figure modérée du mouvement. Après avoir été cités par Israël, certains de nos représentants ont quitté d’eux-mêmes l’émirat, car le Qatar avait assez de poids comme ça sur les épaules. »

    Dans ce contexte, la tentation de Téhéran est particulièrement forte au sein de l’aile militaire du Hamas, faute d’alternative. Un paradoxe, alors que la charte revue du mouvement affirme son autonomie. « On ne veut se placer dans aucun axe, souligne Ghazi Hamad, responsable des relations internationales du Hamas. On sait que c’est très compliqué, car il y a beaucoup de contradictions entre tous les pays de la région, et de pressions. Mais nous avons besoin de tout le monde. »

    L’Egypte en action

    Pour contrer la tentation iranienne, l’Egypte s’est mise en action. Une délégation du Hamas, conduite par Yahya Sinouar, a été accueillie au Caire, le week-end des 10 et 11 juin. Le mouvement palestinien cherche à obtenir la fin du blocus égyptien et la réouverture régulière du poste de passage de Rafah. De son côté, le président égyptien Sissi ne fera aucun cadeau. Il exige des garanties sur la sécurisation de la frontière avec la bande de Gaza, dans ce Sinaï où une lutte acharnée oppose toujours son armée aux djihadistes affiliés à l’EI.

    « Nous avons clairement dit que nous ne permettrons à personne d’aller combattre les Egyptiens dans le Sinaï, ni de trouver refuge à Gaza s’ils sont recherchés par l’armée », assure Ghazi Hamad. Mais les Egyptiens veulent des actes, des arrestations ciblées. A leurs yeux, Gaza n’est pas une cause, mais un motif permanent de souci. Le Caire mise tout sur sa proximité avec l’administration Trump.

    Ces discussions entre Le Caire et le Hamas s’inscrivaient dans un cadre sécuritaire et non politique, les Egyptiens ne voulant pas se démarquer de la ligne antiterroriste actuellement en vogue dans les pays arabes. Un invité de marque s’y est pourtant glissé : Mohammed Dahlan, l’ancien chef du Service de sécurité préventive palestinienne à Gaza. Rival de Mahmoud Abbas en exil et bête noire du Hamas par le passé, il se positionne à présent en avocat du territoire sous blocus. Son retour dans la bande de Gaza, où il a laissé un souvenir douloureux en raison des règlements de compte en 2006-2007 entre Fatah et Hamas, est discuté. Il accentuerait encore un peu plus l’affrontement entre Gaza et Ramallah.

     
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/06/16/crise-dans-le-golfe-a-gaza-le-hamas-destabilise-par-la-mise-au-ban-du-qatar_5145464_3218.html#kPcuXQKzx3IocCmL.99
     
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    19 juin 2017 1 19 /06 /juin /2017 07:17
    Moyen-Orient: les dégâts de Donald Trump
    Publié le à 11h50

    Bruce Riedel, « senior fellow » à la Brookings Institution (Washington D.C) et directeur du Brookings Intelligence Project, vient de donner une interview à Diwan, le journal en ligne du Carnegie Middle East Center dans laquelle il se livre à une analyse sans concession de la politique de l’administration Trump au Moyen-Orient, en particulier dans le récent conflit opposant l’Arabie saoudite au Qatar, sans compter l’Iran et l’Afghanistan.

    Bruce Riedel a passé une partie de son enfance à Beyrouth avant de faire carrière à la CIA pendant trente ans. Auteur de nombreux ouvrages, il a travaillé au National Security Council comme conseiller spécial pour l’Asie du Sud et le Moyen-Orient des quatre derniers présidents. Il a également servi au Pentagone et à l’Otan et il a fait partie de l’équipe de négociateurs de Bill Clinton impliquée dans le processus de paix israélo-palestinien.

    Les 110 milliards de dollars de ventes d’armes soit disant conclues par Donald Trump pendant sa récente visite en Arabie saoudite sont des « fake news » affirme Bruce Riedel.

    Un seul contrat, d’un montant de 500 millions de dollars et portant sur la livraison de munitions pour l’armée de l’air saoudienne, a été soumis, le 23 juin, à l’approbation du sénat américain. Le reste ne consiste que dans de simples lettres d’intention, portant notamment sur l’achat de frégates et d’hélicoptères, mais aucun autre contrat n’a été signé.

    A la fin de l’interview, Michael Young pose à Bruce Riedel cette simple question:

    « Vous avez servi dans les administrations précédentes. Est-ce que quelque chose vous empêche de dormir aujourd’hui ? »

    Réponse de Bruce Riedel:

    « Ce qui m’empêche de dormir paisiblement, c’est l’administration Trump. Nous avons eu de mauvais présidents auparavant. Richard Nixon était un escroc qui a tenté de tromper notre démocratie. George W. Bush était un clown qui a déçu l’Amérique le 11 septembre et a commis la plus grande erreur de politique étrangère dans l’histoire américaine en envahissant l’Irak. Mais Donald Trump est un escroc qui trompe le peuple américain et le monde. Il est totalement non qualifié pour le job le plus difficile au monde ».

    « Trump cache quelque chose dans le processus judiciaire en cours sur ses relations avec le gouvernement russe. Les médias américains le dévoileront tôt ou tard. Mais cela peut prendre des années. En attendant, beaucoup de dégâts seront infligés au monde entier ».

    François d'Alançon

     

    http://monde.blogs.la-croix.com/moyen-orient-les-degats-de-donald-trump/2017/06/16/

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